Luka le regarda avec mépris. Il se souvenait encore de la voix de cet homme dont il ignorait toujours le nom. Le visage de Leandro s'était assombri en le voyant. Luka savait pourquoi son regard était si lourd de reproches ; après tout, c'était à cause de lui qu'une affaire n'avait pas abouti, et même si cela remontait à des mois, il lui en voulait toujours. Cependant, il ne regrettait pas la décision qu'il avait prise ce soir-là. Il n'allait pas se vendre ni coucher avec quelqu'un pour le bénéfice économique d'une autre personne.

Documents en main, il s'approcha et les déposa sur le bureau. Il n'était plus qu'un simple secrétaire. Les baisers et les flirts occasionnels, ainsi que les attouchements intentionnels, c'était terminé. Se souvenant des paroles de Leandro, son intérêt pour lui s'était certainement estompé. Bien sûr, il n'était ni déçu ni surpris, il connaissait la vie que menait Leandro, et s'il devait être surpris un jour, ce serait parce que Leandro aurait quitté ses amants pour se concentrer sur une seule personne. Mais ce serait comme demander des poires à un orme.

Après avoir parcouru les papiers, Leandro les signa et les lui rendit. Ils ne parlaient pas beaucoup ces derniers temps, et il lui en était reconnaissant. Il se concentrait sur ses études afin de pouvoir entrer à l'université. Il n'avait même pas le temps de penser à ces sentiments stupides qu'il éprouvait.

Leandro avait repris ses habitudes d'avant. Il sortait presque tous les soirs avec une personne différente, bien sûr, c'est lui qui devait organiser ces rendez-vous.

"Luka." Leandro l'appela depuis l'embrasure de la porte. Luka, qui avait un bureau sur le côté de ce bureau, leva les yeux et croisa son regard. "Appelle Dylan, on se retrouve au même endroit ce soir."

Luka acquiesça, sans aucune trace de tristesse sur le visage. Dylan Maxwell était un Américain que Leandro avait rencontré lors d'un voyage d'affaires. Il était blond aux yeux vert foncé, avec de petites taches de rousseur qui ornaient son visage et des cils recourbés. Sans aucun doute, quelqu'un de beau à admirer.

Leandro ne parlait pas beaucoup de ses amants, pour lui, ils n'étaient que de passage, cependant, lorsqu'il rencontra à nouveau Dylan Maxwell, il sembla avoir changé. Peut-être, même parmi les amants, y avait-il des niveaux. Luka n'y comprenait pas grand-chose, et il ne voulait pas le savoir. Il s'est rendu compte qu'il était en fait une personne à cent pour cent monogame, et qu'il ne pourrait jamais faire des allers-retours avec qui que ce soit. Mais cette règle ne s'appliquait pas à son patron.

Il avait entendu, de la bouche même de Leandro, qu'il avait rencontré Dylan il y a des années. Après avoir quitté les États-Unis, il n'avait plus été en contact avec lui jusqu'à ce qu'il le recroise dans un bar il y a quelques semaines. Ils s'étaient rencontrés, et il pensait que cela s'arrêterait là. À sa grande surprise, il avait demandé une nouvelle rencontre aujourd'hui.

Leandro se tenait là, attendant des nouvelles de Dylan. Luka, sous le regard de son patron, composa le numéro et attendit un instant que la communication s'établisse. Lorsqu'il eut décliné son nom et sa fonction, ainsi que le motif de son appel, un cri d'excitation provenant de l'autre côté le rendit sourd, le poussant même à éloigner le téléphone de son oreille pendant quelques secondes. Après quoi, l'appel prit fin.

"Alors ?" Leandro pencha la tête en attendant une réponse.

"Il viendra", dit-il. "Il a l'air très enthousiaste", répondit Luka.

Le gangster fixa le garçon du regard pendant une minute. Luka ne put que feindre un sourire, espérant qu'il partirait. Qui sait à quoi il s'attendait, mais au bout d'une trentaine de secondes, Leandro se retourna et renifla de frustration avant d'entrer dans son bureau. Ce n'est qu'à ce moment-là que Luka put marmonner des jurons dans sa barbe.

...----------------...

