NovelToon NovelToon

Julz La Sorcière De L'Immortalité Et De L'Éternel Jeunesse.

Chapitre 1 : La demande du roi

À l’ouest, non loin du royaume de Darade, une petite auberge reposait entre les arbres, modeste mais chaleureuse. Ce soir-là, elle débordait de vie. Des rires, des chants, le tintement des verres et des chopes remplissaient l’air d’une joyeuse cacophonie.

Parmi cette agitation, Lora, la propriétaire des lieux, se faufilait avec aisance entre les tables. Elle souriait à tous, recueillait les compliments et servait ses clients avec entrain.

— Encore une bière, madame ! lança un homme d’un ton jovial.

— Ça arrive, répondit-elle en s’éloignant vers le comptoir, chope vide à la main.

Lora rayonnait. Son auberge n’avait jamais été aussi animée. Elle aimait entendre les discussions, les éclats de rire, les voix portées par l’alcool et la bonne humeur.

Un habitué s’approcha d’elle, tout sourire, visiblement ravi de l’ambiance.

— Quelle ambiance ce soir, il y a plus de monde que d’habitude, fit-il remarquer en jetant un œil à la salle comble.

— Oui, c’est merveilleux. Beaucoup de chasseurs sont passés par la forêt aujourd’hui. Ils ont décidé de s’arrêter ici pour se reposer, répondit Lora avec un éclat de bonheur dans la voix.

Un autre homme se joignit à la conversation, les yeux pétillants.

— Ça va sûrement booster vos affaires.

Lora hocha la tête, satisfaite.

— En effet, c’est un bon jour.

Le premier homme reprit, cette fois sur un ton plus sérieux :

— Avec un tel afflux de clients, vous allez rapidement remplir vos caisses.

Lora allait répondre, mais un cri sonore coupa net leur échange.

— Aaaahh ! C’est délicieux ! Encore un verre, madame Lora !

Tous trois tournèrent la tête vers l’origine de l’exclamation et aperçurent une jeune femme qui semblait… particulièrement enthousiaste.

— Qui est cette jeune femme ? demanda l’un des hommes, intrigué.

— Ne la reconnaissez-vous pas ? C’est Julz, répondit Lora avec son sourire habituel.

Les deux hommes ouvrirent de grands yeux.

— Julz ?! La petite fille que vous avez recueillie pendant la guerre des sorciers ? s’écria l’un d’eux.

— Oui, c’est bien elle, confirma Lora d’un ton empreint de nostalgie.

— Eh bien, elle a bien grandi, murmura l’autre, impressionné.

— Vous ne trouvez pas qu’elle est un peu jeune pour boire ainsi ? demanda-t-il encore, les sourcils froncés.

Lora haussa les épaules. Une ombre légère passa dans son regard.

— Ne vous en faites pas, c’est sa façon d’agir en cette période de l’année. Elle a toujours été ainsi.

Mais l’ambiance changea en un instant.

Un violent fracas fit vibrer la porte de l’auberge. Une troupe de chevaliers en armure entra sans attendre, leurs capes flottant derrière eux et leurs armes bien visibles. Les conversations s’éteignirent immédiatement.

— Les chevaliers du royaume ! s’écria Lora, surprise.

— Que viennent-ils faire ici ? souffla un client, inquiet.

Le capitaine s’avança sans hésiter. Sa voix forte résonna dans toute la pièce.

— Nous vous prions de bien vouloir excuser notre intrusion. Nous recherchons une sorcière du nom de Julz.

Un frisson parcourut la salle. Tous les regards s’échangèrent, mais personne ne parlait.

— Si vous avez des informations concernant son emplacement, nous vous serions reconnaissants de bien vouloir nous les transmettre immédiatement.

Lora s’avança d’un pas, prête à répondre… mais une autre voix s’éleva derrière elle. Calme. Fière. Inébranlable.

— J’espère que ma présence est sollicitée pour une raison valable.

Julz se tenait debout, non loin. Sa posture était détendue, presque moqueuse, un sourire énigmatique flottant sur ses lèvres. Le capitaine la fixa, hésitant.

— Êtes-vous bien la sorcière Julz ? demanda-t-il, les sourcils froncés.

Elle le regarda, silencieuse un moment.

— J’ai pourtant été claire, dit-elle enfin avec une pointe d’ironie. Que me voulez-vous ?

Le capitaine prit une inspiration et déclara :

— Je me nomme Ren, capitaine des chevaliers. J’ai été envoyé par le roi pour vous escorter au palais.

Julz laissa échapper un rire froid. Son regard, acéré, se posa sur lui.

— Ah oui ? Et pour quelle raison ?

— Le roi sollicite votre aide pour lutter contre les sorcières de Tere Obscure.

