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Toxicity

Tout commence par un bug

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Le bruit d’une gifle retentit dans la pièce.

— Ça suffit ! J'en ai marre !

Les larmes coulant sur ses joues, Lysandra fixait son interlocuteur. Elle venait de retrouver la mémoire, et il était hors de question qu'elle continue à se laisser faire.

Mais reprenons depuis le début, pour ne pas s’embrouiller.

Je m'appelle Emma Carter. J'avais 19 ans, et j'étais une fille normale, du moins en apparence. La vérité ? J’étais obsédée par les dark romances. Depuis mes 15 ans, ce genre littéraire était ma passion. Ces histoires sombres et torturées étaient tout pour moi.

J'avais un rituel particulier : revoir mes séries et webmoons préférés encore et encore. Parmi eux, il y avait "À l'Aide, le Grand-Duc M'Aime !". Ce webmoon avait tout ce que j'aimais : une héroïne imparfaite, un duc possessif et ténébreux, et une intrigue dramatique. Je le recommençais pour la troisième fois, incapable de m'en lasser.

Ce jour-là, pourtant, quelque chose d'étrange s'est produit. Au lieu de voir le bouton habituel "Lire l'histoire", il y avait écrit "Vivre l'histoire". Intriguée, j’ai cliqué.

Puis tout est devenu noir.

 

— Mademoiselle ! Mademoiselle !

J’ouvris les yeux. Une jeune femme vêtue d’un uniforme de domestique se tenait devant moi, l’air paniqué.

— Oui ? Répondis-je avec un sourire satisfait.

J’étais dans un décor complètement différent, somptueux et d’un autre temps. Devant moi, un miroir doré me reflétait... mais ce n’était pas moi. J’avais le visage de Lysandra de Valmont, la deuxième fille de la Comtesse Élise de Valmont, une personnage secondaire de "À l'Aide, le Grand-Duc M'Aime !".

J'étais dans l'histoire.

— Mademoiselle, insista la servante. La comtesse vous demande !

Mon sourire s’élargit. Tous mes rêves se réalisent !

Mais avant même que je puisse savourer ce moment, les mots de la servante me ramenèrent à la réalité.

— Elle... elle a perdu connaissance !

Mon corps réagit avant même que je puisse réfléchir. En quelques instants, je traversai les couloirs jusqu’à la chambre de ma mère. La comtesse de Perle était étendue sur son lit, entourée de domestiques et de ma sœur jumelle, Sélène. Elle était pâle, ses yeux à moitié fermés.

Comtesse de Valmont: Lysandra... Approche, veux-tu ?

Sans réfléchir, je m'avance, m’agenouille à son chevet. Des larmes s'échappent de mes yeux sans que je sache vraiment si c'est moi qui pleure ou ce corps.

Lysandra : Non, mère... Vous ne pouvez pas nous abandonner ainsi… Je vous en supplie.

Comtesse de Valmont : Écoute-moi, ma fille… Tu dois... épouser le Grand-Duc Ravencourt de Montclair.

Une onde glacée traverse mon dos. À ma place, une voix s’élève dans la pièce.

Sélène de Valmont : Quoi ?! hurle ma sœur jumelle, le visage blême.

Je me retourne vers elle, autant surprise qu’irritée. Pourquoi crier ainsi à ma place ? Je la vois avancer d’un pas déterminé.

Sélène : Le Grand-Duc est un homme cruel, froid et sans pitié ! Lysandra ne peut pas épouser un monstre pareil. Laissez-moi prendre sa place. Je peux supporter un tel destin, mais pas elle.

Comtesse de Valmont : Sélène… Pourquoi réagis-tu ainsi ? Ce n'est pas ton rôle.

Lysandra : Inspirant profondément pour calmer mon trouble intérieur. Si c’est ce que mère désire, je respecterai sa volonté.

Je capte la surprise sur le visage de ma sœur et retiens un sourire. Après tout, cette union n’est pas qu’un devoir… C’est un rêve. Le Grand-Duc d’Abris, avec son obsession dévorante et sa froideur magnétique, est l’incarnation même des héros de mes histoires. Je ferai de lui l’homme parfait pour moi.