Luka contemplait l'imposant bâtiment qui se dressait devant ses yeux. C'était l'hôtel cinq étoiles le plus célèbre de la ville. Il avait réservé la suite avec bain à remous et jacuzzi. Il avait commandé le meilleur champagne, leur avait fait mettre des pétales de tournesol partout (c'était les préférés de Dylan).

"Impressionné ?" La voix de Leandro lui donna des frissons dans le dos. Il s'éloigna de lui de quelques pas. Il l'évitait depuis des jours, et il semblait que Leandro n'avait plus les mêmes intentions à son égard, même si de temps en temps, l'homme se rapprochait plus que d'habitude.

"Un peu", répondit-il.

Leandro l'examina de ses yeux perçants que Luka aimait tant. Son regard parcourut le garçon de la tête aux pieds, mais il ne put rien remarquer d'étrange chez lui. Après l'avoir regardé pendant une demi-minute, ses yeux se posèrent sur ses lèvres roses. Une largeur parfaite et une forme enviable. Le désir de les embrasser et de les mordre jusqu'à ce qu'elles saignent s'embrasa comme une petite flamme qui grandissait à mesure qu'il les observait. Il dut détourner le regard, sinon la seconde d'après, il l'aurait embrassé.

Sans un mot, il se dirigea vers l'imposant hôtel. Luka le suivit à distance respectable, le moins qu'il voulait provoquer était des malentendus entre Dylan Maxwell et Leandro.

Il se souvenait encore de la douleur qu'il avait ressentie à la joue lors de leur première rencontre.

À cette occasion (qui suivait de peu les retrouvailles entre son patron et l'Américain), Luka était en train de ranger des papiers chez Leandro. En tant que secrétaire particulier, il était tenu de s'y rendre à la demande de ce dernier. Ce jour-là, comme beaucoup d'autres, Leandro lui avait demandé de venir pour examiner certaines affaires. Luka arriva tôt et commença à examiner les comptes du casino, le directeur étant soupçonné de détournement de fonds.

Il passa la moitié de la journée les yeux rivés sur l'ordinateur et les feuilles avec des rangées interminables de chiffres. Il avait mal à la tête et les yeux fatigués. Même les lunettes ne lui servaient plus à rien. Il sentait qu'à tout moment il allait tout envoyer balader et s'enfuir en courant.

"Alors ?" Leandro s'assit à côté de lui et attrapa une des feuilles. Luka s'appuya sur ses genoux et laissa échapper un long soupir.

"C'est le bordel", dit-il, se redressa, attrapa l'ordinateur et commença à faire glisser son doigt pour lui montrer les comptes. "Ça fait combien de temps que tu n'as pas surveillé ça ?"

"Je ne sais pas. J'ai tellement d'affaires et d'argent en jeu que je ne peux pas m'occuper de tout personnellement." Luka ne savait pas s'il se plaignait ou se vantait. Il leva les yeux au ciel et continua de lui montrer les comptes. Bien qu'il n'ait pas de diplôme universitaire, il avait toujours été bon élève, et encore meilleur en maths.

Depuis qu'il avait commencé à travailler avec David, il avait commencé à apprendre l'administration et la comptabilité, ce qui lui avait facilité la tâche. Il poursuivit son travail sous l'œil attentif de Leandro. Bien que cela ne le dérangeait plus vraiment, il se sentait toujours mal à l'aise. Il décida de se concentrer sur les chiffres et d'ignorer le regard pas si subtil de son patron.

"Tu as faim ? Tu travailles depuis plus d'une demi-journée." Leandro se leva et attrapa son téléphone portable. "Je vais commander quelque chose, tu veux quoi ?"

"N'importe quoi fera l'affaire", répondit-il sans quitter l'ordinateur des yeux.

Leandro sourit. La lumière bleue de l'ordinateur se reflétait dans les yeux de Luka et les lunettes lui donnaient un air sérieux. C'était dommage qu'il ne puisse plus s'approcher de lui.

Une demi-heure passa et la sonnette de l'appartement retentit deux fois. Luka jeta un coup d'œil à son patron, Leandro était au téléphone. La sonnette retentit à nouveau et il dut se lever. Il se dirigea à contrecœur vers la porte, mais ce n'est pas le livreur qui l'attendait.

"Qui êtes-vous ?" Le ton arrogant et le regard méprisant du garçon lui firent lever les sourcils.

"C'est ce que j'allais vous demander, vous n'êtes pas un livreur." Luka croisa les bras et plia un genou.

