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Cœurs Criminels

Chapitre 1

"Tu vas rentrer au pays que tu le veuilles ou non ! Tu veux que je te traîne de force ?" hurla son père avant de lui raccrocher au nez.

Aaron Smirnov, vingt-sept ans, beau et grand, était le fils du plus grand mafieux de Russie. Il étudiait et vivait en Angleterre depuis ses dix-huit ans.

Son père ne voulait pas qu'il fréquente des étrangères, préférant un sang pur pour les générations futures.

Aaron savait qu'il ne pouvait pas refuser. Il prit le premier vol pour la Russie, le cœur lourd, laissant derrière lui ses amis et sa liberté, sachant que son père ne reculerait devant rien pour imposer sa volonté à son fils.

Après des heures de vol, Aaron débarqua à l'aéroport de Russie où une vingtaine d'hommes musclés en costard noir et lunettes noires l'attendaient. Il couvrit son visage de sa main droite et se baissa pour passer inaperçu.

Arrivant à la troisième voiture, Vlad, abréviation de Vladimir, ouvrit la portière arrière pour lui. Aaron s'installa à l'intérieur.

"Mon père est-il à la maison?" demanda-t-il au chauffeur.

"Non Monsieur, il est à la compagnie."

"D'accord. Merci."

Le chauffeur observait Aaron d'un regard perplexe. Habituellement, les patrons ne se soucient guère de leurs employés, encore moins être reconnaissant car le fait de payer leur salaire le faisait penser qu'ils avaient tout droit sur eux, encore plus dans le monde des mafieux. Le chauffeur se dit intérieurement qu'Aaron allait rencontrer des difficultés au sein de leur organisation.

Après une heure de trajet, ils arrivèrent devant un majestueux manoir qui ressemblait presque à un château de par sa grandeur. Un vaste jardin s'étendait à perte de vue.

Ils avancèrent jusqu'à la maison, et là, devant la porte, la mère et les sœurs d'Aaron, les yeux embués de larmes, se tenaient à l'attendre. Ses sœurs se précipitèrent vers lui, le prenant dans leurs bras.

Et puis, sa mère restait figée sur place, comme si elle peinait à réaliser que son fils bien-aimé était enfin de retour à la maison. Aaron s'approcha d'elle.

"Mère !" lui dit-il, et elle éclata en sanglots. Elle était tellement heureuse, neuf longues années s'étaient écoulées depuis qu'elle avait vu son enfant chéri. Dieu sait à quel point il lui avait manqué.

"Mère, arrêtez de pleurer. Vous allez tomber malade."

"Tu m'as tellement manqué, mon fils."

"Vous aussi, mère. Vous aussi."

Alors, sa mère le prit une nouvelle fois dans ses bras, tandis que la voix rauque de son père retentissait.

"Tu en as mis du temps." Aaron se retourna pour faire face à son père, habillé de la tête aux pieds de noir. Ses yeux bleus perçants semblaient pénétrer l'âme d'Aaron, l'intimidant depuis son enfance.

"Bonjour, père," dit Aaron presque sèchement. Il aimait son père et avait envie de le serrer dans ses bras, mais la crainte de se faire rejeter l'en empêchait. Mais contre toute attente, son père lui dit :

"Viens dans mes bras, mon fils," et ils s'étreignirent.

Après quelques minutes, ils entrèrent dans la maison. Myra et Kira escortèrent joyeusement leur frère jusqu'à sa chambre, qui était restée inchangée. C'était une grande pièce sombre située au deuxième étage, où rien n'avait bougé depuis neuf ans.

" Déballe tes affaires et viens prendre le dîner, nous t'attendrons en bas", lui dit Mira, l'aînée des triplets.

Aaron, Myra et Kira étaient des triplets. Myra était l'aînée, suivie d'Aaron, et Kira était la cadette. Ils se ressemblaient tellement, à l'exception du fait qu'Aaron n'avait pas de taches de rousseur et avait les yeux bleus comme leur père, tandis que les filles avaient les yeux verts comme leur mère.

En termes de beauté, Aaron surpassait même ses sœurs. Sa peau était immaculée, d'une blancheur telle qu'il semblait presque être un albinos. Ses sourcils, ses cils et ses cheveux étaient d'un blanc éclatant, tandis que ceux de ses sœurs étaient blonds. Sa beauté était presque irréelle.

