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Romance Chassée Croisée

I. PDV SAORI

_Mary, que veut dire tout ça ? Depuis quand tout ceci a été décidé ? Et sans m'en parler ?

Ma nourrice leva la tête avant de m'interroger, interloquée...

Mary_De quoi parles-tu, ma chérie ?

_Tu le sais très bien. Qu'est-ce que c'est que cette histoire de mariage ? Et pourquoi on ne m'a rien dit ?

Mary_Mais... ma petite chérie... qui a parlé de mariage ?

_Pourquoi tu fais semblant de ne pas savoir ? Pourquoi tu me ments, Mary ? Je croyais que je pouvais te faire confiance...

C'est ainsi que je quittais la chambre de ma nourrice sans un regard en arrière malgré les appels incessants de celle-ci.

_Ça ne va pas se passer comme ça !, décidais-je en entrant dans ma chambre.

Je me dépêchais de prendre un sac qui était sur ma commode et d'y fourer quelques affaires, vêtements ainsi que mes minces économies. J'avais entendu père parler avec ce vieil homme. Je n'avais pas compris tous les détails mais j'avais pû discerner qu'il voulait me donner en mariage à cet homme. Et je n'allais sûrement pas me laisser faire. Père était une forte tête, je savais qu'une fois sa décision prise, rien ni personne ne pouvait l'en dissuader.

Mais il oubliait que j'étais aussi têtue qu'il n'était déterminé... et bien décidée à prendre mon avenir en main. J'embrassais le médaillon de ma mère que je portais autour du cou , puis prenais lentement mais sûrement la direction de la sortie, évitant soigneusement les gardes tout au long du chemin. J'étais arrivée à la grille d'entrée quand je fus saisie pas quatre grandes mains et traînée vers une pièce que je ne connaissais que trop bien.

_Père !

mon père _Où comptais-tu aller sans m'en avertir ?

_Le plus loin possible de cet endroit.

mon père _Et faire tomber tous mes plans à l'eau par la même occasion ?

_Exactement !, criais-je avant de sentir quelque chose sur ma joue gauche qui devint soudain brûlante. Je me rendais compte avec retard de ce qui venait de se passer. Ce n'était pas la première fois que père me giflait, certes, mais cela me faisait me sentir toujours aussi misérable.

mon père _ Tu oses me répondre, petite impertinente !? Que les choses soient bien claires : tu vas te marier dans peu de temps, alors obtempère ou tu risques de le regretter amèrement.

_Pourquoi ?, arrivais-je à articuler malgré les larmes qui déferlaient sur mes joues dont l'une était à présent devenue rouge de douleur. Que gagnez-vous en me privant de ma liberté ?

mon père _Contentes-toi d'obéir sans poser de question, cela vaudrait mieux pour toi. À partir de maintenant, comportes-toi comme la jeune femme que tu te dois d'être et laisse les servantes s'occuper de toi. Tu dois être présentable pour ton départ.

_père..., tentais-je une dernière fois.

mon père _ Tu n'as pas le droit de protester ou de me désobéir. Après tout ce que j'ai fait pour toi jusqu'ici, considère ceci comme une compensation pour toutes ces années ou j'ai supporté le boulet que tu es.

vieil homme _Nous n'avons pas le temps de la rendre présentable, nous allons devoir y aller sur le champ, dit l'homme qui était resté silencieux jusque là en me regardant avec d'un air blasé, peut-être empreint d'une certaine pitié, ou de l'ennui peut-être.

mon père _Bien, faites donc ! Ne me cause pas de honte et ne fais rien de scandaleux, dit-il sans m'accorder un regard.

Ce furent les dernières paroles que m'adressa mon père avant de me laisser entre les mains de mon nouveau ' propriétaire ', du moins, c'est ce que je me suis dit à ce moment-là. C'est ainsi que moi, Saori Takajo, 17 ans seulement et encore au lycée, je dû dire adieu à ma liberté ET à mon célibat par la même occasion, afin de devenir l'épouse ( peut-être même la maîtresse, qui sait ) d'un parfait inconnu. Pour quelle raison ? Ça, je ne le savais pas encore...

II. PDV SAORI

Après un long trajet de plusieurs kilomètres en voiture d'abord puis en train, nous étions arrivés dans une ville qui m'était inconnue. Mais en tout cas, nous étions toujours à Orlando. Le trajet s'était fait en silence et, encore abasourdie par ce qui m'arrivait, je n'avais pû poser aucune question sur mon sort ni sur l'endroit où l'on allait. À peine descendus du train, une autre voiture nous attendait déjà, sûrement pour nous conduire à notre destination finale.

_ Encore une voiture ? Oh non, je vais vomir...

Vieil homme

_ Encore un effort, mademoiselle, ce trajet sera le dernier, daigna enfin dire mon compagnon de voyage.

