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Enquête Familiale

Chapitre 1 Un homme en noir

C’est une belle journée d’été peu de temps avant le début des grandes vacances, je marche d’un pas rapide dans les rues de Nancy, plongée dans mes pensées. Des pensées bien tristes car je pense à l’assassinat de mon père ayant eu lieu quelques jours auparavant. Je me rends justement chez un détective pour qu’il enquête sur cet effroyable événement. Je suis tellement prise par mes pensées que je me heurte à un homme. Un homme habillé d’un grand costume noir. Il me retient de justesse avant que je ne tombe et me demande :

“Vous allez bien ?

- Oui, merci, lui répondis-je.

- Je ne parlais pas de la quasi chute. - - Vous avez l’air de quelqu’un qui a besoin d’aide.

- Hein ?

- Ah excusez moi je ne me suis pas présenté ! Paul X détective privé, spécialiste en filature, en recherche de personnes disparues, et j’enquête éventuellement sur des meurtres. Pourquoi Paul X ? Pour la discrétion et le secret sur toutes les affaires traitées. Mais pour le moment je suis détective privé… de recherche. Et vous ?

- Je m’appelle Leïla Chase. Et justement je vous cherchais. Enfin je cherchais un détective.

- Alors je suis à votre service et j’avais vu juste, me dit-il en s’inclinant et en me faisant un clin d'œil. Rendons nous à mon bureau et en chemin vous m’expliquerez toute cette affaire.

- D'accord, alors pour commencer c’est mon père. Il a été assassiné.

- Ah. Je suis désolé. Même si je sais que ces mots ne servent à rien.

Il me fait un sourire compatissant en me mettant une main sur l’épaule. Je lui rends un sourire triste et le remercie.

“Quand cela a-t-il eu lieu ? me demande-t-il doucement, pour ne pas me brusquer.

- Il y a trois jours.

- Comment est-il mort et comment l'avez-vous découvert ?

- Il passait souvent ses nuits dans notre bibliothèque à lire et à travailler, je l’ai découvert au petit matin en lui amenant son café. D’après l'autopsie, il a été empoisonné avec des baies de sureau.

Nous arrivons devant un très beau et très vieil immeuble, où une pancarte indiquait “Cabinet de détective de Paul X”. J’en conclus donc que nous sommes arrivés et Paul X me le confirme en me disant :

- C’est ici, vous continuerez à tout m’expliquer à l'intérieur.

Une fois entré, il tend le bras vers une chaise en face de son bureau et me propose de m’asseoir. Je m'exécute, il fait de même, prend un carnet et écrit ce que je lui avais déjà dit puis il reprend son interrogatoire :

- Alors, reprenons, donc il a été assassiné avec un poison… dans quel état était la pièce ? Y avait-il des traces d’intrusion, de lutte ?

- Non. Il y avait les documents que mon père tenait qui étaient tombés par terre quand il est… ma voix se brise et Paul X me regarde avec compassion. Je me racle la gorge et je reprends, il y avait aussi le verre de vin, celui qui contenait les baies de sureau.

- Qui lui a servi ce verre ? me demande-t-il avec véhémence.

- C’est ma mère mais, je vous vois venir ce n’est pas elle qui l’a tué, ils étaient éperdument amoureux l’un de l’autre. Elle n'aurait jamais fait ça. j’ai moi même mené ma petite enquête. Ce soir-là elle a ouvert la bouteille donc, à mon avis, le poison était déjà dedans.

-Oui c’est vrai, ça se tient, mais on ne peut pas nier que c’est louche.

- C’est vrai mais… Je ne peux pas envisager que ce soit elle.

-Je sais, murmure-t-il d'une voix douce et compatissante. Qui avait offert ou acheté cette bouteille ?

-Je suis désolée de vous dire que je n’en sais strictement rien.

-A votre avis était-il le seul menacé ou vous et votre famille aussi ?

-Vu la menace de mort que l’on a reçue hier, j'imagine que nous aussi, nous sommes menacés.

-Une menace de mort ? demanda-t-il.

-Ah, oui, c’est vrai, j’ai oublié de vous le dire, mais nous avons reçu une menace de mort hier matin.

-Que contenait-elle est qu’est-ce qu’elle disait ?

-On ne m’a pas laissé la lire.

-Ah. Qui y’a t’il dans votre famille ?