Julz plissa les yeux. Son sourire s’élargit.

— C’est absolument hors de question.

Le refus était net. Glacial. Ren parut figé.

— Pourquoi ? demanda-t-il, désarçonné.

Julz le fixa, longtemps, puis répondit avec le même détachement :

— Dites à votre roi que je n’ai aucune intention de l’aider. Maintenant, éloignez-vous.

Une énergie étrange, invisible, sembla envahir l’auberge. Tous la ressentirent. Même les chevaliers, pourtant entraînés, frémirent, comme écrasés par une présence qu’ils ne comprenaient pas. Ren, perplexe, sentit ses pensées s’embrouiller.

> Quelle arrogance ! pensa-t-il. Elle ne craint ni nous… ni même le roi. Pourquoi donc le roi la veut-il tant à ses côtés ?

Finalement, il se redressa et prit sa décision.

— Très bien, nous partons.

— Capitaine ! protestèrent plusieurs de ses hommes, stupéfaits.

— Il est inutile de la convaincre. Nous nous retirons, dit-il simplement.

Alors qu’ils tournaient les talons, Julz lança d’une voix sèche :

— Un instant…

Ren se retourna. Elle le fixait, droite, l’air impérial.

— Dites à votre roi que je n’enseignerai jamais la magie aux chevaliers royaux. Il ferait bien de le comprendre.

Puis elle se rassit, son regard toujours empli de défi. Ren resta un instant immobile. Elle n’a vraiment peur de rien, pensa-t-il.

Il ordonna à ses hommes de partir. L’auberge retrouva peu à peu son souffle, mais l’ambiance ne serait plus tout à fait la même ce soir-là.

Au palais, l’atmosphère était tendue. Le capitaine Ren se tenait devant le trône, la tête légèrement inclinée.

— Nous vous prions de nous excuser, Majesté. Nous n’avons pas réussi à capturer la sorcière.

Le roi se redressa lentement, les traits fermés.

— Elle a refusé mon invitation ?

— Elle refuse catégoriquement de nous aider. Elle a même déclaré qu’elle n’enseignerait jamais la magie aux chevaliers royaux.

Le souverain demeura silencieux un moment, perdu dans ses pensées.

— Nous laissons cette affaire de côté, déclara-t-il enfin. L’attaquer maintenant serait un acte de faiblesse.

Ren, hésitant, prit la parole.

— Majesté, puis-je me permettre de vous poser une question ?

Un signe de tête l’invita à continuer.

— Pourquoi t’attaches-tu tant à cette sorcière ?

Le roi esquissa un léger sourire, presque mélancolique.

— Je ne saurais l’expliquer, Ren. Tout ce que je sais, c’est que cette jeune fille possède une puissance comparable à celle de la sorcière Kamui.

Ren en resta bouche bée.

— La sorcière légendaire ?

Le roi acquiesça lentement.

— C’est pour cette raison que je ne veux pas la contrarier… Pas encore, du moins.

Ren s’enfonça dans le silence, l’esprit troublé par cette révélation.

Et dans les ombres du palais… le nom de Julz commençait à résonner plus fort que jamais.

Pendant ce temps, à l’auberge, Julz était assise seule à l’extérieur, le regard perdu dans le ciel étoilé. Les constellations brillaient doucement au-dessus d’elle, mais leur éclat ne suffisait pas à chasser la tristesse qui alourdissait son cœur. Chaque étoile semblait lui rappeler un souvenir, une époque plus paisible, aujourd’hui disparue.

Alors qu’elle savourait ce moment de silence, un bruit étrange lui parvint de l’autre côté de la cour. Elle se leva sans un mot, l’oreille attentive, et s’approcha prudemment. Par une fenêtre entrouverte, elle aperçut deux hommes discutant à voix basse dans le hall de l’auberge.

Soudain, un jeune enfant surgit devant eux, vêtu d’une large cape à capuche qui dissimulait son visage. Il se posta fermement devant les hommes, leur barrant le passage.

— Que veux-tu, gamin ? Éloigne-toi de mon chemin, grogna l’un des hommes.

Mais l’enfant ne bougea pas. Sa voix, claire et assurée, résonna dans l’espace.

— Je veux votre argent, donnez-moi tout ce que vous avez.

Julz ouvrit de grands yeux. Un enfant ? Un voleur ? Elle n’en croyait pas ses yeux.

— (Un enfant !) pensa-t-elle, stupéfaite.

— Vous allez immédiatement me remettre vos sous, insista l’enfant, déterminé.

— Tu rêves, gamin. Va plutôt jouer ailleurs, compris ? rétorqua l’homme avec dédain.

Julz observait la scène avec attention. Quelque chose clochait. Cet enfant dégageait une étrange aura. Ce n’était pas un simple pickpocket…

— Vous n’auriez pas dû me contrarier…, murmura l’enfant d’une voix sourde.