Contrairement à ce que je pensais, l'homme n'avait à aucun moment tenté d'établir un quelconque contact physique entre nous, ce qui me faisait me poser des questions. C'était bizarre qu'il ' demande ma main ' et ne tente rien et, limite, essaie de rester le plus loin possible de moi. Je n'étais tout de même pas si indésirable, même pas du tout, pensais-je .

Nous arrivions enfin devant un immense portail qui s'ouvrit sur un immense terrain. Et une centaine de mètres plus loin se trouvait ' enfin ' ce que je qualifierais d'un immense manoir. Le manoir de père était déjà très grand, pensais-je, mais celui-ci était au moins trois fois plus grand. Y'avait de quoi se perdre en voulant aller de sa chambre à la cuisine.

À peine étais-je entrée dans le grand salon, rectification, Grand avec un grand G, que je remarquais que des gens, sûrement des domestiques, me dévisageaint bizarrement. J'avais l'impression d'être un poisson rare au milieu d'étoiles de mer séchées au soleil. Je sais, aucun rapport, je tenais juste à le dire.

vieil homme _ Prenez place, je vous prie. Je vais aller avertir le maître de votre arrivée.

Comme on me le demandait, je pris place sur un des canapés, très confortable au passage, du Grand salon. Après quelques minutes d'attente, un jeune homme entra dans la pièce. C'était lui, le maître ? Il n'était pas vieux du tout pour un maître. Il était même plutôt beau... très beau et surtout il me semblait grand et fort et... STOOOP!!! Ce n'était pas le moment de laisser mon esprit divaguer et surtout, pourquoi pensais-je à ÇA !? Il jetta un œil aux domestiques qui se pressèrent de sortir les uns derrière les autres. Il me dévisagea ensuite avant de se tourner pour saluer un homme d'âge mûr qui venait de nous rejoindre.

jeune homme _ père...

homme d'âge mûr _ bien le bonsoir. Comment vas-tu, mon fils ? Quand es-tu rentré ?

jeune homme _ assez bien père, je viens seulement de rentrer.

homme d'âge mûr _ bien. J'ai quelqu'un d'important à te présenter. Puis, se tournant vers moi, bien le bonsoir, jeune fille.

_ Si j'ai fait bon voyage ? Alors là, pas du tout, c'était horrible, j'avais envie de vomir.

homme d'âge mûr _ Tout ceci est fort regrettable, je vous prie d'excuser ce désagrément.

Cer homme était respectueux et avait l'air sympathique, c'est ce à quoi j'ai pensé avant que quelqu'un d'autre m'apparaisse comme étant tout le contraire. Cependant les deux visages me disaient quelque chose mais quoi ? Impossible de mettre la main dessus.

jeune homme_ père ?

homme d'âge mûr_ Je fais les présentations. Mon fils, je te présente ta future épouse, mademoiselle Saori Takajo. Mademoiselle, Eiji Nijo, mon fils.

_ Quoi !?, avais-je lâché en même temps que le fils Nijo.

Eiji_ Je pensais que le sujet était clos, père. De plus, cette femme est une inconnue...

Moi, une femme ? Je suis flattée, me disais-je.

Eiji_ ...et elle ne me semble pas très intelligente.

Je retire ce que j'ai dit !

Eiji_ *soupir* où avez-vous donc trouvé cette souillon, père ? Je sais que vous avez grand cœur mais on ne peut pas mélanger les serviettes propres et les torchons.

Keuwa!!!???Je rêve où il est en train de me traiter de torchon, là ?

Mr Nijo_ Mais enfin, c'est la fille de Takajo, mon vieil ami, le PDG de Takajo resort.

Eiji_ Même. Je n'épouserai pas cette... cette...

_Souillon ?

Eiji_ Exactement !

_Pour quoi vous me prenez, au juste ?

III. PDV SAORI

— Pour qui vous me prenez au juste, non mais ! Pour qui vois prenez-vous pour oser m'insulter aussi ouvertement ? Moi aussi j'aurais des tonnes de choses à redire sur votre attitude : grossier, fourbe et orgueilleux. Tous les ingrédients d'un poison toxique ! Ça vous amuserait, vous, qu'on vous traite de torchon devant vous ? Je ne suis peut-être qu'une souillon comme vous dites, mais dans ce cas vous êtes un idiot fini.

Il y eut soudain un silence qui me fit presque regretter mes paroles. Un domestique qui passait par là s'arrêta et me fit passer son regard de Eiji à moi, la bouche en o. Je commençais à me sentir toute petite en le voyant s'avancer vers moi à grand pas, néanmoins je ne baissais pas le regard et gardais les yeux ancrés dans les siens qui, au passage, étaient d'un bleu hypnotique.

Moi et ma grande gueule... Pourquoi il faut toujours que je parle avant de réfléchir... Mais c'est quand même lui qui a commencé e et c'est moi qui me fait vendre dans cette histoire hein !

