"Passion Romantique" est le dernier roman que Lucie a lu avant de mettre fin à sa vie. L'histoire était celle d'Odette Picard, une jeune orpheline adoptée par la famille Le Blanc. C'était une petite fille magnifique qui a tout de suite gagné l'affection de ses nouveaux parents, sauf celle de Noelle Le Blanc, la fille biologique du couple. Noelle était indifférente envers Odette et se mettait toujours en colère quand Odette essayait d'être son amie.

Quand les deux filles ont eu quinze ans et ont fait leurs débuts dans la société, Odette a demandé que l'argent de sa célébration soit donné à un orphelinat, tandis que Noelle a demandé une fête luxueuse avec des nobles influents. Lors de l'événement, la reine a été enchantée par la beauté de Noelle et a poussé le prince héritier à danser avec elle. Peu de temps après, Noelle est forcée de se fiancer politiquement à Francis Roche, l'héritier de Diamond. Même si c'était un arrangement forcé, Francis a essayé de bien s'entendre avec Noelle. Cependant, elle était une fille égoïste et matérialiste, motivée uniquement par la richesse, ce qui déplaisait à Francis. Surtout parce qu'il avait rencontré Odette plus tôt, qui était le contraire complet de Noelle. Ils sont devenus de grands amis et, pendant que Noelle se sentait jalouse, Francis et Odette sont tombés amoureux.

Francis a tout fait pour rompre ses fiançailles et finalement, Noelle a réalisé qu'elle ne pouvait pas forcer le prince à l'épouser. Par conséquent, le Baron a décidé d'envoyer Noelle se marier avec Raizel Ivanov, le Grand Duc des terres sombres voisines, une terre remplie de monstres, de dangers et d'ombres. Le voyage de Noelle vers ces terres était même périlleux, mais elle a finalement épousé le Grand Duc, un séducteur qui se souciait peu de la présence de Noelle, continuant sa vie excentrique de fêtes, d'alcool et de femmes.

Noelle est devenue la risée de la société car elle avait perdu ses fiançailles avec le prince et avait épousé un homme qui ne se souciait pas d'elle. Une nuit, en rentrant seule d'une fête, le carrosse de Noelle a été pris en embuscade par des bandits. Elle a essayé de s'échapper car ces hommes voulaient non seulement ses bijoux, mais aussi abuser d'elle. Bien qu'elle ait réussi à fuir, Noelle a été pourchassée sans relâche jusqu'à ce qu'elle soit touchée par les flèches des bandits. Elle est morte seule au milieu d'une forêt, où elle aurait probablement été dévorée par les bêtes. Lorsque Regis l'a retrouvée, elle était déjà décédée, indifférente à son destin.

Après plusieurs mois sans nouvelles de Noelle, Odette est allée au château du Grand Duc pour apprendre sa mort. À ce moment-là, Raizel est tombé amoureux d'Odette et lui a demandé de rester avec lui. Lorsqu'elle a refusé, Raizel est devenu obsédé car aucune femme ne lui avait jamais résisté et l'a forcée à rester. Lorsque son père a essayé de l'emmener loin, Raizel l'a tué. Apprenant l'amour d'Odette pour le prince héritier, Raizel a initié une rébellion pour éliminer la famille royale et avoir Odette uniquement pour lui. Malheureusement pour Raizel, Odette a réussi à s'échapper et à prévenir les autres de ses plans. De cette manière, ils ont pris l'avantage et ont vaincu Raizel, qui était l'un des principaux méchants du roman. Lucie se souvient avoir trouvé absurde qu'un méchant déclenche une guerre juste pour posséder une fille ; cela n'avait aucun sens.

À l'âge de huit ans, Lucie a réalisé qu'elle avait été réincarnée en Noelle. Ses souvenirs lui sont revenus lorsqu'elle s'est évanouie, se rappelant l'histoire et sa vie passée. À un si jeune âge, Odette avait déjà été adoptée, heureusement Noelle n'était pas une méchante harcelant sa sœur adoptive ; elle était simplement indifférente. Lucie ne se souciait pas non plus de s'entendre avec cette fille, tout ce qu'elle voulait, c'était empêcher sa mort. Donc, dès qu'elle s'est rétablie, elle a demandé à son père de lui permettre d'apprendre à se battre. Le Baron et sa femme ont été surpris mais, après discussion, ils ont décidé de lui accorder la permission de s'entraîner et ont même arrangé les meilleurs instructeurs pour elle.