"Qu'est-ce que tu fais ici ? C'est l'appartement de mon petit ami, Leandro Bernocchi." Luka sentit un goût amer lui monter à la bouche. Il avait rencontré d'innombrables partenaires de Leandro. Il avait une liste de toutes les personnes qui étaient passées dans le lit de son patron, une pour chaque jour de l'année, mais aucune n'avait osé se rendre chez lui.

"Petit ami ?" Luka en rit presque. "Tous les amants de Leandro ne sont que cela, des amants de passage, une nuit ou deux, tu n'iras pas plus loin. Tu es comme tous les autres."

Il ne le vit même pas venir, mais lorsqu'il réalisa ce qu'il se passait, la paume du garçon s'écrasa sur son visage. La gifle fut si forte qu'elle parvint à faire couler un filet de sang. Luka serra les poings, et au moment où il allait riposter, sa main fut saisie par derrière.

"Lâche-moi !" cria-t-il avec colère. Ses yeux étaient injectés de sang, mais Leandro n'en avait cure.

"Va-t'en, Luka." Sa voix glaciale lui glaça le sang.

"Mais il..."

"J'ai dit va-t'en", l'interrompit Leandro instantanément. Tenant toujours Luka par le poignet, il le traîna pour qu'il récupère ses affaires puis le conduisit dehors. Sans attendre que Luka ne dise quoi que ce soit, il lui claqua la porte au nez.

Le simple fait de s'en souvenir lui donnait la chair de poule. Dylan semblait être très important pour Leandro, il valait mieux qu'il se tienne éloigné de cet imbécile, sinon il finirait par lui casser la figure.

" Ça va ? " Leandro s’arrêta et se tourna vers lui. Luka, distrait, lui rentra dedans. Les mains de Leandro se posèrent sur sa taille, un peu trop serrées. Luka recula de trois pas.

" Oui, ça va ", dit-il. Il s’éclaircit la voix et désigna l’ascenseur. " Tu ferais mieux de monter, ils t’attendent. " Leandro haussa un sourcil et acquiesça. " Je serai là si tu as besoin de quoi que ce soit. "

Luka attendit que les portes de l’ascenseur se referment avant de retourner dans le hall.

Une heure passa et il commençait à s’ennuyer. Il jeta un coup d’œil à son portable, mais il n’y avait pas grand-chose de neuf. Il consulta ses réseaux sociaux et tomba sur une photo d’Andrea, avec un type qu’il n’avait jamais vu auparavant. Andrea avait l’air heureux, arborant un sourire qui illuminait tous les recoins du bar où ils se trouvaient. Cependant, l’autre personne n’avait pas l’air aussi souriant et heureux que son ami, mais il avait un regard dangereux qui ne lui plaisait pas du tout, alors il décida de l’appeler.

" Salut, comment vas-tu ? " dit-il en composant à peine le numéro d’Andrea. Andrea dit quelques mots, mais il ne put rien entendre à cause du bruit. " Va dans un endroit tranquille. " Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’il ne puisse enfin entendre sa voix clairement.

[Tu m’entends maintenant ? – Le cri d’Andrea le rendit presque sourd.]

" Oui, oui, baisse la voix. "

[Super, maintenant oui, tu disais quelque chose ?]

" Comment vas-tu ? J’ai vu ta photo en ligne, c’est qui ? " Luka s’enfonça dans le canapé pour être plus confortablement installé.

[Personne d’important. On s’est rencontrés au bar il y a une semaine, on s’est bien amusés et c’est tout, je ne l’ai pas revu depuis, pourquoi ? – La voix d’Andrea était joyeuse, on aurait dit qu’il réfléchissait.]

" Je voulais un sujet de conversation, mais tu viens déjà de le tuer ", dit-il, un sourire aux lèvres. Il n’allait certainement pas lui dire qu’il était inquiet pour lui, sinon Andrea se moquerait de lui jusqu’à la fin de l’année.

[Quelque chose ne va pas ? Tu as l’air un peu déprimé, c’est ton patron ? Ou le travail ? Tu m’as dit que tu aimais ce que tu faisais et que le salaire était très bon, que s’est-il passé ?]

