Katia soupira en ajustant le col de sa veste. La journée allait être longue, et elle savait qu'elle n'avait pas le droit à l'échec. Sa grand-mère, qui l’avait élevée avec tant de sacrifices, avait besoin de soins constants, et les factures s’entassaient chaque mois un peu plus. C’est pour cette raison que Katia avait décidé de postuler au poste de secrétaire dans la prestigieuse entreprise d’architecture de la famille Fernand.

La réputation de cette société n’était plus à faire. Elle avait entendu dire que l’entreprise était dirigée d'une main de fer par Wilson Fernand, un PDG redouté pour son caractère impitoyable. Elle ne savait que peu de choses sur lui, sinon qu’il était strict et n'avait que peu de patience pour les erreurs. Mais elle n’avait pas le choix. Ce poste représentait sa meilleure chance de stabiliser sa situation et d’offrir à sa grand-mère les soins dont elle avait désespérément besoin.

En entrant dans le hall imposant du bâtiment, Katia sentit l’adrénaline monter en elle. Les murs étaient ornés de marbre noir et de cadres modernes, créant une atmosphère à la fois élégante et intimidante. Elle serra son sac contre elle, inspirant profondément avant de se diriger vers l’accueil.

"Bonjour, je suis Katia, pour l’entretien du poste de secrétaire," dit-elle d’une voix calme, malgré son cœur battant la chamade.

La réceptionniste la regarda de haut en bas, d’un regard à la fois professionnel et légèrement méprisant. "Veuillez patienter un moment. Monsieur Fernand vous recevra dans quelques minutes."

Les minutes s’étirèrent alors qu’elle attendait. Finalement, une assistante l’accompagna vers le bureau du PDG. Lorsqu’elle entra, Katia sentit immédiatement le poids de la pièce. Le bureau, spacieux et baigné de lumière, reflétait la rigueur et l’élégance de celui qui l’occupait.

Derrière le bureau de verre se tenait Wilson Fernand. Grand, au regard perçant et vêtu d’un costume impeccablement taillé, il émanait une aura de contrôle total. Il leva les yeux vers elle, l’observant avec une expression froide, presque calculatrice.

"Bonjour, Mademoiselle…?" dit-il, en levant un sourcil interrogateur.

"Katia, Monsieur. Katia Leclair," répondit-elle, en essayant de ne pas se laisser intimider par son regard.

Il l’observa en silence pendant un moment, comme s’il cherchait à la sonder, puis il fit signe qu’elle s’asseye.

"Bien. Je suis un homme exigeant, Katia," déclara-t-il sans détour. "Je n’attends rien de moins que la perfection de mes employés. Si vous travaillez pour moi, il n'y aura pas de place pour les erreurs. Est-ce que vous comprenez?"

Katia hocha la tête, retenant son souffle. "Je comprends, Monsieur. Et je suis prête à faire tout ce qu'il faut."

Un sourire infime – presque imperceptible – apparut sur les lèvres de Wilson, mais il disparut aussi vite qu’il était venu. "Très bien. Nous commencerons avec une période d’essai d’un mois. Si vous réussissez à répondre à mes attentes, le poste sera à vous."

Katia sentit son cœur s’emballer, mais elle garda son calme. Elle savait qu'elle devait prouver sa valeur, non seulement pour elle, mais aussi pour sa grand-mère.

"Merci, Monsieur Fernand. Je ne vous décevrai pas."

Katia se présenta dès le lendemain dans l’immeuble imposant de la société Fernand. Elle avait soigneusement choisi une tenue professionnelle : une chemise blanche impeccable et une jupe noire qui soulignaient son sérieux. Elle voulait prouver à Wilson Fernand qu’elle était à la hauteur de ses exigences, aussi intimidantes soient-elles.

Le travail de secrétaire ne consistait pas seulement à répondre au téléphone ou à organiser l’agenda de son patron. Dès ses premières heures, elle fut submergée par des piles de documents, des dossiers sensibles, et des appels à gérer avec une précision infaillible. Wilson, quant à lui, restait un mystère. Il ne lui adressait que le minimum de mots nécessaires, la surveillant de son regard perçant chaque fois qu'elle semblait hésiter.

"Je veux ce dossier sur mon bureau dans quinze minutes," lança-t-il un jour d’une voix froide.

Katia hocha la tête, essayant de dissimuler son anxiété. Elle parcourut les pages du dossier aussi vite que possible, cherchant les informations essentielles que Wilson avait demandées. Elle ressentait un mélange de pression et de fierté à l’idée de relever ce défi. Pour elle, chaque minute passée dans cet immeuble était une chance de montrer ce dont elle était capable.

À la pause déjeuner, elle sortit brièvement pour appeler sa grand-mère. Sa voix douce et chaleureuse réchauffa le cœur de Katia. Sa grand-mère l’encourageait toujours à aller de l'avant, même dans les moments les plus difficiles.

"Comment se passe ton travail, ma chérie ?" demanda sa grand-mère, la voix affaiblie mais remplie d’affection.

"C’est… intense," répondit Katia en riant légèrement. "Mon patron est très exigeant, mais je crois que je peux gérer."

