Chapitre 1
La forêt était plongée dans un silence pesant, oppressant, seulement rompu par le bruissement occasionnel des feuilles caressées par le vent nocturne. Sous la lueur éclatante de la pleine lune, les arbres dressaient leurs silhouettes imposantes, projetant des ombres mouvantes et inquiétantes sur le sol couvert de mousse. Aidan, alpha de la meute des Lunes Ardentes, avançait avec une grâce et une précision maîtrisées, chaque pas calculé pour ne produire aucun bruit. Ses sens étaient en alerte, scrutant les moindres vibrations dans l'air. Une odeur étrangère flottait, ténue mais bien réelle, et son instinct lui murmurait qu'un danger imminent rodait sur son territoire.
Cela faisait des années qu’il n’avait pas ressenti une telle tension. Ses muscles étaient tendus, ses yeux d’un gris perçant scannaient les environs tandis que son esprit calculait toutes les possibilités. Le territoire des Lunes Ardentes était vaste, mais jamais il ne permettrait à quiconque de menacer sa meute. Il était l’alpha, un protecteur né, et sa loyauté envers les siens était absolue.
Alors qu’il atteignait une clairière bordée de chênes imposants, un cri déchirant brisa la tranquillité nocturne. Ce cri, aigu et vibrant, ne ressemblait en rien à celui d’un loup. C’était une voix humaine, emplie de panique et de douleur. Sans réfléchir, Aidan bondit à travers les broussailles, ses mouvements rapides comme l’éclair. Les branches griffaient sa peau, mais il n’y prêtait aucune attention. Ce cri ne pouvait signifier qu’une chose : quelqu’un était en danger, et cette personne se trouvait sur ses terres.
Il déboucha dans la clairière et s’arrêta net, ses yeux s’écarquillant légèrement devant la scène qui se dévoilait à lui. Une jeune femme se tenait au centre de l’espace dégagé, entourée de trois loups massifs aux yeux rouges incandescents. Leurs crocs étaient découverts, un grondement sourd résonnait dans leur gorge tandis qu’ils se rapprochaient lentement d’elle, tels des prédateurs savourant le moment avant de fondre sur leur proie.
La femme, cependant, ne bougeait pas. Malgré l’horreur de la situation, elle restait étrangement calme. Son regard brun était fixe, empreint d’une détermination farouche, bien que ses poings serrés et sa respiration haletante trahissent une peur qu’elle tentait désespérément de dissimuler. Aidan remarqua alors une marque étrange sur son poignet droit. Elle brillait d’une lueur argentée, presque hypnotique, et il pouvait sentir une énergie mystérieuse émaner d’elle, une énergie qui ne ressemblait à rien de ce qu’il avait connu.
Il n’y avait pas de temps à perdre. Le danger était réel et immédiat. Aidan laissa échapper un grondement féroce, ses cordes vocales vibrant d’une autorité brute, et bondit vers le groupe. Les trois loups tournèrent leur attention vers lui, mais ils étaient déjà trop lents. Aidan, dans sa forme de loup massif à la fourrure sombre comme la nuit, était un tourbillon de force et de rage. Ses crocs s’enfoncèrent dans la chair du premier adversaire, un hurlement retentissant déchirant l’air. Les autres se jetèrent sur lui, mais il les repoussa avec une puissance dévastatrice, ses griffes lacérant la peau de ses ennemis.
Le combat fut bref mais intense. Les intrus, comprenant qu’ils ne faisaient pas le poids, prirent la fuite, leurs hurlements résonnant dans la nuit tandis qu’ils disparaissaient dans l’obscurité. Aidan les regarda s’éloigner, ses sens toujours en alerte, avant de reporter son attention sur la jeune femme.
Elle était restée immobile tout au long de l’affrontement, ses yeux fixant la scène avec une fascination presque irréelle. Lorsqu’Aidan s’approcha d’elle, il reprit sa forme humaine, sa respiration rapide mais contrôlée. Sa silhouette imposante et son regard pénétrant auraient pu être intimidants, mais la femme ne détourna pas les yeux. Au contraire, elle le fixait avec une intensité qui le désarma presque.
« Qui es-tu ? » demanda-t-il, sa voix grave emplie de curiosité et de méfiance.
Elle ne répondit pas tout de suite. Au lieu de cela, elle sembla hésiter, ses lèvres tremblant légèrement comme si elle cherchait les bons mots. Finalement, elle murmura d’une voix douce mais claire : « Je m’appelle Elena. »
Aidan sentit une étrange sensation le traverser, comme une onde de chaleur irradiant depuis son cœur. Il ne comprenait pas pourquoi, mais quelque chose dans son regard, dans sa présence même, résonnait au plus profond de lui. Ce n’était pas seulement sa marque mystérieuse ou la situation improbable dans laquelle ils s’étaient rencontrés. Non, c’était autre chose. Quelque chose de plus profond, de plus instinctif.
Il ne savait pas encore que cette nuit allait changer sa vie à jamais.