Elle leva la main vers le ciel et commença à réciter une incantation mystérieuse.

— Pilan lux est…

Un sourire étira les lèvres de Julz. Elle venait de comprendre.

— (Je m’en doutais. C’est une sorcière.)

L’enfant poursuivit son incantation, sa voix empreinte de détermination.

— Apparet in Manu caecorum.

Une sphère de lumière jaillit aussitôt, éblouissant les deux hommes.

— Je ne vois plus rien ! cria le second.

— Cet enfant est une sorcière ! hurla l’autre en reculant.

Alors que la petite s’apprêtait à profiter de leur aveuglement pour les détrousser, Julz s’interposa, sa main droite levée devant elle.

— Je ne le permets pas.

Un cercle magique scintilla autour d’elle, dissipant aussitôt la lumière aveuglante. L’enfant recula, les yeux écarquillés. Comment cette femme avait-elle pu annuler son sort ?

— Julz ! s’exclama l’un des hommes, soulagé de la voir intervenir.

L’enfant, troublée, restait silencieuse. Ses pensées s’embrouillaient.

— (Comment a-t-elle pu annuler mon sort ?)

Julz, calme, s’adressa à elle d’un ton posé.

— Ainsi, tu es une sorcière.

L’enfant poussa un petit cri de surprise.

— À te voir, tu ne sembles pas être une mauvaise personne. Montre-moi ton visage.

— Jamais, répondit-elle aussitôt, sur la défensive.

Prise de panique, elle leva de nouveau la main, prête à incanter une autre formule.

— Fu…

Mais Julz fut plus rapide.

— Lianas depositum involvit hostibus meis.

Des lianes épaisses surgirent du sol et vinrent ligoter l’enfant, l’empêchant de bouger. Elle tomba à terre, impuissante.

— Bien joué, sorcière, nous allons la remettre aux chevaliers, déclara l’un des hommes.

— Hors de question, répliqua Julz fermement.

Les deux hommes la regardèrent, surpris. Julz s’approcha doucement de l’enfant, et alors qu’elle se penchait sur elle, la capuche glissa, révélant un visage d’enfant. C’était une toute petite fille, le visage sali, couvert de poussière et de petites coupures.

— C’est une fillette !? s’étonna le premier.

— Je m’en doutais. Tu es bel et bien une fillette… enfin, une petite sorcière, murmura Julz.

La petite se débattait faiblement, visiblement acculée. Elle n’avait plus d’issue.

— Une fillette qui aime jouer à faire le voleur, tout en étant sorcière, lança un homme d’un ton moqueur.

Julz se pencha vers la fillette, son regard plus doux.

— Pourquoi souhaitais-tu voler ces personnes ? Es-tu une sorcière des ténèbres ?

L’enfant se mit à pleurer, submergée par l’émotion.

— Je…

— Oh ? murmura Julz, un peu surprise par ses larmes.

— Je n’ai pas le choix… j’ai besoin de cet argent pour…

Julz pencha la tête, intriguée par ce qu’elle pressentait derrière les paroles inachevées.

— Allez, poursuis.

La fillette se sentait piégée. Elle n’avait plus de solution, plus de plan.

— (Je dois les sauver.)

Ses pensées allaient à ceux qu’elle aimait. Elle repensa à tout ce qu’elle avait tenté jusqu’ici. Ses larmes redoublèrent, et dans un cri de désespoir, elle lança :

— Pour sauver ma mère et mon frère !

Julz resta silencieuse un instant, touchée par ses mots.

— Oh ! souffla-t-elle doucement.

Chapitre 2 : Le dernier souhait d’une mère

Les yeux baignés de larmes, l’enfant fixa Julz avec un mélange de peur, de douleur et d’une étrange détermination. Sa petite voix tremblait.

— J’ai…

— Hum ? fit Julz en inclinant légèrement la tête.

— Je n’ai pas le choix. Je dois sauver la vie de mon frère et de ma mère.

Julz écarquilla les yeux, saisie par la déclaration.

(Quoi !?) pensa-t-elle, surprise.

Le visage de la fillette était ravagé par le désespoir. Julz, en croisant son regard, y lut une sincérité bouleversante. Elle comprit aussitôt que l’enfant ne mentait pas.

(Elle dit la vérité…)

Elle annula le sort qui la maintenait prisonnière. Puis, s’approchant doucement, elle lui demanda d’une voix posée :

— Raconte-moi tout.

L’enfant hocha lentement la tête. Ses épaules frêles tremblaient, mais elle rassembla son courage pour parler.

— Ils sont très malades… Ma mère, mon frère et moi… on a été vendus… comme esclaves… dans un grand magasin.

