Enfin j'y suis ! Quelle grande demeure!

La maison est immense. Des plantes rampantes remontent la façade, des fleurs magnifiques poussent sur le jardin et ornent l'allée en pierre. On aurait dit un manoir sauf qu'il est plus moderne. Les murs sont en vitres, on voit carrément ce qu'il y a à l'intérieur. La cour est gigantesque, c'est sûrement un terrain de golf vu le gazon et l'espace libéré. C'est trop beau !

- Bonjour, Mlle Martins, bienvenue! Un Mr habillé très élégamment m'ouvre la porte principale et me fait entrer.

- Bonjour, Mr, dis-je dans un sourire timide avant d'enjamber le pas dans le hall d'entrée.

J'arrive pas à croire que je vais travailler ici pendant 4 mois !

Le Mr se présente à moi et me parle d'un peu près toutes les choses importantes sur la maison et ses propriétaires. Moi qui suis si curieuse, je ne peux m'empêcher de lui poser des tas de questions sur tout et rien. Après une courte visite et des instructions précises sur l'horaire de la personne que je vais enseigner, nous arrivons dans une magnifique cuisine lumineuse où une dame prépare à manger. Il me confie à elle et s'en va.

- Bonjour, dis-je en entrant maladroitement dans son espace. Ça sent terriblement bon, dis-donc !

La dame me sourit gentillement.

- Vous êtes la nouvelle employée ? Me demande t-elle un peu surprise.

- Oui c'est exacte, lui répondè-je. Je m'appelle Seyla Martins.

Nous faisons connaissance tandis que je l'aide à mettre la table.

- Avez-vous déjà rencontrer le jeune maître ? Me demande t-elle.

- Non mais Mr Stewart m'a dit qu'il était plutôt difficile à vivre.

Mme Jenkins se met à rire. Il semblerait que mon élève soit "très" difficile à vivre.

De toute la journée, je ne l'ai toujours pas rencontré. Moi qui croyais travailler immédiatement ! Et bien passons, cela me laisse du temps pour préparer mes cours et me reposer. On m'a présenté une chambre adorable où je séjournerai durant les prochaines semaines. Je vais pas me gêner ici ! La première chose que je fait après avoir ranger mes affaires est une bonne relaxation dans la baignoire. J'ai ma propre salle de bain, autant en profiter ! J'enfile ensuite un pyjama et saute dans le lit. Wouah! Pas croyable! Je pense que je vais m'habituer très vite à tout ce luxe.

Il est 22h30. Une voiture entre dans l'allée avec une musique insupportable. Dedans sors deux sublimes femmes, l'une brune et l'autre blonde, et derrière elles, un homme grand portant une chemise blanche avec les manches retroussées, le col déboutonné. Ces longs cheveux noirs de jais étaient décoiffés dans un style plutôt avant-gardiste, il les ramenait en arrière dans un geste de la main, laissant quelques mèches retombées sur son front. Ses yeux gris foncés croisèrent les miennes, et par réflexe je me suis cachée sous la fenêtre. OMG ! Qu'est-ce qui me prend ? Serait-ce lui mon élève ?

Ce matin, je suis toute embrouillée. Comment un simple regard peut me faire autant d'effet? Ça suffit ! Vaut mieux pas y penser. Je descendais les escaliers lorsque j'ai croisé la blonde d'hier. Elle tenait ses talons dans une main tandis que l'autre coiffait ses cheveux tout ébouriffés. Quel image décevante! Je décide de faire comme si de rien et continuer mon chemin.

- Bonjour, Mme Jenkins, la saluè-je dans la cuisine.

- Bonjour, Mlle Martins. Le jeune maître est arrivé très tard hier, vous ne l'avez sûrement pas entendu. Du café ? Demande t-elle.

- Oh si je l'ai entendu ! Comment ne pas l'entende avec tout le bruit qu'il fait ?

Elle rit à ma remarque tandis que je lui tends un meug pour qu'elle le remplisse du café qu'elle vient de préparer.

- Prenez du gâteau, dit-elle en désignant le plateau remplis de mini-cakes sur le comptoir.

- Merci. Donc, c'est le fils de Mr Stewart?

