Au cœur du royaume d’OATE, un village modeste reposait paisiblement, dissimulé entre les contrées redoutées de la Terre des Dragons et les profondeurs ardentes de la Flamme Éternelle. Ce lieu retiré, ignoré des puissants, abritait une petite église aux pierres anciennes, où résonnaient les rires d’enfants et les chants des sœurs.
Ce matin-là, dans le ciel azuré, une silhouette majestueuse fendait les nuages. C’était Jaesselle, la Reine des Dragons, souveraine incontestée des cieux et des flammes, venue en personne rendre visite aux enfants de l’église.
— Quel magnifique paysage ! s’exclama-t-elle, les yeux brillants.
Son regard se posa avec tendresse sur les collines verdoyantes et les habitations de pierre.
— Je trouve toujours un grand plaisir à revisiter ce charmant village et son magnifique paysage.
À son arrivée, une femme s’approcha en hâte, le cœur battant. C’était Sœur Evylln, une femme d’âge mûr au regard bienveillant, mais empreint d’une certaine austérité.
— Votre Majesté ? souffla-t-elle avec étonnement.
Jaesselle se retourna gracieusement, un sourire doux sur les lèvres.
— Bonjour, ma sœur.
— Quelle surprise, nous ne nous attendions pas à votre visite, balbutia Evylln, troublée.
— Je m’excuse, je suis venue à l’improviste. J’aurais dû vous prévenir, répondit la reine avec une légère inclinaison de tête.
— Mais non, voyons. Vous n’avez pas besoin de vous excuser, encore moins devant moi.
Un silence respectueux s’installa, avant que la reine ne reprenne, curieuse.
— Dis-moi, Sœur Evylln… dit-elle d’une voix douce.
— Oh ? fit Evylln, attentive.
— Comment vont les enfants ? Ils ont dû bien grandir depuis la dernière fois.
La religieuse hocha la tête, un sourire attendri aux lèvres.
— Oui, ils ont effectivement beaucoup grandi depuis votre dernière visite.
Le regard de la reine s’attarda alors sur les enfants qu’elle apercevait au loin, s’amusant joyeusement tout en étendant du linge avec l’aide de quelques adolescents. Parmi eux, Haruto, un garçon vif et volontaire, semblait prendre soin des plus jeunes.
Une chaleur sincère envahit le cœur de Jaesselle.
— Ils semblent si heureux… cela me remplit de bonheur de les voir ainsi.
Mais cette quiétude fut soudain brisée. Un rugissement sourd fendit l’air, suivi de cris terrifiés. L’église, à peine à quelques mètres, venait de prendre feu. D’épais nuages de fumée s’élevaient déjà vers le ciel.
Les enfants hurlaient de peur. Sœur Evylln et la reine jaillirent aussitôt, alertées par la panique grandissante.
— Il y a un incendie à l’église !? cria Genki, l’un des enfants.
— Oh mon Dieu ! s’écria Evylln.
— Les enfants, êtes-vous sains et saufs ?!
— Sœur Evylln ! appela Hisa, accourant en pleurs.
— Où se trouvent les autres ? demanda la sœur, inquiète.
Genki répondit sans reprendre son souffle :
— Les enfants ne sont pas encore sortis de l’église !
Les flammes se propageaient à une vitesse alarmante. Plusieurs enfants restaient prisonniers à l’intérieur.
— Je vais chercher les autres enfants, déclara Jaesselle d’un ton ferme.
— Uryu, occupez-vous des flammes.
— Tout de suite, ma reine, répondit Uryu, le dragon d’eau, qui se dressa dans un rugissement d’écume et de brume.
Tandis qu’il projetait ses eaux mystiques pour contenir le feu, Jaesselle s’élança dans l’église en feu. À l’intérieur, Haruto tentait de rassembler les enfants.
— Est-ce que tout le monde est là ? demanda-t-il, tendu.
— Oui, tout le monde est là, confirma Stella, tenant un petit dans ses bras.
— Il est essentiel de rester ensemble et de ne pas respirer la fumée, conseilla Haruto.
