Que la vie est ennuyeuse. Tous les jours, c'est la même routine : levé, travail, mangé, encore travail, mangé à nouveau et couché. Rien de nouveau sous le soleil. Ma vie n'a pourtant pas toujours été aussi monotone. Il y a eu une époque où j'ai ri, ri aux éclats, plaisanté, chanté en chœur, pleuré de bonheur, frissonné de peur ( trop swag, les rimes ), aimé... Aujourd'hui, la seule chose qui me fait frissonner, c'est les cris incessants de mon propriétaire lorsqu'il vient récupérer un loyer que je n'ai même pas. Comment en suis-je arrivée là ? Je ne sais pas trop, je ne sais plus très bien. Ça s'est fait petit à petit depuis qu'Il est parti... Je ne me suis même pas rendu compte que tout était en train de changer, en fait, c'est peut-être être que c'est moi qui ai trop changé. Peut-être...

Quelques années plus tôt...

Je fredonnais joyeusement le rythme d'une chanson que je trouvais très belle de par le sens de ses paroles.

_ c'est beau, ce que tu fredonnes, me dit Sakura qui marchais à côté de moi, c'est de qui ?

_ de Halcali. Le titre, c'est ' long kiss, goodbye '

_ de quoi ça parle ?,me demanda-t-elle encore

_ c'est une fille qui est tombée amoureuse d'un garçon qu'elle trouvait trop banal. Et elle souhaite le revoir

_ c'est romanti~que, dit-elle encore, ses deux mains sur sa poitrine, c'est quoi le titre déjà ?

_ long kiss, goodbye. Je te l'enverrai si tu veux

_ mais trop ! Tu me la chantes ?_ hein !?, rétorquai-je, peu sûre de moi, tu sais bien que le chant, c'est pas mon truc

_ allez !!! Rien que le refrain..., me supplia-t'elle

_ Arrête avec cette tête, tu sais que je ne changerai pas d'avis.

À cet instant, nous entendons un cri qui semble être un cri de douleur. Devant nous se déroule une scène digne d'un comics : un garçon est en train de passer des voyous à tabac.

_ ça sent pas bon du tout, faut pas qu'on reste là, Rinne, me dit Sakura, apeurée, viens. Allons nous-en avant qu'il nous remarque !

_ oh? Sans m'en rendre compte, j'étais en train de courir derrière Sakura qui me tirait par la main. Je regarderais pour voir le garçon s'essuyer les mains. J'ai rêvé ou... est-ce que nos regards ce sont croisés ? J'ai dû rêver parce que je le vois qui s'en va déjà dans l'autre sens.

En prenant un autre chemin, un peu plus long que celui que nous empruntons d'habitude, nous arrivons tant bien que mal à être à l'heure au lycée et nous reprenons notre souffle seulement quand nous atteignons le couloir du rez-de-chaussée.

_qu'est-ce qui t'a * inspire * pris ?, demandai-je en reprenant mon souffle

_t'as vu comme moi ! Ce garçon a mit K.O toute une bande de voyous à lui tout seul. J'ose même pas imaginer ce qu'il nous serait arrivé s'il nous avait vues

_ en fait, je crois qu'il nous a potentiellement vues, mais ça, t'as pas besoin de le savoir... * Soupir * il avait le même uniforme que nous, t'as remarqué ? Tu crois que ça pourrait être...

_ c'est lui, tu crois ? Perso ça m'étonnerait pas. Il avait la parfaite dégaine d'un délinquant. En tout cas, moi je dis que c'est un vrai malade mental. J'espère qu'on aura plus jamais à le croiser, dit-elle avec un air de soulagement évident sur le visage

_ mouais, c'est sûr qu'en étant dans la même école, on a aucune chance de le croiser, pensais-je. N'y pensons plus, les cours vont bientôt commencer.

Les cours de l'avant midi passent plutôt vite, comme d'habitude lorsque notre voisine de table s'appelle Sakura. Une malade, cette fille ! Elle m'a bien fait rire en faisant de l'acting sur les professeurs pendant qu'ils avaient le dos tourné. On a bien failli se prendre une exclusion. Un peu avant la fin de la pause de midi, Sakura viens me raconter ce qu'elle vient d'apprendre.

_ Une fille de la 5-b m'a raconté que l'élève à problème de sa classe n'était pas venu en cours aujourd'hui. Àskip, le directeur et leur prof principal ont dit que ' le délinquant a encore fait l'école buissonnière et qu'il risquait de très gros ennuis s'il ne changeait pas de comportement ', me dit Sakura en faisant des guillemets sur la fin.

_ c'était donc vraiment lui...

Sakura ne me répond pas, elle me regarde simplement d'un air grave.

_ c'est pas pour te faire peur, je disais ça pour moi hein..., essayais-je de la rassurer.

_ ...

_ fais pas cette tête, tiens, si tu veux, j'attendrai que tu finisses tes activités de club pour qu'on rentre ensemble

_ c'est bon, pas la peine, me sourit-elle, c'est pas un petit délinquant de rien du tout qui va me faire peur !

Je baisse la tête, pousse un profond soupir puis la relève finalement.

_ ouf... J'ai cru que tu allais encore me supplier de passer la nuit chez moi !, la taquinais-je

_ hey! Je suis pas aussi peureuse

_ si

_ ...

Après un instant à nous regarder, nous explosons toutes les deux de rire. À la sortie, je rentre seule. Je m'arrête à Cet endroit et me remémore la scène de ce matin. C'était la première fois que je voyais un truc comme ça en vrai.

_ on se croirait dans un comics, murmurais-je à moi-même, sauf que là, c'était la réalité, et c'était beaucoup plus flippant. Maintenant que j'y pense, Sakura a dit qu'il n'était pas allé en cours. Ça veut dire qu'il est peut-être encore dans les parages...

Je cesse de respirer un instant. J'ai un mauvais pressentiment. L'air devient soudainement plus lourd. La rue est déserte, c'est donc le silence total. Quoi que... à mieux prêter l'oreille, j'entend quelque chose. Quelque chose qui se rapproche : des pas. Mon pressentiment se confirme lorsque je me retourne. Il est là. Le délinquant. Et il vient vers moi, non en fait il Court carrément vers moi ! Je regarde de gauche à droite, je panique. Qu'est-ce que je fais ? Je dois réfléchir, non, pas réfléchir, je dois bouger de là. Oui mais à gauche ou à droite ? Bon sang, déguerpis !

Je ferme les yeux, comme si, je sais pas, un miracle aurait pu se produire, n'importe quoi, peut-être une téléportation.

Je sens un courant d'air passer à côté de moi : il vient de me dépasser. J'ouvre les yeux. J'aurai pas dû !! Y a une bande d'enragés qui foncent dans ma direction ! D'un coup, je sens qu'on me tire par la main, je suis en train de courir.

_ bordel, mais qu'est-ce qui se passe !!??, criais-je à l'attention du garçon qui vient tout juste de m'emporter dans sa course poursuite. Aucune réponse. Le garçon me tient toujours la main et m'entraîne dans une ruelle, puis tourne dans une autre, puis encore une autre. Il me tire ensuite vers un coin sombre...