Chapitre 1
Le vent soufflait doucement sur les remparts du château de Xiangyu, portant avec lui les dernières traces de la chaleur d'une journée d'automne. La lumière mourante du soleil baignait la terre de teintes dorées, mais l'air portait une étrange odeur métallique, comme une promesse d'épreuves à venir. Wei Yun se tenait seule, les yeux fixés sur la Lune, qui montait lentement dans le ciel. Ce soir, elle semblait plus grande, plus imposante, presque tangible, comme si elle l'appelait.
Elle n'avait pas encore quitté les murs du château, mais elle savait que le moment était proche. La quête qu'elle allait entreprendre changerait sa vie à jamais, ainsi que celle de son peuple. Depuis des siècles, un voile de souffrance pesait sur le royaume d'Anju, une malédiction née d'un secret que même les plus âgés avaient appris à garder sous silence. Un secret trop lourd pour être porté par une seule génération, trop vaste pour être compris dans toute son ampleur. Un secret qui liait la Terre et le ciel dans une danse d'ombre et de lumière, de douleur et d'espoir.
La malédiction qui frappait son peuple n'avait pas de nom. Elle ne se manifestait pas sous forme visible, comme une maladie ou un poison. Non, c'était quelque chose de bien plus insidieux, de bien plus cruel. Chaque homme, chaque femme, chaque enfant et chaque aîné vieillissait prématurément. Leurs cheveux devenaient gris avant même qu'ils n'aient dix ans, leur peau se ridait comme celle d'un vieil homme exposé trop longtemps au vent, et leurs corps se courbaient sous le poids de ce vieillissement accéléré qui les emprisonnait dans son étreinte. Un enfant pouvait ressembler à un adulte épuisé quelques mois après sa naissance. Les sourires des plus jeunes étaient ceux d'une vieillesse prématurée, et les rires des adultes étaient empreints de regrets, comme s'ils savaient au fond d'eux-mêmes qu'ils ne vivraient pas assez longtemps pour voir un monde plus radieux.
Wei Yun n'avait que dix-huit ans, mais son visage portait déjà les traces de cette malédiction. Ses yeux, autrefois clairs comme le ciel du matin, étaient devenus troublés par la fatigue des années. Ses longs cheveux noirs, autrefois pleins de vie, commençaient à grisonner. Elle était l'héritière du trône, la princesse d'Anju, mais elle n'avait jamais connu la jeunesse vibrante de ses ancêtres. Tout ce qu'elle avait connu, c'était la lutte contre le temps, une lutte qui semblait sans fin.
Chaque soir, en se tenant sur ces mêmes remparts, elle se demandait si cela durerait éternellement, si un jour elle verrait son peuple renaître, comme un arbre qui fleurit après un long hiver. La Lune, perchée haut dans le ciel, était la clé de cette renaissance. Mais tout avait un prix. Et elle devrait le payer.
« Si je n'agis pas, nous serons tous condamnés, » murmura-t-elle pour elle-même. « Et peut-être que la Lune est notre seul espoir. »
Le soleil venait de disparaître derrière les montagnes, et la Lune régnait sur le ciel, plus brillante que jamais. Elle était imposante ce soir, presque menaçante. Elle semblait veiller sur le royaume, comme si elle était un témoin silencieux d'une souffrance qui durait depuis bien trop longtemps. La princesse Wei Yun avait entendu les anciennes légendes, des histoires murmurées dans les couloirs du château par ceux qui en savaient trop, mais n'osaient pas en révéler tous les détails. La Lune n'était pas ce qu'elle semblait être. Ce n'était pas simplement un corps céleste, brillant et serein. Non, la Lune abritait le cœur d'un royaume céleste oublié, un royaume autrefois gouverné par une déesse puissante et immortelle.
Mais un jour, cette déesse—trop puissante et trop dangereuse—avait été emprisonnée dans les cieux, et sa lumière s'était transformée en malédiction pour la Terre. Le royaume de la déesse était devenu un lieu d'exil, un endroit hors de portée des mortels. Pourtant, son pouvoir demeurait, dans les larmes de la Lune, des météores tombant du ciel sous forme de fragments scintillants. Ces larmes détenaient la clé pour guérir son peuple, pour inverser l'écoulement du temps et effacer la malédiction. Mais elles étaient aussi des fragments d'une âme emprisonnée, l'âme d'une déesse dont la libération pourrait déchaîner une force incontrôlable.
Wei Yun avait passé sa vie à écouter les vieux contes, à étudier les textes cachés dans les bibliothèques oubliées du royaume, cherchant une réponse dans les étoiles. Elle savait que la seule solution résidait dans ces larmes, dans ces fragments de la déesse, mais elle savait aussi que cela venait avec un coût terrifiant.
Les larmes de la Lune n'étaient pas simplement des instruments de guérison. Elles étaient des fragments d'une ancienne déesse, emprisonnée et oubliée depuis des millénaires. Les collecter signifiait potentiellement libérer cette déesse et éveiller son pouvoir, un pouvoir capable de remodeler le monde entier. Wei Yun se demandait souvent si elle pourrait contrôler cette force, ou si elle finirait par détruire tout ce qu'elle aimait. La déesse de la Lune avait été emprisonnée précisément parce que son pouvoir était trop vaste, trop dangereux. Et maintenant, tout reposait sur les épaules d'une jeune femme qui n'avait pas encore vraiment vécu sa propre vie.
« Je dois le faire, » se dit-elle, fermant les yeux, le cœur lourd mais déterminé. « Je n'ai pas le choix. »
Elle savait qu'en l'absence des larmes, sans la libération de la déesse, son peuple serait condamné à une vie de souffrance et de déclin. Mais en libérant cette déesse, elle risquait de déchaîner une puissance capable de détruire tout ce qu'elle aimait.
Les paroles de l'ancienne oracle, murmurées dans sa mémoire, résonnèrent à nouveau dans son esprit : « Le choix n'est jamais facile, Princesse. Si vous choisissez de sauver votre peuple, vous ne lèverez pas simplement une malédiction. Vous éveillerez un pouvoir dont l'équilibre pourrait vous détruire, vous et tout ce que vous cherchez à protéger. »
Mais le destin n'attendait pas. Le royaume s'effondrait sous le poids de la malédiction, chaque jour apportant de plus en plus de souffrances insupportables. Les gens perdaient leur vitalité, et la terre elle-même semblait se faner. Wei Yun n'avait plus de temps à perdre dans l'indécision.
« Je dois partir. Ce n'est qu'en affrontant cette Lune que je comprendrai si cette déesse est notre salut... ou notre ruine. » Elle se tourna une dernière fois vers le château, vers les tours et les jardins désormais silencieux et ternis. Le royaume qui l'avait élevée, qui l'avait façonnée pour être sa dirigeante, disparaîtrait bientôt, à moins qu'elle ne réussisse ce que personne d'autre n'osait tenter.
Elle rassembla ses affaires, prit son épée forgée par les meilleurs forgerons du royaume, et se dirigea vers les portes du château. Dans son cœur, un mélange de peur et de détermination. C'était le seul chemin, la seule chance de sauver son peuple. Le ciel l'appelait. La Lune l'appelait.
Et elle répondit.
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