Chapitre 1
Il y a des jours où le soleil brille un peu plus fort, où les rires résonnent un peu plus haut dans les couloirs, et où la sensation d’être au sommet du monde est plus intense. Ji-eun se sentait ainsi, chaque matin, en franchissant les portes du lycée. Elle était la fille que tout le monde connaissait, respectait, admirait. Son nom était synonyme de beauté, de succès, et d'une popularité qui semblait inébranlable. Ce statut n’était pas quelque chose qu’elle avait cherché, mais qui était venu à elle naturellement, comme un miroir qui lui renvoyait l'image parfaite d'une lycéenne à la vie sans accroc.
Ce matin-là, alors qu’elle traversait les portes du lycée, elle ressentit cette sensation familière de tous les regards se tournant vers elle. Quelques élèves murmuraient, d’autres la saluaient d’un geste de la main ou d’un sourire. Quelques groupes de filles se tenaient en cercle, chuchotant des commentaires admiratifs, leurs yeux rivés sur elle. Ji-eun ne pouvait pas s’empêcher de sourire légèrement, un sourire calme mais assuré, qui disait : "Oui, je sais."
Mais derrière cette image parfaite, il y avait une vérité que peu de gens connaissaient : Ji-eun se sentait parfois seule, comme si sa popularité l’éloignait des autres, créant un fossé invisible entre elle et ceux qui l'entouraient. Beaucoup étaient attirés par l’image qu’elle renvoyait, mais peu cherchaient à la connaître véritablement. Elle s’était forgée un masque de perfection, mais derrière, elle aspirait à quelque chose de plus profond, quelque chose de sincère, de réel.
En classe, Ji-eun s’installait toujours au centre de l’attention, répondant avec brio aux questions des professeurs et aidant les autres élèves lorsqu’ils en avaient besoin. Pourtant, malgré tout, elle n’était jamais totalement comblée. Elle avait des amis, certes, mais les liens qui les unissaient semblaient superficielles, à peine au-delà des échanges quotidiens. Personne ne savait vraiment ce qu’elle pensait ou ressentait en dehors de la façade qu’elle avait construite. Et, parfois, cela la pesait.
Ce jour-là, en entrant dans la salle de classe, elle repéra immédiatement une nouvelle présence. Il était là, assis dans un coin, l’air calme, presque détaché. Seok-jin. Un garçon qu’elle n’avait jamais vu auparavant. Il était nouveau au lycée, et son aura mystérieuse ne tarda pas à captiver son attention. Contrairement à la majorité des garçons du lycée qui essayaient d’attirer son attention, Seok-jin semblait l'ignorer complètement, comme s’il n’était même pas au courant de qui elle était. Il était tout à fait différent des autres.
Les premières semaines, Ji-eun n’y prêta pas beaucoup attention. Elle avait ses propres préoccupations : ses examens, ses activités scolaires, et sa vie sociale bien remplie. Mais quelque chose chez Seok-jin la perturbait. Il était toujours là, mais d'une manière si discrète, si réservée, qu'il en devenait presque énigmatique. Il ne riait jamais fort, ne se mêlait pas aux groupes populaires, et ne semblait pas impressionné par son statut. Pour quelqu’un comme Ji-eun, cela devenait presque une provocation.
Un jour, alors qu’elle se rendait à la cafétéria avec ses amies, elle le remarqua de nouveau. Seok-jin était assis seul à une table, un livre ouvert devant lui. Il avait l’air absorbé par sa lecture, comme si rien autour de lui n’avait d’importance. Elle hésita un moment, puis décida de s’approcher. Un mélange de curiosité et d’envie de comprendre cette attitude étrange la poussa à faire ce geste impensé.
"Tu lis quoi ?" demanda-t-elle en s’assoyant en face de lui sans même lui laisser le temps de répondre. Son regard se posa sur le livre. C’était un ouvrage dense, un essai philosophique qu'elle n’aurait jamais imaginé voir entre les mains d'un lycéen.
Seok-jin leva les yeux de son livre, son regard froid et calme se posant brièvement sur elle avant de se détourner, comme s’il n’était pas réellement intéressé par la conversation. "C'est un livre sur la philosophie", répondit-il d’un ton plat.
Ji-eun se sentit un peu déstabilisée. Elle s'attendait à une réaction plus enthousiaste, mais il semblait presque indifférent à sa présence. "Tu n’es pas un de ces garçons qui aime discuter de tout et de rien ?" dit-elle en essayant de le taquiner.
Seok-jin la regarda un instant, semblant évaluer la situation. "Non, je préfère les discussions plus profondes, je suppose", répondit-il finalement, sans vraiment sourire.