Dans sa chambre, Aaron constata que rien n'avait changé, même les livres qu'il avait lus avant son départ neuf ans plus tôt étaient toujours là. La chambre était restée dans le même état, juste plus propre.

La pièce était immense, assez grande pour loger vingt personnes ou plus. La salle de bain attenante était elle aussi spacieuse, avec des vitres transparentes. Après s'être dévêtu, Aaron prit une bonne douche chaude avant de descendre manger avec sa famille qui l'attendait.

Sa famille le regardait descendre l'escalier, le visage illuminé de bonheur, et Aaron sourit également, heureux de les retrouver.

Il prit place à table, à gauche de son père, en face de sa mère. Sur la table se trouvait tout ce qu'Aaron aimait : du chtchi, des côtelettes de poulet, du rassolnik... sa mère avait préparé ses plats préférés spécialement pour lui. Son père lui fit remarquer que c'était trop, qu'on aurait dit un festin de nouveau riche, mais sa mère, indifférente aux commentaires, se contentait de voir son fils heureux.

Alors qu'Aaron dégustait son repas, son père entreprit de lui poser des questions. Sa mère savait que cela finirait en dispute, elle leur demanda alors d'attendre la fin du dîner.

"Nous ne sommes pas des sauvages, des animaux" répliqua son époux, ne tenant pas compte de ses paroles.

"Alors, as-tu obtenu ton diplôme ?" demanda-t-il.

"Oui, père" répondit Aaron, et son père éclata de joie.

"Un diplôme en Management commercial opérationnel et un Master en gestion, je suis fier de toi, mon fils" dit-il en tapotant l'épaule de son fils.

Aaron avait menti à son père. Il avait en réalité choisi de poursuivre son rêve de devenir médecin alors qu'il était parti en Angleterre pour étudier la gestion d'entreprise. Cependant, il avait bel et bien un Master en gestion, ayant suivi deux filières à l'université.

Chapitre 2

Après le dîner, Aaron rejoignit son père dans son bureau. Il frappa à la porte, son père qui était au téléphone lui fit signe de la main d'entrer.

Il entra et s'assit sur la chaise en cuir devant son père. Avec une certaine nervosité, Aaron se tortillait sur la chaise, agaçant son père qui finit par se lever et se tenir debout près d'une fenêtre, cigarette à la main.

À la fin de l'appel, monsieur Smirnov tapota son téléphone dans sa paume tout en marchant vers son bureau. Une fois assis, il demanda à son fils ce qu'il voulait.

"Père... J'ai quelque chose d'important à vous dire." Aaron semblait tendu, son père le remarqua. Il le regarda attentivement, les mains sur les coudes, se penchant vers lui.

"Père, j'ai..."

"Tu as un doctorat en médecine ?" l'interrompit son père en riant. "Je le savais, fils, tout comme je sais que tu as un master en Gestion."

"Comment...?"

"Comment je le sais ? Je connais tout de vous. De toi. De tes sœurs et de ta mère. Jusqu'à ce que vous mangez."

"Je suis désolé, père. Je ne voulais pas vous mentir. Je..."

Monsieur Smirnov n'avait aucune patience. Il ne laissait jamais son fils terminer sa phrase.

"Le mal est déjà fait." Rit-il. "Mais je suis fier de toi. D'avoir eu le courage de me le dire. Maintenant, va te coucher. Nous avons une grosse journée demain."

"Merci père. Bonne nuit à vous," répondit Aaron, son père hochant la tête en retour.

La mère d'Aaron se tenait à l'extérieur du bureau, écoutant à la porte la conversation entre son fils et son mari. Quand Aaron sortit et la vit, il se rendit compte immédiatement de sa présence, et de ce qu'elle était entrain de faire ou avait fait, tout comme son père.

Un sourire narquois se dessina sur le visage de son époux lorsqu'il lança : "La journaliste a bien pris des notes ?" Cette remarque fit rougir Elena, la mère d'Aaron.

"Raccompagne-moi dans ma chambre," demanda-t-elle à son fils, et ils partirent tous les deux, laissant Monsieur Smirnov seul dans le bureau.