Ma mère, Lucypella Chase, ma tante et mon oncle, Rachel Leveresque et Luke Chase, ma grande soeur, Sally Chase, mes deux petits frères, des jumeaux, Connor et Travis Chase, le compagnon de ma tante, Franck Leverseque et leur fils, Louis Leverseque, mon grand-père, Tyson Chase, mon grand-oncle, Persée Chase et enfin ma grande-tante, Thalia Chase. Et oui je sais ça fait beaucoup et tout le monde vit dans la même maison. Je sais pas comment on fait pour tous rentrer, terminai-je en riant.

-Où habitez-vous ?

-Au 12 rue des libellules.

-C’est un beau quartier, commente le détective.

-Oui, je sais. J’y ai vécu toute ma vie et je ne compte pas en partir.

-Je comprends. Est-ce que vous vous doutez de la raison pour laquelle votre père est mort ?

-C’est peut-être à cause de son boulot, il était directeur d’une grande boîte.

-C’est sans doute un indice, dit-il en écrivant. Bon. Vous m’avez dit tout ce que vous savez ?

-Oui.

-Alors, ce sera tout pour aujourd’hui. Vous pouvez me donner vos coordonnées pour que je puisse vous joindre si je trouve quelque chose. Appelez moi si vous découvrez une autre information.

Je les lui donne, je me lève et je pars après un au revoir.

J’arrive chez moi et me débarrasse de mes chaussures sur le tapis de l’entrée, balance ma veste sur une chaise, pose ma sacoche sur la table et rejoins tout le monde dans le salon. Ils sont tous là, assis sur le canapé, telle une famille heureuse. Je suis si triste car je sais que ce ne sera plus jamais comme avant, sans papa, ça fait tellement vide, c’est tellement triste, ça fait tellement mal ! En plus, je sais que cette douleur durera longtemps, peut-être même pour l’éternité. Sally me remarque, me sourit et m'ouvre les bras pour me faire un câlin. Je me précipite pour me blottir dans ses bras et elle me demande :

-Alors tu as trouvé ton détective ?

Oui, Paul X, et il va nous aider.

-Tu es sûre que c’est une bonne idée ? me demande Sally en murmurant.

-Oui, Sally, c’est la meilleure chose à faire, dit maman d’une voix douce avant que je n’ai pu ouvrir la bouche.

-Dire nos problèmes à des inconnus. Je n’appelle pas çà la meilleure chose à faire, grommele tante Thalia.

-Tu préfères que l’on meurt tous les uns après les autres ? demande oncle Tyson d’une voix hargneuse. Parce que c’est ce qu’il va arriver si nous ne demandons pas de l’aide à ce détective. Tu ne trouves pas que c’est déjà bien assez que l’on aie perdu notre neveu.

-Si bien sûr. Mais on ne sait pas si ce détective est compétent.

-Paul X fait parti des cinq détectives les plus compétent de toute la France, même d’Europe, répondit-je à ma grande tante.

-Il s’appelle Paul X ce détective ? s’extasit Connor. C’est trop cool !

-C’est pas son vrai nom tu sais, chaton, essayé-je de lui faire comprendre de la façon la plus douce possible.

-Ooooooooh. c’est pas juste ! s’insurge Travis.

Vraiment ces deux là sont formidables ils sont connectés et tellement drôles.

-Eh oui, la vie est pleine de déception ! ironise Louis.

Louis, c’est mon cousin et il est franchement insupportable. Le pire c’est qu’il est dans ma classe ! Si c'était pas mon cousin je l’aurai déjà égorgé depuis longtemps. En y réfléchissant, même si c’est mon cousin ça risque d’arriver.

-Oui. Je suis d’accord. Le fait que tu existes est une grande déception. D’ailleurs je pense que ta naissance est une erreur, dis-je d’une voix totalement sérieuse.

-Heeeeeeeeeeeee ! s’écrie-t-il en me balançant un des coussin jaune moutarde du canapé.

Mais vu qu'il ne sait pas viser, il m'a ratée de dix bon centimètres. Je ne comprends pas, pourtant il a fait deux ans de volley. Même si je soupçonne qu’il y soit allé juste pour être avec sa crush parce qu’il est vraiment éclaté au sol.

-Arrêtez vous deux ! nous dispute grand-mère.

-Mais c’est elle qui a commencé ! se révolte Louis.

-C’est vrai que ce n’était pas drôle, Lyla, me réprimande ma mère.

-Si. Quand même. Un peu. Et ne m’appelle pas par ce prénom tu sais que je déteste ça.

