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Une école pas comme les autres

prologue

30 ans que cette école a été créée, 20ans que j'y travaille. J'ai fait la rencontre de nombreux élèves de plusieurs générations, j'ai étudié le comportement de chacun d'entre eux. Nombreux sont ceux qui n'ont pas encore saisi la nature profonde de tout ce qui se passe ici. La plupart des élèves résument notre système en moyens d'accession à une popularité éphémère, c'est plutôt dommage. Ils ne comprennent pas à quel point, les décisions d'aujourd'hui déterminent leur futur. Et ceux qui le réalisent, la plupart du temps il est déjà trop tard.

En tant que psychologue dans cet établissement, ma mission est de collecter des informations lors des séances annuelles appelées : « le guide ». Dans le but de concevoir des algorithmes pour aider nos élèves à trouver leur place plus facilement dans une place dans une société qui dévore très vite les plus faibles.Et nos résultats sont très concluants depuis des années.

Cette journée est d'ailleurs très aussi très important dans le processus d'intégration des élèves dans un système très complexe. Ils nous confient leurs ressentiments depuis leur arrivée dans l'établissement et leur évolution.

L'analyse comportementale des élèves est fascinante et projette déjà la manière dont chacun survivra dans le monde externe. Je suis souvent très impressionné par la capacité qu'ont certain de faire preuve de froideur et d'insensibilité pour avoir du pouvoir. La cupidité de l'être humain n'a donc pas d'âge pour exploser.

                                                                                     

Extrait du Journal de John Smith, Janvier 20

chap1

Pilar en média

Ce sentiment indescriptible que toute personne ressent à la rentrée scolaire me submerge, surtout que je suis nouvelle je me demande bien ce que me réserve cette année. D'après ma mère « la highschool prestige » est l'un des meilleurs lycées du pays. Une discipline rigoureuse, le mérite récompensé, un code vestimentaire identique pour tous.

Je regarde l'heure qu'affiche mon réveil: 6 h 35, et soudain mon anxiété augmente d'un cran, il sera bientôt l'heure d'y aller. Ça fait déjà quinze minutes que je me regarde à travers mon miroir, pour me faire à l'idée de l'uniforme obligatoire. Chemise blanche, cravate noire, jupe noire et un débardeur noir, sans oublier les chaussures basses noires ; on dirait que je pars à un enterrement.

« Chérie, vient manger il sera bientôt l'heure de partir .m'interpelle ma mère depuis la cuisine

-j'arrive.»Hurlé-je pour qu'elle me comprenne

Je me regarde à travers le miroir une dernière fois, je soupire en remarquant que j'ai pris quelques kilos ; les vacances ne m'ont pas fait de cadeau. Pourquoi ma mère, garde autant la ligne et pas moi?..........La vie est injuste quand même!! Je descends finalement les escaliers, maussade tout en tenant la rampe. Je traverse le grand salon décoré de façon vintage pour retrouver ma mère à la salle à manger, qui a déjà déposé les deux couverts sur la table faite en bois ; je dois avouer que les senteurs de ce petit déjeuner à l'anglaise éveillent déjà mes papilles gustatives.

Je lance un simple bonjour à ma mère avant de m'installer, elle me rejoint le sourire aux lèvres ; elle semble vraiment de bonne humeur ce matin ce qui a le don de me contaminer. Je ne dirai pas que ma mère et moi entretenons une relation fusionnelle mais il y a de l'entente entre nous ; elle est du genre relax n'importe qui peut se confier à elle sans gêne. Je m'attaque affamée à mon plat de bacon, œufs brouillés et toasts. Ma mère qui a pris un couteau de table pour tartiner ses toasts de confiture me demande :

«Tu es impatiente d'y être ?

-un peu oui, certes j'ai l'habitude de changer d'établissement, j'appréhende tout de même comme n'importe quel nouvel élève. Rétorqué-je avant de boire une gorgée de mon verre d'orange

-Pilar je te promets que cette fois on ne déménagera plus, j'ai décidé de venir ici parce que ton père y vit. Ainsi, si mon travail exige que je me déplace pendant une longue durée tu iras rester avec lui. Dit-elle l'air enjoué comme si ça me ferait plaisir d'aller chez lui

-maman j'adore la famille de papa mais je ne veux pas y aller. Dis-je pensive

-pourquoi ? me demande-t-elle avec une once de déception »

Elle veut vraiment que j'aille vivre chez mon père dans sa nouvelle famille avec son épouse parfaite et ses enfants parfaits ?!.....Non merci ; je n'ai aucun souci avec eux au contraire j'adore mes frères mais je me sens toujours comme le vilain petit canard. Je suis allée chez lui durant les vacances de l'année dernière et je me suis sentie très mal à l'aise. D'un, je devais vivre avec celle qui a pris la place de ma mère et de deux, je devais supporter les critiques incessantes de mon père. Je ne réitèrerai jamais cette expérience même si elle ne devait durer que vingt-quatre heures ; j'irai juste rendre visite quand je serai dans un bon état d'esprit.

Ma mère semble toujours attendre une réponse de ma part mais je reste silencieuse tout en faisant la moue, je n'aurai jamais le courage de lui dire ce que je pense. Elle finit par céder :

« On trouvera alors une autre alternative, termine ton plat on s'en va »

Je souris victorieusement, elle succombe toujours; elle a beaucoup de chance que sa fille ne soit pas de nature capricieuse. Je change finalement de sujet :

« Cette maison est magnifique et très luxueuse

-je sais. Sourit-elle fièrement

je souris puis je me hâte de terminer mon repas. Quand je pense que je n'ai aucune idée de mon école. Le déménagement précipité m'a empêché de faire des recherches, j'étais tellement occupée. Ma mère a une amie ici, qui a géré mon transfert et ma mère a une confiance aveugle en elle alors moi aussi. Dans tous les cas, bientôt je serai fixée.