Julz resta figée un instant, choquée par l’horreur de ce qu’elle venait d’entendre. Son cœur se serra, sa colère monta.

(Des esclaves… Voilà pourquoi elle a ces marques sur le corps…)

— L’homme qui nous a pris… il nous faisait travailler contre un toit et un peu de nourriture. Mais un jour, ma mère est tombée malade… très malade. Il a dit qu’elle ne lui servait plus à rien… et il l’a mise dehors.

Non loin de là, deux hommes, jusqu’alors silencieux, furent pris d’indignation.

— Quelle cruauté ! lâcha le premier.

L’enfant poursuivit, sa voix brisée par l’émotion :

— Mon frère et moi… on a veillé sur elle. Mon frère a utilisé sa magie pour la soigner, mais… il en a trop fait. Il est tombé malade, lui aussi. Alors j’ai voulu retourner voir cet homme… pour demander de l’aide. Mais il a refusé.

Julz comprit tout à coup.

— C’est pour ça que tu as pris son argent, n’est-ce pas ?

L’enfant leva vers elle un regard stupéfait. Julz, avec une certaine douceur, confirma ce qu’elle avait deviné.

— Il n’y avait qu’un seul sac dans ta capuche.

— Oh… fit l’un des hommes, surpris.

L’enfant baissa les yeux, honteuse.

— Oui… c’est pour ça que je l’ai volé, mais…

— Je comprends, répondit Julz simplement.

La petite ouvrit la bouche, mais un bruit derrière eux la fit sursauter. Une voix forte et froide résonna.

— Enfin, je t’ai retrouvée, petite voleuse.

L’enfant se figea. Son visage se glaça d’effroi, et elle murmura d’une voix à peine audible :

— Mon… Monsieur…

Julz sentit la peur irradier de l’enfant comme une onde glacée. Elle se tourna lentement vers l’homme qui s’approchait. Dans ses yeux à elle, un éclat dur venait de naître.

(C’est lui…)

Le marchand s’avança, le regard mauvais.

— Sale voleuse. Je vais te donner une leçon.

Il aperçut Julz et la salua d’un ton sec :

— Merci de l’avoir arrêtée. Mais je vais m’occuper de cette affaire, maintenant…

Julz le coupa, sèche comme la lame d’un couteau.

— Je suis désolée, mais je pense qu’il y a un malentendu. Personne ne touchera à un seul cheveu de cette enfant.

Le marchand haussa les sourcils, surpris par son ton.

— Et vous êtes qui, pour me parler comme ça ? Vous n’avez aucun droit ici.

— Je ne suis pas en train de négocier. Si vous osez poser la main sur elle… vous le regretterez.

Il plissa les yeux, puis éclata de rire.

— Tu me menaces ? Tu crois vraiment que tu peux m’arrêter ?

— Ce ne sont pas des menaces, répondit Julz. C’est une promesse. Reculez.

— Pourquoi tu la défends ? Elle est à moi. Une esclave ! Et elle m’a volé de l’argent !

Julz plongea une main dans la capuche de la petite et en sortit le sac. Elle le lança vers le marchand, qui l’attrapa avec avidité.

— Prenez-le.

Il compta l’argent à toute vitesse, mais son visage trahit sa déception.

— Et l’enfant ? Je vous rappelle que je l’ai achetée. Elle m’appartient toujours.

Julz fit un pas vers lui. Son regard s’était glacé comme l’acier.

— Le jour où vous l’avez abandonnée, vous avez perdu tout droit sur elle.

Furieux, le marchand serra les poings.

— Sale petite morveuse ! Elle est à moi, et je vais…

Il n’eut pas le temps de finir. L’enfant, terrorisée, s’était cachée derrière Julz. Celle-ci leva une main, paume ouverte. Un léger souffle magique se fit sentir. Les hommes du marchand, prêts à intervenir, furent aussitôt repoussés violemment en arrière, comme balayés par une force invisible.

— Quoi… !? s’écria le marchand, médusé.

Julz s’avança, son aura magique emplissant l’air autour d’elle.

— Je déteste qu’on me défie. Et je ne tolère pas les gens comme vous.

Le marchand recula d’un pas.

— Tu es… une sorcière ?

Julz tendit un doigt. Elle effleura la joue de l’homme. Une brûlure vive y apparut aussitôt.

— Aaargh !!!

— C’était mon dernier avertissement. Disparaissez.

Tremblant, le marchand fit un signe à ses hommes. Tous s’enfuirent sans demander leur reste.

— Ils se sont finalement éloignés, constata l’un des hommes.

L’autre, les bras croisés, observait Julz avec admiration mêlée de crainte.

(Elle… elle n’a peur de rien.)