Ma mère m’appelle comme ça parce qu’elle voulait m’appeler Lyla mais mon père, lui, voulait m’appeler Leïla. Ils ont choisi Leïla mais ma mère continue quand même à m’appeler comme ça. Mais ce n’est pas pour ça que je déteste quand elle m’appelle comme ça. C’est parce que, quand j’étais au collège j'étais harcelée par une fille se nommant Lyla et ses sbires. Mais ça, ma mère ne le sait pas. Et c’est mieux comme ça. Je déteste que l’on s’inquiète pour moi.

-Bon. Il va faire quoi notre détective ? il ne nous rendra pas notre Magnus. demande mamie d’une voix triste car, oui, ça ne me rendra pas mon père mais au moins ça permettra de ne pas perdre encore quelqu’un qu’on aime.

-Il va nous protéger et il va découvrir qui est le coupable pour qu’il subisse les conséquences de ses actes, murmurai-je pour lui répondre.

-Parce qu’on est en danger ? demande Connor.

Il y a un gros blanc. L'expression de Connor était si triste, si suppliante. Ça me fait mal de les voir ainsi. Ils n’ont plus de père et maintenant ils découvrent qu’ils vont peut-être perdre un autre membre de leur famille ou même eux-mêmes mourir. Personne n’ose détromper ou confirmer leurs dires. Nous changeons de sujet. Mais, même si l’on parle de choses légères, l'atmosphère reste lourde. Je soupire intérieurement. On est dimanche et demain il y a école. J’ai des émotions contradictoires, car, même si j’ai hâte de retrouver Gwen, Tom et les autres, ce lieu oppressant où tout le monde est gêné en me regardant car ils n’arrivent pas à me comprendre ne m'avait pas manqué.

Chapitre 2 Un jour d'école presque comme les autres

Il est 7h30, mon réveil a sonné il y a 1h de cette horrible sonnerie que tous les lycéens redoutent. Je me suis levée avec mauvaise humeur, je me suis habillée en soupirant, puis je suis descendue déjeuner à la cuisine. J'y ai trouvé sans surprise Tigrou, notre chat, assis à ma place, je lui ai donné des croquettes et il est remonté se coucher dans mon lit. Je le cache bien mais je suis jalouse de ce chat, toujours à être cajolé, à avoir à manger et à dormir et tout ça sans aller à l’école. Aaaaaah, la vie de chat est la meilleure des vies. Je petit-déjeune, je prends mon temps, car manger, enfin la nourriture en général, c’est sacré. Il y a 30 minutes je suis remontée réveiller les trois loirs, enfin, deux adorables petits loirs et un énorme et vieux loir qui ronfle. En clair, un début de matinée normal et totalement acceptable. Mais ça c’était le tout début. Ca a rapidement dégénéré, car, d’accord en été il fait chaud, c’est agréable et tout le blabla. Mais le matin quand il a plu toute la nuit mais qu’il fait chaud c’est insupportable. C’est comme ça que je me suis retrouvée sous un arrêt de bus dans cette atmosphère étouffante avec un insupportable cousin qui, visiblement, avait oublié de se laver les dents et de se changer depuis au moins une semaine, en attendant un bus qui ne passait pas. Le matin je suis rapidement énervée mais là je suis dans une rage folle. Je suis sûre que s’il passe je vais l’étrangler cet idiot de chauffeur ! Il me fait perdre de précieuses minutes avec les personnes que j’aime le plus au monde. Donc, il est 7h30 et le bus est en retard de 10 minutes. Au final je le vois qui arrive avec 15 minutes de retard et je n’ai pas égorgé le chauffeur mais, quand je me laisse tomber à côté de Gwen, elle me charrie :

-T’es de bonne humeur toi aujourd’hui dit donc !

Je lui réponds d’un grognement sourd.

-Prête pour l’interro d’histoire ?

Nouveau grognement. Je ne veux pas faire cette foutue interro. En plus le prof est horrible. Pourquoi le prof habituel n'est pas là !!! C’est le meilleur ! Celui-là est ennuyeux, il lit ses notes de façon ennuyeuse et il raconte sa vie ! Vivement que monsieur Schindler revienne !!!!!!!!!

-T’es en colère parce que tu rates de précieux moments avec ton petit namoureux ??? demande Gwen de façon innocente.

-Ah la ferme toi !!! m’exclamai-je en la frappant.

-Aie. Tu m’as fait mal ! se plaint-elle en faisant semblant de pleurer mais en cachant très mal ses gloussements.