" Le travail est bien, et le salaire est bon, le patron un peu moins, mais c’est supportable. " Luka pencha la tête en arrière et étendit ses jambes avec nonchalance. Un seul choc et un bruit sourd suffirent à faire bondir Luka de son siège. " Merde ", marmonna-t-il.

[Il s’est passé quelque chose ? Tu es sûr que ça va ? – demanda-t-il, inquiet.]

" Oui, oui, ça va, je te rappelle plus tard. " Luka raccrocha, mit son portable dans sa poche et s’approcha du type qui était étendu par terre. " Ça va ? "

" Mes lunettes ", dit-il en se mettant à genoux sur le sol et en commençant à tâtonner avec ses mains.

" Oh, oui, oui. " Luka commença à regarder partout. Il chercha des yeux les lunettes, jusqu’à ce qu’il les voie sous un fauteuil. " Les voilà. "

" Merci beaucoup. " Le garçon mit ses lunettes, puis ramassa son sac à dos et se leva.

" Ne le répète pas, tu es tombé à cause de moi ", dit-il, un peu gêné.

" Non, non, je ne regardais pas où j’allais. " Le garçon semblait un peu embarrassé. En le regardant de plus près, Luka réalisa que, bien qu’il ait un corps imposant, il avait un air innocent. Il avait les cheveux coiffés en arrière et des yeux couleur miel brillant, qui lui rappelaient son nouvel ami.

" Bon, ça va ? Tu as mal quelque part ? " Luka le regarda de haut en bas pour s’assurer qu’il allait bien physiquement.

" Oui, oui, ça va, et toi, ça va ? Tu ne m’as pas marché dessus, au moins ? Je suis un peu lourd. " Le garçon fit un pas vers Luka, mais ses jambes étaient longues et il se retrouva très près de lui.

" Oui, ça va ", dit-il en bégayant légèrement. " Tu as besoin de quelque chose ? "

" Oh, non, non, rien… juste que… "

" Il se passe quelque chose ? " La voix de Leandro fit se retourner les deux personnes.

" Il ne se passe rien ", répondit Luka. Leandro fronça les sourcils en voyant à quel point ils étaient proches, cependant, Luka le coupa avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit. " Vous avez terminé ? Où est le jeune Dylan ? "

" Il arrive. " Leandro posa son regard froid sur le jeune homme. " Et toi ? Tu ne t’en vas pas ? "

" Si, si, excusez-moi. " Il lança un dernier regard à Luka, puis partit.

" C’était qui ? " Leandro regarda Luka d’un air sérieux. " Je n’aime pas que tu parles à des inconnus. "

" Comment ça, je ne parlais pas à des inconnus ? Mais allez au diable, oui ? Voilà votre petit ami, je vous attends dans la voiture. "

" Luka, Luka ", dit Leandro de plus en plus fort, mais Luka ne se retourna même pas, " Bon sang, Luka ! Reviens ici ! "

" Hé, hé, qu’est-ce qui se passe ? " Dylan, qui les avait rejoints, le regarda en fronçant les sourcils. " Vous vous disputez ? Il a fait quelque chose de mal au travail ? "

" Non, non, rien de tout ça. " Leandro se tourna vers lui et le prit par la taille, l’attirant contre lui. " Chéri, et si tu rentrais à la maison et que tu prenais un bain ? " Il sortit les clés de sa poche et les mit dans la main de Dylan. " Tiens, va te reposer pour aujourd’hui. "

" D’accord. " Dylan mit la clé dans sa poche et embrassa Leandro sur la joue. " Parle-lui, c’est un employé, il devrait se comporter comme tel. "

Après avoir parlé, il se retourna et partit. Leandro fronça les sourcils et sortit par l’autre sortie.

Luka était debout près de la voiture. Il ouvrit la portière arrière dès qu’il vit son patron s’approcher de lui.

" Et le jeune Dylan ? " demanda-t-il en regardant derrière Leandro.

" Il est rentré chez moi ", dit-il. " Luka, tu es sur ton lieu de travail, tu ne peux pas flirter avec des gamins. "

" Très bien. " Luka affichait un sourire forcé. C’était inutile d’essayer de lui expliquer quoi que ce soit. Leandro était du genre à s’entêter une fois qu’il avait une idée en tête, même s’il avait tort.