- Oui. Il est du genre à beaucoup aimer les femmes. Ne soyez pas trop surprise.

- Oh. Je ne le suis pas du tout, répondè-je en sirotant mon café, un peu boudeuse.

Il est vrai que j'ai été surprise, non pas par les filles mais par lui.

- Ce sera dur de le denter, dis-je tout bas.

- Je vous souhaite bonne chance, me répond-elle d'un ton désolé.

- Mme Jenkins, dites à mon père et son foutu prof que je suis sorti.

Il se fige en me voyant assise à la table, les yeux rivés sur lui.

Sa chemise est toute froissée et dévoile la majeur partie de son torse.

- Jeune maître ! Un peu de tenue! Gronde t-elle.

- Qui est-ce? Ne me dites pas que c'est le prof ?

- Évidemment que oui, répond-elle. Et vous devez suivre les instructions de votre père. Il a dit que vous devez apprendre alors vous allez apprendre!

Wouah, on dirait presque qu'elle est sa mère. C'est surprenant et plutôt amusant. Il nous survole l'une après l'autre puis souffle bruyamment avant de sortir de la cuisine sans un mot.

- Quel impolitesse! Peste t-elle. J'espère que vous n'êtes pas trop vexée ?

- Non, ce n'est rien. Je savais qu'il était difficile mais de là à ne même pas me saluer ! C'est exaspérant.

- Ne le prenez pas à cœur. Ce n'est pas qu'il ne vous aime pas, c'est la situation qu'il n'aime pas. Il est plutôt puéril alors il ne sait pas contrôler ses émotions. C'est un jeune homme, je dirais..

- Très gâté, continuè-je.

Elle me sourit et acquiesce.

- Mlle Martins, le jeune maître vous demande dans sa chambre, m'informe Mr Helias, l'homme qui m'a fait visiter hier.

Que me veut-il celui-là ?

J'arrive devant la porte de sa chambre et toque tout doucement.

- Entrez.

Sa chambre à l'air très spacieuse mais avec une odeur de femme qui me met mal à l'aise.

- Asseyez-vous, m'ordonne t-il d'un ton sec.

Je prends place sur le fauteuil devant le lit et le fixe, attendant ce qu'il a à me dire.

- bah alors? Demande t-il.

- Alors quoi? Vous n'avez rien à me dire ?

"- Alors quoi? Vous n'avez rien à me dire ?"

Il se met à rire. L'air de dire : c'est toi qui devrais dire quelque chose.

- Vous n'allez pas vous présentez? Dois-je tout simplement apprendre de vous sans vous connaître ?

- Ah je vois. Je m'appelle Seyla Martins et je serai votre "foutue" professeur pendant 4 longs mois.

Il s'éclaircit la gorge.

- bon, je m'excuse pour mon comportement de tout à l'heure mais y a pas besoin d'en faire tout un plat.

Il me reluque longuement avant de poursuive.

- Ou est-ce que vous êtes ce genre de femme ?

- Que voulez-vous dire?

Il se penche en arrière et soupir avant de rejeter son regard sur moi.

- Vous semblez plutôt mignonne. Je pense que mon père a dû le remarquer pour vous avoir engager.

- Est-ce que tu m'insulte là ?

Il insinue que j'ai eu ce poste grâce à mon physique ?

- Eh! Calme toi, dit-il d'un ton amusé. On se tutoie enfin ?

- A quoi tu joue ? Je suis ton professeur, pas ta copine ou ta conquête alors mesure tes paroles.

Il éclate de rire.

- Tu es chez moi, tu es une étrangère, et en plus une employée. Et tu ose me parler comme ça?

Ça suffit ! J'en ai marre ! Il veut me mettre à bout ? Et bien, il a réussi !

Je me lève.

- Quand tu voudras étudier, appelle moi, sinon ne le fais pas. Je suis ici pour travailler, pas pour me disputer avec un gamin insupportable!

Je sors sans me retourner et claque la porte derrière moi. Aaargh ! C'est rageant! Quel odieux personnage!

S'il ne veut pas étudier, c'est son problème pas le mien. Mais s'il veut me faire démissionner, ça n'arrivera pas. Il peut toujours rêver ! De toute façon, il ne peut pas me renvoyer sinon son père se disputera avec lui et lui enverra un professeur pire que moi.