Je boude pendant tout le reste du chemin. Gwen est une super meilleure amie mais elle peut être insupportable. Surtout quand on parle de Thomas. Soit elle est jalouse que je sois en couple, soit elle est jalouse de Thomas parce que je passe beaucoup de temps avec lui. Thomas, c’est mon copain. Il est gentil, attentionné et j’ai mis longtemps, mais quand je dis longtemps je veux dire 3 ans, à me rendre compte qu’il était amoureux de moi. Je sais je suis pas douée, surtout en amour.

On est devant le portail et je vois Tom. Il vient vers nous en trottinant et dit.

-Gwen t’as cassé ma Leïl’ ! Tu as éteint le bouton “bonne humeur”.

Pour toute réponse je lui tire la langue et on éclate tous les trois de rire. On se rend à notre arbre où on passe toutes nos récrés, tous nos midis, tous nos matins… et on s'assoit. Là, ils me demandent comment ça s’est passé avec le détective que je devais aller voir et je leur raconte tout.

-Comment tu peux être sûre que c’est un vrai détective ? demande Gwen (elle est parano).

-Pourquoi ce ne serait pas un vrai ? s'étonne Tom.

-Bah, je sais pas ça pourrait être le criminel qui veut des infos ou un simple imposteur ! s’écrit Gwen.

-Nan. c’est pas un imposteur, regardez. je leur montre sa page web. C’est un des 5 plus grands détectives d’Europe. Il est connu et compétent.

-Mouais, tu as peut-être raison, dit Gwen peu convaincue.

-Peut-être ? insiste-je.

-Oui. Bon. Ça va. T’as raison. Contente ?

-Hhhhhhhhm, oui, dis-je plutôt satisfaite mais en cachant mal mon rire.

-Du coup tu comptes faire quoi ? Attendre que le détective fasse tout à ta place ? C’est pas ton genre, me demande Tom.

Je grimace. Il me connaît beaucoup trop bien c’t’idiot. Je dis pas que je n’aime pas ça, bien au contraire, moi aussi je le connaît mieux que personne, mais pour ça… Parce que oui, je ne comptais pas rester sans rien faire en attendant que Paul X fasse tout pour moi. Je voulais faire ma propre enquête et me venger. Je suis pas incompétente et avec mes sept ans d'escrime, mes cinq ans de judo et mes deux ans de self défense je sais assez me défendre pour savoir me battre contre quelqu’un de compétent et je suis prête à tout pour sauver ma famille et me venger. Mais je ne veux pas les impliquer dans cette histoire. Ils pourraient être blessés par ma faute et je ne supporterais pas. Je vais tout nier en bloc. Je sais que je vais m’en vouloir mais c'est la meilleure solution. Ils m’en voudront sûrement mais je pourrais le supporter alors que l’autre solution… Je préfère ne pas y penser.

-Leïla, si tu prévois de faire quelque chose il faut que tu nous le dise. Tu peux pas y aller tête baissée, toute seule. Tu risquerais de te faire tuer.

-Nan, t’inquiète je vais laisser faire les professionnels, dis-je avec un sourire vachement forcé.

Ça me faisait vraiment mal de leur mentir. Ça me déchirait le cœur. Gwen me regarde en fronçant les sourcils je lui sourit du sourire le plus naturel possible. Elle me croit pas mais je vais tout faire pour. Je ne veux pas qu’elle soit blessée. Elle ouvre la bouche mais au même moment la sonnerie retentit et tout le monde se dirige vers sa classe et l’on fait de même.

Je suis dans le bureau de mon père pour chercher des indices. Je me sens un peu coupable de fouiller dans ses affaires mais c’est pour la bonne cause. Je peste contre mon père d’avoir fait toutes ces collections. Il y a tellement de trucs que je ne sais pas où donner de la tête. Je suis très mal à l’aise, j’ai l'impression d’être observée. Je me retourne regarde à droite, à gauche, derrière la porte… rien. Je soupire : je suis vraiment parano. Finalement, je n’aie pas trouvé d’indices et je me prépare à aller à mon cours d’escrime.

C’est le soir, je viens de finir mon dur lundi. Allez, plus que trois semaines d’école et on est en vacances. Je reviens de mon cours d'escrime comme tous les lundis et jeudi soirs. J’adore l’escrime, cette excitation juvénile à chaque action, ces attaques toutes plus folles les unes que les autres, étudier son adversaire comme si on sondait son âme, ces balestras, ces dégagements, ces feintes, ces parades… extraordinaire. Étrangement, ça me calme. J’ai une sensation de bien-être là-bas qui est super. En plus, j’ai tellement d’amis dans ce cours. J’y suis bien.

