Mon nom est Shioreta Hana qui signifie fleur fanée. Je suis une âme brisée, enveloppée dans l'ombre de ma triste existente. Je suis une fille aveugle, condamnée à errer dans les ténèbres de ma propre dépression. Chaque jour à l'école est un enfer, où je subis le harcèlement incessant de mes camarades. Je suis la cible de leurs moqueries cruelles, une paria solitaire, ignorée de tous. Personne ne se soucie de moi, de ma douleur invisible et de mes larmes silencieuses.
Il y a des filles qui s'amusent à me piquer mes affaires, c'est vraiment embêtant. Même les professeurs ne s'intéressent pas à moi. Dès que je parle, ils se mettent à rire et disent des choses comme : "La vie n'a pas été généreuse avec toi", "Laide, aveugle et en plus bégayante, ah ah, tu devrais juste mourir". J'aimerais bien le faire, mais je ne peux pas. J'aime chanter et je veux continuer à le faire.
De plus, dans les méandres de ma vie, j'ai été banie de l'amour sans faille de ma famille... Oh, pardon, je veux dire l'abondance d'amour de ma famille. Leur présence constante, leur soutien inébranlable, leur étreinte chaleureuse... Ah, quelle vie ! Vous voyez, ma famille m'a abandonnée à cause d'un soupçon infondé d'infidélité.
Mon père, dans son doute incessant, croyait que je n'étais pas le fruit de son amour. Et ma mère, remplie de ressentiment, me détestait pour mes handicaps : ma cécité et mon bégaiement. Elle ne manquait pas une occasion de me rappeler que je ne valais rien, contrairement à mes frères qui étaient des êtres brillants et prometteurs.
Chaque jour, je me sentais inutile, rejetée et incomprise, perdue dans leur indifférence. Dans ce monde où je cherche désespérément ma place, la tristesse est mon unique compagne.
Ils ont préféré me laisser dans ma cécité plutôt que de me comprendre.
une tristesse insondable m'envahit. Mon unique désir est d'être aimé, peu importe par qui. Peut-être, seulement peut-être, cela me procurerait un soupçon de joie ? Une joie éphémère et illusoire qui se dérobe sans cesse à moi, me laissant prisonnier d'une solitude insoutenable. Je me languis dans mes pensées , cherchant désespérément un amour qui semble hors de portée.
L'espoir se dissipe, laissant place à un vide dévorant, une douleur qui consume chaque parcelle de mon être. Suis-je condamné à errer, à la recherche d'un amour qui ne viendra jamais ?
Amour ? Ah ! Je parle d'amour ? Ai-je déjà aimé quelqu'un ? Je ne sais pas, je me perds. Ayez pitié ! , les cieux accordez-moi la chance de vivre l'amour et de sourire avant de rendre mon dernier soupir.
Ah, je suis fatiguée. Mes paupières sont lourdes. Il est difficile de penser et de lire un livre en même temps. Ah, les larmes ne cessent de couler. Pourquoi est-ce que je pleure ? Je devrais être habitué, alors pourquoi ?
C'est dans ces mots que je m'endors, les yeux remplis de larmes, bercée par le livre des personnes aveugles. Avant de me coucher, je sais déjà que demain tout se répétera, tout reprendra. Alors dormons, ne serait-ce que pour oublier la douleur de mon âme.
C'est le matin, comment le sais-je ? Les doux rayons de soleil caressent mes paupières, m'arrachant peu à peu à mon sommeil. Les mélodies joyeuses des oiseaux s'élèvent dans l'air, remplissant mes oreilles de leur chant enchanteur. Et puis, j'entends les rires des enfants qui résonnent dans les couloirs. C'est un signe évident que le monde est déjà éveillé.
Il est temps pour moi de me lever aussi, de quitter les bras réconfortants de Morpheus. Comme chaque matin, je vais prendre ma douche, me préparant pour la journée qui m'attend. Mais comme d'habitude, je n'ai rien à manger pour moi. Je suis habitué à cette réalité, à cette faim qui me tenaille le ventre. Je me rends en classe, le ventre vide, résolu à affronter les défis qui se présenteront à moi.