" Très bien ? " Leandro s’avança vers lui et le plaqua contre la Mercedes noire. " C’est tout ce que tu as à dire ? Tu ne vas même pas le nier ? "

" Non, je ne vais pas le nier. Monsieur Leandro, ma vie privée, les personnes avec qui je sors ou essaie de sortir, c’est mon affaire, pas la vôtre, d’accord ? " Luka lui tapota l’épaule à deux reprises. " Et je m’excuse d’avoir flirté avec ce garçon, ça ne se reproduira plus. "

" Tu ne vas pas le nier ? " Les sourcils de Leandro se rapprochèrent. Son regard furtif scruta le visage de Luka, mais il n’y avait aucune trace de mensonge.

" Pourquoi devrais-je nier quelque chose de vrai ? " demanda Luka en haussant un sourcil et en souriant sarcastiquement. Les veines de la tempe de Leandro se mirent à pulser. Sa mâchoire se contracta, mais il ne dit rien.

" Alors c’est ton genre d’homme, un gamin qui n’a probablement même pas d’argent, quel manque de goût. " Son ton moqueur fit s’élargir encore plus le sourire sarcastique de Luka.

" Je vous ai dit tout à l’heure que je n’aimais pas les personnes âgées. Il a un beau corps et un visage attirant, en plus c’est un étudiant avec un avenir devant lui, qu’importe s’il n’a pas d’argent maintenant ? Ça ne veut pas dire qu’il ne sera pas plein aux as plus tard. "

Luka avait l’air très sûr de ses paroles et ses yeux ne mentaient pas, il aimait vraiment ce garçon.

" Tu sortirais vraiment avec un étudiant ? " Leandro baissa la tête, s’approchant à quelques centimètres du visage parfait de Luka. Luka, qui connaissait parfaitement le jeu de son patron, posa ses deux mains sur le visage de Leandro. " Tu as un homme riche juste devant toi, pourquoi le choisir lui ? "

" Monsieur Leandro, vous êtes bien trop vieux pour moi, je préfère les hommes plus jeunes. " Luka caressa la barbe touffue de Leandro. " Ne le prenez pas mal, mais je n’aime pas les barbes. " Luka baissa les mains et croisa les bras. " J’ai vu le garçon tout à l’heure, pas un poil sur le visage, c’est comme ça que je les aime. " Luka se tapota la poitrine. " Alors, cessez de vous mêler de ma vie privée, je ne me mêle pas de la vôtre. "

Luka sortit du coin où il se trouvait et monta dans la voiture. Leonardo ravala ses paroles et prit place à l’arrière du véhicule.

" Chez vous ? " Leandro le regarda dans le rétroviseur.

" Non, on va chez moi, Dylan m’attend. "

Luka acquiesça et démarra. Leandro cherchait un signe, n’importe lequel, qui lui dirait que Luka s’intéressait encore à lui, mais il ne vit qu’un visage froid et impassible.

" L'anniversaire de Dylan approche à grands pas ", a soudainement déclaré Leandro, rompant le silence qui s'était installé. Luka ne dit rien. " Tu sais ce que je pourrais lui offrir ? "

" Non, monsieur ", a-t-il répondu. " M. Dylan est votre partenaire, si vous ne savez pas, je ne le sais certainement pas. "

Leandro le regarda avec frustration. Le visage de Luka ne laissait transparaître aucune émotion. Il claqua la langue, irrité. " Tu as raison. "

Leandro tourna les yeux sur le côté. Il regarda à travers la vitre la ville animée. Il jeta un coup d'œil au reflet de Luka dans le rétroviseur. Ces yeux bleus étaient magnifiquement éclairés par les lumières de la voiture et des bâtiments. Ils avaient une belle lueur. Il se souvenait de cette nuit-là. Luka semblait prêt à être avec lui. Ses baisers étaient intenses et ses mains caressaient son dos, mais c'était un salaud et il voulait faire un plan à trois avec l'un de ses partenaires.

En fait, ce n'était pas vraiment ce qu'il voulait. L'homme avait remarqué Luka, mais il savait que Luka n'avait jamais été avec personne, alors un plan à trois était sa solution. Bien sûr, il était un peu réticent à le partager avec quelqu'un. Luka était une personne qu'il voulait garder pour lui. Même s'il continuait à voir d'autres personnes, il voulait que Leandro soit le seul pour Luka.