Il fait noir, je suis mal à l’aise et j’ai un mauvais préssentiment. Je me sens suivie et je me retourne. La peur me fait crisper tous mes muscles, je suis tétanisée. Une grande silhouette me regarde à quelques mètres. Normalement je suis la seule qui prenne cette route à cette heure. Je recule de quelques pas et il s’avance, je me retourne, je cours et je tourne au croisement le plus proche et je tourne la tête. Il est toujours derrière moi et il a accéléré. Il va clairement plus vite que moi. Je retourne de nouveau la tête, il a gagné plusieurs mètres mais, le plus inquiétant, c’est qu’il a sorti un long couteau argenté où la lumière de la lune se reflète. La maison de Tom est la plus proche mais je ne veux pas le conduire à lui. Je tourne la tête à nouveau, et là, c’est l’effroi, il est à deux mètres. Je sais que je n’arriverai pas à le semer. Je m'arrête brusquement et me décide à l’affronter, j’ai de grandes chances de perdre mais au moins j’aurais coulé une belle vie. Il me plante le couteau dans le ventre, je me dégage recule de quelques pas, il s’élance pour de nouveau me blesser et je lui balance un coup de genou à l’entrejambe. C’est la meilleure chose à faire quand vous vous faîtes agresser sur un homme comme sur une femme, ça à beau faire moins mal c’est quand même efficace. Je pars ensuite en courant pour me cacher un temps avant de me rendre chez Tom. Je regarde ma blessure, elle a beau être profonde elle est propre et la douleur est supportable. Je veux prendre les bandages que j’ai toujours dans mon sac d’escrime mais il n’est plus là. J’ai dû le perdre dans ma course. Je me maudis intérieurement, il n’y avait rien d’important dans ce sac mais il faut absolument stopper le saignement. Je déchire donc la manche de mon T-shirt et m’en fais un bandage en vitesse. J’ai maintenant tout mon temps pour réfléchir à ce qu’il s’était passé. Je n’imaginais pas que l’on m’attaquerait si vite, ça veut dire qu’il ou elle ou eux a ou ont remarqué que je faisais des recherches sur le meurtre et ça veut aussi dire que Tom et Gwen sont en danger. Aaah, ça m’énerve, j’aurais dû y penser plus tôt. De toute façon, même si je ne vais plus avec eux, l'assassin les connaît sans doute déjà et ils seront tout de même en danger. Je demanderai quoi faire à Paul X demain. Le plus important est de me rendre chez Thomas, d’ailleurs j’écoute attentivement si mon agresseur est toujours là. Je n’entends rien et même, cette fois je suis préparée. Je me redresse pour sortir de ma cachette. Personne. Je soupire de soulagement et je cours vers la maison de Thomas à quelques dizaines de mètres de là. J'y arrive et je regarde derrière moi pour voir s' il n'y a toujours personne. Non, toujours rien. Je sonne avec appréhension de la réaction qu'il aura quand il me verra pleine de sang. Il va s'inquiéter et ça va m'énerver. Le bruit de la clé dans la serrure me fait sortir de mes pensées. Il ouvre la porte et il ne faut qu'un seul regard pour qu'il comprenne tout. Il me prend dans ses bras et je craque, je pleure comme je n’ai jamais pleuré. Il me caresse mes long cheveux noirs en me murmurant des mots rassurants et il dit à sa mère d'appeler les urgences. Au bout de deux ou trois minutes j'arrête de pleurer et je le regarde. Je plonge mes yeux dans son beau regard couleur noisette en quête de réconfort. Il me demande :

-Ça va ? Qu’est ce qui s’est passé ?

Je lui raconte tout sans oublier un détail.

-Tu devrais prévenir tes parents. me conseille-t-il d’une voix grave.

-Je peux pas juste leur dire que je dors chez toi ? me plains-je.

-Ils sont concernés aussi, ils doivent savoir.

-Ouais, t’as raison, je soupire.

Je sors mon téléphone et grimace, 19 appels manqués et 37 messages non lus. Je me replains à Tom.

-Tu peux pas le faire toi ?

Il secoue la tête. Je soupire, encore. Je vais dans “appels” et appuie sur la dernière personne qui m’a appelé. Et me*de, c’est Louis ! J’aurais dû regarder avant d’appeler ! J'appréhende le moment où il va décrocher en me mordant la lèvre inférieure. Ca y'est, il décroche, et il hurle :

-Puta*n, t’es où ?! Qu’est ce que tu fais ?! Ça va ?! On était mort d’inquiétude !!!

-Alors pour commencer je vais bien, je fais une pose en regardant ma blessure et je reprends, ouais, ouais, j’vais bien.