Sélène : Tu es sûre de toi ? Tu ne sais même pas à quoi ressemble cet homme. Ce n'est pas un héros de conte, mais un prédateur.

Lysandra : Détournant le regard avec assurance. Ne t'inquiète pas pour moi, Sélène. Je saurais m'en sortir. Fais-moi confiance.

Ma sœur m’observe avec suspicion, mais finit par hausser les épaules.

Sa remarque me fait frissonner, mais je garde le silence. Dans un coin de mon esprit, je ne peux m’empêcher de savourer l’idée d’apprivoiser un tel homme. Tandis que notre mère, sereine, observe ses filles une dernière fois, un sourire éclaire son visage.

Comtesse de Valmont : Faiblement... Veuillez rester comme cela… unies… pour toujours.

Et sur ces mots, elle ferme les yeux pour ne plus jamais les rouvrir.

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Entre tension et confrontation

L'esprit perturbé par les récents événements, Lucian Kael Ravencourt de Montclair peinait à se concentrer sur la réunion politique. Les voix résonnaient autour de lui, mais aucune ne réussissait à capter son attention.

L'amour est inutile... et les femmes le sont encore plus, pensa-t-il, une pointe d’agacement teintant son regard glacial. D'un côté, il y a cet idiot de frère, prêt à sacrifier un mariage politique avantageux pour une histoire d'amour ridicule. De l'autre, il y a cette fille, simple pion sur l'échiquier de ma vie. Je ne me suis même pas donné la peine de m'attarder à la cérémonie. Une signature, quelques mots, et j'étais déjà parti comme un cygne en vol.

Un conseiller se racla la gorge, tirant Lucian de ses pensées.

— Aurez-vous quelque chose à ajouter, Votre Grâce ? demanda-t-il, hésitant.

Lucian fronça légèrement les sourcils.

— Non. Je ne me sens pas bien. Continuez sans moi.

Il se leva d’un geste vif et quitta la salle, laissant derrière lui des murmures étouffés.

Pendant ce temps, Lysandra, seule dans ses nouveaux appartements, observait le plafond richement orné. La solitude pesait sur ses épaules, mais elle refusait de se laisser abattre. Sa seule compagnie ? Clothilde, la domestique assignée à son service.

Mais malgré l’ennui, une seule pensée revenait sans cesse à son esprit : Wow... il est encore plus beau en vrai.

Elle sourit en se rappelant son mari, qu’elle avait à peine aperçu lors de la cérémonie. Il est magnifique... des épaules larges, un regard perçant. Si je pouvais passer un an à le regarder, je ne m’en lasserais pas. La deuxième année, peut-être... pour le toucher.

Secouant la tête pour chasser ses rêveries, elle se redressa brusquement.

— Je n’ai pas signé ce fichu contrat de mariage pour rester là à ne rien faire ! murmura-t-elle avec détermination.

Elle attrapa son journal et y griffonna rapidement quelques pensées avant de s’arrêter net. Une nouvelle énergie l’envahit.

— Clothilde ? Où se cache... euh, où se trouve mon époux ? demanda-t-elle en se levant.

Clothilde, qui arrangeait un bouquet de fleurs, sursauta légèrement.

— Je vais vous y conduire tout de suite, Madame.

— Tu peux m’appeler Lysandra, tu sais.

— Comment oserais-je ? Mais si c’est ce que vous souhaitez... d’accord, Lysandra.

Avec un sourire timide, Clothilde guida Lysandra jusqu’à un terrain d’entraînement. Là, le grand-duc s’entraînait à l’épée, ses mouvements précis et puissants transperçant l’air.

Lysandra s’arrêta à bonne distance, les yeux rivés sur lui.

— Il a un si beau corps... Sa transpiration doit sûrement être du nectar divin. Je pourrais le regarder pour toujours, murmura-t-elle à Clothilde, fascinée.

Clothilde hésita, visiblement mal à l’aise.

— Euh... d’accord.

Mais l’instant ne dura pas. Lucian, sentant une présence, tourna légèrement la tête tout en continuant son entraînement.

— Que fais-tu ici ? Qui t’a donné la permission ?

Lysandra, sans se laisser intimider, leva le menton.

— Je cherche... quelque chose.