Ah oui, j'ai omis de mentionner où se trouve ma maison. Je vis dans un modeste orphelinat, où je suis employée en tant que domestique. C'est ici, depuis que ma propre famille m'a rejetée, que j'ai trouvé refuge. L'orphelinat me donne un toit, et en retour, je travaille ardemment pour subvenir à nos besoins. Malheureusement, les ressources sont limitées, et la nourriture se fait rare. Les plus jeunes sont prioritaires, car ils ont besoin d'être adoptés.
Malgré les difficultés de la vie, je m'efforce de me réveiller chaque matin avec un sourire sur les lèvres. Je sais que je devrai faire face aux moqueries et aux brimades, mais je suis résolue à ne pas me laisser abattre. L'école... ce mot résonne dans ma tête. Attendez, oui, c'est vrai ! J'ai été transférée il y a quelques jours seulement. Tout est encore si nouveau pour moi.
Je me suis interrogé sur la nécessité d'expliquer les raisons de mon transfert. Par où commencer ? J'ai pris le temps de réfléchir, cherchant les mots justes pour exprimer mon histoire. Ah oui, bien sûr, commençons par le début. Avant, j'étais une élève à l'académie Sakura. Une école réservée exclusivement aux jeunes filles, qui proposait une classe spécialement conçue pour les personnes handicapées. Dans cette classe, nous étions un groupe hétéroclite, constitué d'élèves aux divers handicaps : des boiteux, des sourds-muets, des aveugles, et bien d'autres encore. Cette classe n'était pas soumise aux années scolaires traditionnelles, elle avait pour unique but de nous enseigner à nous débrouiller dans la vie. Je savais d'emblée que je ne pourrais pas prétendre à un quelconque diplôme.
La directrice de l'orphelinat, qui était ma tutrice, avait des réserves quant au système de cette académie. Mais moi, j'étais avide de connaissances et je refusais de quitter cet environnement d'apprentissage malgré tout. Au sein de cette académie pour les personnes en situation de handicap, cohabitaient également des individus sans handicap. Malheureusement, ces personnes trouvaient un plaisir malsain à nous tourmenter, en particulier moi, sans que je puisse comprendre les raisons de leur cruauté. La directrice, quant à elle, ignorait tout de ma situation. Cependant, elle finit par découvrir la vérité. Comment ? Lors d'un événement tragique où j'ai été violemment agressée par des jeunes filles issues de la classe terminale, celles qui étaient considérées comme "normales". J'ai été retrouvée inconsciente, à l'hôpital. C'est à ce moment précis que la directrice a pris connaissance de mon calvaire. Face à l'académie, elle se sentait impuissante, dépourvue des moyens nécessaires pour me protéger. C'est pourquoi elle a pris la décision de me retirer de ce lieu de souffrance.
Une profonde tristesse m'a envahie. J'ai versé de nombreuses larmes. Mais pourquoi ? Était-ce de la tristesse pure ? Non, en réalité, c'était une émotion complexe, un mélange paradoxal de joie et de soulagement qui s'emparait de moi. Je le sais, cela peut sembler étrange. Cependant, ma directrice a toujours été présente pour moi, une figure maternelle protectrice pour les enfants abandonnés.
Elle s'est battue pour que je sois transférée ailleurs. Contre toute attente, elle a réussi à me faire admettre dans l'académie la plus prestigieuse du monde, l'académie Lumière. Aujourd'hui, c'est le jour où je m'y rends. Cette nouvelle école dispose également d'une classe spécialisée pour les personnes dans ma situation. Cependant, contrairement à mon ancienne académie, je suis placée dans une classe de terminale réservée aux personnes aveugles. Cela s'explique par le fait que j'ai célébré mes 18 ans le mois dernier, en juillet précisément, ce qui signifie que nous sommes désormais au mois d'août. Vous l'avez compris, cela signifie que je pourrai obtenir mon diplôme, et tout cela grâce aux frais pris en charge par mon ancienne académie. Je suis redevable envers ces filles qui m'ont agressée physiquement.
Je me prépare à m'engager sur le chemin qui mène à l'académie Lumière. Je suis prête, prête à embrasser cette nouvelle aventure qui s'offre à moi. Enfin je crois!
Me voilà en route pour l’académie, je suis dans le bus, et je n’arrive toujours pas à y croire. Je ne sais pas quoi dire, tout semble surréaliste. Autour de moi, j’entends des bruits, des discussions entre élèves. Ils ont l’air très intelligents, mais ils sont tous comme moi, chacun parlant de sujets variés. L’un discute de ses parents riches, l’autre des vacances fascinantes qu’il a passées. Tous semblent provenir de milieux aisés.
