NovelToon NovelToon

~ENGAGEMENT 承诺 ~

synopsis

Du haut de ses vingt-quatre ans, Isabella est une jeune femme qui n'a pas eu le privilège de vivre une vie comme toute personne de son âge. Orpheline depuis ses quatorze ans, elle est captive par sa famille conservatrice. Elle n'a jamais rien connu à l'amitié, à l'amour, à la passion, au sexe... elle était loin de se douter qu'un simple dîner barbant allait bousculer sa vie pour toujours et qu'un bel inconnu, qui représentait tout ce qu'elle pouvait détester chez les hommes, deviendrait du jour au lendemain, son inséparable.

Chris est un jeune homme brisé, qui s'est forgé une solide carapace de play-boy pour ne jamais faiblir devant ce qu'on appelle ; l'amour. Égocentrique et grossier, il verra tous ses principes chamboulés par une petite vierge effarouchée qui refusera de tomber dans ses filets aussi facilement que toutes les autres. Dépassé, il se retrouvera contraint de la protége...

J-90

_Isabelle !

Je soupirais en retirant le drap qui le couvrait. Je m'assis au bord de mon lit le passant une main dans les cheveux ! Il devrait être à peu près 8:00 du matin, mais ma grand-mère m'appelait pour prendre le petit-déjeuner. Je ne voyais pas à quoi ça servait un dimanche matin si ce n'était que pour faire la grasse matinée.

 À contre-cœur, je suis descendu de mon lit pour enfiler mon kimono japonais noir en satin pour couvrir mon corps couvert que d'une simple chemise de nuit. Après m'être lavée le visage et les dents je quittais de ma chambre.

Je déambulai lentement les marches des escaliers, mais me stoppai dans mon élan en apercevant ma grand-mère qui m'attendait de pieds fermes. Je roulai intérieurement des yeux.

— Bonjour, fis-je d'une manière impromptue.

— Isabella ! Combien de fois t'ai-je dit d'être à l'heure pour te mettre à table avec nous ? Tu sais pertinemment que dans cette famille on a horreur du retard.

Tu as horreur de ça, vielle mégère.

— Désolée, m'excusai-je sans réellement le penser.

Je la contournai pour m'approcher de mon grand-père sagement assis sur son fauteuil habituel en train de lire son journal.

— Isabella ! gueula ma grand-mère dans mon dos.

Elle détestait quand je ne lui obéissais pas ou quand je l'ignorais délibérément comme je venais de le faire.

— Bonjour grand-père, lui souris-je avant de lui embrasser la joue.

— Oh, bonjour ma princesse, tu as passé une bonne nuit ?

— Oui, mais malheureusement mon réveil ne fut pas des plus paisible.

Il rit en jetant un coup d'œil à sa femme.

— Ne sois pas trop dure avec ta grand-mère, tu sais qu'elle t'aime ma chérie.

Je haussai les épaules. Je savais qu'elle m'aimait, mais sa façon de me le montrer ne me plaisait pas, si ce n'était qu'elle me dérangeait. Mon grand-père, quant à lui, était plus souple avec moi. Il était de nature drôle et empathique. J'étais sa princesse comme il aimait bien m'appeler.

— Je t'ai élevé mieux que ça Isabella ! s'approcha-t-elle de nous.

Je fermai les yeux, essayant de garder mon sang-froid. Je faisais vraiment des efforts pour ne pas péter un câble.

— Tu peux, s'il te plaît, arrêter de me prendre la tête ? m'agaçai-je.

Soudainement, je sentis deux mains m'agripper les épaules puis un chaste baiser atterrit sur ma joue. Je tournai la tête et le grand sourire de mon frère m'accueille.

— Salut petite sœur !

— Bonjour ! Ravie de te voir de bonne humeur ! ris-je.

Sébastien, mon grand frère, aimait la vie. Il était plus optimiste et plus joyeux que moi. D'autant plus qu'après la mort de nos parents, il fut dix ans, il avait mieux tenu le choc que moi.

Physiquement, il avait les yeux bleus, identiques aux miens, sauf que ses cheveux blonds étaient plus foncés que les miens. Sa barbe finement rasée de près lui donnait un petit côté distingué. Il était beau à en faire tomber plus d'une à ses pieds et tout cela sans faire trop d'efforts, mais mon frère aimait prendre soin de son corps ; avec du sport et des plats équilibrés.

