Chapitre 1

Il était une fois, dans un petit village isolé, une légende terrifiante qui circulait parmi les habitants. Ils parlaient d'une mystérieuse dame, connue sous le nom de "La Dame Sans Nom". Personne ne savait son vrai nom, et pour une bonne raison : quiconque prononçait son nom perdait le sien, disparaissait et mourait.

La Dame Sans Nom hantait le village la nuit, apparaissant dans les ruelles sombres et dans les maisons endormies. On disait qu'elle cherchait désespérément quelqu'un qui se souvienne de son nom, mais chaque fois que quelqu'un le prononçait, il était condamné à un destin terrible.

Les habitants vivaient dans une peur constante de croiser son chemin. On avertissait les enfants de ne jamais parler aux étrangers la nuit, et les adultes évitaient de sortir après le coucher du soleil. Lorsque, par rare occasion, quelqu'un disparaissait, on chuchotait que c'était l'œuvre de la Dame Sans Nom.

Un soir, un jeune homme du village, curieux et courageux, décida de percer le mystère de cette dame. Il se prépara à affronter ses peurs et s'aventura dans la nuit sombre. Tandis qu'il marchait dans les rues désertes, il sentit une présence glacée derrière lui. Il se retourna et vit la Dame Sans Nom, ses yeux emplis de tristesse et de désespoir.

"Qui êtes-vous ?" demanda-t-il, la voix tremblante.

La dame le regarda avec une intensité qui fit frissonner le jeune homme. "Je suis celle qui a été oubliée," murmura-t-elle. "Prononce mon nom, et tu connaîtras mon sort."

Le jeune homme hésita, mais sa curiosité prit le dessus. "Quel est ton nom ?" demanda-t-il.

La dame sourit tristement. "Mon nom est..." Mais avant qu'elle ne puisse finir, le jeune homme sentit une force invisible l'envelopper. Il comprit alors que connaître son nom était une malédiction. Il tenta de fuir, mais il était trop tard. Il disparut dans l'obscurité, emportant avec lui le secret de la Dame Sans Nom.

Depuis ce jour, personne n'osa plus jamais chercher à connaître le nom de la dame. La légende de la Dame Sans Nom continua de hanter les nuits du village, rappelant à tous que certains secrets valent mieux d’être oublié .

Les mois passèrent, mais la peur de la Dame Sans Nom ne fit que croître. Les rares habitants qui avaient osé se risquer dehors après la tombée de la nuit avaient disparu sans laisser de trace. Les familles resserraient leurs liens, se barricadaient dans leurs maisons et prenaient soin de ne jamais prononcer un mot de trop. Chaque crépuscule, les rues devenaient silencieuses, comme si le village tout entier retenait son souffle, attendant que la nuit ne vienne emporter une autre âme.

Les plus anciens du village disaient que la Dame Sans Nom n’avait jamais été humaine. Certains racontaient qu'elle était une sorcière punie par un sort ancestral, d'autres affirmaient qu’elle était une âme perdue, condamnée à errer pour l’éternité à la recherche de son nom volé. Mais personne ne savait vraiment, car ceux qui avaient osé chercher la vérité étaient désormais oubliés, engloutis par la noirceur de la légende.

Un jour, un étranger arriva au village. Il était jeune, vêtu d'un manteau noir qui flottait derrière lui comme une ombre. Il n'avait ni peur ni hésitation dans ses yeux, et malgré les murmures des habitants, il ne sembla pas effrayé par la réputation de l'endroit. On l'appelait le Voyageur.

Le Voyageur s'arrêta à l'auberge du village, où il passa ses journées à observer les habitants, parlant peu et écoutant beaucoup. Une nuit, alors qu'une pluie battante frappait les fenêtres de l'auberge, un vieux monsieur, tremblant de peur, s'approcha de lui.

"Tu ne devrais pas rester ici," murmura le vieil homme, d’une voix basse et tremblante. "Tu ne sais pas ce qui t'attend. La Dame Sans Nom... elle ne laisse jamais de répit."

Le Voyageur le regarda calmement, son visage marqué par la détermination. "Je suis ici pour une raison, vieux monsieur. Et je ne partirai pas sans connaître la vérité."