-Ouf !

J’entends un soupir de soulagement. Tom me regarde d’un air désespéré et me prends le téléphone des mains. Il me contredit :

-Non, elle ne va pas bien.

-Si je vais bien !! hurle-je en me relevant d’un coup.

Seul problème, ma blessure n’a pas supporté ce geste brusque et je pousse une plainte de douleur en plaquant mes mains sur la blessure. Plainte qui est suivie par des cris d’inquiétude de Tom et du téléphone, car Louis avait dû mettre son téléphone en haut parleur. La douleur est tellement insupportable que je suis à deux doigts de m’évanouir. Tom me prend dans ses bras et me ramène au sol en disant de la façon où il y a le plus de risques que ma famille prenne ça mal et s’inquiète vraiment beaucoup :

-Elle s’est faite plantée par ce c*nnard d’assassin !!!

Après cette phrase c’est le noir complet dans mon esprit.

Chapitre 3 Le malheur de l'hôpital

Je me réveille dans une chambre d’hôpital. Je vois ma mère. Elle me fait un sourire et me dit en me caressant le front :

-Chut, chut. Rendors-toi mon bébé. Il n’est pas encore temps.

Je me rendors.

Je me réveille à nouveau dans cette chambre d’hôpital inondée d’une lumière qui me fait cligner des yeux pour m'y acclimater. Je regarde autour de moi, je suis entourée de ma famille. Rassurée, je me rendors, encore.

Cette fois ci, je me réveille pour de bon, la pièce est vide à part le lit où je suis installée, cinq ou six chaises, avec sur une, Tom, endormi dans une position qui à l’air très inconfortable : la tête posée sur l’un de ses bras qui est posé à côté de moi sur le lit, l’autre bras posé sur mes jambes. Je soupire d’extase. il est tellement mignon. Je regarde plus attentivement autour de moi, je vois des tuyaux, qui doivent m’apporter du sang, de l’eau, des vitamines, etc. J’en profite pour regarder ma blessure. Elle est entourée de bandages et elle ne me fait presque plus mal. Je caresse les cheveux bouclés et soyeux de mon mignon petit Thomas et le regarde avec douceur. Il serait presque aussi mignon que mes frères. Je vois un téléphone sur la table de nuit. C’est celui de Louis.

Je le prends et l’allume pour regarder l’heure et le jour. Il est 13h24 et on est le 12 juin. Ça fait 2 jours que je suis ici. Je comprends aussi que, vu qu’on est mercredi, Tom a fini les cours il y a 1h. Les jumeaux et Gwen aussi mais ils ne sont pas là. J’entends des voix dans le couloir et sursaute en reconnaissant Tante Thalia et Oncle Luke. Je ne peux pas comprendre ce qu’ils disent mais je reconnais leurs voix. Tout à coup, la poignée de ma porte se baisse et la porte s'ouvre sur Sally et Louis qui, bouche bée, me regardent. Sally ouvre la bouche. Je mets mon index sur mes lèvres et je montre Tom. Elle hoche la tête et me prend dans ses bras. Ma grande soeur chérie me murmure à l’oreille :

-Ça va ?

-Ouais, ça fait pas mal.

Elle hausse les sourcils et je lui assure :

-Non mais c’est vrai ! J’ai presque plus mal ! Je vais super bien ! Je te le jure !

Tom grogne dans son sommeil et je me tais immédiatement et me plaque la main sur la bouche. Sally le regarde avec beaucoup plus de tendresse et de respect qu’avant. Parce qu’elle ne l’aimait pas beaucoup. Elle chuchote d’une voix très douce :

-Il a passé ces deux jours à te veiller. On était tous tellement inquiets.

Je la regarde d’un air désolé et elle me caresse les cheveux.

-Je t’aime grande sœur.

-Je sais. Moi aussi je t’aime.

On s’enlace et je fais signe à Louis de nous rejoindre. Il a des cernes énormes et un air inquiet. Cet air lui donne une expression mature et fraternelle. Je l’aime beaucoup même s’il est embêtant et bizarre. Je ne l'avouerai jamais. Je lui tends le bras pour qu’il vienne et on s’enlace. je les aime tellement, même s’ils peuvent être très embêtants. Si cet abruti d’assassin touche à l’un de leurs cheveux, je le découpe en morceaux.