— Je suis toujours de bonne humeur, me tira-t-il de mes pensées.

Je secouai la tête, amusée. Nous nous installâmes à table et Marie, notre gouvernante, s'occupa de nous servir le café et des croissants bien chauds accompagnés d'œuf au plat, du bacon, des fruits de saison... la table était garnie du bout à l'autre. L'un des avantages à être l'une des familles les plus riches de New York était qu'on pouvait vivre comme des rois.

Mes grands-parents nous gâtaient. Depuis la mort de nos parents, ils nous avaient accueillis sous leur toit, mon frère et moi. Ils nous avaient élevés comme leurs propres enfants, et appris l'art d'être des bourgeois dignes de ce nom.

Quatre ans plus tôt, quand mon frère avait atteint vingt-deux ans, il avait eu le droit de déménager dans son propre appartement. Pour ma part, j'étais destinée à rester chez mes grands-parents jusqu'à mon mariage. Tradition ou religion, je dirais que c'était la même cause.

— Il faut que vous vous prépariez pour ce soir, conversa ma grand-mère. Nous recevons des amis de longue date pour dîner. Ils sont très importants pour notre famille alors je compte sur vous pour faire bonne impression.

— On reçoit chaque week-end des gens importants, alors arrête de nous répéter à chaque fois la même chose, fis-je, ennuyée.

Mon grand-père rigola, ce qui lui valut un regard noir de la part de sa femme.

— Je suis sérieuse, Isabella. Ton avenir dépend de cette rencontre.

Je fronçai les sourcils. Que racontait-elle encore ? Pourquoi mon avenir dépendrait de personnes que je ne connaissais même pas ?

Je jetai un coup d'œil à mon frère et étrangement, son sourire avait disparu et ses yeux s'étaient baissés. Mon grand-père ne réagissait pas non plus, il buvait tranquillement son café.

— Pourquoi faut-il toujours que vous comptiez sur moi pour honorer cette famille ? Pour une fois, pourquoi ce n'est pas Sébastien qu'on met sous la lumière des projecteurs ? Pourquoi vous ne me laissez pas vivre tranquillement ma putain de vie ! haussai-je le ton.

— Ton langage ! gronda-t-elle.

— Arrête de faire comme si j'avais encore quatorze ans ! J'en suis sûre que si mes parents étaient là, ils n'auraient pas toléré ça !

J'étais au bord des larmes. J'en avais marre de tout ça ; de faire partie d'une famille qui m'utilisait seulement pour faire bonne impression. J'étais là uniquement pour me faire belle et me montrer aux yeux du monde comme étant la fille de Richard et Caitlyn Clark.

— Isabella, essaya mon frère.

— Non, laisse tomber.

Je me levai de table sans demander la permission et partis m'enfermer dans ma chambre. Je me laissai tomber sur mon lit, des larmes s'échappèrent de mes yeux mais je me dépêchai de les essuyer. Ma grand-mère m'avait appris à être forte, et à ne pas laisser mon chagrin prendre le dessus sur mes émotions.

J'avais toujours pensé qu'elle avait un cœur de pierre, surtout après la mort de son fils - mon père - elle semblait avoir surmonté cette épreuve avec une telle facilité que ça m'avait troublé, mais je lui étais reconnaissante d'avoir forgé mon caractère.

J'ignorais ses intentions concernant le dîner de ce soir. Qui étaient ces invités ? En quoi serais-je concernée ? Et surtout, pourquoi mon avenir dépendrait de cette rencontre ?

***

chapitre 1: associés

19h. J'étais habillée d'une robe rose pâle, moulante et sans manches. Elle m'arrivait au-dessus des genoux et épousait mes formes à la perfection. Ma grand-mère me l'avait offerte cet après-midi en me demandant de me maquiller convenablement et d'attacher mes cheveux en chignon élégant.

En me regardant dans le miroir, j'avais l'impression d'être apprêtée pour aller à une soirée chic ou à un mariage, alors qu'en réalité, je n'allais même pas quitter la maison. Ma grand-mère aimait en faire trop, c'était une évidence.

Je descendis au salon chaussée de mes talons hauts de la même couleur que ma robe. Mes grands-parents me complimentèrent sur ma tenue et ma grand-mère semblait ravie et satisfaite. Pour une fois dans sa vie.