En arrivant à la porte de la chambre de sa mère, Aaron la laissa entrer et retourna ensuite dans sa propre chambre pour se coucher. Il s'allongea sur son grand lit, fixant le plafond et contempla l'immensité de la chambre. Il soupira, fermant les yeux dans l'espoir de trouver le sommeil, tourmenté par l'inquiétude de ce qui pourrait se produire le lendemain.

Le manoir des Smirnov se dressait majestueusement au milieu d’une forêt appartenant à la famille, s’étendant sur une superficie presque aussi grande qu’une ville.

Au réveil, Aaron enfila un jogging noir et un t-shirt blanc taché avant de partir pour un jogging matinal à travers la forêt. Malgré le froid, l’effort de la course le réchauffait agréablement. Après une trentaine de minutes, il réalisa qu’il s’était éloigné de la maison et décida de faire demi-tour.

En revenant, Aaron aperçut quatre voitures blindées garées devant chez lui, avec une dizaine d’hommes postés devant. Il devina rapidement qu’un des hommes de main ou associés de son père se trouvait à la maison.

Saluant les hommes à son arrivée, il pénétra à l’intérieur de la demeure. Les hommes de son père semblaient être en plus grand nombre, notamment devant le bureau de ce dernier situé au rez-de-chaussée.

Interpellant sa sœur Mira dans le couloir près de la chambre de leur mère, Aaron demanda des explications sur la situation.

"Que se passe-t-il ?" interrogea-t-il.

"Je ne sais pas, mais je reconnais l’homme qui discute avec papa", répondit Myra.

"Qui est-ce ?" demanda Aaron.

"Tu te souviens de Mynerise, la jeune fille qui a perdu la vie en nous sauvant d’un enlèvement ?" continua-t-elle.

"Ah oui, je me rappelle d’elle", confirma-t-il.

"Eh bien, c’est son père. Et son fils, Alexeï", révéla Myra.

"Alexeï ? Le petit garnement qui nous taquinait quand nous étions enfants ?" s’exclama Aaron.

"Oui, c’est lui. Et figure-toi que c’est mon petit ami et futur époux", annonça Mira.

Aaron sentit son sang se glacer. Il peinait à croire ce qu'il entendait. Sa sœur avec Alexeï Dostoïevski. Ce maigrichon sanguinaire et cruel.

"Est-ce que tu l'aimes au moins ? Ou est-ce père qui t'a forcé ?" Demanda Aaron, furieux.

"Non," lui répondit sa sœur en tentant de le calmer. "C'est moi. J'aime Alex. On s'aime. Nous craignons même que père ne permette pas notre relation."

Aaron resta silencieux, essayant de digérer la nouvelle.

"Il a changé," affirma sa sœur, esquissant un léger sourire. "Si tu le connaissais mieux, tu verrais..."

Les yeux de Myra étaient embués de larmes, de peur que son frère bien aimé n'apprécie pas son petit ami et futur fiancé, si leur père l'acceptait. Aaron prit sa sœur dans ses bras, la réconfortant. Elle se blottit dans sa poitrine.

"C'est bon. Si tu dis qu'il a changé et que tu l'aimes, et qu'il t'aime, je te crois, soeurette," déclara-t-il. Puis, sur un ton taquin, il ajouta : "Je ne sais pas si tu as le nez bouché, mais je sens la sueur. Tu ne remarques pas ?" Sa sœur s'en aperçut et grimace. "Beurk," s'exclama-t-elle en se bouchant le nez. "Va te laver !" lança-t-elle en riant.

Après une bonne douche, Aaron descendit à la salle à manger pour prendre le petit déjeuner. À sa grande surprise, il y avait des invités à table : Monsieur Alexis Dostoïevski et son fils, Alexeï Dostoïevski en personne.

Le petit maigrichon avait subi une incroyable transformation. Aaron avait du mal à y croire. Il avait maintenant grandi, dépassant même Aaron en taille. Il était devenu musclé, avec une allure typiquement russe : barbe, cheveux sombres et yeux profonds.

Aaron les salua et prit place à côté de son père, qui avait toujours un espace libre à ses côtés. Ils se mirent à manger.

