Prologue : La convocation divine
Dans le royaume des dieux, recevoir une convocation du grand Zeus n'était jamais bon signe. Pneuma, le dieu de l’esprit, le savait trop bien. Il se tenait devant le Palais des Dieux, le visage grave, essayant de deviner ce qu’il avait bien pu faire pour mériter une telle audience. Tout le monde savait que Zeus ne te convoquait que pour trois raisons : te faire travailler à sa place, cacher une de ses maîtresses d’Héra, ou te maudire parce que tu l'avais dépassé dans la file d’attente de son restaurant préféré. Un véritable tyran, à quelques détails près.
Pneuma soupira avant de franchir les portes massives du Palais. À peine entré, Thétis, la secrétaire de Zeus, l'accueillit d'un air neutre.
— Il vous attend dans son bureau, dit-elle sans une once de chaleur.
— Toujours aussi accueillant ici, on pourrait presque sentir l'amour dans l'air, répondit Pneuma en levant un sourcil.
Thétis l’ignora et se mit à marcher d’un pas rapide, menant Pneuma à travers les longs couloirs dorés du Palais. Les statues gigantesques, les fresques murales représentant les mille exploits de Zeus… Un décor grandiose, aussi intimidant qu’écrasant.
Enfin, ils arrivèrent devant une porte massive. Thétis frappa deux coups secs avant d'ouvrir, laissant Pneuma pénétrer dans le bureau du roi des dieux.
Zeus se tenait derrière un large bureau en marbre, plus imposant que jamais. Cheveux dorés, yeux perçants comme des éclairs, il incarnait l’autorité dans toute sa splendeur. D’un geste de la main, il invita Pneuma à s’asseoir.
— Pneuma, nous avons un problème, commença Zeus sans préambule.
Pneuma croisa les bras et s’enfonça dans le fauteuil.
— Et bien sûr, tu comptes sur moi pour le régler, non ? répondit-il, un sourire en coin.
Zeus sourit à son tour, mais ce sourire n’avait rien de réconfortant.
— C'est Eros. Encore lui.
Pneuma fronça les sourcils. Eros, le dieu de l’amour, était célèbre pour deux choses : son indécision chronique et ses disputes régulières avec Psyché, sa compagne. Il y avait bien longtemps qu’ils formaient un couple, mais depuis près de mille ans, Eros refusait toujours de la demander en mariage.
— Laisse-moi deviner, Psyché en a eu marre ? dit Pneuma.
— Exactement. Elle est partie, retour dans le monde des mortels. Et maintenant, Eros est un désastre ambulant. Il a arrêté de travailler, plongé dans la dépression et l’alcool. Autant te dire que plus personne ne tombe amoureux sur Terre. Un chaos total.
— Donc tu veux que je parle à Eros et que je le remette au travail ? Je ne vois pas trop en quoi ça me concerne, rétorqua Pneuma.
Zeus secoua la tête.
— Non, tu vas faire son boulot à sa place. Dès maintenant, tu es temporairement le dieu de l’amour.
Pneuma écarquilla les yeux, avant de rire nerveusement.
— Attends… moi ? Le dieu de l’amour ? Mais c’est ridicule ! Je suis le dieu de l’esprit, tout ce qui est logique, rationnel et calculé ! L'amour, c’est totalement imprévisible, irrationnel même !
Zeus planta son regard dans celui de Pneuma.
— Et pourtant, c’est toi qui va t’en charger.
Le rire de Pneuma s’éteignit. Il savait qu’il ne pouvait pas dire non à Zeus. Personne ne le pouvait.
— Super. Je suppose que tu n’as pas de plan pour m’aider dans cette mission impossible ? demanda-t-il, résigné.
— Oh, si, répondit Zeus, un sourire en coin. Va voir Kratos, le dieu de la naissance et de la mort. Il pourra t'aider.
Pneuma se figea. Kratos ? Ce dieu taciturne, plus froid qu'une montagne enneigée, fils d’Hadès et de Perséphone ? C'était le dernier dieu qu'il avait envie de voir.
— Génial… Rien que du bonheur, marmonna-t-il en se levant.
Alors qu’il quittait le bureau, Pneuma soupira une dernière fois. Il n'était vraiment pas fait pour ce genre de mission. Mais avec l’aide d'Étoile, sa meilleure amie nymphe, et malgré le caractère glacial de Kratos, il était prêt à tout pour réussir. Parce qu'au fond, ce n'était pas comme si l'amour pouvait être plus compliqué que l’esprit humain… si ?