— Haruto, j’ai peur… sanglota Hoshi.
— Ne crains rien, Hoshi. Je suis là pour te protéger.
Mais soudain, une ombre menaçante se matérialisa dans les flammes. Des silhouettes humanoïdes, formées de braises et de feu, s’avancèrent en silence. Les soldats des flammes venaient de surgir.
— Qu’est-ce que c’est ?! s’écria Stella, terrorisée.
— Ce sont des soldats des flammes ! répondit Haruto, abasourdi.
Stella saisit la main de Hoshi et courut. Les issues étaient étroites, et le feu bloquait les sorties.
Haruto, scrutant une ouverture entre les décombres, lança :
— Par ici ! Il y a une sortie !
Mais les soldats se déplacèrent, empêchant toute retraite.
— Ils nous bloquent les passages, s’écria Stella.
— Ce ne sera pas pour longtemps, murmura Haruto d’une voix dure.
Poussé par une détermination féroce, il fonça tête baissée et asséna un coup de pied à l’un des soldats. À cet instant, une énergie brûlante parcourut son bras. Une épée de flamme surgit de nulle part, matérialisée dans sa main, comme si elle y avait toujours appartenu.
— Oh… souffla Stella, stupéfaite.
Haruto, lui-même sidéré, ne comprenait pas l’origine de cette arme. Pourtant, elle semblait s’adapter à lui naturellement, comme une extension de son être. Avec un instinct quasi animal, il se battit et réussit à repousser tous les soldats.
Bientôt, il mena les enfants hors de l’église en flammes. Jaesselle, qui observait à distance, se tenait prête à agir si nécessaire. Mais Haruto avait réussi.
À l’instant où il franchit les portes, l’épée disparut dans un souffle ardent. Les enfants étaient sains et saufs.
Grâce à sa magie, Jaesselle parvint à étouffer les dernières flammes, calmant l’incendie.
Haruto, toutefois, n’en sortit pas indemne. Ses pieds portaient les marques douloureuses du feu.
— Aïe… ça fait mal, gémit-il, assis à l’ombre.
— Tu n’avais qu’à ne pas te précipiter tête baissée, répliqua Stella en le soignant.
Elle n’était pas magicienne, mais ses connaissances en plantes médicinales étaient remarquables. Elle broya quelques herbes et en fit une pâte apaisante qu’elle appliqua sur les brûlures.
Jaesselle les observait, un sourire mystérieux sur le visage.
— Il est temps pour moi de partir, dit-elle enfin.
— Je dois rédiger un rapport sur ces créatures des flammes qui viennent d’apparaître.
— Vous partez déjà ? demanda Hisa, déçue.
— Oui, le travail m’appelle, malheureusement.
Les enfants la remercièrent chaleureusement, émus par sa visite. Jaesselle quitta le sol à dos de dragon, s’élevant dans le ciel dans une spirale élégante.
Uryu, son fidèle compagnon, remarqua l’expression de bonheur sur son visage.
— Quelle est la raison de votre bonheur, Votre Majesté ?
— Rien de particulier, Uryu. J’ai simplement retrouvé un vieil ami…
Le dragon inclina la tête.
— Un vieil ami ?
Il repensa aussitôt au jeune garçon qu’il venait de voir se battre.
— Vous parlez du jeune…
— Oui, dit-elle doucement. C’est bien de lui qu’il s’agit. Il est enfin de retour.
Un sourire immense éclaira son visage.
— J’ai hâte de l’annoncer à tout le monde.
Dans la majestueuse capitale de l’Organisation des Alliances des Terres Féeriques, les plus hautes figures de l’autorité magique s’étaient réunies dans la vaste salle royale. L’ambiance était solennelle, et tous les souverains, invités sans explication préalable, attendaient des réponses.
La reine Sakura, la première à s’exprimer, rompit le silence :
— Pourriez-vous m'indiquer la raison de notre convocation, s'il vous plaît ?
Le roi Akihiko lui répondit d’un ton calme :
— Nous n'avons aucune information à ce sujet, nous n'avons pas été informés de la raison de cette réunion.