Je rejoignis mon frère affalé sur le canapé, en train de regarder la télé. Il était habillé normalement ; d'une chemise bleu clair et d'un pantalon noir.

— Qu'est-ce que tu fais ? Nos hôtes ne vont pas tarder. Éteins cette télé !

Il sourit en me reluquant de la tête aux pieds.

— Ne t'inquiète pas, devant une beauté comme la tienne, ils ne remarqueront même pas ma présence.

Je levai les yeux au ciel.

— Pourquoi tu fais ça ? demandai-je en m'asseyant à côté de lui.

— Faire quoi ?

— Pourquoi tu donnes raison aux grands-parents ? Je sais que tu détestes ce genre de dîner tout autant que moi, mais tu ne prends jamais mon parti quand j'essaye de m'y opposer.

— Et toi tu dis vouloir vivre librement ta vie mais tu es bien là, dans ta robe élégante et ta jolie coiffure, prête à écouter Irène et à faire face à ton destin.

Je roulai des yeux en souriant. Irène était le prénom de notre grand-mère et Sébastien adorait me taquiner en l'appelant par son prénom. Si elle l'entendait, elle se fâcherait.

— Tu sais que je n'ai pas le choix. J'aurais beau bouder toute la journée, c'est elle qui gagne à la fin.

— Je suis désolé Bella, soupira-t-il. J'aurais aimé changer les choses pour une fois mais tout cela me dépasse, et tu le sais.

Je lui souris tristement. Je ne lui en voulais pas. On était tous les deux pris au piège dans cette famille. Sébastien ne s'opposait pas à notre grand-mère pour ne pas avoir de problèmes, ce qui faisait de lui le parfait fils prodige. Contrairement à lui, j'étais la petite rebelle capricieuse qui ne faisait qu'à sa tête et pourtant, mes grands-parents étaient plus focalisés sur moi que sur mon frère concernant l'héritage et l'avenir de notre famille.

Quelques minutes plus tard, la sonnette retentit. Marie s'apprêta à ouvrir mais ma grand-mère la devança et se chargea elle-même de déverrouiller la porte. Ces invités doivent être sacrément spéciaux. Je me levai en même temps que mon frère et nous nous approchâmes doucement.

En premier lieu, j'aperçus un homme, d'à-peu-près la soixantaine - compte tenu de ses cheveux grisâtres - vêtu d'un costard noir et à son bras, se tenait une femme de sa génération, brune aux cheveux courts, élégante dans sa robe de grand couturier assortie au costume de son conjoint.

Le couple salua mes grands-parents en les prenant à tour de rôle dans leurs bras. Au moment où je commençais à songer à un plan pour m'éclipser de cette soirée qui s'annonçait ennuyante, un homme beaucoup plus jeune fit son apparition derrière le couple.

J'arquai les sourcils et tournai la tête vers mon frère pour voir s'il était aussi surpris que moi mais étonnamment il avait la mâchoire contractée et dévisageait ce type comme s'il avait une dent contre lui.

Ce dernier était agréable à regarder. Sexy. Brun avec les cheveux rasés sur les côtés et longs sur le haut de son crâne, plaqué soigneusement en arrière. Sa barbe courte et lisse lui donnait un côté mystérieux et sensuel. Ses yeux étaient identiques à ceux de son père ; d'un bleu gris rare et perçant, et dès qu'il les posa sur moi, il ne se gêna pas pour me scruter de tout mon long.

J'étais déstabilisée. C'était la première fois que les invités de mes grands-parents emmènent leurs enfants avec eux, aussi adultes soient-ils. Mais encore, c'était le comportement de Sébastien qui me parut le plus aberrant. Connaissait-il cet homme ?

— Entrez, je vous prie, leur dit mon grand-père en les guidant au salon.

Je restai de marbre lorsqu'ils s'approchèrent de mon frère et moi.

— Oh seigneur... Isabella ? dit la femme en prenant mes mains dans les siennes.

— Oui, je... oui, bonsoir, balbutiai-je.

— Je sais que tu ne me connais pas, mais j'ai bien connu ta mère et tu lui ressembles tellement, me sourit-elle.

Je baissai timidement les yeux. Elle avait l'air gentille.