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Chapitre 1 : Visite chez l'Amour Déchu
Pneuma se tenait devant la porte de la résidence d’Éros, prenant une grande inspiration. Ce n’était pas la première fois qu’il venait ici, mais la situation actuelle n’avait rien d’une simple visite amicale. Entre les disputes répétées avec Psyché et l’absence totale de volonté de faire son boulot, Éros, dieu de l’amour, était devenu une véritable épave. Et devinez qui avait hérité de ses responsabilités ? Oui, vous l’avez compris, c’était bien Pneuma.
« Allez, ça ne peut pas être pire que la fois où je l’ai trouvé endormi dans sa fontaine à vin, » murmura Pneuma en s’avançant.
Il toqua à la porte, sans trop d’espoir. Trois coups, rien. Il retenta, mais toujours rien. Exaspéré, il appuya sur la poignée… la porte s’ouvrit d’elle-même avec un grincement lugubre. Génial, même les portes ici déprimaient.
Pneuma entra dans la pièce, et là, il le vit. Étendu sur un canapé de velours rouge, entouré de flacons vides et de coussins éparpillés, Éros ressemblait à un dieu en pleine crise existentielle. Ses cheveux dorés étaient en bataille, sa toge froissée, et il tenait un verre de vin dans une main molle. Ses célèbres ailes blanches étaient repliées, aussi tristes qu’un vieux rideau.
« Hé, Éros ! » lança Pneuma en claquant des doigts devant son visage. « Je vois que tu es dans ta meilleure forme. Un vrai dieu de l’amour, hein ? »
Éros grogna, ses paupières lourdes clignant à peine. « L’amour, c’est surfait, tu sais, » marmonna-t-il avant de lever son verre. « Psyché est partie. Fini. Alors à quoi bon tout ça ? »
Pneuma roula des yeux et s’assit sur le bord du canapé, repoussant un coussin qui avait une odeur suspecte. « Ok, mon pote, je comprends. Mais Zeus m’a gentiment ordonné de faire ton boulot pendant que tu... bois ta vie. Donc tu pourrais au moins te relever et me donner un ou deux conseils. »
Éros le regarda enfin, un air d’étonnement paresseux sur le visage. « Zeus ? T’as accepté de faire mon boulot ? Ha ! Bonne chance, frère. »
« Pas comme si j’avais vraiment eu le choix, tu connais le patron. Il m’a regardé avec ses yeux bleus perçants, et hop, me voilà dieu de l’amour par intérim. Allez, aide-moi un peu. »
Éros émit un rire creux et prit une grande gorgée de vin. « Voilà un premier conseil : laisse tomber. L’amour, c’est une galère. Regarde-moi, je suis un dieu de l’amour et je n’arrive même pas à gérer ma propre relation. Alors toi ? » Il lui jeta un regard de haut en bas. « T’as aucune chance. »
Pneuma se leva d’un bond. « Hé, je peux être charmant quand je veux ! C’est juste que… bon, d’accord, l’amour c’est un peu en dehors de mon champ de compétence, mais je suis intelligent, non ? Je peux apprendre. Je vais juste devoir convaincre Kratos de m’aider… et peut-être Étoile, ma meilleure amie. »
Éros éclata d’un rire amer. « Kratos ? Le dieu de la naissance et de la mort ? Tu comptes lui demander de t’aider à jouer les Cupidons ? Mon gars, il va probablement te regarder, te juger en silence pendant une minute, puis te renvoyer. »
Pneuma se mit à marcher de long en large, réfléchissant à voix haute. « Bon, déjà, faut commencer par sauver quelques couples en détresse, lancer deux ou trois flèches d’amour bien placées… je suis sûr que ça peut pas être si compliqué. »
Éros, désormais assis, les ailes traînant par terre, secoua la tête. « Non, non, non. Tu vois, c’est ça ton problème. Tu penses trop. L’amour, ça ne se calcule pas, ça se ressent. C’est imprévisible, sauvage. Une seconde t’es sur un nuage, l’instant d’après, bam ! Par terre. »
« Donc, mon boulot c’est de rendre les gens fous et de les faire souffrir à coups de flèches ? » ironisa Pneuma, croisant les bras.