Elle se sentit bêtement interrompue dans sa quête de conversation facile. "Je vois..." murmura-t-elle, un peu déconcertée. Mais quelque chose dans son ton, dans sa manière de parler, la poussait à vouloir en savoir plus. Ce n'était pas de l'arrogance, ni de l’ignorance. C’était juste... de la distance.
Les jours qui suivirent, Ji-eun commença à le remarquer davantage. Elle le croisait souvent dans les couloirs, toujours aussi réservé, comme un fantôme parmi la foule. Cela la perturbait encore plus. Elle avait l’habitude d’être au centre de l’attention, de recevoir les sourires et les regards admiratifs des autres, mais avec Seok-jin, elle n’obtenait rien. Rien de ce qu’elle attendait. Pas un compliment, pas un regard intéressé, pas même un sourire de courtoisie.
C’était une sensation nouvelle pour elle. Et cela l’intriguait.
Un après-midi, alors qu’elle se rendait à sa salle de classe, elle croisa Seok-jin seul dans un coin du hall, en train de regarder par la fenêtre. Cette fois, elle ne pouvait pas s’empêcher de l’interpeller. "Seok-jin, tu es toujours seul, hein ?", dit-elle avec une pointe de curiosité dans la voix. "Pourquoi tu ne viens pas nous rejoindre ? Il y a toujours de la place à notre table."
Seok-jin tourna lentement la tête vers elle, et pour une fraction de seconde, leurs regards se croisèrent. Il n'y eut aucune animosité, aucune froideur dans son regard, mais plutôt une sorte de calme apaisant. Il haussait légèrement les épaules. "Je préfère être seul", dit-il simplement. "Cela m’aide à réfléchir."
Ji-eun sentit une étrange chaleur envahir son cœur. Elle n’était pas habituée à ce genre de réponse, et encore moins à être rejetée de la sorte. Mais au lieu de se sentir blessée, elle ressentit une curiosité encore plus grande. Pourquoi ce garçon, si différent des autres, semblait-il si détaché ? Pourquoi ne cherchait-il pas à s'intégrer, à se rapprocher d’elle, comme les autres ?
Ce fut à cet instant que Ji-eun commença à se poser une question qu’elle n’avait jamais envisagée auparavant : et si ce garçon, Seok-jin, était celui qui pourrait, d’une manière ou d’une autre, briser le masque qu’elle portait depuis si longtemps ?
Chapitre 2
La journée avait commencé comme n'importe quelle autre pour Ji-eun. Le brouhaha incessant des couloirs de l'école, les conversations animées entre amis, les professeurs qui circulaient d’une salle à l’autre. Pourtant, un événement inattendu allait bouleverser la banalité de sa routine.
Elle traversait le hall principal, un livre sous le bras, lorsqu’elle l’aperçut. Assis dans un coin presque caché du hall, Seok-jin était penché sur un livre, son visage absorbé par sa lecture. Il semblait déconnecté de tout ce qui l’entourait, un îlot de calme au milieu de la tempête.
Ji-eun ralentit instinctivement. Seok-jin n’était pas quelqu’un qu’elle connaissait bien. Ils partageaient quelques cours, mais il ne parlait presque jamais et se fondait dans la masse. Pourtant, il y avait quelque chose dans son expression, dans son détachement, qui attira son attention.
Après une hésitation, elle s’approcha.
« Salut, » dit-elle avec un sourire hésitant.
Seok-jin leva à peine les yeux de son livre, offrant un regard poli mais distant.
« Salut. »
Le ton de sa voix était neutre, mais Ji-eun ne se laissa pas décourager. Elle s’assit sur une chaise à côté de lui, posant son livre sur la table.
« Qu’est-ce que tu lis ? » demanda-t-elle en inclinant la tête pour apercevoir la couverture.
Il ferma légèrement le livre, juste assez pour qu’elle voie le titre.
« Les Fleurs du mal, de Baudelaire. »
Ji-eun arqua un sourcil.
« Oh, de la poésie française ? Impressionnant. »
Seok-jin haussa les épaules. « Pas vraiment. C’est intéressant, c’est tout. »
Il semblait clairement vouloir clore la conversation, mais Ji-eun n’était pas prête à abandonner si vite. Elle prit son courage à deux mains et continua :
« Tu sais, je n’ai jamais vraiment compris Baudelaire. Pourquoi quelqu’un écrirait-il des poèmes si sombres ? »
Cette fois, il releva les yeux, plongeant son regard dans le sien. Ses yeux étaient profonds, presque insondables, mais il y avait une lueur fugace, un mélange de curiosité et de défi.