— Je suis Marilyn, et voici mon mari, Robert, le présenta-t-elle.

Je serrai la main qu'il me tendait.

— Et je te présente notre fils unique, Christopher.

Ce dernier leva les yeux au ciel pour une raison qui m’échappa, ce qui lui valut un regard noir de la part de son père. Il s'approcha de moi après que sa mère m'ait lâché et me prit la main. Je sursautai légèrement, sentant comme un courant électrique me traverser dès que ses doigts touchèrent les miens. Il le remarqua, et sourit narquoisement. Je rougis.

— Enchanté, Isabella, lâcha-t-il avant de s'incliner pour embrasser le dos de ma main.

Je frissonnai. Mon prénom sonnait tellement bien dans sa bouche...

Reste calme Isabella. Ce n'était pas comme si c'était le premier homme - beau et galant - qui te courtisait.

Dès qu'il recula, je posai mes yeux sur ma grand-mère et la vis sourire. Elle souriait sincèrement. Ce qui se passait ce soir était de plus en plus abracadabrant, et je voulais les réponses. Irène réjouie, ce n'était pas bon signe.

Mon frère les salua à son tour, en restant froid et à l'écart. Je ne comprenais pas son comportement, surtout vis-à-vis de Christopher. Ce dernier me lança des petits regards que je pris soin d'éviter. Je ne connaissais pas cette famille mais elle si, a priori.

— Alors Isabella, tu as bientôt vingt-cinq ans ? me demanda Marilyn.

Qu'est-ce que je disais ?

— Oui, dans quatre mois.

— Comme le temps passe vite, sourit-elle nostalgiquement. Tu as bien changé depuis la dernière fois qu'on s'est vu. C'était à l'enterrement de tes parents mais tu ne t'en souviens probablement pas.

Effectivement, je n'en avais pas le souvenir. Beaucoup de personnes étaient présentes ce jour-là, et je n'avais fait attention à aucune d'entre elles, étant en deuil.

— Christopher aussi a changé, reprit mon grand-père, je parie qu'il fait craquer toutes les filles aujourd'hui.

— Je le faisais déjà à l'époque, plaisanta le concerné.

Ils rirent, sauf mon frère et moi, et le brun arbora un sourire en me jetant un petit regard. Je me demandais à quoi il pouvait bien ressembler dix ans plus tôt... l'aurais-je déjà vu ? Il m'avait l'air plus âgé que moi, cependant. Je me penchai sur mon frère, assis à côté de moi, et il releva les yeux vers les miens.

— Tu le connais ? chuchotai-je.

— Non, haussa-t-il les épaules.

— Pourquoi tu le dévisages alors ?

— Je ne le dévisage pas Isabella, s'agaça-t-il.

Je soufflai.

— Tu sais quel âge il a ?

— La trentaine... je ne sais pas.

— Qu'est-ce que vous vous chuchotez tous les deux ? nous interpella Robert.

Je déglutis en me redressant convenablement.

— Ma très chère sœur voulait connaître l'âge de votre fils, me balança-t-il.

J'écarquillai les yeux en sentant le rouge me monter aux joues. Les deux couples se mirent à rire et je posai timidement les yeux sur le brun qui me regardait déjà en souriant. J'allais tuer mon grand frère.

— Tu me remercieras plus tard, me glissa-t-il à l'oreille.

Je l'assassinai du regard alors qu'il haussa nonchalamment les épaules. J'aurais une sérieuse discussion avec lui plus tard.

— J'ai eu trente ans la semaine dernière, répondit le brun à ma question indiscrète.

Je ne dis rien, et il se leva en se grattant nerveusement la nuque.

— Je vais prendre l'air, excusez-moi.

Ses parents acquiescèrent. Je ne pus m'empêcher de le suivre des yeux jusqu'à ce qu'il quitte mon champ de vision. Hormis sa gueule d'ange, son style simple et décontracté le rendait très séduisant. Je me sentais ridicule dans ma robe chic en comparaissant.

— Rejoins-le si tu veux, me dit son père, vous ferez plus ample connaissance.

Je ne voyais pas pourquoi je voudrais faire connaissance avec lui.

— Je ne voudrais pas le déranger...

— Mais non ma chérie, il serait ravi d'avoir de la compagnie. Vas-y, insista sa mère.