« Exactement. » Éros se leva enfin, titubant un peu. « Maintenant, si tu veux vraiment m’aider, file-moi encore une bouteille de ce vin divin. Ça, c’est un vrai acte d’amour. »
Pneuma soupira et le tira par le bras. « Allez, viens. Faut que tu te ressaisisses, mon vieux. Tu ne peux pas rester ici à broyer du noir éternellement. Si Psyché est partie, c’est parce que tu n’as pas fait le boulot. Alors soit tu lui cours après, soit tu laisses quelqu’un d’autre tenter sa chance. »
Éros le regarda d’un air horrifié. « Tu es un monstre. »
Pneuma sourit. « Peut-être. Mais au moins, je vais essayer de réparer tes dégâts. »
Éros le suivit avec difficulté, traînant toujours un peu les pieds. « Et bonne chance avec Kratos, mec. Si t’arrives à lui faire dire autre chose que “hm”, je te paie une tournée. »
Pneuma se contenta de rire en sortant de la maison. Il allait avoir besoin de beaucoup plus qu’une tournée si ce plan foireux devait fonctionner. Mais après tout, c’était ça, être un dieu : improviser, espérer, et parfois même réussir à ne pas tout faire exploser.
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Chapitre 2 : La Brillante Idée d'Étoile (ou pas)
Pneuma était dans son bureau divin – un joyeux désordre de parchemins, de vieux grimoires, et de tasses de café célestes – en train d’essayer de se concentrer sur un dossier compliqué. Bien sûr, c’était impossible avec tout ce qui se passait. Devenir dieu de l’amour temporaire n’avait jamais figuré dans ses objectifs de vie. Mais il ne se plaignait pas (enfin, pas trop). Soudain, un éclat de lumière envahit la pièce.
« TADAAA ! » hurla une voix joyeuse en apparaissant comme un arc-en-ciel à travers le plafond. Étoile, la nymphe et meilleure amie de Pneuma, venait d’entrer par la méthode la plus subtile possible : en traversant littéralement le toit.
« Toujours avec la discrétion, hein, Étoile ? » soupira Pneuma en levant les yeux de ses parchemins, bien trop habitué à ces apparitions.
« Oh, comme si tu ne m’attendais pas ! » répliqua Étoile en s’installant négligemment sur son bureau, faisant tomber une pile de parchemins. Elle prit un air faussement dramatique en regardant Pneuma avec de grands yeux pleins de malice. « J’ai une idée fabuleuse pour toi. Une idée brillante. Une idée qui va te sortir de cette galère amoureuse dans laquelle Zeus t’a plongé. »
Pneuma croisa les bras, sceptique. « J’écoute. Mais si ça implique de kidnapper un autre dieu, je te préviens tout de suite, je passe mon tour. »
Étoile roula des yeux et lui tapota la tête comme s'il était un enfant. « Non, non. Ce que tu dois faire, c’est parler à Psyché. Elle est la clé de tout ! Si tu réussis à réconcilier Psyché et Éros, tout rentrera dans l’ordre. Et toi, tu pourras retourner à tes affaires spirituelles. »
Pneuma fronça les sourcils. « Psyché ? Mais c’est une humaine. Et puis, tu as vu l’état dans lequel est Éros ? Comment est-ce que je suis censé arranger leur situation ? Il lui a quand même caché qu’il était un dieu pendant des siècles ! »
Étoile agita la main, balayée par son enthousiasme. « Détail, détail ! Tu es le fils du dieu de l’amour ! Si quelqu’un peut arranger cette histoire, c’est bien toi. »
Pneuma la regarda avec des yeux incrédules. « Tu réalises que c’est une catastrophe annoncée, n’est-ce pas ? »
Elle lui donna une petite tape sur l’épaule avec un sourire éclatant. « Allez, sois positif ! Ce sera amusant ! Et puis, je t’accompagnerai. Imagine un peu, toi, moi, Psyché, et un plan de réconciliation génial. Que pourrait-il mal tourner ? »
« Hum… tout, » répondit Pneuma avec un sérieux accablant.
Mais, malgré son scepticisme, Pneuma n’avait pas d’autre idée, et avec Étoile à ses côtés, il avait au moins quelqu’un pour rire quand tout partirait en vrille.
Quelques heures plus tard, Pneuma et Étoile se retrouvaient devant la maison de Psyché, quelque part dans le royaume des mortels. La demeure était charmante, entourée de fleurs et de chants d'oiseaux. Psyché vivait une vie tranquille, loin du drame divin – du moins jusqu'à maintenant.