Après quelques instants, elle retourna à son poste, déterminée à donner le meilleur d’elle-même. Pourtant, la journée lui réservait encore une surprise. En fin d’après-midi, Wilson la convoqua dans son bureau.

"Vous avez fait des erreurs dans ce rapport, Mademoiselle Leclair," dit-il sans préambule, son ton tranchant. "Ici, l’erreur n’a pas de place. Compris ?"

Katia sentit une vague de frustration monter en elle, mais elle inspira profondément pour garder son calme. Elle savait qu’il la testait, et elle refusait de céder.

"Oui, Monsieur. Je m’en excuse et je vais corriger cela immédiatement," répondit-elle d’une voix posée.

Wilson la fixa un instant, comme pour évaluer sa réaction. Il semblait chercher une faille, mais Katia lui offrit un sourire poli et attendit calmement ses instructions. Derrière son masque d'arrogance, il semblait surpris par sa résilience. Peu d’employés avaient tenu aussi longtemps sous sa pression.

Alors qu’elle se retournait pour sortir, elle sentit son regard posé sur elle, une lueur indéchiffrable dans ses yeux. Elle quitta le bureau en se promettant de se montrer irréprochable.

Ce soir-là, en sortant du bâtiment, Katia se sentit à la fois épuisée et déterminée. Wilson Fernand était peut-être exigeant, mais elle était prête à relever le défi. Au fond, elle sentait que cet emploi pouvait changer sa vie, bien au-delà des apparences.

Katia se donnait à fond dans son travail. Jour après jour, elle arrivait plus tôt et restait plus tard que la plupart des employés. Chaque tâche, aussi simple soit-elle, devenait une mission qu’elle devait réussir pour prouver sa valeur, surtout aux yeux de Wilson Fernand, ce PDG inflexible et distant.

Cependant, malgré ses efforts, Wilson trouvait toujours un détail à corriger, une exigence de plus. À chaque critique, Katia gardait la tête haute, refusant de lui montrer le moindre signe de découragement. Mais intérieurement, elle se demandait combien de temps elle pourrait tenir face à cette pression.

Un matin, alors qu’elle arrivait à son bureau, elle trouva un énorme dossier posé sur sa table avec une note de Wilson : "À terminer d’ici la fin de la journée." Katia soupira. Ce dossier contenait des informations essentielles pour un projet d’architecture en partenariat avec une autre grande entreprise. Elle savait que tout devait être parfait.

Elle se plongea dans les pages sans attendre, prenant des notes, organisant les documents, et vérifiant chaque donnée. Mais en fin d’après-midi, alors qu’elle terminait enfin, elle entendit la voix glaciale de Wilson derrière elle.

"Vous avez mal classé les annexes. Les erreurs de ce genre sont inacceptables, Mademoiselle Leclair."

Katia releva les yeux, surprise par sa présence. Elle chercha ses mots, déstabilisée par son regard sévère. "Je… je m’en excuse, Monsieur. Je vais corriger cela immédiatement."

Wilson ne répondit pas, mais son regard restait fixé sur elle. Il semblait vouloir lire en elle, percer à jour la moindre faiblesse. "J’espère que vous comprenez que dans cette entreprise, l’attention aux détails est primordiale," ajouta-t-il en croisant les bras.

Elle acquiesça, malgré l’humiliation qu’elle ressentait. Mais une lueur de défi s’alluma dans ses yeux. "Je comprends, Monsieur. Et je m’engage à ne plus refaire cette erreur."

Wilson haussa un sourcil, visiblement intrigué par son assurance. La plupart des employés se seraient déjà laissés écraser sous la pression, mais Katia tenait bon, sans faiblir. Elle possédait une force silencieuse qu’il n’avait pas l’habitude de voir.

Alors qu’il la fixait en silence, un bruit soudain interrompit leur échange : l’alarme incendie se déclencha, remplissant les couloirs de la sonnerie stridente. Surpris, ils échangèrent un regard, puis Wilson se redressa rapidement, l’expression froide remplacée par une urgence inhabituelle.

"Venez," dit-il d’une voix autoritaire, en lui faisant signe de le suivre.

Dans le chaos qui s'ensuivit, ils descendirent les escaliers d’urgence aux côtés d’autres employés. Au milieu de cette situation tendue, Katia remarqua un détail surprenant : Wilson prenait soin de s’assurer qu’elle ne se trouvait jamais trop loin de lui, comme s’il s’inquiétait pour elle. Un contraste frappant avec son habituel détachement.

Une fois à l’extérieur, ils se retrouvèrent entourés d’employés rassemblés devant le bâtiment. Wilson vérifia que tous les membres de son équipe étaient présents, puis il se tourna vers Katia, l'air soulagé, même si son visage restait fermé.

"C’était un exercice, Mademoiselle Leclair," dit-il d’un ton professionnel, bien que ses yeux trahissent une inquiétude passagère. "Mais vous avez bien réagi."

Elle hocha la tête, cachant un sourire. Malgré ses critiques et ses exigences, quelque chose dans son regard venait de changer. Peut-être que sous sa froideur, Wilson Fernand n’était pas aussi insensible qu’il le laissait paraître.