Le vieil homme, visiblement choqué, secoua la tête. "Tu ne comprends pas… Son nom est un piège. Savoir, c'est mourir. Tu cherches à la défier, mais tu la trouveras, et ce sera la fin de tout."

Le Voyageur ne répondit pas, et, sans un mot de plus, se leva, paya sa chambre et s'éloigna dans la nuit noire. Les yeux des villageois le suivaient, remplis d'une angoisse silencieuse.

Dans les ruelles sombres, le Voyageur marcha avec une assurance qui fit frissonner les pierres sous ses pieds. Il savait ce qu’il voulait. Il savait que cette légende n'était qu'une façade, un voile destiné à effrayer. La vérité, il en était certain, ne se trouvait pas dans la peur, mais dans la confrontation. Le nom de la Dame Sans Nom, s’il existait vraiment, détenait la clé de tout.

Lorsqu'il tourna le coin d'une ruelle, il la vit. La Dame Sans Nom se tenait là, dans l’ombre, son visage pâle presque irréel sous la lueur de la lune. Elle ne semblait pas surprise de sa présence, comme si elle l’avait attendu.

"Tu es venu," dit-elle d'une voix douce, presque mélancolique.

"Je suis venu pour ton nom," répondit le Voyageur, sans hésitation.

La Dame Sans Nom le regarda longuement, ses yeux sombres semblant percer son âme. "Tu cherches à me défier, mais tu ne sais pas ce que tu fais. Mon nom est une malédiction, une prison. Et pourtant, tu insistes."

Le Voyageur s'avança d'un pas, son regard ancré dans celui de la Dame. "Si tu veux que ton nom soit oublié à jamais, alors il faut que quelqu'un se souvienne de toi."

La Dame Sans Nom se mordilla la lèvre, une expression de douleur fugace traversant son visage. "Et que fais-tu de ce souvenir, une fois qu'il est gravé ? Que feras-tu de ce fardeau ?"

Il ne répondit pas, mais ses yeux brillaient d'une détermination nouvelle.

"Prononce-le," dit-elle soudainement, sa voix devenue presque suppliante. "Prononce mon nom et tu comprendras."

"Quel est ton nom ?" demanda le Voyageur.

Un silence lourd s’installa, puis, dans un murmure presque inaudible, la Dame Sans Nom prononça les premiers sons de son nom... mais au moment où elle commença, une force invisible se déchaîna. Le Voyageur sentit un froid glacé s'emparer de son corps, ses pensées s'éteindre peu à peu. Il tenta de crier, mais aucun son ne sortit de sa gorge.

La Dame Sans Nom sourit tristement, ses yeux pleins de compassion. "Tu t'es rendu prisonnier de cette quête, tout comme les autres avant toi. Mais toi aussi, tu deviendras une légende."

Dans un dernier souffle, le Voyageur disparut, englouti dans l'obscurité de la nuit.

Et une nouvelle légende naquit, celle du Voyageur qui avait osé affronter la Dame Sans Nom. Mais, comme tous les autres avant lui, son nom fut effacé, et seul restait le murmure de ceux qui se souvenaient encore... de la malédiction qui attendait quiconque osait chercher à connaître le nom de la Dame Sans Nom.

Chapitre 2

Le village, qui avait l'air d'être plongé dans un sommeil éternel depuis l'arrivée du Voyageur, continua de vivre sous l'ombre de la légende. Les habitants, d'abord inquiets de la disparition du jeune étranger, finirent par accepter qu'il était simplement une autre victime de la Dame Sans Nom. Les murmures à son sujet se dissipèrent lentement, comme des brumes portées par le vent, mais la peur demeura, palpable et constante. Aucun ne parlait à voix haute de ce qui s’était passé cette nuit-là. Pourtant, tous savaient au fond d'eux-mêmes que la malédiction de la Dame Sans Nom n’était pas simplement un conte. Elle était bien réelle, et sa présence persistait dans chaque souffle de vent, chaque ombre de la nuit.

Cependant, au fond du cœur du village, là où les vieux ne s'aventuraient plus, quelque chose avait changé.