« T’es sûr que c’est une bonne idée ? » murmura Pneuma en s’arrêtant devant la porte.
« Bien sûr ! » répondit Étoile avec un enthousiasme débordant. « On frappe, on discute, on réconcilie tout ce beau monde, et hop ! Problème réglé. »
Pneuma soupira et leva la main pour frapper. Mais avant qu’il n’ait pu toucher la porte, elle s’ouvrit brusquement sur une Psyché furieuse, les bras croisés.
« Si c’est pour me parler d’Éros, je n’ai pas de temps à perdre ! » déclara-t-elle, sans même un "bonjour".
Pneuma cligna des yeux, pris de court. « Euh… en fait, c’est exactement pour ça qu’on est là. »
Psyché grogna et leur fit signe d’entrer, visiblement agacée. La maison était belle, mais l’ambiance à l’intérieur était tendue, presque glaciale.
« Écoutez, » commença Psyché en s’asseyant, « ça fait des siècles que je suis avec Éros, et après tout ce temps, il ne m’a toujours pas demandé en mariage. Qu’est-ce que vous espérez accomplir ici, à part me rendre encore plus furieuse ? »
Pneuma jeta un regard en biais à Étoile, qui souriait toujours comme si tout allait selon le plan. Il reprit contenance. « Eh bien, on pensait… peut-être qu'il est temps de tout remettre à plat. Éros traverse une période difficile, et on sait qu’il t’aime toujours. Il est juste… un peu perdu. »
« Un peu perdu ? » répliqua Psyché en haussant un sourcil. « C’est un dieu, pas un enfant. Il devrait savoir ce qu’il veut après 973 ans. »
Pneuma hocha la tête, conscient que ce serait plus compliqué que prévu. « Oui, mais tu sais, les dieux… ils ne sont pas toujours les plus doués pour exprimer leurs sentiments. »
Psyché se leva brusquement, faisant sursauter Pneuma. « J’en ai assez de ses excuses. S’il ne veut pas grandir, il peut rester dans son palais, ivre et misérable, pour l’éternité. »
Étoile, qui jusque-là avait gardé son calme, intervint avec son sourire éclatant. « Mais peut-être que si tu lui parlais, ça changerait tout ! Un petit tête-à-tête amoureux, et qui sait ? Peut-être qu’il finira par poser LA question ! »
Psyché fronça les sourcils, son regard perçant Étoile comme un glaive. « Ah oui ? Et comment tu comptes organiser ça ? »
Étoile lui sourit, le visage rayonnant d’une confiance presque inquiétante. « Oh, ça, c’est la spécialité de Pneuma ! »
Pneuma, qui sirotait une tasse de thé que Psyché leur avait servi dans un élan de politesse inattendu, faillit s’étouffer. « Pardon ? »
Mais avant qu'il ne puisse protester davantage, Psyché se tourna vers lui, les bras croisés, attendant la réponse. Il réalisa qu’il n’y avait pas d’échappatoire. « Euh… je suppose qu’on pourrait organiser une rencontre entre vous deux. Comme une sorte de… de réconciliation surprise ? »
Psyché le regarda avec méfiance. « Une surprise ? Vraiment ? »
« Eh bien, ça ne peut pas être pire que la situation actuelle, non ? » tenta Pneuma, espérant ne pas aggraver encore plus les choses.
Psyché soupira, exaspérée. « Très bien. Mais si ça tourne mal, je jure que c’est vous qui subirez les conséquences, pas moi. »
Quelques jours plus tard, le plan était en place. Psyché et Éros étaient censés se retrouver dans un jardin divin isolé, décoré par Étoile elle-même. Mais comme toute bonne idée qui semblait trop belle pour être vraie, ce rendez-vous tourna rapidement au désastre. Éros, encore ivre et confus, fit une déclaration d’amour si maladroite qu’il trébucha sur une table de banquet, renversant une cascade de fleurs sur Psyché.
Résultat : Psyché quitta le rendez-vous encore plus furieuse qu’avant, et Pneuma et Étoile se retrouvèrent à devoir rattraper les morceaux d’un désastre. Pneuma regarda Étoile, toujours souriante malgré tout.
« Je t’avais dit que c’était une mauvaise idée… » murmura-t-il.
Étoile haussa les épaules avec une lueur de malice. « Hé, au moins, ça a été amusant ! »
Pneuma soupira, réalisant que sauver l’amour était bien plus compliqué que prévu.
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