"Sœur, apprendre à se battre, c'est pour les garçons, tu es une fille."

"Les méchants ne se soucient pas que tu sois un garçon ou une fille, ils te tueront quand même."

"Tu veux que je meure ? Mais je n'ai rien fait de mal..."

Odette se mit immédiatement à pleurer, ce qui fit que les jeunes filles regardèrent Noelle comme si elle était celle à blâmer. Ignorant cela, elle décida de s'éloigner de la scène. Odette avait sans aucun doute la sympathie de tous, qui étaient inconscients de la stupidité de leurs actions. Elle n'avait même pas menacé Noelle, et pourtant elle le prit comme si c'était le cas.

Pendant son enfance, Noëlle comble son temps en s'entraînant, bien qu'elle socialise également avec d'autres filles et parvient à se faire des amies. Cependant, elle sait que ces filles ne resteront pas des amies proches à l'avenir, car elles seront probablement les premières à lui tourner le dos quand le moment viendra. Tout comme elle, Odette a aussi son propre groupe de filles qui regardent toujours Noëlle avec mépris, pour une raison quelconque.

"Qu'est-ce qui ne va pas avec ces filles ?" demande-t-elle.

"Il sont probablement jalouses de la beauté de Mademoiselle Noëlle", dit quelqu'un.

"Je ne les blâme pas. Elles ne peuvent être amies qu'avec l'adoptée," répond une autre.

Les filles éclatent de rire. Noëlle reste silencieuse. Ces filles ont toujours été cruelles depuis qu'elles étaient petites, bien qu'elle n'ait aucun intérêt à défendre Odette, dont l'attitude est agaçante, toujours en train de pleurer et de se plaindre de tout. Penser qu'elle est le centre de l'attention, quelle absurdité. Noëlle se demande quel genre de goût terrible peut avoir le prince, qui, soit dit en passant, devrait être à cette fête. Assez vite, elle entend les filles s'exciter. Comme elle l'avait prédit, c'est le prince qui s'approche d'elles pour dire bonjour. Après avoir salué tout le monde, il s'approche de Noëlle, exigeant qu'elle se lève et fasse une révérence.

"Mademoiselle Noëlle, un plaisir de vous rencontrer. Votre père m'a informé que vous étiez à la fête, alors j'ai pensé qu'il était approprié de venir vous saluer."

"Merci, Votre Altesse. C'est un plaisir pour moi de vous saluer également."

"J'ai entendu dire que vous aviez une sœur, j'aimerais la rencontrer."

"Oh ! Bien sûr, elle est là-bas."

Noëlle montre du doigt Odette, qui se tenait à côté des autres filles. Lorsque Odette remarque que Noëlle pointe vers elle, elle s'approche et fait une révérence. Cependant, à cause de ses talons hauts, son pied se plie, ce qui la fait tomber aux pieds du prince. Il lui tend la main pour l'aider à se relever, tandis que l'on entend des rires.

"Vous allez bien ?"

"J-Je suis désolée, Votre Altesse..."

Les larmes montaient déjà aux yeux d'Odette. Noëlle grimace seulement, trouvant la fille assez agaçante.

"Je t'avais dit de porter des chaussures à talons bas, mais à cause de ton entêtement, tu viens de te ridiculiser."

"J-Je s-suis... d-dés...olée..."

Odette pleure déjà à cause de la réprimande. Le prince regarde Noëlle avec un certain agacement.

"Je ne pense pas que ce soit juste de la corriger devant tout le monde, Mademoiselle Noëlle."

"Je le fais parce que cela la mettra peut-être un peu mal à l'aise et la fera arrêter de se comporter comme une enfant gâtée. Elle a onze ans, pas cinq."

"Je suis désolée, sœur. Je ne voulais pas faire ça... mais... ce sont les chaussures que tu m'as données..."

Noëlle regarde Odette avec surprise. Autant qu'elle s'en souvienne, c'est la fille qui a choisi ces chaussures. Même leur mère lui avait dit qu'elles étaient trop hautes pour elle, mais elle avait fait une crise de colère et elles ont fini par les lui acheter.

"Mademoiselle Noëlle, ça ne devrait pas se passer comme ça."

"Oui, je savais que Mademoiselle Odette ne supporterait pas les talons hauts, pourtant elle les a fait porter."