Un mois s'était écoulé depuis la disparition du Voyageur, mais sa quête était loin d'être oubliée. Parfois, dans les recoins sombres de l’auberge, un murmure s'élevait parmi les plus jeunes — des rumeurs d'une autre personne, une silhouette encapuchonnée, observant de loin, traversant les ruelles silencieuses. Cette silhouette, un homme vêtu de noir, ne parlait à personne, mais il apparaissait chaque soir dans la brume, juste après le coucher du soleil. Il n'était pas un villageois. Il n'était pas un étranger ordinaire non plus. Les rumeurs couraient qu'il était venu pour poursuivre ce que le Voyageur avait commencé, un homme qui ne craignait ni la Dame Sans Nom, ni la malédiction qui en découlait. Un homme qui voulait savoir. Un homme déterminé à découvrir le secret caché au cœur de cette légende.

Cet homme était celui qu'on appelait Aric.

Aric n'était pas un homme comme les autres. Il venait d’un autre village, plus lointain, et bien que les raisons de sa présence fussent aussi secrètes que ses pensées, il avait été attiré par cette légende. Il avait entendu parler de la Dame Sans Nom à travers les contes et les récits, et une étrange fascination s'était emparée de lui. Ce n’était pas la peur qui le motivait, mais un désir ardent de comprendre, de connaître. Ce mystère, ce nom, tout cela l'appelait. Il ne croyait pas aux superstitions. Pour lui, la vérité se cachait sous les couches de l’inconnu, prête à être découverte.

Aric savait que la Dame Sans Nom ne pouvait pas être un simple fantôme, une âme perdue condamnée à errer pour l’éternité. Il croyait que sa malédiction, son absence de nom, avait une explication rationnelle. Quelque chose qui était resté enfoui dans l’histoire, perdu au fil des siècles. Et c’était cette vérité qu’il cherchait à découvrir.

Il s’installa dans une petite cabane en bordure du village, évitant autant que possible le regard des habitants. Les jours passaient, et chaque soir, il se rendait dans les rues sombres, scrutant les ombres, écoutant le vent. Il cherchait des indices, des traces laissées par la Dame Sans Nom. Chaque ruelle, chaque coin de rue semblait être un piège tendu pour ceux qui s’aventuraient à en savoir trop. Mais Aric ne reculait pas.

Un soir, alors que la pluie tombait en trombe sur le toit de sa cabane, Aric fit une découverte. En fouillant les vieux livres poussiéreux laissés par les anciens du village, il tomba sur un manuscrit presque illisible, écrit à la main, qui parlait d’une époque oubliée. Il décrivait une sorcière ancienne, une femme qui avait été condamnée à l’oubli, une femme dont le nom avait été effacé de la mémoire des hommes. Ce manuscrit contenait des fragments d’une légende bien plus ancienne, un avertissement, un secret.

Il apprit qu'il y avait, il y a bien des siècles, un peuple oublié qui vivait dans ces terres. Ce peuple vénérait une déesse étrange, une divinité qui se nourrissait de l'oubli et de l'indifférence. Cette déesse, dit-on, avait un nom si puissant qu’il pouvait être utilisé pour effacer l’existence de tout être vivant. Un jour, un groupe de sorcières avait invoqué cette déesse pour protéger leur village, mais l’invocation avait mal tourné. La déesse, de par son pouvoir de détruire les noms et les mémoires, se vengea de ces sorcières, les condamnant à errer sans nom, sans identité, dans une quête éternelle pour retrouver ce qu’elles avaient perdu.

Aric comprit alors. La Dame Sans Nom n'était pas simplement un esprit en quête de vengeance. Elle était une victime, une âme prise dans une malédiction plus ancienne que tout ce qu’il avait imaginé. Mais pourquoi sa malédiction s’était-elle abattue sur elle et non sur les autres ? Pourquoi la recherche de son nom était-elle si destructrice ? Aric sentit que la clé résidait dans ce fameux nom. Si elle parvenait à retrouver son nom, peut-être que la malédiction prendrait fin.

Armé de ces nouvelles connaissances, il décida de se rendre dans le cimetière du village, là où les tombes des anciens reposaient. On disait que c'était l'endroit où la Dame Sans Nom avait été autrefois vue pour la première fois. C’était un lieu interdit, que les villageois évitaient, de peur que la malédiction ne s’y attache. Mais Aric, déterminé à découvrir la vérité, s'y rendit seul.