Ça fait une semaine que je suis ici, maman travaille en tant qu’infirmière dans cet hôpital, donc elle me rend souvent visite. J’ai passé beaucoup de temps seule et j’ai pu beaucoup réfléchir. Je me suis rendue compte que c'était impossible de découvrir le meurtrier toute seule. Sally est contre toutes mes idées et est contre Paul X, Paul X qui est venu m'interroger d’ailleurs. Ça m'énerve beaucoup de devoir justifier le moindre de mes propos avec elle. Elle ne veut pas comprendre qu’on est en danger. Elle a trop peur. Je ne comprends pas comment elle fait pour survivre dans ce monde de chiens en ayant cette mentalité. En pensant que tout le monde est gentil, que tout le monde est heureux, que l’amour règle tous les problèmes… Cette positivité qui ne sert à rien. Qui nous fait souffrir encore plus quand on comprend que… c’est impossible… Moi, au moins, je suis réaliste, je sais que ce monde n’est que malheur et douleur. Je sais qu’il faut souffrir pour finir heureux, je sais qu’il faut cacher ses émotions ou finir par s’y perdre, je sais que la loi du plus fort est la règle dans cet univers de souffrance et je sais qu’il faut savoir s’entourer des bonnes personnes au risque qu’elles vous trahissent. Je sais que c’est triste mais c’est vrai. ma soeur ne fait que me rabâcher que je suis négative et c’est vrai aussi, négative mais réaliste. Je parais souvent raleuse et énervée, c’est vrai qu’il arrive que je le sois mais, je ne suis pas vraiment comme ça, enfin, même moi je ne connais pas mes émotions, c’est un masse informe au milieu de moi que j’ai appris à cacher. J’ai même passé trop de temps à réfléchir, j’ai noté chaque détail qui m'avait frappé, chaque hypothèse qui m’a traversé l’esprit, chaque question que je me posais… Tout ça pour que mon esprit soit de plus en plus embrouillé. Au moins, j’ai des choses à dire à Paul X et l’enquête avance. Je soupire, la solitude me pèse. Les jumeaux, Tom, Gwen, Sally… et même LOUIS !!! Ils me manquent. J’en ai marre ! C’est long, je m’ennuie. Même la perm est moins ennuyante que ça !!! J’ai même plus mon téléphone parce qu’il s’est cassé lors du regrettable incident !!! (Le regrettable incident c’est comme ça que l’appelle ma mère devant les jumeaux.) Mon tel me manque. J’ai même plus mal alors pourquoi je reste ici ? Hein ? Pourquoi ? Je balance un truc qui était sur le lit, une peluche que mon oncle m’avait offert, signe de mon grand mécontentement. Je lève la tête et là à mon grand malheur vient s’ajouter la personne qui se tenait adossée sur le pas de la porte avec un sourire narcois idiot. Je fusille mon très cher cousin du regard. En fait, il ne me manquait pas, lui. Du coup je lui demande avec mon air le plus supérieur possible :

-Vous n’êtes pas en cours, jeune homme ?

-Très drôle. Nan, le prof a trouvé bon de ne pas nous prévenir qu’il n’était pas là. Ah, et Mlle Douce m’a demandé de prendre de tes nouvelles, elle s’inquiète et elle a dit que ce serait gentil que l’on t’offre une carte de bon rétablissement où un truc comme ça et j’ai été chargé de te donner la lettre, dit-il en me tendant une joli enveloppe avec un ruban bleu sur le dessus.

Mlle Douce est, comme son nom l’indique, très douce. C’est notre professeur d’Anglais et aussi notre prof principal. Elle est formidable autant dans l’apprentissage de sa matière que dans ses interventions dans la classe. C’est la meilleure prof du monde.

J’ouvre la lettre et, d’émotion, la lâche. Tous ces mots gentils se déversent dans mon esprit et chassent les mauvaises humeurs. Je souris, l’excuse de l’accident de vélo à très bien marchée, on a dû inventer une excuse pour ne pas attirer l'attention sur nous. Les trois seules personnes au courant dans la classe sont Louis, Tom et Gwen. L'accident de vélo était la chose la plus probable. Même si maintenant je passe pour une grosse empotée qui ne sait pas faire du vélo. Je demande à Louis de m'apporter du papier et un stylo, c’est l’avantage d’être blessée, tu te fais servir. j’écris une courte lettre et je fais quelque chose que je n’aurais jamais fais quelques mois auparavant, j’ai donné la lettre à Louis pour qu’il me donne son avis. Il me regarde, surpris, je lui souris et il me prend la lettre, la lis et hoche la tête. Il me dit :

-Parfait.

-Merci, j’ai un talent pour ça.

-Pour quoi ?

-Pour mentir, je lui dit ça avec un clin d'œil et un sourire triste.