— Et que viens-tu chercher ? Mon attention ? Tu devrais te contenter du fait que nous soyons déjà mariés, répliqua-t-il froidement.

— Eh bien, Kael, ce n’est pas si simple. Tu sais quoi ? Je viens de remarquer que j’ai signé un contrat de mariage, pas un contrat pour être ignorée.

Lucian grogna, visiblement frustré.

— Je t’ai assigné une domestique personnelle, et tu as assez d’argent pour payer la moitié de l’Empire. Que veux-tu de plus ?

— Comme tu l’as dit, je veux ton attention. Et je suis sûre que tu ne connais même pas mon prénom.

Un silence s’installa, suivi d’un froncement de sourcils de Lucian.

— Valmont, c’est bien ça ?

— Non. Mon prénom.

— Cassandra ? tenta-t-il, l’air agacé.

Lysandra poussa un soupir exagéré.

— Je suis si déçue. Comment pouvons-nous vivre sous le même toit sans même nous connaître ? On prendra le repas ensemble ce soir. Tu as intérêt à être présent.

Elle se tourna pour partir, mais une idée lui vint soudain. Feignant une chute, elle espérait que Lucian la rattrape. Mais au lieu de cela, elle finit par s’étaler au sol pour de bon.

Un silence gênant s’installa.

Quelle humiliation... Au moins, le sol est doux, pensa-t-elle, le visage enfoui contre l'herbe fraîche.

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L'écho du silence

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Le soleil se couchait lentement à l'horizon, teintant le ciel de nuances orangées et roses. Les derniers rayons illuminaient les feuilles des grands chênes bordant la résidence du Grand-Duc, leur donnant l'apparence de flammes dansantes. Une brise légère caressait les jardins, faisant frissonner les pétales des roses écarlates soigneusement entretenues. Tout semblait paisible, presque romantique, comme si la nature elle-même offrait un instant de répit dans un monde empli de tensions.

Dans la salle à manger, cependant, cette sérénité contrastait cruellement avec le silence pesant qui régnait autour de la longue table magnifiquement dressée. Les couverts en argent étincelaient sous la lumière tamisée des chandeliers, et les plats, préparés avec soin par les chefs, dégageaient un parfum alléchant. Mais la table restait vide, à l'exception de Lysandra, assise seule à l’une des extrémités.

Elle tapotait nerveusement le rebord de son assiette avec sa fourchette, son regard oscillant entre la porte et l’horloge suspendue au mur.

— Mais où se trouve Kael ? demanda-t-elle enfin, d’un ton qui trahissait son mécontentement.

Clothilde, debout près d'elle, baissa légèrement la tête, cherchant ses mots.

— Dans son bureau, Madame, répondit-elle avec hésitation.

Lysandra plissa les yeux, irritée.

— Pourtant, je lui avais dit de venir. Transmets-lui mon message. Il a sûrement oublié... enfin, je l’espère.

— Bien, je m’en occupe immédiatement, répondit Clothilde avant de quitter la salle.

Seule à nouveau, Lysandra laissa échapper un soupir. Elle avait espéré que ce dîner marquerait un tournant. Mais en réalité, elle se demandait si son mari daignerait jamais lui accorder une once d’attention.

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Dans son bureau, Kael était plongé dans des documents stratégiques, des cartes et des lettres qui s’empilaient sur son bureau. Une lampe à huile projetait une lumière vacillante sur son visage fermé. Mais il n’était pas concentré. Les mots de Lysandra tournaient en boucle dans sa tête : "Comment pouvons-nous vivre sous le même toit et ne pas nous connaître ?"

Un léger coup résonna à la porte, interrompant le fil de ses pensées.

— Entrez, dit-il sèchement.

Clothilde passa timidement la tête.

— Votre Grâce, Madame Lysandra vous attend dans la salle à manger. Elle souhaite que vous veniez dîner avec elle.

Kael leva les yeux, ses traits se durcissant encore davantage.

— Et elle a pensé que me déranger dans mon travail était une bonne idée ?

Clothilde hésita, mal à l’aise sous le regard perçant du Grand-Duc.

— Elle semblait... contrariée, murmura-t-elle finalement.