Je finis par m'exécuter, sous le regard insistant de ma grand-mère. Décidément, ils ne voulaient pas de moi ici. Je sortis, et arpentai le jardin, m'avançant sur le gazon avec un peu de mal à cause de mes talons hauts. Je finis par repérer Christopher, assis à même le sol, une clope entre les doigts.

Adoucis au mur, il fixait la piscine, perdu dans ses pensées. Il remarqua ma présence quand je fus debout près de lui mais ne prit même pas la peine de me regarder. Sympa.

— Ce sont mes parents qui t'envoient ? m'interrogea-t-il.

— On peut dire ça, oui.

— Quelle soirée merdique ! ronchonna-t-il.

— Pardon ? haussai-je les sourcils.

— Laisse tomber.

Je l'observai. Sa cigarette coincée entre ses lèvres pulpeuses, il inspirait dedans puis entrouvrit la bouche pour laisser échapper la fumée dans les airs. Sa mâchoire se contractait spontanément et je ne pus que le trouver encore plus beau. Pourquoi un homme comme lui traînait-il avec ses parents à une soirée aussi chiante que celle-ci ?

— Pourquoi tu es là ? lui demandai-je alors.

— Quoi ?

Ses yeux bleus rencontrèrent enfin les miens. J'hésitai un instant avant d'ôter mes chaussures et de m'asseoir à côté de lui. Il sourit en me voyant grimacer. Ma grand-mère ne me le pardonnerait pas si je salissais ma robe.

— Pourquoi tu accompagnes tes parents ? Tu es adulte, tu as sûrement une vie à gérer de ton côté.

— Je n'accompagne jamais mes parents d'habitude. Je déteste les dîners barbants, mais ce n'est pas comme s'ils m'avaient laissé le choix ce soir.

— Comment ça ? demandai-je curieusement.

— Ils voulaient absolument que je te rencontre.

Je me figeai. Quoi ? Ils seraient donc là pour moi ?

— Moi ? mais... pourquoi ?

— Je n'en sais rien. Tu as bien vu que nos familles se connaissent très bien alors elles voudraient peut-être nous caser ensemble ou un truc du genre.

Nous caser ? C'était totalement absurde.

— Non, ne t'en fais pas pour ça. Ma grand-mère a refusé tous les prétendants qui sont venus me courtiser alors je ne pense pas que tu sois une exception.

Il rit.

— Ce n'est pas moi qui le voudrais, ce sont mes parents.

— Tu peux toujours dire non. Tu as trente ans, tu es indépendant.

— Quand tu gères l'entreprise familiale, tu n'es jamais totalement indépendant, même à trente ans, soupira-t-il.

Pauvre de lui. Je pouvais deviner quel genre de personne il était à présent ; un héritier prétentieux. Et fils unique, en plus. J'imaginais parfaitement son genre de nana ; des mannequins complètement refaites, ou des filles de bonne famille pourrie gâtée qui exposaient leurs vies de luxe sur les réseaux sociaux... dieu merci, je n'en faisais pas partie.

— Quand ma mère m'a parlé de toi je m'attendais à une fille superficielle sans forcément être belle.

— Pas trop déçu alors ? arquai-je un sourcil, incrédule.

— Pas trop non, sourit-il.

Ses yeux ne quittaient pas les miens, et je m'y noyais pendant un laps de temps. Ils racontaient un mirage de secrets. Certes je m'étais déjà fait mon opinion de lui en l'associant aux jeunes rupins que je connaissais, mais dans son regard, il y avait quelque chose de différent et je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus.

Il finit par rompre notre contact visuel en écrasant sa cigarette avant de la jeter dans une poubelle non loin de nous. Il reprit ensuite sa place et je détournai le regard en grattant mes cheveux.

Je détestais les attacher, et ces foutues épingles qui tenaient mon chignon me faisaient mal. J'essayai de les enlever mais échouais lamentablement. Vu le temps que ça m'avait pris pour me coiffer, je n'y arriverais pas toute seule sans risquer d'abîmer mes cheveux.

— Putain ! grognai-je.

— Besoin d'aide ? fit-il amusé.

— Tu peux me défaire ce stupide chignon, s'il te plaît ?

— Pourquoi ? Il est joli pourtant, me taquina-t-il.