L’enfant, encore sous le choc, s’effondra au sol. Ses mains tremblaient, son souffle était court.

— Comment… comment puis-je agir maintenant ?

Julz s’agenouilla à sa hauteur.

— Tu n’auras pas besoin d’argent.

— Hein ? releva la petite tête, surprise.

— Montre-moi où ils sont.

Un silence s’installa. L’enfant la fixa, les yeux encore humides. Puis elle hocha doucement la tête.

Quelques minutes plus tard, Julz et les deux hommes marchaient en silence, guidés par la fillette jusqu’à un abri en ruine, dissimulé derrière un amas de branches et de débris. À l’intérieur, l’air était lourd, et une odeur de poussière et de sang flottait dans l’atmosphère. La mère de l’enfant était allongée sur le sol, les traits tirés, le souffle faible. À ses côtés, un jeune garçon reposait, inconscient.

La fillette s’approcha timidement de son frère, un sourire fragile au coin des lèvres.

— Grand frère, regarde, je suis revenue avec de l’aide ! Toi et maman allez guérir.

Julz resta à l’écart, observant la scène en silence. Ses yeux s’attardèrent sur la mère. L’état de la femme était critique. Trop critique.

Il est déjà trop tard pour elle, pensa-t-elle, le cœur serré.

Mais elle ne voulait pas briser le fragile espoir qui brillait encore dans les yeux de la fillette. Alors, elle se pencha vers elle et dit doucement :

— Va chercher de l’eau, s’il te plaît.

Sans hésiter, l’enfant s’élança dehors.

À peine avait-elle disparu que la mère ouvrit difficilement les yeux. Sa voix n’était plus qu’un souffle.

— Il est trop tard pour moi… Ne perdez pas de temps…

Julz se rapprocha d’elle, posant une main apaisante sur son front.

— Reposez-vous. Ne gaspillez pas vos forces.

Mais la femme s’accrocha à ses dernières secondes, son regard vacillant accroché à celui de Julz.

— Sauvez mon fils… Il est trop jeune… Ne laissez pas ma fille… souffrir de perdre à la fois sa mère… et son frère…

Julz se tourna alors vers le garçon, s’agenouilla près de lui et posa ses doigts sur son front. Une chaleur subtile passa entre eux alors qu’elle examinait l’origine de ses blessures.

Il souffre de lésions internes… Et il manque cruellement d’énergie magique, constata-t-elle.

Elle posa sa paume sur sa poitrine et murmura une incantation :

— Hoc sana vulnus.

Une lumière douce enveloppa le corps du garçon. Peu à peu, sa respiration devint plus régulière, son teint reprit des couleurs. Il était hors de danger.

Julz se tourna vers la mère, la voix calme :

— Il va s’en sortir.

Un soupir de soulagement traversa les lèvres de la femme.

— Merci… Merci…

Julz lui adressa un sourire plein de compassion.

— Il n’y a pas besoin de remerciements.

Mais la mère ne semblait pas avoir terminé. Avec une dernière étincelle de volonté, elle attrapa la main de Julz, sa peau froide contre la sienne.

— Puis-je vous demander une dernière chose ?

Julz hocha la tête, s’agenouillant à ses côtés pour mieux entendre.

La femme tourna lentement le visage vers elle. Son regard, affaibli mais profond, transperça Julz.

— Si je venais à quitter ce monde, ils se retrouveraient seuls, sans abri ni famille… J’aimerais que vous preniez soin de mes enfants, s'il vous plaît.

Julz fut prise de court. Elle la fixa un instant, incapable de détourner les yeux de cette mère prête à tout pour ses enfants. Puis, d’une voix assurée, elle répondit :

— Je vous le promets. Je veillerai sur vos enfants et les protégerai de tout danger.

Les yeux de la femme se remplirent de larmes. Un sourire apaisé se dessina sur ses lèvres.

— Merci… beaucoup.

Puis, dans un souffle presque imperceptible, elle ajouta :

— Tu lui ressembles tant…

La porte grinça à ce moment-là. La fillette entra, tenant un seau d’eau entre ses mains. Elle souriait, fière d’avoir accompli sa tâche. Mais à peine eut-elle posé un pied dans la pièce que son sourire s’effaça.

Elle s’approcha de sa mère.

— Maman, toi aussi, tu vas guérir…

Mais la voix de la femme n’était plus qu’un murmure brisé.

— Ma fille… tu ressembles tant… à la grande sorcière Kamui…

Puis, lentement, son corps se relâcha. Son souffle s’éteignit dans le silence.

La fillette cligna des yeux, puis se pencha vers elle, la secouant doucement.

— Maman… Maman, tu vas te lever, n'est-ce pas ? Julz va s'occuper de toi… et nous pourrons vivre de nouveaux moments ensemble… on sera heureux…

Julz s’approcha doucement, s’agenouilla à son tour, et posa une main réconfortante sur son épaule.