Eiji— Vous croyez peut-être avoir le droit de vous plaindre mais ici, ce n'est sûrement pas vous qui risquez de de devoir vous traîner un boulet à cause de ce fichu mariage. Mais avant tout, je ne vous ai pas autorisée à m'adresser la parole.

Il parlait calmement mais son ton était froid à m'en glacer le sang. Je me repris cependant rapidement. J'ai presque failli me faire avoir.

— Je ne vous ai pas non plus permis de m'adresser la parole. Le fait que je sois une femme ne vous donne pas le droit de me rabaisser. On est plus au dix-neuvième siècle, je vous signale.

Eiji— C'est qu'elle a du répondant, la souillon.

— C'est à moi qu'il cause, l'idiot fini ?

On se défia du regard pendant plusieurs secondes avant qu'un rire éclate et remplisse toute la pièce. Un rire d'un tonalité grave et claire. Monsieur Nijo, qui était resté silencieux jusqu'ici en nous écoutant, prit la parole...

Père Nijo — Je vois que vous vous entendez déjà très bien tous les deux. Allons ! Nous n'avons plus qu'à vous marier officiellement. Je suis certain que vous retirerez chacun beaucoup de bienfaits de la vie conjugale.

On s'entend bien ? Je crois que le vieux Nijo commence à avoir des problèmes d'audition.

Eiji— Mais père, vous semblez oublier que je dois partir pour Marshall dès la semaine prochaine.

Père Nijo — Je ne l'ai pas oublié, loin de là. La solution est toute simple en réalité : vous irez ensemble à Marshall. Cela vous permettra de faire plus ample connaissance.

Eiji— Mais père...

Père Nijo— Je suis catégorique là-dessus, Eiji. Soit tu y vas avec mademoiselle Saori, soit tu n'y vas pas du tout. En même temps, cette décision t'avantage. Tu sais très bien ce que tu met en jeu, à moins d'accepter cette condition. Pense au groupe Nijo.

 Le groupe Nijo ?

Je clignait plusieurs fois des yeux tandis que les informations affluaient vers mon cerveau. Le groupe Nijo. C'est le conglomérat d'entreprises représentant ce pays, le Royaume-Uni d'Orlando. Ce groupe regroupe les plus grandes entreprises parmi lesquelles le Rozen Electric Railway, leur société affiliée ayant le capital le plus élevé dans le pays et en dehors. À côté d'eux, la Takajo Resort, l'entreprise de mon père, ne représente que le un dixième de ce que dirige le groupe Nijo rien qu'avec le Rozen.

Si je comprends bien, cet homme est Iori Nijo, le boss suprême. Et lui, Eiji Nijo, l'héritier direct. Et moi, qu'est-ce que je viens faire là-dedans, moi la fille la plus banale de l'univers ? Je ne vais donc pas épouser un vieux croulant mais le bel apollon de la famille Nijo !?!

Moi— Mais c'est du délire !, puis sentant les deux hommes me regarder en levant un sourcil curieux de ma réaction, mais c'est impossible ! Je ne suis que la fille d'un PDG d'une toute petite entreprise comparée au Rozen Electric, je suis banale, et trop jeune pour me marier qui plus est. Vous pourriez trouver beaucoup mieux, tiens, par exemple une mannequin ou une princesse étrangère comme la princesse de Marshall justement, puisque vous y allez. Ça n'est pas obligé d'être moi, si ?

Monsieur Nijo sourit avant de dire...

Iori— Détrompez-vous, chère demoiselle, vous êtes le choix parfait. Il n'y a qu'à vous que je peux confier mon idiot fini de fils.

Et il me fait un clin d'œil. Et moi de lui sourire en retour.

Moi— Vous êtes trop aimable, cher monsieur. Je sais que vous dites cela pour me flatter.

Iori— Je ne suis pas du genre flatteur. Si je vous le dis, c'est que je le pense vraiment. Je vous en conjure, acceptez de prendre soin de cet enfant qui est toute ma vie.

Moi— Dis comme ça, je ne sais pas si je peux refuser.

Eiji— Mais moi je refuse...

Iori— On t'a assez entendu comme ça Eiji; Ma décision est prise: dans une semaine, vous irez, toi et mademoiselle Takajo à Marshall, que tu le veuilles ou non. Sur ce, je dois vous laisser. Passez un agréable séjour dans mon humble demeure, mademoiselle, dit-il avant de s'en aller.

Le fils me jette aussi un rapide coup d'œil plein de haine à mon encontre avant de s'en aller à son tour. Pendant un instant, j'ai pensé que comme unique point commun, le fils Nijo et moi avions chacun un père autoritaire qui ne pense qu'à son propre intérêt. Mais monsieur Nijo avait l'air de réellement se soucier de son fils. Je me laisse alors glisser sur le canapé en pensant que je ne suis sûrement pas au bout de mes peines. Mais puisque je suis là, autant aller jusqu'au bout. Je n'ai nulle part d'autre où aller de toute façon. Je n'ai plus rien à perdre à présent.

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