Je levai les yeux au ciel. À quoi je pensais en lui demandant un coup de main ?

— Retourne-toi, je vais le faire, accepta-t-il.

J'obéis nerveusement. Il glissa derrière moi et je sentis ses doigts toucher l'arrière de ma tête. Il prit soin de ne pas me faire mal en me retirant les petites épingles une à une. Une fois qu'il eut terminé, mes cheveux tombèrent en cascade dans mon dos jusqu'à quelques centimètres de mes fesses. Je passai ma main dedans, les brossant avec mes doigts puis massai mon crâne en soufflant de soulagement.

Avant que je ne tente de me dégager de l'emprise du brun, je sentis ses doigts sur ma nuque et il replaça une mèche rebelle derrière mon oreille. Son souffle chaud s'écrasa contre ma peau. Je frémis et me retournai lentement vers lui. Son visage n'était qu'à quelques centimètres du mien. Ses yeux faisaient des allers-retours entre les miens et mes lèvres. Je me surpris à faire la même chose. Pensait-il à la même chose que moi à cet instant précis ?

— Garde les détachés, ils sont sublimes, susurra-t-il.

Sa main gauche se posa sur ma joue sans que je ne puisse réagir et avec son pouce il caressa délicatement ma peau. Je n'arrivais pas à me concentrer sur autre chose que ses yeux. J'étais comme hypnotisée par eux. Par lui. Qu'est-ce qui m'arrive ?

Son parfum viril envahit mes narines et sa proximité me donna chaud. Son front se colla au mien à mesure qu'il s'approchait doucement. Mon souffle se coupa, mes yeux commencèrent à se fermer, nos nez se touchèrent, et au moment où je crus que ça allait être de même pour nos lèvres, un raclement de gorge se fit entendre.

Je sursautai, et me détachai instinctivement du brun. Je fis face à mon frère qui me regardait déjà sévèrement, les bras croisés contre son torse.

— On vous attend pour dîner, dépêchez-vous, fit-il sèchement.

Il tourna ensuite les talons et disparut dans la maison. Je soupirai, mon cœur battant la chamade. Que m'avait-il pris ? J'avais bien failli embrasser cet homme ! Je ne le connaissais pas. J'avais laissé mes instincts primitifs prendre le dessus sur moi. Je n'étais généralement pas intimidée par les séducteurs dans son genre, mais lui...

— Il n'arrive pas à me saquer on dirait, ricana-t-il.

— Écoute Christopher, on...

— Chris.

— Quoi ? fis-je confuse.

— Je m'appelle Chris. Chris Warner.

Je souris. Je comprenais mieux maintenant pourquoi il avait l'air agacé quand ses parents n'avaient pas utilisé le diminutif de son prénom pour le présenter. J'en connais un qui était malmené par ses professeurs à l'école.

— D'accord, Chris. Il faut que tu saches que je fais partie d'une famille très conservatrice et ce qui s'est passé...

— Il ne s'est rien passé, et je ne ferais rien qui risquerait de te causer des ennuis.

— Merci, soufflai-je bien qu'un peu vexée.

— Mais avoue que c'est quand même curieux, fit-il la grimace. Si ta famille est si stricte que ça, pourquoi ton frère n'a pas pété les plombs en nous voyant ?

— Je ne sais pas...

Sébastien était du genre possessif envers moi et en plus, il n'aimait pas Chris. Pourquoi s'était-il contenté d'être glacial et bref avec nous ?

— À moins que nos familles nous cachent quelque chose.

— Où est-ce que tu veux en venir ? sifflai-je.

— Je te l'ai pourtant dit tout à l'heure, elles voulaient nous présenter pour une raison.

Je le regardai, sans réagir. II n'ajouta rien et se leva. Je l'imitai, renfilai mes chaussures et ajustai mes vêtements. Heureusement, ma robe était intacte. Nous regagnâmes l'intérieur, et rejoignîmes nos familles autour de la grande table à manger.

Chris s'installa à ma droite et ne se gêna pas pour me lancer des petits regards insistants. Ma grand-mère était en face de moi, mais j'évitai de la fixer pour ne pas être encore plus mal à l'aise. Le dîner débuta dans le plus grand des silences.

— Alors, vous avez fait connaissance les enfants ? nous demanda Robert.

— On peut dire ça, sourit le brun narquoisement.