La nuit était noire, la lune masquée par les nuages épais. Au milieu des pierres tombales, Aric aperçut une silhouette. Elle se tenait là, comme une ombre parmi les ombres. La Dame Sans Nom. Elle l’attendait.

"Tu es revenu," dit-elle simplement.

Aric la fixa, le cœur battant dans sa poitrine. "Je sais ce que tu cherches. Et je sais maintenant ce qui t'a condamnée."

Elle ne répondit pas immédiatement. Elle le regarda longuement, comme si elle cherchait quelque chose en lui. Puis, d'une voix qui semblait venue d'un autre monde, elle murmura : "Tu crois que tout peut être expliqué. Que tout peut être compris. Mais certains mystères sont faits pour être oubliés."

Aric s'approcha, résolu. "Je ne peux pas te laisser dans l'oubli. Je veux savoir ton nom. Et je veux te libérer."

La Dame Sans Nom éclata de rire, un rire amer qui résonna dans l’air froid. "Tu ne comprends pas… Connaître mon nom, c'est me condamner à l’éternité. Mais… si tu insistes… alors prends-le."

Elle s’éloigna alors de lui, se perdant dans l’obscurité. Aric, sans hésitation, suivit sa silhouette.

Il était prêt à tout, prêt à tout sacrifier pour savoir ce qu’elle était, ce qu’elle représentait. Mais à ce moment-là, une question traversa son esprit. Et si la vérité n’était pas ce qu’il croyait ? Et si la Dame Sans Nom n’était pas l’âme torturée qu’il pensait ? Peut-être que, dans sa quête, il se perdrait lui-même. Mais il n’eut pas le temps de réfléchir davantage. Il venait de franchir un point de non-retour.

Alors que la Dame Sans Nom murmurait quelque chose qu’il ne pouvait entendre, le vent se leva brutalement, emportant avec lui les derniers vestiges du mystère.

Chapitre 3

Aric suivit la Dame Sans Nom dans la nuit noire, son esprit empli d'une étrange énergie. La brume montait du sol comme un voile épais, effaçant les contours des tombes anciennes et recouvrant les sentiers du cimetière. La silhouette de la dame, distante et éthérée, se déplaçait avec une légèreté surnaturelle. Ses pas semblaient à peine toucher le sol, et Aric, bien qu’armé de toute sa détermination, se sentait étrangement déstabilisé, comme si la terre sous ses pieds lui échappait lentement.

Il avait cru que la vérité était simple, que découvrir son nom suffirait à briser la malédiction. Mais à chaque pas qu’il faisait, il sentait que quelque chose échappait à sa compréhension, comme si les ombres autour de lui se refermaient doucement, l’aspirant dans un piège invisible.

"Tu ne devrais pas être ici," dit la Dame Sans Nom sans se retourner. Sa voix était douce, presque mélancolique, mais il y avait dans ses mots une fermeté qui fit frissonner Aric.

"Je dois savoir qui tu es," répondit Aric, sa voix pleine de résolu. "Je ne suis pas comme les autres. Je suis prêt à tout pour comprendre. Même si cela me coûte."

La Dame Sans Nom s'arrêta brusquement, se tournant lentement vers lui. Ses yeux brillaient dans l’obscurité, un éclat de tristesse infinie dans leur profondeur. "Tu penses que le nom, c’est la clé, mais tu te trompes. Ce que tu cherches, ce n’est pas un nom. C’est un souvenir."

Aric la fixa, perplexe. "Un souvenir ?"

Elle acquiesça lentement, ses lèvres esquissant une ombre de sourire. "Oui. Parce que les noms ne sont pas simplement des mots. Ils sont des portes. Des portes qui mènent à des mondes oubliés. Et ce que tu ne sais pas, Aric, c’est que ce que tu cherches à réveiller est bien plus ancien que toi. Bien plus ancien que tout."

Il se figea. Comment savait-elle son nom ?

"Tu vois," continua-t-elle, sa voix devenant plus faible, "je suis née d’un rêve. Un rêve que les hommes ont eu un jour, celui de pouvoir effacer ce qu’ils ne voulaient pas se souvenir. J’étais une femme comme les autres. Mais un jour, on m’a demandé de prononcer un nom, un nom que j’ai oublié, un nom que personne ne devait connaître. Et, en le prononçant, j'ai oublié qui j’étais. J’ai oublié tout ce que j'avais été."