Kael se leva brusquement, faisant grincer sa chaise.

— Très bien. Dites-lui que j’arrive.

Clothilde s’inclina rapidement et quitta la pièce, soulagée de s’éloigner de l’aura glaciale de son maître.

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De retour à la salle à manger, Lysandra attendait toujours, le menton appuyé sur sa main. En entendant des pas approcher, elle se redressa instinctivement, espérant que Kael allait enfin faire son apparition.

Mais ce n’était que Clothilde.

— Il a dit qu’il arriverait bientôt, Madame, l’informa-t-elle.

Lysandra hocha la tête, mais son impatience grandissait. Elle n’avait jamais été du genre à attendre passivement, et ce soir ne ferait pas exception.

— Très bien. S’il ne vient pas, alors j’irai le chercher moi-même, déclara-t-elle avec détermination.

Avant que Clothilde ne puisse protester, Lysandra se leva et quitta la salle, son esprit en ébullition.

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Elle trouva Kael dans son bureau, debout près de la fenêtre, regardant les jardins plongés dans l’obscurité. Il n’eut pas besoin de se retourner pour savoir qu’elle était là.

— Tu ne peux pas attendre, n’est-ce pas ? lança-t-il d’un ton acerbe.

Lysandra s’arrêta juste à l’entrée, croisant les bras.

— J’ai attendu, Kael. Toute la soirée. Mais visiblement, le respect n’est pas une priorité pour toi.

Il se tourna lentement vers elle, son regard froid rencontrant le sien.

— Le respect doit se mériter, répondit-il calmement, mais avec une pointe de mépris.

Ces mots frappèrent Lysandra comme une gifle. Mais au lieu de se laisser abattre, elle avança d’un pas, les poings serrés.

— Alors prouve-moi que tu le mérites aussi, répliqua-t-elle, sa voix tremblante d’émotion.

Un silence tendu s’installa, les deux se défiant du regard.

Kael finit par détourner les yeux, mais pas avant qu’un éclair de quelque chose d’indéchiffrable — peut-être de la culpabilité — ne traverse son visage.

— Très bien, dit-il finalement, sa voix plus basse. Allons dîner.

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Le repas fut silencieux, presque inconfortable. Lysandra tentait de briser la glace avec quelques remarques, mais Kael se contentait de réponses monosyllabiques.

Quand enfin ils atteignirent le dessert, Lysandra posa sa fourchette et le fixa directement.

— Pourquoi es-tu comme ça ? demanda-t-elle, la voix douce mais chargée de curiosité.

Kael releva lentement les yeux.

— Comme quoi ?

— Froid. Distant. Comme si rien ni personne ne comptait.

Il la fixa un moment, ses yeux semblant scruter son âme.

— Peut-être parce que rien ni personne ne compte, répondit-il finalement.

Ces mots glacials firent frissonner Lysandra. Mais elle n’était pas prête à abandonner.

— C’est faux, murmura-t-elle, presque pour elle-même.

Kael se leva alors, signalant la fin du repas.

— Ce n’est pas faux, Lysandra. C’est juste... la vérité.

Elle soutint son regard, les lèvres serrées, avant de se lever à son tour, brisant le silence pesant.

— Belle philosophie pour un homme qui se cache derrière des murs. Continue de te complaire dans ton isolement, Grand-Duc, mais ne t’attends pas à ce que je m’y enferme avec toi.

Sans attendre une réponse, elle quitta la salle avec une démarche assurée, sa colère dissimulée sous une façade impeccable.

Une fois dans le couloir, cependant, ses pensées bouillonnaient.

“Quel imbécile arrogant ! Monsieur le Grand-Duc préfère les ombres de son bureau à la compagnie humaine. Quel enfant gâté, à croire que sa seule joie est de jouer les statues de glace. Patience, Lysandra, patience. S’il croit pouvoir m’intimider, il se trompe lourdement.”

En regagnant sa chambre, elle prit une plume et son journal, écrivant avec énergie :

"Je vais lui prouver qu'il a tort"

Elle ferma le carnet avec un claquement sec, un léger sourire en coin. Ce combat silencieux ne la briserait pas. Il ne faisait que l'affermir.

...Toxicity...

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