La reine Scythe, légèrement agacée, intervint à son tour :
— J'espère que notre convocation n'a pas été en vain et que le motif en est valable.
Le prince Kinnori prit alors la parole, son regard posé sur chacun :
— Il doit y avoir eu quelque chose de grave pour que nous soyons tous convoqués.
C’est alors que les grandes portes s’ouvrirent lentement. Le sage, vénérable dirigeant du royaume de la Flamme Éternelle, entra, légèrement essoufflé.
— Veuillez m'excuser pour mon retard, dit-il avec une légère courbette.
Tous se tournèrent vers lui. En l’absence du roi, il assurait la régence du royaume de la Flamme Éternelle.
La reine Sakura se leva légèrement de son siège :
— Que se passe-t-il, grand sage ? Pourquoi avoir organisé une réunion aussi importante ?
Le sage les observa un à un, puis déclara avec gravité :
— J'ai organisé cette réunion afin de vous annoncer que le roi de la Flamme Éternelle est de retour.
La stupeur gagna l’assemblée. La reine Sakura fut la première à réagir :
— Quoi !?
Tous échangèrent des regards incrédules. Une telle nouvelle paraissait tout simplement incroyable.
Le roi Akihiko se redressa, l'air tendu :
— Comment est-ce possible ? En êtes-vous sûr ?
— J'en suis certain, répondit le sage. Hier après-midi, l'épée du roi a réagi à une magie très puissante. C'était sûrement le roi de flamme qui l'avait invoquée.
Le prince Kinnori ouvrit de grands yeux :
— Mais cela voudrait dire qu'il s'est enfin réincarné.
— Certainement, Prince Kinnori, répondit une voix familière.
Tous se tournèrent. Assise soudainement sur sa chaise, comme si elle s’y était toujours trouvée, se tenait la reine Jaesselle.
— Le roi de la Flamme Éternelle est enfin de retour parmi nous. Enfin, je veux dire… Haruto est de retour parmi nous.
La reine Scythe fronça les sourcils :
— Qu'as-tu encore fait ? Comment es-tu au courant de cela ?
— Calme-toi, Scythe, intervint la reine Sakura. Jaesselle, pourrais-tu nous indiquer où nous pourrions le trouver ?
— Il réside dans un petit village situé entre nos terres respectives. N’est-ce pas plutôt curieux ? répondit la reine Jaesselle avec un sourire énigmatique.
— Nous devons le retrouver et le ramener ici, s’empressa d’ajouter la reine Sakura.
Mais Jaesselle secoua la tête :
— Nous ne pouvons pas le faire.
— Pourquoi donc ? demanda Sakura, surprise.
— Tout simplement parce qu'il n'a aucun souvenir de son passé.
— Vraiment ?
— Malheureusement, sa réincarnation est incomplète pour le moment. Il a juste réussi à éveiller son pouvoir.
Le roi Akihiko tapota l’accoudoir de son siège, préoccupé :
— Il faut absolument trouver un moyen de le ramener ici.
— J'y ai réfléchi, dit Jaesselle, et j'ai décidé de l'inviter au tournoi qui aura lieu dans une semaine.
Elle fit une pause, puis se tourna vers la reine Scythe :
— Et pendant qu'on y est… Scythe, pourrais-tu prendre sous ton aile une jeune fille pleine de talent ?
Scythe s’indigna aussitôt :
— Quoi ? Hors de question.
— Elle possède des compétences en botanique et en potion magique, bien qu'elle ne soit pas une utilisatrice de magie. Je suis convaincue qu'elle pourra s'épanouir pleinement sous ta tutelle. Reine Scythe, je t'invite à considérer cette proposition.
La reine Scythe resta impassible, refusant encore. Mais Jaesselle ne céda pas.
— Tu as également besoin d’un disciple, Scythe. Tu le sais aussi bien que moi. Accepte celle que je t’ai trouvée. D’ailleurs… toi non plus, Jaesselle, tu n’en as pas, rétorqua-t-elle.