Je déglutis. Mes yeux rencontrèrent ceux de mon frère. J'étais terriblement embarrassée par ce qui s'était passé tantôt.

— Très bien. Dans ce cas on va pouvoir aborder avec vous un sujet plus délicat.

Je retins mon souffle. Se pourrait-il que Chris ait eu raison et que nos familles voudraient qu'on traîne ensemble ?

— Isabella, m'interpella ma grand-mère, il est temps pour toi de perpétuer l'héritage de tes parents et de reprendre les rênes de la société.

Mes yeux s'écarquillèrent. Ai-je bien entendu ? Ça faisait des années que je rêvais de pouvoir enfin diriger la société de mes parents. J'avais fait de hautes études de commerces dans la plus prestigieuse des écoles du pays pour pouvoir être à la hauteur de cette responsabilité mais mes grands-parents avaient refusé que j'y travaille estimant que j'étais trop jeune et pas prête. Alors pourquoi ce revirement soudain ?

— Comment ça se fait que vous ayez changé d'avis ?

J'étais confuse. Ils n'étaient pas du genre à prendre des décisions comme celle-ci à la légère, surtout ma grand-mère.

— Je vais travailler avec Sébastien ? ajoutai-je.

— Non, Sébastien va gérer ma société, répondit mon grand-père. Je suis trop vieux, j'ai besoin de prendre ma retraite. Je vais donc tout léguer à ton frère.

Wow. Je n'arrivais pas à y croire. J'étais heureuse pour lui de tout mon cœur, mais je ne pouvais pas diriger toute l'entreprise de mon père toute seule. Jusqu'au là c'était Sébastien qui s'en occupait.

***

chapitre 1: associés( suite)

— Comment vais-je faire toute seule dans ce cas ?

— Tu ne seras pas seule, me sourit Marilyn, tu auras un associé ; Christopher.

À cet instant précis, tous mes membres se paralysèrent. L'air devint rare dans mes poumons et mon cœur se mit à battre à tout rompre. Chris et moi, associés ? Pourquoi ? Pourquoi voudrais-je qu'il travaille avec moi dans la société que mon père avait bâtie ?

C'était mon héritage, et je ne tolérerais pas qu'un inconnu vienne s'y immiscer !

Un bruit se fit entendre à côté de moi, coupant court à mon trouble et à ma perplexité. Je tournai la tête vers le brun qui venait de lâcher sa fourchette et elle était tombée dans son assiette à moitié pleine, attirant toute l'attention sur lui. Il avait l'air aussi choqué que moi et fixait méchamment ses parents.

— Non. Il en est hors de question, cracha-t-il.

Je ne connaissais pas les raisons qui le poussaient à refuser cette opportunité mais ça me soulageait de ne pas être la seule à considérer cette décision totalement absurde.

— Il a raison, le soutins-je. Pourquoi travaillerons-nous ensemble alors qu'on ne se connaît même pas ? Et puis, la société dont vous parlez est celle de mon père, et je ne permettrais pas que quiconque à part mon frère et moi y soit aux commandes.

— Isabella, il y a des choses que tu ignores. La famille Warner a contribué à la création de cette société, il y a des justificatifs qui le prouvent, alors légalement leur fils a le droit d'y travailler tout autant que toi, expliqua calmement ma grand-mère.

Je n'en croyais pas un mot. Elle mentait, forcément. Mon père s'était démené tout seul pendant des années pour monter cette société. Personne ne l'y avait aidé, même pas ses propres parents. Il voulait travailler dans le textile et l'habillement, pas dans l'automobile comme son père.

— C'est faux ! m'énervai-je.

— Isabella...

Je ne l'écoutai pas, et me levai furieusement de table. Je me réfugiai dans ma chambre et après avoir pris soin d'ôter mes talons hauts qui me gênaient, je me laissai tomber sur mon lit où j'éclatai en sanglot. Cette fois je ne me retenais plus. Je ne pouvais plus supporter ce que ma grand-mère m'infligeait. Elle voulait me priver de la seule chose qui me restait de mes parents.

De longues minutes s'écroulèrent avant que je n'entende toquer à la porte de ma chambre, puis celle-ci s'ouvrit. Croyant que c'était mon frère qui venait me réconforter comme il avait l'habitude de le faire, je ne bougeai pas.