— La magie ne peut pas ramener les défunts à la vie, je suis désolée.

Le monde de la fillette sembla s’écrouler autour d’elle. Un cri déchirant fusa dans l’air.

— Noooooooooon !

Elle s’effondra en larmes, serrant le corps froid de sa mère contre elle. À ses côtés, son frère entrouvrit les yeux, brièvement. Il vit flou, confus… puis retomba dans l’inconscience.

Julz, bouleversée, se releva avec difficulté. Elle s’éloigna lentement, laissant un instant de silence pour le chagrin.

Elle s’arrêta au seuil de la porte, se tourna une dernière fois vers la fillette.

— Je vais te laisser te calmer. Je vais rester à l’extérieur avec les deux messieurs.

Elle franchit le pas et murmura, presque pour elle-même :

— Votre mère m'a demandé de veiller sur vous. Et je lui ai promis sur son lit de mort que je le ferais.

La petite leva la tête, les yeux encore noyés de larmes, surprise.

— Euh !!!

Julz lui répondit d’un ton posé :

— Je ne fais jamais marche arrière sur mes promesses. Mais la décision te revient. Je t’attends à l’extérieur. Préviens-moi quand tu seras prête.

Elle ferma doucement la porte derrière elle.

Dehors, les deux hommes se retournèrent à son approche. Le plus âgé prit la parole, l’air inquiet :

— Nous avons entendu des cris. Quelqu’un va-t-il bien ?

Julz baissa les yeux.

— Elle vient de perdre sa mère.

Les deux hommes se figèrent. Le plus jeune serra les poings.

— Pauvre petit… Je vais aller la voir.

Mais Julz l’arrêta d’un geste.

— Il vaut mieux la laisser seule. Elle en a besoin.

— Oh… fit-il, résigné.

Julz fixa la porte fermée, le cœur serré. Elle savait que, derrière ces murs, une enfant venait de perdre son monde. Bientôt, pourtant, elle aurait à choisir entre le chagrin… et l’avenir.

Chapitre 3: Aimi et Stolas.

Personnage 1 : Qu'est-ce qui se passe ? On entend des bruits.

Julz : Leur mère vient de nous quitter.

Personnage 2 : Je vais aller la voir.

Julz : Il serait préférable de la laisser seule pour l'instant.

À l'intérieur, la petite fille avait cessé de pleurer et semblait perdue dans ses pensées, prête à prendre une décision importante. Après un moment de réflexion, elle se leva et sortit. Julz la remarqua, mais elle savait que l'enfant n'était pas encore prête à faire son deuil.

Personnage 1 : Eh... petite, tu vas bien ?

L'enfant s'approcha de Julz, son regard déterminé. Elle parla sans hésitation.

L'enfant : J'accepte...

Julz, bien qu'elle s'y attendait, décida de vérifier si l'enfant était sûre de son choix.

Julz : Es-tu vraiment sûre de ta décision ?

L'enfant hocha la tête avec conviction.

L'enfant : Oui... je suis certaine.

Mais soudainement, des larmes commencèrent à couler de ses yeux.

L'enfant : Ma... Ma mère t'a fait confiance. C'est pourquoi elle nous a confiés à toi.

Julz se leva doucement, posa sa main sur la tête de la petite et la caressa avec tendresse.

Julz : Ne t'inquiète pas. Avec moi, vous n'aurez plus rien à craindre.

L'enfant se blottit contre Julz, les larmes coulantes, tout en la serrant fort. Quelques heures plus tard, leur mère fut inhumée dans la maison, qui devint son dernier lieu de repos.

Le frère, toujours inconscient, fut transporté sur le dos d'un des hommes. L'enfant cueillit quelques fleurs et les déposa devant la maison en murmurant, le cœur lourd :

L'enfant : Je t'aimerai toujours, maman... je ne t'oublierai jamais.

Julz la laissa dire ses adieux en silence, puis lui dit après quelques minutes :

Julz : Il est temps de partir.

L'enfant acquiesça d'un hochement de tête et se leva. Elle suivit Julz, sa main dans celle de cette dernière. En se retournant vers la maison, un regard triste envahit son visage, et dans un murmure presque imperceptible, elle dit à elle-même :

L'enfant : "Adieu, maman."

Elle marcha silencieusement aux côtés de Julz. Lorsqu'elles arrivèrent à l'auberge, Lora les attendait, inquiète.

Lora : Eh bien ! Où étiez-vous passées ? Cela fait des heures que nous cherchons !

Voyant les deux enfants, Lora s'interrogea :

Lora : Qui sont ces enfants ?