Les filles qui accompagnent toujours Odette étaient déjà en train de commérer. Noëlle boude, réalisant qu'Odette n'est pas la "colombe innocente" décrite dans le roman. Elle peut même voir un sourire moqueur sur son visage, et le prince continue de lui tenir la main.

"Et pourquoi voudrais-je qu'elle porte ces talons ? Si tu veux, nous pouvons aller voir ma mère et lui demander quelles chaussures Odette porte..."

Odette boude, mais elle relève les yeux et sourit.

-N-Ne vous inquiétez pas, les filles. Votre Altesse, merci pour votre aide. Je vais aller changer de chaussures."

"Je t'accompagnerai. Mademoiselle Noëlle, je ne pensais pas que tu pouvais être si malicieuse."

Noelle claque juste de la langue et retourne à sa place. Elle se moque de ce que le prince pense d'elle car, contrairement à la vraie Noelle, elle s'intéresse à un autre homme : le Grand Duc Raizel Ivanov. Cet homme est mille fois mieux que le prince. Selon le roman, il est décrit comme un bel homme avec des cheveux noirs et des yeux écarlates vifs. Il est grand, avec des épaules larges, un Adonis parfait, et puisque le roman s'adresse à un public adulte de plus de 19 ans, il décrit des scènes où il dort avec différentes femmes. Ces scènes sont plus torrides que celles décrites entre le prince et Odette. Odette est une fille ennuyeuse et timide qui laisse le prince tout faire, bien que le prince soit aussi très doux quand il s'agit d'intimité, sa douceur est presque excessive, provoquant même du diabète lors d'une scène dans la chambre.

"Grand Duc, il faudra encore des années avant que nous nous rencontrions... mais... je veux déjà te goûter."

Noelle se lèche les lèvres et sourit avec excitation. C'est frustrant de devoir attendre si longtemps.

"Est-ce que ça va, Mademoiselle Noelle ?"

Les filles l'entendent murmurer quelque chose, mais heureusement pour Noelle, personne ne l'a entendue. Dans la voiture, Odette pleure devant le prince en lui racontant comment Noelle est toujours méchante avec elle, toujours en train de la corriger pendant leurs cours et de la traiter comme une personne incapable. C'était énervant pour Francis de savoir que la fille qu'ils ont arrangé pour qu'il épouse est une fille malveillante.

Après cette soirée, le Baron appela Noelle uniquement pour la réprimander car elle avait embarrassé Odette devant le prince, qui semblait contrarié que sa potentielle fiancée ne soit pas une bonne fille.

"Père, Odette portait des talons hauts même si Mère lui avait dit que c'était trop pour elle."

"Je comprends, mais tu dois faire plus attention à ce qu'elle fait, ne la laisse pas t'éclipser, car elle doit se comporter correctement ou elle causera honte à la famille."

"D'accord, père, je serai plus attentive."

"Le prince arrivera bientôt, rappelle-toi de bien te comporter et de surveiller les actions d'Odette."

"Mais père... d'accord."

Noelle ne comprend pas pourquoi elle doit s'occuper de cette enfant gâtée, mais au moins elle la laissera s'accrocher au prince. Après tout, son but est de survivre et elle le fera dans les Terres Sombres, pas en épousant un prince fade. Elle quitta le bureau de son père pour se rendre à son entraînement habituel. En passant par le jardin, Odette prenait le thé avec deux de ses amies. Noelle passa à côté sans même la regarder.

"Oh! Sœur, on prend le thé. Veux-tu te joindre à nous?"

"Non, c'est uniquement pour les filles pourries."

Les deux autres filles se sentirent offensées, tandis qu'Odette avait l'air triste. Les autres filles la consolèrent. Quel ennui elles sont toutes. Le jour de la visite du prince arriva. Noelle l'accueillit dans le jardin, et Odette était présente, habillée de ses plus beaux vêtements. Il était évident qu'elle essayait d'attirer l'attention du jeune prince. Noelle portait quelque chose de plus décontracté et confortable à cause de la chaleur. Pendant la visite, Odette ne cessa de parler de sujets futiles avec le prince. Cependant, elle commença bientôt à se sentir étouffée par les vêtements superposés. Sa servante s'en aperçut et lui suggéra de se retirer pour se changer.

"Mademoiselle Odette, ça va? Tu as l'air bouleversée."

"N'est-ce pas évident? Elle a porté des vêtements inappropriés pour ce temps, juste pour impressionner."