Le bus avance lentement, je me demande pourquoi. Peut-être que le chauffeur, sachant que nous sommes des élèves avec un handicap, préfère rouler prudemment pour éviter tout accident. Quelle ironie! J’entends à nouveau le bruit de la grille qui s’ouvre. Ah, excusez-moi, j’ai omis de vous le dire, je suis toujours dans le bus, avec les autres étudiants. Nous nous dirigeons vers l’académie, comme vous l’aviez sans doute compris.
Le chauffeur annonce alors que nous sommes arrivés : “Bienvenue à l’Académie Lumière . J’espère que vous passerez un bon moment et que vous apprendrez beaucoup. Faites de votre mieux, et bonne journée à vous tous.” Je suis stupéfaite, étonnée d’entendre ces mots venant d’un chauffeur. Cela n’arrive pas souvent, il doit être vraiment gentil.
Soudain, tout le monde commence à descendre du bus. Moi, je reste figée, paralysée par le stress. Dans la confusion, j’oublie mon bâton. Je n’ose pas demander au chauffeur de m’attendre pour le récupérer. Alors que je suis là, une fille me prend la main pour m’aider à descendre. “Hop là, je suis Fania,” me dit-elle. “J’ai un problème de jambes, mais je peux voir et marcher. Par contre, toi, tu ne vois pas, alors je resterai près de toi.”
Elle me guide hors du bus, et je suis entourée de bruits. Les autres étudiants parlent et rient, un univers bien différent de ce que j’avais l’habitude d’entendre dans mon ancienne académie. Des pages se tournent, des livres sont ouverts. Ils sont déjà en train de lire, bien que l’école n’ait même pas encore commencé. Je suis perdue dans mes pensées quand une dame s’approche et se présente : “Je m’appelle Marissa, je serai votre professeur principal pour les six prochains mois.”
Elle continue en expliquant que l’académie est unique, avec une durée d’étude de six mois suivie de trois mois de vacances. Elle insiste sur le fait que nous sommes les meilleurs de nos anciennes écoles, et qu’elle attend de nous que nous maintenions la réputation de l’Académie Lumière. “L’académie n’est pas comme les autres,” dit-elle. “La majorité des personnes ici sont issues de familles influentes, comme la famille Célestia, qui soutient l’académie.” Tout cela était un monde nouveau pour moi.
Nous commençons à avancer vers la classe, mais j’ai oublié mon bâton. Je marche à l’aveuglette, terrorisée à l’idée de trébucher. Et bien sûr, mes craintes se réalisent : je bute contre une pierre et tombe lourdement. Ma première pensée n’est pas pour la douleur, mais pour me demander ce que cette pierre fait là. Je suis submergée par la honte, craignant d’avoir été vue et moquée.
Mais une voix douce perce ma panique : “Ça va?” C’est une fille, sa voix est apaisante, presque magique. Elle me tend la main et m’aide à me relever. “Oh là là, tu t’es fait mal au genou,” dit-elle. “Viens, je t’emmène à l’infirmerie.” Elle informe la professeure, qui l’autorise à m’accompagner. Tandis que nous marchons, elle parle beaucoup, mais d’une manière agréable. Elle finit par se présenter : “Je suis Larissa. Et toi, comment t’appelles-tu?”
Cette question me paralyse, car je bégaie quand je parle, et j’ai peur qu’elle se moque de moi. Mais d’une manière ou d’une autre, Larissa comprend mon stress et me dit doucement : “Ne t’inquiète pas, prends ton temps, je suis là pour toi.” Sa gentillesse me met à l’aise, et je parviens à dire : “Je… je m’appelle Hana.” Elle me sourit et répond : “Hana, quel joli nom! Comme une fleur. Tu sais, moi aussi j’ai un handicap : sans mes appareils auditifs, je ne peux pas entendre. Mais je vois et je parle, et je serai dans ta classe. Ça te dirait qu’on soit amies?”
Je suis stupéfaite. Comment une fille comme elle peut vouloir être mon amie? Mais je suis aussi remplie de joie, et bien que mes mots soient hésitants, je lui réponds : “Oui, bien sûr, je veux être ton amie.” Et c’est ainsi que j’ai rencontré ma nouvelle amie, Larissa.
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