Mais l'affaire était trop fructueuse pour la laisser passer. Il serait inutile de perdre des millions de bénéfices pour protéger la chasteté d'une personne. Il n'était pas prêt à perdre autant d'argent, mais dans sa stupidité, il avait perdu toute chance d'avoir des relations sexuelles avec Luka.

Ses affaires et Luka, tout est allé en enfer.

" Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? " Leandro attrapa sa joue, qui était brûlante et cuisante. Luka était arrivé il y a quelques secondes et l'avait frappé directement au visage.

" Que ce soit la dernière fois que tu essaies de me prostituer, ou je te tue ", dit Luka, la haine se reflétant dans son regard. Leandro put à peine ouvrir les lèvres, mais il ne dit rien ; le temps qu'il réalise ce qui s'était passé, Luka était parti.

Il se souvenait de ce coup comme si c'était hier. À partir de ce moment, Luka avait tracé une ligne entre eux. Il était conscient de sa mauvaise décision, alors il décida de ne plus insister ; après tout, Luka n'était pas différent des autres amants qu'il avait eus. Il pouvait toujours trouver quelqu'un d'autre pour le remplacer. Alors quand il a rencontré Dylan à nouveau, et qu'il s'est souvenu des bons moments passés aux États-Unis, il a décidé d'en faire son amant pour le moment.

Dylan, à son époque, lui avait donné le même désir de possession qu'il avait ressenti avec Luka. À cette époque, il était resté avec lui pendant plusieurs mois jusqu'à ce que son père, un puissant gangster de ce pays, s'immisce dans leur relation. Après cela, il a dû rentrer en silence et n'a plus contacté cette personne. Mais Dylan était de retour et, d'après ce qu'il lui avait dit, son père était mort d'un cancer un an auparavant. Plus rien ne pouvait les séparer maintenant.

Dylan était précieux, et pas seulement pour les bonnes relations sexuelles qu'il lui procurait, mais aussi parce qu'avec lui, ses affaires en Amérique pourraient prospérer. Maintenant que les familles Mancini et Di Marco étaient unies, elles perdaient du terrain et, par conséquent, de l'argent. Alessandro ne voulait pas se battre avec ces deux familles (par respect pour l'affection qu'il portait à Elio), et bien que mécontent, il respectait la décision de son frère. C'est pourquoi il a commencé à s'étendre beaucoup plus à l'étranger, et Dylan était une échelle parfaite.

" Monsieur, nous sommes arrivés ", Luka le tira de ses pensées. Leandro vit la maison devant lui. La structure était moderne, dans les tons gris et blanc. Une maison qui respirait l'élégance. Il leva les yeux vers la chambre principale ; les lumières tamisées étaient allumées, Dylan devait être là.

" À demain ", dit Leandro d'un ton bas qui fit sentir à Luka un sentiment étrange. Il ne disait jamais au revoir, et encore moins avec ce timbre de voix. C'était comme s'il éprouvait un certain sentiment de tristesse.

Luka le regarda entrer et retourna à sa propre maison.

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Leandro entra, le bruit de la porte se fermant derrière son dos résonna dans le couloir désert. Les détails de la maison étaient sombres et élégants ; avec une double hauteur et des murs recouverts de granit.

" Leandro ", la douce voix de Dylan, avec cet étrange accent américain, se fit entendre depuis l'escalier.

" En bas ", répondit-il, avec peu d'enthousiasme. Les pas de Dylan résonnèrent précipitamment. Leandro se dirigea vers l'escalier et attendit que le garçon descende. Dylan, à deux pas de lui, se jeta sur lui.

" Je pensais que tu serais plus long ", dit-il, d'un ton un peu doucereux. Il embrassa Leandro sur la joue puis reposa les pieds sur le sol. " Tu as viré ce salaud irrespectueux ? " Les sourcils de Leandro se froncèrent à ces mots.

" Dylan, Luka est mon employé, je t'interdis de le traiter de salaud, d'accord ? " Il ne lui laissa même pas le temps de répondre ; au moment où Dylan allait dire quelque chose, Leandro était déjà en route pour le bar qu'ils avaient au sous-sol.

Dylan gonfla ses joues et le suivit. Il n'était pas stupide ; il voyait la façon dont Leandro regardait ce secrétaire, et vice versa. Leandro ne lui avait rien dit, mais il savait qu'il y avait, ou qu'il y avait eu, quelque chose entre eux. Il n'était pas prêt à s'incliner devant quelqu'un d'aussi insignifiant que Luka.