"Mademoiselle Noelle, votre sœur est peut-être malade."

"Eh bien, laissez sa servante s'occuper d'elle. C'est pour cela qu'elle est là. Je ne suis pas son infirmière."

Odette baissa immédiatement les yeux, tandis que le prince semblait contrarié par l'indifférence de Noelle envers Odette.

"Mademoiselle Noelle, tu ne devrais pas traiter ta sœur de cette façon."

"Ai-je tort de l'envoyer se reposer? Tu viens de dire qu'elle a l'air malade. Ce n'est pas ma faute si elle a porté cette robe au milieu de l'été."

Apparemment, elle est considérée comme méchante juste pour dire la vérité ou plutôt, juste parce qu'Odette est une fille gentille.

"Mais la façon dont tu lui parles n'est pas appropriée."

"Oh! Il semble que Son Altesse aime Odette. Ne devrais-tu pas demander sa main, alors?"

"Quoi? Comment peux-tu dire ça?"

"Sœur, ne dis pas ça. On dirait que tu insinues que je suis..."

"Quoi? Ne t'inquiète pas, je ne dirai rien de mal sur vous deux. Au contraire, cela me rendra heureuse de savoir que vous êtes heureux ensemble."

Les deux restent silencieuses tandis que Noelle boit calmement son thé. Francis, quant à lui, semble quelque peu mal à l'aise face aux paroles de Noelle, car il ne s'attendait pas à ce qu'elle le rejette de cette manière.

"Mademoiselle Noelle, il vaudrait mieux ne pas dire de telles choses; cela pourrait causer des malentendus plus tard."

"Dans ce cas, ce ne sera pas ma faute, ce sera la tienne pour défendre Odette alors que je n'ai jamais rien fait de mal contre elle."

"Votre Altesse, ma sœur a raison. Peut-être avons-nous juste mal interprété ses paroles et elle ne veut que m'aider."

Odette essuie ses larmes, mais Francis semble simplement contrarié.

"Elle est impolie. Il est normal que je défende les autres."

"Alors je n'obéirai pas toujours à ce que tu dis juste parce que tu es le prince. Aucun homme ne me commandera."

Noelle frappe violemment la tasse de thé sur la table, faisant voler en éclats la petite assiette qui la tenait. Noelle se lève après avoir délicatement essuyé ses lèvres.

"Je vais prendre congé puisque ma présence semble déranger Votre Altesse. C'est triste que tu veuilles seulement être seul avec ma sœur."

Noelle essuie les larmes de ses yeux et s'enfuit. François et Odette sont surpris par ce qui a été dit, mais Noelle l'a fait parce que sa mère était à proximité. La Baronne semble contrariée ; sa fille vient d'être rejetée par le prince et, en plus de cela, il préfère être en compagnie d'Odette. S'approchant avec annoyance, elle fixe intensément la jeune fille.

"Odette, je t'ai dit que c'était un rendez-vous entre Son Altesse et ta sœur. Tu as fait pleurer Noelle. Votre Altesse, je pense qu'il est inutile de vous informer de l'identité de votre future fiancée. J'en ferai part à la reine."

"Hein? Mais Baronne, je n'ai pas..."

"Aucune excuse n'est nécessaire, Odette, et assure-toi que cela ne se reproduise pas. N'oublie pas de t'excuser auprès de Noelle."

"Oui, Mère, je suis désolée... Je voulais juste dire bonjour..."

La jeune fille s'excuse, intentionnant de partir avec sa domestique, pendant que le prince doit également partir. Il est quelque peu nerveux car s'il découvre ce qui s'est passé, sa mère le réprimandera. La reine semble préférer Noelle depuis leur conversation il y a un an. Noelle se souvient de ce moment où elle a visité le palais avec son père et a décidé de partir à la découverte de l'endroit où s'entraînaient les chevaliers. Elle est entrée dans le jardin de la reine, où celle-ci savourait du thé. Noelle lui a simplement dit qu'elle appréciait l'invitation mais cherchait l'endroit des entraînements.

"Pourquoi une petite fille cherche-t-elle l'endroit des entraînements ?"

"Parce que je suis très intéressée par l'apprentissage du combat. Si jamais le besoin se présente, je veux être prête à protéger ceux que j'aime."

La reine a souri aux paroles de la jeune fille et a plus tard appris qu'elle était la fille du Baron Le Blanc.