Sakura prit alors la parole d’un ton posé mais ferme :
— Reine Scythe, je pense sincèrement que cette jeune fille pourrait répondre à tes attentes. Fais-le pour moi.
À contrecœur, Scythe soupira longuement avant de céder :
— D'accord, j'accepte… juste parce que c’est toi qui me le demandes.
— Merci, lui dit Sakura avec gratitude.
Jaesselle, satisfaite, conclut avec un sourire :
— Très bien. Maintenant que tout est réglé, je vais les faire venir ici afin que vous puissiez les rencontrer.
---
Pendant ce temps, dans un paisible village entre les terres féeriques, sœur Evylln venait de recevoir une lettre marquée du sceau royal. Intriguée, elle l’ouvrit avec précaution. Les enfants, attirés par la nouvelle, s’approchèrent rapidement d’elle.
En parcourant les lignes manuscrites, Evylln pâlit légèrement, les yeux figés sur le contenu.
— Tout va bien, sœur Evylln ? Que dit cette lettre ? demanda Haruto, inquiet.
Elle leva les yeux vers eux et répondit d’une voix blanche :
— La reine Jaesselle vous a recommandé pour participer au tournoi qui débute dans une semaine.
— Quoi !? s’écria Haruto.
— Mais c’est impossible, ajouta Stella.
Les enfants, stupéfaits, ne savaient comment réagir.
Au crépuscule, Haruto, aidé des enfants, rapportait du bois à l’église pour allumer le feu. Le village entier semblait déjà au courant de la nouvelle, et tous les félicitaient avec fierté.
Une fois arrivés à l’église, le prêtre les attendait sur le parvis.
— Mes chers enfants, dit-il en les accueillant dans ses bras, je vous félicite pour votre réussite.
Il les serra fort contre lui.
— Je suis tellement fier de vous… Après le départ de Toshiro, c’est maintenant à votre tour de prendre votre envol.
— Mais enfin, mon père, il ne faut pas vous mettre dans un tel état, répondit doucement Stella.
— Nous devons marquer le coup, dit-il avec émotion. Vous allez bientôt partir… Alors ce soir, nous allons nous dire au revoir comme il se doit.
Et ainsi, ils avaient préparé un somptueux dîner d’adieu en l’honneur de Stella et Haruto, sans savoir que la lettre de convocation leur était parvenue avec six jours d’avance, et que le tournoi débuterait dans seulement trois jours.
— Mais qu’est-ce que c’est ? s’exclama Stella en découvrant la table.
De délicieux mets recouvraient chaque plat.
— Mon père a tout préparé pour vous, expliqua sœur Evylln, souriante. C’est votre dernière nuit dans l’église, et il a tenu à vous faire plaisir.
Touchés par cette délicate attention, les deux enfants n’avaient pu contenir leur émotion. La soirée fut inoubliable. Tous mangèrent, rirent, et partagèrent des moments chaleureux autour de la table.
Plus tard dans la nuit, ils se retrouvèrent tous dans la même pièce pour passer une dernière nuit ensemble.
Sœur Evylln, les observant, murmura avec tendresse :
— Regardez comme ils sont adorables ainsi.
— Ils ont décidé de passer la nuit ensemble… C’est tellement adorable, répondit le prêtre en souriant.
— J’espère qu’ils sauront se débrouiller à la capitale.
— Ne vous inquiétez pas, la rassura-t-il, je suis sûr qu’ils se débrouilleront aussi bien que Toshiro l’a fait.
— Oui, vous avez raison… souffla-t-elle, le regard rêveur.
Et c’est ainsi que s’acheva cette soirée, dans la douceur et l’espoir… tandis qu’une nouvelle histoire s’apprêtait à commencer.
Dans le paisible village de Shams, baigné d’une douce lumière matinale, Stella et Haruto achevaient leurs préparatifs. Leurs sacs étaient prêts, les adieux approchaient. Le voyage vers la capitale allait enfin commencer.
Sœur Evylln s’approcha, tendant un petit baluchon empli de vivres et de talismans bénis.
