Dans la forêt ancestrale,
Une École du Bien et du Mal.
Deux tours se ressemblant,
L'une pour les purs d'esprit,
L'autre pour les méchants.
Si vous essayez de vous enfuir,
Vous échouerez,
Car le seul moyen d'en sortir
Est d'intégrer un conte de fées.
Réussirez vous à survivre.
Depuis toujours, Sophie attendait d'être enlevée. Cette nuit-là, pourtant, tous les enfants de Gavaldon tremblaient sous leur couverture. Si le Grend Maître les kidnappait, ils ne reverraient plus jamais leur famille. Dans leur pire cauchemars, un monstre aux yeux rouges les tirait hors du lit en étouffant leurs cris. Sophie, au contraire, rêvait de princes. Au grand bal donné en son honneur, elle avait trouvé le château rempli d'une centaine de prétendants... et aucune fille à l'horizon. Enfin des garçons digne de moi ! Chevelure brillante, muscles saillants sous la chemise, peau douce et bronzée. Le rêve !Mais au moment où elle s'approchait d'un soupirant avec lequel elle se voyait bien vivre heureuse et avoir beaucoup d'enfants, un marteau fracassa le mur. Sophie se réveilla en sursaut. Le marteau était réel. Les princes, non.
- Papa ! Tu sais bien que, sans mes neuf heures de sommeil, j'ai les yeux tout gonflés.
- Le bruit court que c'est toi la prochaine kidnapper. On me conseille de te couper les cheveux et de te barbouiller le visage de terre. Comme si je croyais à ces âneries de contes de fées. En tout cas, une chose est sûre : personne ne pénétrera ici cette nuit. En le voyant clouer une planche de travers de sa fenêtre déjà bardée de verrou, Sophie regretta que sa chambre ressemble désormais à l'antre d'une sorcière.
- J'ignore pourquoi ils sont tous persuadés que tu es l'élu. Si c'est la bonté d'âme qu'il cherche, le Grand Maître prendra Belle, la fille de Gunilda. Elle, elle est parfaite ! Tous les jours, à l'usine, elle apporte le repas à son père et donne les restes au clochard de la place. Sophie sentit une pointe de jalousie. Même après la mort de sa mère, elle ne s'était jamais mise au fourneau. Évidemment, elle avait d'excellentes raisons : l'huile et la fumée aurait obstrué ses pores. Son père ne mourrait pas pour autant de faim, car elle lui préparait les plats qu'elle préférait : purée de betterave, ragoût de brocolis, asperges bouillies, épinards cuits à la vapeur. Résultats : lui au moins n'avait pas pris de ventre. Quand au vagabond de la place, même s'il criait toujours famine, il était franchement obèse ! À supposer que Belle ait sa part de responsabilité, elle n'était donc pas un ange mais la pire des garces.
Sophie sourit.
- Comme tu le disais, papa, ce sont des âneries. Elle alla s'observer dans le miroir de la salle de bains. Dur, dur, le réveil en fanfare ! Ses cheveux dorés scintillaient moins que d'habitude, ses prunelles vert jade semblaient délavées et ses lèvres pulpeuses étaient un peu sèche. Même sa peau laiteuse grisaillais. enfin, je reste une princesse, se rassura-t-elle. Contrairement à son père, sa mère avait deviné son potentiel exceptionnel. << Tu es trop belle pour rester
ici >>, avait-elle soufflé sur son lit de mort. La malheureuse s'en était allé vers un monde meilleur et voilà que sa fille allait limiter. Cette nuit-là, Sophie entamerait une nouvelle existence. Elle vivrait son compte de fées. Il fallait donc se montrer à la hauteur. Elle frotta sa peau avec une mixture nauséabonde d'œufs de poisson qui prévenait l'apparition des boutons. Elle se massa ensuite à la purée de citrouille, rinça lait de chèvre et applica un masque à base de melon et de jaune d'œuf de tortue. Le temps qu'il sèche, elle feuilleta un livre un sirotant un jus de concombre d'étoxifiant. Elle relut son passage préféré, quand la sorcière dévalait une colline dans un tonneau hérissé de clous jusqu'à ce qu'il ne reste plus que son bracelet en osselait de petit garçons. Oh ! Et s'il n'y avait pas de concombre en forêt ? Si les princesses avaient vidé le stock ? Pas de concombre ! Alors, Sophie se ratatinerait, elle fanerait, elle...
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