" Tu es en colère ? " Dylan le serra dans ses bras par-derrière et posa son menton sur son épaule robuste. Il sentit les mains de Leandro sur les siennes, le caressant doucement. " Désolé, je ne voulais pas l'offenser, je ne savais pas que cet employé était si important pour toi. "

" Il n'est pas important. " Leandro se retourna pour le regarder, le prit par la taille et le souleva sur le bar. Il embrassa son cou et mordilla sa clavicule. Luka n'était pas une personne importante. C'était un garçon qu'il pouvait remplacer à tout moment.

" Vraiment ? Ton visage a changé quand je l'ai traité de salaud. " Cependant, Dylan ne crut pas à ses paroles, et il n'était pas non plus prêt à laisser tomber le sujet. Il connaissait Leandro, et s'il continuait à le pousser, il finirait par virer Luka, juste pour lui montrer à quel point il était insignifiant pour lui, même si ce n'était pas vrai.

" Luka est un employé précieux, mais c'est tout, ne te l'ai-je pas déjà prouvé ? " interrogea-t-il en faisant courir ses mains sous la chemise en soie bleue de Dylan. " S'il était une personne importante, je l'aurais défendu le jour où tu l'as frappé. "

Dylan resta silencieux un instant. Il regarda dans les yeux de l'autre, cherchant un signe indiquant qu'il mentait ; malheureusement, Leandro avait toujours été doué pour mentir.

" C'est vrai. " Dylan lui donna un bref baiser et descendit du bar. " Allez, allons dormir. "

Les deux hommes montèrent à l'étage dans la chambre principale pour se reposer. Leandro prit une douche avant de se mettre au lit. Dylan, qui ne dormait pas, le serra dans ses bras dès qu'il s'allongea. Leandro le rapprocha et passa une main dans son dos.

" Repose-toi ", murmura Dylan avant de s'endormir profondément. Leandro ne répondit pas, il se contenta de l'embrasser sur le front.

Une demi-heure passa, mais il ne put pas fermer l'œil. Son esprit, comme une mauvaise plaisanterie, s'obstinait à lui rappeler l'image de Luka parlant à cet étudiant. Ses paroles résonnaient également dans sa tête occupée. Consciemment ou inconsciemment, il toucha la barbe touffue et soigneusement taillée de son visage.

Il n'avait pas plus de trente-huit ans, bien que son visage ne le laisse pas deviner. Et bien que Luka ne soit pas particulièrement jeune non plus, il paraissait beaucoup plus jeune. Il avait un visage blanc et juvénile ; n'importe qui serait attiré par lui. Luka aimait les gens plus jeunes, il n'y avait aucun obstacle à ce qu'il reste célibataire, et il ne pouvait pas l'empêcher d'avoir une relation, mais s'il pouvait au moins passer une nuit avec lui, après cela, il pourrait aller avec n'importe qui.

Tôt le matin, avant même que Dylan ne se réveille, Leandro avait fini de se raser. La barbe noire lui donnait l'air d'avoir quatre ou cinq ans de plus qu'il ne l'était ; une fois qu'il s'en est débarrassé, il a pu voir son visage un peu plus jeune. Même lui fut surpris.

" Bonjour, monsieur, je vous ai apporté votre petit-déjeuner. Je ne sais pas ce qu'aime le jeune Dylan, alors... "

Les mots de Luka restèrent coincés dans sa gorge. Du moment où Leandro ouvrit la porte, il garda la tête baissée, vérifiant que le café n'avait pas débordé. Lorsque ses beaux yeux rencontrèrent le visage rasé de près de Leandro, ils s'écarquillèrent de surprise. Le changement chez Leandro était extrême. Sans barbe, en plus de paraître des années plus jeune, on pouvait même voir des traces de gentillesse en lui.

Il était vraiment une personne différente.

Il ouvrit et ferma la bouche à plusieurs reprises. Les mots ne sortaient pas, même s'il voulait dire quelque chose. Finalement, il ferma les lèvres et entra. Leandro vit son air surpris et sourit. L'expression de Luka était si authentique et amusante qu'il aurait aimé la prendre en photo.