On passe le reste de l’après-midi à discuter, notre complicité n’a jamais été aussi forte depuis nos naissances. Après une ou deux heures, il doit partir parce qu’il a des devoirs à faire et je me retrouve de nouveau toute seule. Maman est en pleine opération, j'espère que ça se passe bien. Elle est toujours très perturbée quand elle fait des opérations avec des enjeux de vie et de mort. C’était toujours papa qui la rassurait et la calmait, ça la rendait sereine et elle était plus compétente. Maintenant elle stresse comme pas possible et elle se sent mal. Ce matin, ses mains tremblaient tellement ça m’a vraiment attristé. Tout est différent, je le vois encore plus maintenant que papa est… parti. Je déteste cet endroit, ça respire la mort, le désespoir et la douleur. Ça me rend dépressive. J’ai un nouveau téléphone, au moins, avec, je m’ennuie un peu moins. Le problème c’est que quand les gens sont là je suis énervée et embêtante mais quand ils ne sont pas là ils me manquent. Ça m'énerve, je ne suis pas sociable. Mais je suis hautaine, susceptible, colérique,... bref, que des qualités ! Mais les gens que j’aime savent que quand je les aime vraiment, je ne les abandonnerai jamais, je les soutiendrai, et les aiderai jusqu’à la fin. Je regarde l’heure, il est 14h55. Paul X arrive dans 10 minutes. La dernière fois qu’il est venu, il n’y a que moi qui ai parlé, il ne m'a pas fait part de ses déductions. Il fonctionne comme ça, Paul X. Il prend rendez-vous pour qu’on lui raconte et il en reprend un, un ou deux jours après, pour nous faire part des choses qu’il a conclues. Il a besoin de temps pour laisser cogiter et réfléchir, ça montre son sérieux. Je n’ai pas vu le temps passer. Il est déjà 14h59. Le détective va arriver d’une minute à l’autre. J’entends toquer à ma porte, ça doit-être lui. Je lui dit d’entrer et il ouvre la porte. Comme d’habitude, il rentre direct dans le vif du sujet. Pas un bonjour ni rien, ce petit impertinent ne connaît pas la politesse. Pourtant, quand je l’ai rencontré je n’aurai pas douté qu’il avait ces manières. Il m’adresse quand même un signe de tête avant de dire :

-Je ne pense pas que celui qui vous a agressé est le meurtrier.

-Hein ?

L'incompréhension qui devait se lire sur mon visage devait être iconique.

-Ce n’est pas logique ! S' il veut de l’argent il doit être proche de vous car il n’a rien volé. Ce doit être un collègue, un ami ou même une personne de votre famille. Il a sans doute récupéré de l’argent après sa mort et il a pu engager un tueur à gage pour vous tuer, soit pour effacer une menace, soit pour récupérer encore plus d’argent. Si c’est la deuxième proposition c’est plus inquiétant parce qu’il va commencer par vous, vos frères, votre sœur et votre mère. Après il se dirigera vers vos oncles, tantes et cousins, et enfin vers vos grand-mères, grand-pères, grand-oncles et grandes-tantes. Donc il faut protéger, vos frères, votre sœur et votre mère en particulier. Parce que vous, a priori, vous savez vous défendre.

-Oui. Je commence à comprendre votre théorie mais comment pouvez-vous savoir que ce n’est pas lui qui m’a planté ?

-J’allais y venir. Il a tué votre père en l’empoisonnant, alors que vous, on vous a planté. S’il a empoisonné votre père, ce qui n’est pas la façon la plus discrète de tuer quelqu’un, il aurait très bien pu le planter aussi. A mon avis, il n’a pas le physique de planter quoi que ce soit. Il a donc dû engager un tueur à gage ou un mercenaire.

-Ça se tient, je dis ça en hochant la tête.

-Et laissez vos amis vous aider. Ils m’ont dit qu’ils vous connaissent assez pour savoir que vous allez mener votre enquête et vous venger, seule. Mais laissez les vous aider, de toute façon, à mon avis, le tueur a fait des recherches et ils sont en danger. Et vous, vous allez vous faire tuer si vous y allez toute seule. Vous savez vous battre mais ils sont armés et vous aurez besoin d’aide.

-Je sais. J’ai beaucoup réfléchi ici.

Il hoche la tête et dit :

-bon je vous ai dit toutes les déductions que j’ai faites.

-D’accord. Je vous aurais bien raccompagné mais… je montre mon ventre.

Il rigole.

-bien sûr. Au revoir, mademoiselle.

-Au revoir Paul X.

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