« Peut-être parce qu’il voyait la beauté dans ce que d’autres trouvent effrayant ou triste. Parfois, la douleur peut être une forme d’art. »
Ji-eun cligna des yeux, surprise par sa réponse. Il y avait là une sensibilité qu’elle n’avait pas anticipée. Mais avant qu’elle ne puisse répondre, Seok-jin referma son livre et se leva.
« Excuse-moi, mais j’ai un cours. »
Sans attendre de réponse, il se détourna et quitta le hall, laissant Ji-eun seule, perplexe.
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Les jours suivants, Ji-eun ne pouvait s’empêcher de penser à cette brève rencontre. Il y avait quelque chose chez Seok-jin qui l’intriguait profondément. Ce n’était pas seulement son calme ou son air distant, mais une sorte de mystère qu’il semblait porter en lui, comme s’il avait des secrets qu’il refusait de partager.
Elle commença à remarquer ses habitudes : il s’asseyait souvent près des fenêtres en classe, perdu dans ses pensées, ou restait dans des endroits isolés pendant les pauses, toujours avec un livre à la main. Chaque fois qu’elle le croisait, elle tentait de lui parler, mais il restait toujours réservé, répondant par des phrases courtes, jamais impolies, mais suffisamment froides pour maintenir une certaine distance.
Cependant, Ji-eun ne se décourageait pas. Elle se surprit même à chercher des prétextes pour être près de lui. Quand elle le vit un jour assis dans la bibliothèque, elle prétendit chercher un livre sur une étagère voisine, espérant entamer une conversation.
« Tu es toujours en train de lire, hein ? » lança-t-elle en souriant.
Seok-jin leva les yeux, l’air légèrement agacé, mais il hocha la tête.
« J’aime ça, oui. »
Ji-eun s’assit à côté de lui, feignant de lire un livre qu’elle avait attrapé au hasard. Le silence entre eux était lourd, mais elle refusait de partir. Après quelques minutes, elle murmura :
« Je pense que tu pourrais me recommander un bon livre. Quelque chose qui pourrait me faire aimer la lecture autant que toi. »
Cette fois, il sembla réfléchir. Il tourna la tête vers elle, scrutant son visage comme s’il cherchait à savoir si elle était sincère.
« Peut-être Le Petit Prince. C’est simple, mais ça touche quelque chose de profond. »
Ji-eun sourit, ravie d’avoir obtenu une réponse un peu plus engageante.
« Merci. Je vais essayer. »
Seok-jin ne répondit pas et retourna à son livre, mais Ji-eun sentit qu’elle avait franchi une barrière, aussi infime soit-elle.
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Les semaines passèrent, et bien que Seok-jin restât réservé, Ji-eun persista. Elle apprit à apprécier ses silences, à reconnaître que son calme n’était pas une froideur, mais une forme de refuge. À mesure qu’elle passait du temps près de lui, elle remarqua de petits changements. Parfois, il répondait à ses questions avec un peu plus de détails. Parfois, il esquissait même un mince sourire à ses remarques.
Seok-jin était une énigme, mais Ji-eun n’avait jamais été aussi déterminée à résoudre un mystère. Il y avait une part de lui qu’elle sentait prête à s’ouvrir, une lumière cachée derrière ses ombres.
Et, bien qu’il ne le dise pas, Seok-jin commençait à attendre ces moments partagés avec Ji-eun, à sa manière silencieuse mais sincère.
Chapitre 3
Les jours s’écoulaient, et Ji-eun ne pouvait nier ce qui se passait en elle. Au départ, elle avait simplement été curieuse. Seok-jin représentait une énigme, un défi, quelqu’un qu’elle voulait comprendre. Mais maintenant, c’était différent. Ce n’était plus juste de la fascination. Il y avait quelque chose de plus profond, un sentiment qu’elle ne pouvait plus ignorer.
Elle s’était surprise, un soir, à penser à lui avant de s’endormir. Pas à leur conversation du jour ou à ses lectures, mais à son sourire rare, presque imperceptible, qu’elle avait réussi à lui arracher quelques fois. À la manière dont il fronçait légèrement les sourcils lorsqu’il réfléchissait. À son calme, qui contrastait tant avec son propre tumulte intérieur.
Ji-eun soupira et roula sur son lit, les yeux rivés au plafond.
« Est-ce que… je suis en train de tomber amoureuse ? » murmura-t-elle à voix basse, comme si dire ces mots à haute voix leur donnerait trop de pouvoir.
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Le lendemain, elle trouva le courage d’en parler à Iseul, sa meilleure amie depuis toujours. Elles s’étaient donné rendez-vous dans leur café habituel après les cours. Ji-eun remuait nerveusement sa tasse de thé, hésitant à ouvrir son cœur.