Depuis quelques temps, je ne fais rien dans cette grande maison. C'est comme si j'étais en vacance. C'est pas plus mal! Seulement, à chaque fois que je croise cet enfoiré, ma journée devient toute pourrie. Et le pire, c'est que je le vois presque tout le temps. Il ramène différentes filles chaque soir et les fois où il ne rentre pas, c'est pas difficile d'imaginer où il était. À un moment, j'ai entendu une dispute dans sa chambre. Il était au téléphone avec son père m'a dit Mme Jenkins.

- Mlle Martins, le jeune maître vous cherche, m'informe Mr Helias dans le jardin.

Je me lève de la chaise en pierre où j'étais assise, un roman à la main.

- Où est-il ?

- Dans sa chambre.

Je me dirige alors là-bas, un peu suspicieuse. Lorsque j'entre dans sa chambre, je remarque une forte tension. Il est adossé à la fenêtre, les yeux rivés à la cour. Alors de là, il me regardait sûrement.

- Je suis là. Qu'est-ce que tu veux ?

Il se retourne et me regarde sans aucune expression. Aujourd'hui, il a mis un tricot vert pomme à col V, une chemise blanche à l'intérieur et un pantalon classique, couleur crème. Il est tout mignon.

Seigneur ! À quoi je pense ? C'est un sale type.

- Où sont tes livres ? T'as pas dit de ne t'appeler que lorsque je serai prêt à étudier ?

Je fronce les sourcils. Il est sérieux? Moi qui étais prête à me prélasser durant ces 4 mois.

Je lui souris et me lève.

- Où vas-tu? Demande t-il, surpris.

- Eh bien, chercher mes livres.

Lorsque je reviens, il est assis au fauteuil, l'air distrait mais je n'y fais pas attention. Je sais qu'il n'étudie pas de son plein gré. Nous commençons le cours. Je lui apprend la gestion d'entreprise et l'économie, mais pour l'instant nous allons parler de "gestion". D'après ce que je sais, il va probablement hériter de l'entreprise de son père dans peu de temps. Il doit donc étudier avec sérieux. Cependant, ça se voit qu'il n'est pas du tout intéressé. S'il devient PDG, c'est sûr qu'ils vont faire faillite.

- T'as quel âge ? Me demande t-il tout à coup.

- Mon âge n'est pas important. Et puis, ça se fait pas de demander cela à une femme.

Il rit doucement.

- Je m'excuse alors, dit il d'un ton théâtral.

Est-ce que je l'agace? Même si c'est le cas, j'y peux rien.

- Tu vas devoir lire ce livre si tu veux t'améliorer, lui dis-je en tendant un bouquin de l'épaisseur d'un dico.

Il grogne.

- Tu trouve que j'ai le temps de lire ça ?

- C'est pas mon problème. Je te conseille juste de le faire.

Il soupire et s'affale dans son fauteuil.

- OK. On arrête là pour aujourd'hui, lui dis-je.

Enfin il sourit d'un air sincère.

Ça fait à peine deux heures. Il n'a aucune patience.

Je sors de sa chambre et ramène mes livres pour ensuite me détendre dans le jardin, profiter de ce beau temps. Le soir même, il continue son passe-temps préféré : sortir puis ramener des filles à la maison. Je trouve ça exaspérant. Le lendemain, il m'a appelé à la même heure pour étudier. J'étais surprise mais plutôt contente.

- On étudie quoi aujourd'hui? Demande t-il dans un sourire.

- On va un peu parler du commerce et de l'économie.

Je lui enseigne les bases, tout ce qu'il y a à savoir. D'un côté je remarque qu'il s'ennuie beaucoup, mais d'un autre, quand je lui pose des questions il répond avec précision et facilité. Il assimile très vite. Je l'ai peut-être mal jugé, il se pourrait qu'il soit un petit génie. Très vite, les deux heures se sont écoulées. Humm, bonne évolution !

- tu veux pas qu'on fasse une pose ? Suggère t-il.

Je souris.

- D'accord. Pas de problème.