— J’ai préparé quelques éléments pour votre voyage. Soyez prudents sur la route, dit-elle d’une voix empreinte d’inquiétude.
— Merci, sœur Evylln, répondit Haruto en inclinant légèrement la tête.
Stella, sereine mais le cœur serré, ajouta avec un doux sourire :
— Ne vous inquiétez pas, nous ferons attention sur la route.
Le père de Stella, qui se tenait non loin, joignit sa voix :
— Vous serez à la nouvelle capitale dans deux jours, juste à temps pour les festivités.
Non loin d’eux, la petite Hoshi retenait difficilement ses larmes. Elles coulaient silencieusement sur ses joues, trahissant la peine qu’elle ressentait. Stella s’agenouilla, posa doucement une main sur sa tête, et lui dit tendrement :
— Ne pleure pas, Hoshi.
Puis, en essuyant les larmes de la fillette :
— Je te promets de venir vous rendre souvent visite.
— Tu me le promets ? demanda Hoshi, les yeux brillants d’espoir.
— Juré, craché, répondit Stella.
Un grand sourire naquit alors sur le visage de la petite, apaisée par cette promesse.
— Je m’engage à vous envoyer suffisamment d’argent pour reconstruire l’église, déclara Haruto avec détermination.
Genki, les bras croisés, lança en ricanant :
— Il faudrait déjà que tu gagnes aux tournois.
— Bien sûr que je vais y parvenir, affirma Haruto avec assurance.
Cette remarque fit rire Stella et Hoshi, allégeant un instant l’atmosphère chargée d’émotion.
— Les choses ne seront plus les mêmes pendant votre absence, dit Hisa avec mélancolie.
Sœur Evylln renchérit :
— Tu as raison, Genki va sûrement s’ennuyer en votre absence.
— N’importe quoi, répliqua ce dernier en détournant le regard.
L’heure était venue. Il fallait dire au revoir. La tristesse emplissait leurs cœurs, mais une immense joie vibrait sous cette peine : celle de l’espoir, des rêves à portée de main.
— Il est temps de nous dire au revoir, dit Hisa, émue.
— Votre absence va beaucoup nous peser, souffla Hoshi, la voix tremblante.
— Vous allez également beaucoup nous manquer, répondit Stella.
— Nous promettons de revenir régulièrement et de vous envoyer des lettres, ajouta Haruto.
— Nous les attendrons avec impatience, conclut sœur Evylln.
Au moment de leur départ, un puissant vent se leva, faisant voler les feuilles mortes et les cheveux au vent. Tous levèrent les yeux vers le ciel. Une immense silhouette ailée fendit les nuages et se posa doucement devant eux. C’était un dragon.
— Le grand dragon Uryu ? Que venez-vous faire ici ? demanda sœur Evylln, stupéfaite.
Le dragon, dont les écailles reflétaient la lumière comme des miroirs célestes, répondit d’une voix grave et calme :
— Je suis envoyé par la reine Jaesselle.
Le père de Stella écarquilla les yeux.
— La reine Jaesselle !?
— En effet, confirma Uryu. J’ai été désigné pour accompagner le jeune Haruto et la jeune Stella à la capitale.
Haruto en resta bouche bée.
— Vous êtes sérieux ?
— C’est trop honorifique pour nous, ajouta Stella, à la fois touchée et confuse.
Haruto, lui, rayonnait :
— C’est génial ! On va voyager sur le dos d’un dragon, c’est vraiment extra !
Uryu reprit la parole, son regard perçant fixé sur Haruto.
— La reine Jaesselle m’a personnellement demandé de venir vous chercher pour vous conduire au tournoi.
Intrigué, le dragon lui avait posé une question :
— Majesté, pourquoi ce jeune garçon vous intéresse-t-il autant ?
La reine Jaesselle avait alors simplement répondu, son sourire énigmatique flottant dans l’air :
— Parce qu’il est le roi de la flamme éternelle.
Le dragon avait été troublé par ces mots. Comment un simple garçon pouvait-il incarner un tel titre ? Pourtant, le regard de la Reine, calme et assuré, ne laissait place à aucun doute.