« Iseul… je pense que j’ai un problème. »
Iseul haussa un sourcil, amusée.
« Un problème ? Avec toi, ça doit forcément être dramatique. Dis-moi tout. »
Ji-eun lança un regard agacé à son amie, mais finit par soupirer.
« Je crois que… je crois que j’ai des sentiments pour quelqu’un. »
Cette révélation fit éclater de rire Iseul, qui posa sa tasse bruyamment.
« Ji-eun, c’est quoi cette façon de le dire, comme si tu annonçais la fin du monde ? C’est qui, ce garçon ? »
Ji-eun hésita un instant, puis baissa les yeux vers sa tasse.
« Seok-jin. »
Le rire d’Iseul s’arrêta net. Elle resta silencieuse un moment, fixant Ji-eun avec un mélange de surprise et de scepticisme.
« Seok-jin ? Tu veux dire… le gars qui passe sa vie à lire et qui ne parle presque jamais ? »
Ji-eun hocha timidement la tête.
« Oui, lui. »
Iseul s’adossa à sa chaise, croisant les bras.
« Honnêtement, Ji-eun, je ne comprends pas. Je veux dire, il est beau, je te l’accorde, mais il est tellement… fermé. Tu es sûre que ce n’est pas juste une obsession passagère ? »
« Non, » répondit Ji-eun avec fermeté. « Ce n’est pas juste une admiration ou une fascination. Quand je suis près de lui, je ressens quelque chose… quelque chose de réel. Et ce n’est pas comme si je tombais amoureuse tout le temps, tu me connais. Mais avec lui, c’est différent. »
Iseul poussa un long soupir, ses traits se radoucissant.
« Je te crois. Mais écoute, Ji-eun… Seok-jin n’est pas le genre de gars à être facilement approchable, tu le sais bien. Tu es sûre qu’il ressent la même chose ? »
Ces mots frappèrent Ji-eun comme une gifle. C’était justement là son plus grand doute.
« Non, » admit-elle à voix basse. « Il ne montre rien. Il est toujours poli, mais il ne me donne aucun signe qu’il pourrait ressentir quelque chose pour moi. Il parle de choses sérieuses, comme ses études ou ses projets, mais jamais de lui, jamais de ses émotions. »
Iseul pencha la tête, pensive.
« Peut-être qu’il n’est tout simplement pas intéressé, Ji-eun. Ça ne veut pas dire que tu ne comptes pas pour lui, mais tout le monde n’est pas prêt pour… ce genre de choses. »
Ji-eun sentit une pointe de douleur dans sa poitrine. Elle savait qu’Iseul avait peut-être raison, mais elle n’était pas prête à abandonner.
« Je veux au moins essayer, » murmura-t-elle.
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Les jours suivants, Ji-eun continua d’interagir avec Seok-jin, mais avec une nouvelle conscience de ses propres sentiments. Chaque mot, chaque regard, semblait avoir un poids plus grand, un impact plus profond.
Un après-midi, alors qu’ils étaient assis sous un arbre dans la cour de l’école, elle tenta de s’ouvrir un peu plus à lui.
« Seok-jin, tu as des rêves ? Des choses que tu veux vraiment accomplir ? »
Il leva les yeux vers le ciel, pensif.
« Bien sûr. Tout le monde en a, non ? »
Ji-eun sourit doucement.
« Oui, mais les tiens ? »
Il hésita, puis répondit d’un ton mesuré :
« J’aimerais devenir écrivain. Peut-être voyager. Voir des endroits qui m’inspireraient. Mais c’est encore flou. Et toi ? »
La question prit Ji-eun par surprise. Il ne lui demandait presque jamais quoi que ce soit sur elle. Elle sentit son cœur s’emballer.
« Moi ? Je… je veux juste trouver ma place, je suppose. Et être entourée de gens qui comptent pour moi. »
Seok-jin la regarda, un éclat d’intérêt dans les yeux. Mais il ne répondit rien, comme toujours.
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Cette nuit-là, Ji-eun écrivit dans son journal, tentant de mettre des mots sur ce qu’elle ressentait.
Je suis tombée amoureuse de lui. Mais c’est comme tomber amoureuse d’une étoile. Belle, mais si lointaine. Et je ne sais pas si je pourrais un jour l’atteindre.
Elle referma son journal, un nœud dans la gorge. Même si Seok-jin ne partageait pas ses sentiments, elle savait qu’elle ne pouvait pas ignorer ce qu’elle ressentait. Mais pour la première fois de sa vie, elle comprit que l’amour n’était pas seulement un sentiment, mais un risque. Et elle n’était pas encore certaine qu’elle était prête à le prendre.
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