Julz : Ces enfants sont sous ma protection désormais. Je m'en occuperai à partir de ce jour.

Lora : Ah, vraiment ?

Julz : Je vais m'assurer qu'ils soient bien logés ici.

Lora : D'accord, mais...

Julz : Ils dormiront dans ma chambre, bien entendu.

Lora : D'accord, si... c'est ce que tu veux.

Julz se tourna vers les deux hommes présents.

Julz : Pourriez-vous les conduire à ma chambre, s'il vous plaît ?

Personnage 1 : Bien sûr, où se trouve-t-elle ?

Julz : C’est la deuxième porte à l'étage, celle étiquetée avec le numéro zéro.

Personnage 1 : Très bien.

La petite fille, visiblement inquiète, serra la main de Julz plus fort et recula d’un pas. Julz, voyant sa peur, s'agenouilla près d'elle et lui parla doucement :

Julz : Vous n'avez rien à craindre. Je vous rejoins bientôt. Vous êtes en sécurité ici.

L'enfant acquiesça d’un petit signe de tête et suivit les deux hommes jusqu'à la chambre. Une fois à l'intérieur, ils allongèrent le garçon sur le lit, et l'un d'eux murmura :

Personnage 1 : Voilà, il peut se reposer maintenant.

Plus tard, Julz arriva dans la chambre et remercia les hommes.

Julz : Merci beaucoup, messieurs.

Personnage 1 : C’est avec plaisir.

L'enfant, reconnaissante, se tourna vers les deux hommes et les remercia.

L'enfant : Mer... Merci beaucoup.

Les deux hommes, touchés par sa gratitude, lui répondirent avec un sourire :

Personnage 1 : Ne t'inquiète pas, ce n'est pas nécessaire de nous remercier.

Personnage 2 : Prends soin de toi et de ton frère.

Ils quittèrent la chambre, laissant Julz et les enfants seuls. Après avoir vérifié l'état du garçon, Julz annonça :

Julz : Il va bien. Il se réveillera d'ici quelques heures, ou au plus tard demain matin.

L'enfant : Merci beaucoup, madame la sorcière.

Julz : Tu peux m’appeler Julz. Au fait, je ne connais pas ton nom, ni celui de ton frère.

L'enfant : Je m'appelle Aimi, et mon frère s'appelle Stolas.

Julz : Enchantée, Aimi. Tu dois avoir faim après tout ce que vous avez traversé... Je vais aller chercher quelque chose à manger.

Avant qu’elle ne parte, Stolas toucha légèrement sa gorge et se mit à tousser, ce qui fit sursauter Aimi. Il ouvrit lentement les yeux, et Aimi s’écria avec joie :

Aimi : Grand frère !!!

Elle le prit dans ses bras, visiblement soulagée. Julz observa la scène, un sourire aux lèvres.

Julz : Il s’est enfin réveillé.

Stolas essaya de se redresser, mais sa faiblesse le fit vaciller. Aimi l’aida à se lever.

Aimi : Prends ton temps, grand frère.

Il réussit à se redresser et demanda, confus :

Stolas : Où sommes-nous ?

Julz : Nous sommes dans une auberge, en pleine forêt. Vous êtes en sécurité ici.

Aimi : Mademoiselle Julz nous a amenés ici pour que tu puisses te reposer et recevoir des soins.

Julz : Je t'ai déjà dit de m’appeler Julz, Aimi.

Elle sourit en s’adressant aux enfants :

Julz : Maintenant que tu es réveillé, nous allons manger. Tu dois avoir faim, non ?

Quelques minutes plus tard, ils se retrouvèrent autour d'une table, les plats délicieux disposés devant eux. Aimi et Stolas, émerveillés, s’assirent et commencèrent à goûter. Julz les incita à manger :

Julz : Allez-y, servez-vous.

Aimi, hésitante : Mais...

Julz : J'ai promis à ta mère de veiller sur vous, et cela inclut aussi de vous nourrir. Mangez sans crainte.

Les enfants se servirent, impressionnés par la richesse des saveurs. Julz observa avec satisfaction.

Julz : Vous aimez ? N’hésitez pas à vous resservir.

Les enfants étaient à peine rassasiés lorsqu'un groupe de chevaliers royaux fit irruption dans l’auberge, accompagnés d'un homme visiblement en colère.

Tous les convives se turent, surpris par cette arrivée, mais Julz, implacable, continua de manger ses brochettes. L'homme pointa du doigt Julz.

Marchand : C’est elle ! Cette sorcière m’a blessé et a enlevé mon employé !

Lora s’approcha, interloquée.

Lora : Que se passe-t-il ?

Ren, un chevalier d'élite, répondit en se tournant vers Julz :

Ren : Nous avons une plainte contre vous.

Julz, visiblement agacée, se leva avec calme.