Chapitre 3

"Aaron, as-tu déjà rencontré Alexeï ?" demanda le père d'Aaron pour détendre l'atmosphère tendue pendant le petit déjeuner, où personne ne parlait.

"Oui, père," répondit Aaron. "Mais je dois dire qu'il a beaucoup changé."

"Beaucoup ?" demanda Alexeï d'une voix enrouée qui fit sursauter Elena, la mère d'Aaron.

"Oui, beaucoup," répondit Aaron avec désinvolture. "Tu étais plus petit avant et avais une voix plus aiguë."

Alexeï rit. Aaron remarqua sa sœur baver littéralement devant son sourire.

"J'ai simplement grandi," dit Alexeï. "Contrairement à toi, à part quelques muscles, tu n'as pas changé. Toujours aussi petit."

Aaron fronça les sourcils. En Angleterre, personne n'avait jamais commenté sa taille car il était de taille moyenne. Il mesurait 1m85.

"C'est toi qui es devenu un géant," lança Kira, agacyé. Elle n'appréciait pas la relation d'Alexeï avec sa sœur.

"Kira Smirnov !" gronda leur mère, lançant un regard menaçant à la jeune femme.

"Désolée, cher futur beau-frère," dit-elle.

Il n'était plus un secret pour personne que Myra et Alexeï étaient amoureux l'un de l'autre. Sans que Myra ne le sache, le père d'Alexeï, monsieur Dostoïevski, était venu sur insistance de son fils pour demander sa main. Il ne pouvait plus supporter d'être loin d'elle, disait-il et voulait se réveiller à ses côtés chaque matin.

"Je voulais en discuter avec toi, Aaron", dit son père d'une voix empreinte de tristesse. "Ta sœur va se marier avec Alexeï ici présent."

"Du moment qu'elle est heureuse, c'est tout ce qui compte pour moi", répondit Aaron en regardant sa sœur, touchant profondément Myra,

ce qui la fit pleurer.

Après ce petit-déjeuner mouvementé, Alexeï et son père partirent et la famille se réunit dans le bureau du chef de la famille.

Après un petit déjeuner mouvementé, Alexeï et son père se rendirent au bureau du chef de famille, l'illustre Smirnov, où toute la famille était réunie.

"Je vous ai réunis car nous devons organiser un mariage. Les fiançailles auront lieu chez nous et le mariage chez les Dostoïevski", annonça le chef de famille.

"Quand ?" demanda Aaron.

"Dans deux semaines pour les fiançailles et trois semaines pour le mariage."

"Père, c'est trop tôt ! Pourquoi se presser ?" s'exclama Aaron.

"Demande à ta sœur", répondit son père en regardant vers Myra.

"Quoi ?" Dit Myra en haussant les épaules. "Je l'aime. Je veux être avec lui le plus tôt possible", rougit-elle.

Ces paroles provoquèrent le rire de tous, sauf de Kira. Âgés de vingt-sept ans tous les trois, Kira restait une enfant, désirant rester à la maison et vivre avec sa famille toute sa vie.

"Si c'est ce que tu veux", interpella Aaron.

"Je ne suis pas d'accord", répliqua Kira en larmes avant de courir dans sa chambre, fermant la porte derrière elle.

"Elle ne grandira jamais", s'exclama leur mère.

"Elle ne veut juste pas perdre sa sœur", répondit calmement monsieur Smirnov. "Ce sont des jumeaux. Tu te souviens comment elle est tombée malade quand son grand frère est parti. Et à quel point elle est proche de Myra. Elles ne se sont jamais séparées, pas même une seule fois." Ces paroles firent réfléchir Elena et la rendirent triste. Elle connaissait cette réalité, mais c'était le destin de toutes les filles, même Kira.

"Je vais lui parler", annonça Myra.

"Je t'accompagne", ajouta Aaron.

Après le départ de leurs deux enfants, monsieur Smirnov et sa femme se retrouvèrent seuls dans le bureau. Elena se rapprocha de son mari, s'installa sur ses genoux et se blottit contre lui en pleurant toutes les larmes de son corps. Smirnov, ne sachant que faire, lui caressa le dos en silence.

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