Aric sentit une vague d’incompréhension se lever en lui. "Mais pourquoi ? Pourquoi toi ? Pourquoi cette malédiction ?"

Elle ferma les yeux un instant, comme si les souvenirs étaient douloureux, puis reprit, son ton devenu plus grave. "Parce que j’ai été choisie pour porter le fardeau des oublis. Mon nom a été effacé non pas par un sort, mais par la volonté d'un peuple tout entier. Un peuple qui avait peur de ses propres souvenirs, peur de la vérité. Et, comme ils l’ont fait pour moi, ils l’ont fait pour d’autres. J'ai été maudite à cause de cette peur, à cause de l’oubli qu’on m’a imposé. Et c'est cela, Aric, que tu ne comprends pas encore. Celui qui connaît mon nom n’est pas libre. Il devient le prisonnier de l’oubli, tout comme moi."

Les mots frappèrent Aric comme un coup de tonnerre. Il n’avait pas envisagé cette possibilité. La Dame Sans Nom n’était pas seulement un être maudit, elle était le reflet d’une histoire plus vaste, d’une société brisée par sa propre peur. Et cette peur, elle se transmettait à ceux qui, comme lui, cherchaient à découvrir la vérité.

"Mais… si je te donne mon nom, tu seras toi aussi emprisonné dans cette quête. Tu deviendras mon successeur. Celui qui cherche à libérer les autres sans jamais pouvoir se libérer lui-même." Elle fit une pause, puis ajouta, "Est-ce cela ce que tu veux, Aric ? Devenir comme moi ?"

Aric, déstabilisé par la gravité de ses paroles, fit un pas en arrière, comme s’il avait eu un éclair de lucidité. "Je… je ne sais pas. Je ne veux pas être emprisonné dans cette quête sans fin."

La Dame Sans Nom l’observa intensément, ses yeux brillants de compassion et de douleur. "C'est trop tard. L’instant où tu m’as suivie dans ce cimetière, tu t'es déjà lié à moi. Tu es devenu le prochain maudit. Peu importe ce que tu fais maintenant, tu porteras ce fardeau."

Aric sentit la terre se dérober sous lui. Il n’avait pas anticipé cela. Il croyait avoir tout contrôlé, être celui qui allait briser la malédiction, mais il comprenait à présent que la vérité ne se trouvait pas dans la recherche du nom. Il était piégé dans un cercle sans fin, et la seule manière d’échapper à cette malédiction serait de l’oublier, de tourner le dos à cette quête… mais il ne pouvait plus.

"Il n'y a pas de sortie", dit-elle doucement, presque désolée. "La quête de ton nom ne fait que commencer, Aric. Comme tous les autres avant toi, tu deviendras la nouvelle légende. La Dame Sans Nom te guidera à travers les ténèbres, jusqu’à ce que tu sois aussi oublié que moi."

Aric tenta de lutter contre l’angoisse qui montait en lui. Son esprit se révoltait contre l'idée d'être pris au piège. Il voulait s’enfuir, tout laisser derrière lui, mais ses jambes étaient comme figées dans la terre. Le nom de la Dame Sans Nom, il le connaissait maintenant, et il savait que c'était une malédiction bien plus complexe qu’il ne l’avait imaginé. Il n’était plus un simple chercheur de vérité. Il était devenu une partie du mythe, un acteur dans la longue danse de l'oubli.

Alors, dans un dernier élan de désespoir, il s’effondra à genoux, ses mains tremblantes sur le sol froid du cimetière.

"Je… je ne veux pas devenir comme toi", murmura-t-il. "Je veux partir. Je veux tout oublier."

Mais la Dame Sans Nom, en silence, se tourna et s’éloigna lentement, sans répondre. Elle savait que ses paroles avaient touché un point sensible, mais cela n’avait pas d’importance. Le destin d’Aric était scellé. Il avait cherché à comprendre, mais désormais, il faisait partie de l’histoire de ceux qui, un jour, avaient cherché à connaître la vérité et avaient été engloutis par elle.

Le vent souffla dans le cimetière, emportant les derniers mots d’Aric, et le silence retomba, lourd et définitif.