Julz : Qu'est-ce qu'il y a encore cette fois ?

Ren : Cet homme ici présent accuse que vous avez protégé son employé et l'avez agressé.

Julz : Vraiment ? Intéressant.

Elle tourna le regard vers le marchand, un sourire en coin.

Julz : Je vous ai rendu votre argent, n’est-ce pas ?

Ren, surpris, se tourna vers le marchand : C'est vrai ?

Le marchand, pris de panique, hésita, mais finit par répondre d’une voix tremblante : Oui, mais…

Julz : Quant à votre blessure au visage, considérez-la comme un acte de compassion de ma part.

Ren fronça les sourcils.

Ren : Cela reste un crime.

Julz, d’un ton froid, rétorqua : Un crime, en effet… Mais qu’en est-il de l’achat d'humains pour en faire des esclaves ? N’est-ce pas là un crime ?

Ren, stupéfait : Que voulez-vous dire ?

Julz, avec une lueur de colère dans les yeux, désigna le marchand : Ce n'est pas à moi que vous devriez poser la question, mais à cet homme

Dans un état de panique, le marchand s'écria : « Ce ne sont que des mensonges ! Cette sorcière essaie de vous manipuler, de vous retourner contre moi ! »

Avant qu'il ne puisse achever sa phrase, Julz effleura à nouveau son visage d’un geste si rapide que personne n'eût le temps de réagir. Pris de terreur, le marchand poussa un cri de douleur : « Aaaaaaaaaahhh !!!! »

L'incapacité à supporter cette violence poussa Ren à intervenir, criant : « Ça suffit ! Vous... »

Mais avant qu'il n'ait pu finir, il remarqua l'expression de rage grandissante sur le visage de Julz. Un frisson parcourut son corps. Il se figea, ne sachant comment réagir face à la colère palpable de Julz. Elle continua, sans le moindre doute dans sa voix :

« J’essaie de vous retourner contre lui, vous dites... »

Le marchand, pris de panique, balbutia, le regard désespéré : « Mais… mais… »

Julz poursuivit d’une voix ferme, pleine de douleur et de colère : « Ces enfants… ils ont perdu leur mère à cause de votre cruauté. »

Ren, figé, était abasourdi par cette révélation. Julz, le centre de la confrontation, ajouta avec une conviction inébranlable : « Les sorcières sont des êtres vivants, tout comme vous. Quel droit avez-vous de les traiter ainsi ? »

D’un simple geste de la main, elle retourna l’auberge, déchaînant une vague de panique parmi les présents. C’était la première fois que Ren voyait Julz perdre son calme de manière aussi spectaculaire. Un sentiment étrange de confusion envahit Ren. Désireux de comprendre, il se tourna vers le marchand, cherchant la vérité.

« Est-ce que ce qu’elle dit est vrai ? » demanda-t-il, la voix grave, les yeux perçants.

Le marchand, toujours en proie à la panique, tenta de se justifier, mais ses mots étaient hésitants : « Non, ce n’est pas… pas exactement… je… »

Ren insista : « Ont-ils remboursé votre argent ? »

Le marchand, mal à l’aise, répondit : « Oui… mais… »

Ren ne lâcha pas prise : « Êtes-vous impliqué dans le commerce d’esclaves ? »

Le marchand hésita encore une fois, le regard fuyant : « Eh bien… »

Ren conclut, d’un ton tranchant : « Dans ce cas, vous êtes le véritable responsable ici. »

Le marchand, choqué, recula : « Quoi !!!? »

Julz retrouva alors son calme, mais son regard restait aussi acéré qu'une lame. Elle déclara avec fermeté : « Dites à votre roi de libérer tous les enfants retenus dans les sous-sols du palais. »

Ren, stupéfait, articula à peine : « Quoi !? »

Julz poursuivit, sans se laisser déstabiliser : « Vous avez conclu un accord avec le roi, n’est-ce pas ? »

Le marchand, visiblement pris de court, bafouilla : « Oh… ? »

Julz, la voix froide comme la glace, annonça : « Vous avez trois jours. Si votre roi ne respecte pas ce délai, je me chargerai de lui rendre visite moi-même. »

Ren, complètement bouleversé, s’interrogeait intérieurement, sa tête en pleine tourmente : « Des enfants dans les sous-sols du palais ? Cela me semble impossible. Mais si ce qu’elle dit est vrai, le roi nous aurait donc tous manipulés ? Pourquoi ces enfants sont-ils retenus là-bas ? Que cachent-ils donc ? »

Veuillez télécharger l'application MangaToon pour plus d'opérations!

téléchargement PDF du roman
NovelToon
Ouvrir la porte d'un autre monde
Veuillez télécharger l'application MangaToon pour plus d'opérations!