Quand Uryu demanda à Stella si elle était prête, elle hocha timidement la tête.
— Bien sûr, déclara Haruto sans hésitation.
Ils prirent place sur le dos du dragon. Autour d’eux, les enfants, sœur Evylln et le prêtre agitaient les bras pour leur dire au revoir.
Genki les observait en silence, pensant :
> (Tu ferais mieux de réussir, Haruto.)
Le vent s’éleva à nouveau, Uryu battit des ailes, et tous trois prirent leur envol. Le ciel devenait leur chemin.
Durant les deux jours de vol qui suivirent, Uryu observa attentivement Haruto. Peu à peu, il comprenait ce que la Reine avait pu déceler en lui. Il y avait quelque chose… de brûlant, de vivant, de sincère.
La capitale se profila à l’horizon, immense et splendide. Leurs yeux s’illuminèrent.
— Tu as vu ça, Haruto ? s’exclama Stella.
— Oui. Cette ville est immense.
— Accrochez-vous pour l’atterrissage, prévint Uryu.
Ils descendirent en spirale, survolant les toits, puis se posèrent au centre de la cité.
— Nous sommes arrivés, annonça le dragon.
— Super ! s’écria Haruto en sautant aussitôt à terre.
— Attends, Haruto ! l’appela Stella.
Mais il n’écouta pas, riant presque.
— Pourquoi devrais-je attendre ?
— Oh…
— Je suis trop impatient de découvrir cette ville et de remporter le tournoi.
Stella soupira.
— Tu es incorrigible.
— Ne t’en fais pas. Je te promets de gagner ce tournoi. Et de ton côté, fais de ton mieux.
— De mon côté !?
Uryu prit la parole :
— Il est temps de partir.
La voix du dragon laissa Stella interdite.
— Comment ça ? Je ne vais pas avec Haruto ?
Haruto se tourna vers elle :
— Tu dois te rendre directement à l’appartement de la reine Scythe.
— La reine Scythe ? répéta-t-elle, abasourdie.
— Oui, expliqua Haruto. Uryu m’a dit cette nuit qu’elle souhaitait te prendre comme disciple.
Les yeux de Stella s’écarquillèrent. Une chaleur douce envahit son cœur. Elle allait enfin avoir l’opportunité de prouver sa valeur.
— Fais de ton mieux, d’accord, lui souffla Haruto.
Malgré l’absence de pouvoir magique, elle serra les poings, décidée.
Ils se séparèrent là. Uryu s’envola à nouveau, Stella sur son dos. Alors qu’ils s’éloignaient, elle cria :
— Je te promets de faire de mon mieux !
Haruto leva la main, pouce en l’air. Ce simple geste valait mille mots. Stella lui répondit d’un sourire éclatant, avant de disparaître dans le ciel.
Désormais seul, Haruto murmura, le cœur vibrant :
— Me voilà désormais seul.
Puis, avec enthousiasme :
— Je suis sûr de m’amuser au cours de ce tournoi.
Soudain, des feux d’artifice éclatèrent au-dessus de l’arène. Leurs couleurs illuminaient le ciel.
— Je pense que ça va commencer, dit-il.
Il se mit en route, poussé par l’excitation. La ville était animée, vibrante. Des bannières flottaient partout, des fleurs ornaient les rues. Haruto observait tout avec de grands yeux.
Arrivé à l’arène, il vit des dizaines de guerriers déjà présents. Chacun d’eux semblait redoutable.
— Ils semblent être très puissants, ces combattants, nota-t-il.
Mais pour Haruto, cette arène était un terrain de jeu.
Parmi la foule, il aperçut une silhouette familière. Un jeune homme, calme, discret, observait les autres avec concentration.
Haruto s’élança vers lui, un sourire aux lèvres.
— Cela fait longtemps, Toshiro !
Le jeune homme se retourna, reconnaissant immédiatement la voix.
— Haruto !
Veuillez télécharger l'application MangaToon pour plus d'opérations!