J'avais le visage enfouit dans l'oreiller et j'essayai de calmer mes pleurs. Je sentis une présence à mes côtés puis des doigts jouer avec les pointes de mes cheveux. Un parfum viril parvint à mes narines mais ce n'était pas celui de Sébastien. Je relevai alors la tête et manquai de pousser un cri en voyant Chris. Il me sourit.

— Désolé, je ne voulais pas t'effrayer.

Il retira sa main mais resta assit au bord de mon lit.

— Qu'est-ce que tu veux ? fis-je agacée.

— Je voulais te voir, ta grand-mère m'a montré ta chambre.

— C'est elle qui t'envoie ?

— Non Isabella, je suis venu de mon propre chef.

Je détournai le regard. Il était gentil mais je n'en avais rien à faire. Sa présence ne me remontra pas le moral, au contraire, il me rendait nerveuse. Je voulais qu'il s'en aille, lui et ses parents, et qu'ils ne reviennent jamais.

— Je suis désolé.

— Tu l'as déjà dit, lui tournai-je le dos pour me recoucher.

— Je suis désolé pour ce qui s'est passé. Je n'en savais rien, je te le promets. J'étais aussi surpris que toi.

Je soupirai en m'asseyant en tailleur sur le matelas et essuyai mes joues d'un revers de main, mais grimaçai en constatant que mon maquillage avait coulé. Je devais être affreuse à regarder en ce moment avec des poches noires sous les yeux à cause du mascara.

— Pourquoi ils font tout ça ?

— Je n'en sais pas plus que toi, répondit-il. En venant ici je pensais que mes parents voudraient que je traîne avec toi et que je te monte en public à mon bras pour que les paparazzis me lâchent un peu mais...

— Quoi ? l'interrompis-je, de quoi tu parles ?

Il soupira.

— Tu te doutes bien que je ne suis pas le parfait gentleman et que je ne me prive pas quand il s'agit de faire la fête ou de m'amuser avec des filles.

Je souris en dépit de ma mauvaise humeur.

— Je vois, fis-je amusée. Tu es un coureur de jupons.

— Disons que je profite de la vie, haussa-t-il les épaules, mais mes parents ne sont pas d'accord avec ça, et encore moins quand mes photos font la une de la presse à scandale.

— Et qu'est-ce que j'ai à voir dans tout ça ?

— Je croyais que mes parents allaient m'obliger à me montrer à tes côtés pour promouvoir ma réputation. Ils n'ont pas tari des loges à ton égard. Si j'ai accepté de venir te rencontrer ce n'est pas parce que je suis dépendant de ma famille financièrement, mais parce que j'en ai marre de la presse moi aussi.

Je secouai la tête en riant. J'appréciais sincèrement son honnêteté.

— Je ne m'étais pas douté qu'il s'agirait d'une collaboration professionnelle, continua-t-il. Putain, je me sens complètement largué.

— Tu n'es pas le seul.

Il s'accouda sur ses genoux et se passa les mains dans les cheveux. Je l'observai. Il semblait sincère. Il avait sûrement de nombreux défauts mais c'était un homme après tout. À son âge ça me semblait normal qu'il prenne du bon temps, mais dans notre milieu les journalistes étaient toujours aux premières loges pour raconter des ragots.

— Tu sais, quoique je dise ma grand-mère ne m'écoutera pas. On n'aura pas d'autre choix que d'accepter de travailler ensemble, soupirai-je.

— Tu abandonnes aussi facilement ?

— Je suis réaliste, c'est tout. Et en fin de compte, je préfère encore que ce soit toi que quelqu'un d'autre.

Il était vrai que j'aurais pu tomber sur un pervers dégueulasse comme associé.

— Tu ne me connais pas, sourit-il narquoisement.

— Tu n'as une tête de sociopathe, donc je pense que ça devrait aller.

— Si je comprends bien, tu m'apprécies.

— Je te supporte, le corrigeai-je avec amusement.

...— Moi en tout cas, il me hâte de travailler avec toi, Isabella....

...****************...

Veuillez télécharger l'application MangaToon pour plus d'opérations!

téléchargement PDF du roman
NovelToon
Ouvrir la porte d'un autre monde
Veuillez télécharger l'application MangaToon pour plus d'opérations!