Chapitre 2
Quand Éléa ouvrit les yeux, elle fut accueillie par la douce lueur vacillante d’un feu crépitant dans l’âtre. L’odeur apaisante de bois brûlé et de plantes séchées emplissait l’air. Elle était allongée sur un lit sommaire mais confortable, couvert d’une épaisse couverture en peau. L’intérieur de la petite cabane était simple, presque rustique, mais chaleureux. Des herbes pendaient du plafond, et des étagères bordaient les murs, remplies de fioles et de pots mystérieux.
Une femme âgée se tenait près d’elle, ses cheveux argentés tirés en un chignon lâche. Son regard bienveillant brillait d’un mélange de curiosité et de tendresse. Elle tendit une tasse fumante à Éléa, qui se redressa péniblement sur un coude.
« Bois ça, » dit la vieille femme d’une voix douce mais ferme. « C’est une infusion pour te calmer. »
Éléa hésita, ses souvenirs flous se bousculant dans son esprit. La clairière. Les loups aux yeux rouges. La peur oppressante. Et puis… rien.
« Où suis-je ? » murmura-t-elle en prenant la tasse entre ses mains tremblantes.
« Dans le camp des Lunes Ardentes, » répondit la femme en s’asseyant sur un tabouret près du lit. « Tu devrais te reposer. Tu as eu de la chance qu’Aidan t’ait trouvée. »
Le nom fit écho dans l’esprit d’Éléa. Aidan. Un frisson parcourut sa colonne vertébrale alors que des images floues refaisaient surface : un regard perçant, presque hypnotique, des cheveux noirs comme la nuit, une force écrasante mais protectrice.
« Aidan ? » répéta-t-elle, fronçant les sourcils.
La vieille femme hocha la tête avec un sourire. « Notre alpha. C’est lui qui t’a sauvée cette nuit. Si les Loups Déchus t’avaient attrapée… » Elle laissa sa phrase en suspens, secouant la tête comme pour chasser une pensée désagréable.
« Les Loups Déchus ? » demanda Éléa, sa voix trahissant une inquiétude croissante.
« Une meute corrompue, » expliqua la femme en soupirant. « Ils n’obéissent à aucune loi, aucune morale. Ils ne sont que rage et destruction. Quand ils t’ont attaquée, tu n’aurais eu aucune chance sans Aidan. »
Éléa porta la tasse à ses lèvres et but une gorgée de l’infusion chaude. La boisson, amère mais étrangement réconfortante, apaisa immédiatement les tensions dans son corps. Pourtant, son esprit restait tourmenté.
« Pourquoi étaient-ils après moi ? » murmura-t-elle, presque pour elle-même.
La vieille femme haussa les épaules, son regard se faisant plus grave. « Peut-être qu’ils ont senti ce que nous avons tous remarqué… Tu n’es pas comme les autres, n’est-ce pas ? »
Éléa releva les yeux, son cœur battant plus vite. « Je ne sais pas de quoi vous parlez. Je suis juste une humaine, rien de plus. »
La femme la dévisagea un instant, comme si elle pouvait lire à travers ses mots. Puis elle se leva lentement, prenant la tasse vide des mains d’Éléa. « Repose-toi pour l’instant. Tu auras bientôt des réponses. »
Avant qu’Éléa ne puisse poser une autre question, la porte de la cabane s’ouvrit brusquement. Une silhouette imposante se découpa dans l’encadrement, illuminée par la lumière argentée de la lune.
C’était lui. Aidan.
Il entra, refermant la porte derrière lui, et la pièce sembla soudain plus petite. Son regard gris acier se posa sur Éléa, la scrutant avec une intensité qui la fit frissonner. Il portait une chemise sombre, légèrement déboutonnée, révélant une cicatrice fine sur son cou. Tout en lui dégageait une autorité brute, une force contenue.
« Tu es réveillée, » dit-il simplement, sa voix grave et résonnante emplissant l’espace.
Éléa hocha la tête, incapable de détourner les yeux.
« Comment te sens-tu ? »
« Mieux, je suppose, » répondit-elle, sa voix un peu rauque.
Il resta silencieux un instant, comme s’il cherchait les bons mots. « Que faisais-tu dans la forêt ? »
Éléa baissa les yeux, jouant nerveusement avec le bord de la couverture. « Je… je ne sais pas vraiment. J’ai senti que je devais y aller. Comme si quelque chose… ou quelqu’un m’y attirait. »
Aidan fronça les sourcils, une ombre de méfiance traversant son visage. « Ce n’est pas un endroit pour une humaine. Encore moins pour une humaine qui porte… ça. »
Il désigna d’un geste le poignet d’Éléa. Elle baissa les yeux et vit la marque brillante qui semblait presque vibrer sous sa peau.
« Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-elle, sa voix teintée de panique.
Aidan s’avança, son regard sérieux. « Une question que nous devons éclaircir. Mais une chose est certaine : tu n’es pas une simple humaine. Et cette marque… pourrait bien être la clé d’un danger qui nous menace tous. »
Le poids de ses paroles tomba sur Éléa comme une pierre. Elle n’avait jamais cherché à être spéciale, encore moins à devenir le centre d’une prophétie mystérieuse. Mais une chose était claire : sa vie venait de changer à jamais.
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