Nom de famille ?

- Rotillon

Si son oeil n'était pas victime d'un clignement nerveux, elle se demanderait si le conseiller de pôle emploi n'est pas une machine. Sa façon de dire bonjour, de ne pas lui proposer de s'asseoir, de poser des questions avec automatisme. Ce petit homme replet au crâne dégarni et au regard vide n'a d'humain, déjà qu'elle préférerait être dans un trou de souris plutôt que d'être assise là ! Elle triture fébrilement le bout de papier rose qui lui attribuait un ordre de passage dans la file d'attente. Un numéro dans une longue liste des chômeurs, voilà ce qu'elle était devenue. À son tour de cligner des yeux. Elle a l'impression de voir apparaître des suites de numéro sur le mur verdâtre derrière l'employé a l'expression de poisson mort. Les chiffres dansent devant elle jusqu'à venir la frôler. Terrorisé elle se fige et ferme les paupière un instant, comme une enfant qui chercherait à ignorer le danger.

- Prénom ? poursuivit t'il

- Colette.

Colette, la bonne a rien ! avec un prénom pareils, c'était mal parti de toute façon...Colette...elle a toujours trouvé que sa faisait << paysanne d'un autre temps >> même si, elle le sait, son érudite de mère avait choisi le prénom d'une célèbre écrivaine. Brillante, intellectuelle, la petite Colette ne l'a jamais été, n'en déplaise à sa mère. Non pas qu'elle était paresseuse, mais elle avait souvent du mal à comprendre. Marie-Christine Demontois s'en désolait en permanence, elle qui avait sans cesse flirté l'excellence. Avoir mis au monde une enfant << moyenne >> la dépitait. << Moyenne >>, le mot correspondait bien à Colette, moyenne en tout. A l'école, en sport, en activité artistique, côté charme aussi. Elle n'était pas de celle que les garçons remarquait. Jusqu'à Pierre, un jeune homme << moyen >> comme elle. Pas très drôle, mais gentil et travailleur, et visiblement pas indifférent à cette brunette au yeux vert, ou plutôt jaunes. Quand Colette observait ses yeux dans le miroir, elle trouvait leurs couleur pas si mal, sans comprendre pourquoi sa mère s'acharnait à lui dire :

- Il sont jaunes t'es yeux, pas vert c'est horrible comme couleurs ! combien de fois il faut que je te le dise, sa ne rentrera donc jamais dans ton stupide crâne de niveau moyen ! répète après moi encore une fois, j'ai des yeux jaunes et le vert est horrible comme couleurs d'yeux !

Colette le répéta

- j'ai des yeux jaunes et le vert est horrible comme couleurs d'yeux.

La jeune fille avait fini par se persuader qu'elle souffrait de Daltonisme. La question de la couleur des yeux ne se posait pas de la même façon pour sa grande soeur.

Eve était doté d'un regard outremer fascinant au yeux de tous.

-Rendez-vous au prochain chapitre ou vous allez découvrir les calvaires de l'enfance de Colette et pourquoi elle en ai arrivé la-