Nous prenons enfin la route, elle utilise le GPS pour la guider tout en m'indiquant le chemin à suivre pour le retour, elle sait que je peux très bien me débrouiller pour rentrer. Mine de rien, j'ai vécu dans cette vile quelque temps, pendant les vacances, même si tout semble être un lointain souvenir.

Elle roule déjà depuis une bonne dizaine de minutes et je n'ai rien trouvé à dire, les mains croisées sur mon buste, à croire que je suis plus nerveuse que je ne le pensais. Elle a dû le remarquer parce qu'elle aussi est restée silencieuse jusqu'au moment de tourner à un virage, elle me dit :

« Chérie on est bientôt arrivé »

Sa remarque qui a clairement attiré mon attention et me pousse à changer de position pour mieux visualiser ce qui m'attend.

Lorsqu'elle se gare devant ce qui va devenir mon établissement, le seul mot qui me vient à la bouche c'est wow!! l'imposante barrière qui entoure le bâtiment est de couleur noire. Le bâtiment à lui-même a une architecture atypique et médiévale, on dirait plus un château qu'une école. Je me demande si l'intérieur est aussi spectaculaire ?!

Ma mère me tient fermement le poignet alors que j'ouvrais déjà la portière pour sortir, elle me sourit avant de dire :

« Avant que tu ne sortes je voudrais que tu me fasses une promesse

-Quoi donc. Je lui demande sceptique

-Pas de bêtise cette année. Renchérit-elle d'un ton presque menaçant

-Bon je te promets. Dis-je après quelques secondes d'hésitation

-Voilà. S'exclame-t-elle, satisfaite elle ajoute en me prenant dans ses bras : passe une bonne journée

-Merci maman toi aussi » Dis-je en répondant à son étreinte

Je descends du véhicule et elle redémarre pour s'en aller. J'observe de nouveau mon établissement avant de marcher à pas lent avec admiration. Les élèves ont l'air tellement distingués dans leur uniforme et je déteste le côté formel de cet habillement.

Lorsque je pénètre l'intérieur, j'oublie vite mes soucis avec cette tenue. C'est encore plus beau à l'intérieur rien à voir avec le lycée public où j'étais avant. J'ai l'impression d'être une fourmi dans ce grand espace? A qui pourrais-je bien m'adresser ?

Une fille attire immédiatement mon attention, une blonde comme moi aux yeux couleur noisette. Elle a la silhouette dont je rêve tant elle est très belle. Malgré son uniforme semblable au nôtre, elle dégage un grand charisme. Peut-être après lui avoir posé des questions, nous pourrons devenir des amis ?! Je me rapproche, lorsqu'elle est un peu éloignée des autres, elle semble avoir un grand cercle d'amis. Je m'introduis, avec le sourire le plus respectueux au monde :

« Salut je m'appelle Pilar s'il t............

-À qui tu t'adresses ainsi ? »M'interrompt-elle furieuse

Je suis restée bouche bée, elle se prend pour qui ? Elle me toise haineusement avant de s'en aller, je ne vais pas aimer cette fille. Je la regarde s'en aller, toujours aussi abasourdie. Pilar calme toi respecte ta promesse au moins aujourd'hui. Ceux, ayant assisté à la scène, me lancent des regards meurtriers tout en s'éloignant de moi. Si tous les élèves sont aussi snobs et irrespectueux je vais me faire renvoyer un de ses quatre. J'ai bien l'impression que je vais devoir me débrouiller toute seule.

Je regarde autour de moi et remarque un attroupement au niveau d'une salle, je me place dans le rang pour découvrir ce qui se trame. Le rang avance plutôt vite, à mon tour je peux apercevoir une longue table derrière laquelle est assise deux filles, l'une est brune l'autre rousse. Comme je suis en face de la brune, elle m'intime d'un geste de main à m'assoir ce que je fais sans broncher. Sa tablette en main, elle me demande :

« Comment t'appelles-tu ?

-Pilar Candel

-Pilar Candel. Articule-t-elle en pianotant sa tablette puis ajoute: tu es nouvelle ?

-Oui.

-D'accord tu auras le badge rouge pour l'instant et tiens le carnet, lis attentivement le règlement intérieur de la highschool. Ton numéro de casier sera F324 »déclare-t-elle en déposant le badge rouge et la clé de mon casier

Des badges ?! Je dois avouer que je suis un peu perdue. Je me retourne et note dès lors que tous les élèves ont un badge : soit rouge, bleu soit vert. Comment n'ai-je pas remarqué cela plus tôt? Qu'est-ce que ça signifie d'ailleurs? La brune m'interrompt de mes pensées en disant presque irritée :

«C'est bon, vas-t-en »

Je me lève vexée mais ne dis rien, garder son self-control !! Avant de partir je jette un dernier coup d'œil, elles ont toutes les deux le badge bleu. Je place mon badge sur mon débardeur comme tout le monde l'a fait ensuite je longe le couloir dans l'incompréhension totale.

Je retrouve facilement le niveau des casiers et trouve sans une grande difficulté le mien car les numéros sont marqués en gros caractère. J'ouvre mon casier et trouve à l'intérieur un agenda, je le récupère, l'ouvre et découvre le planning de toute l'année scolaire de toutes les classes. Avec un plan détaillé de l'école. C'est déjà une bonne chose je pourrai me débrouiller toute seule.

Je peux me diriger dans la salle où débute mon premier cours de philosophie, malheureusement je suis bousculée par des élèves. Que se passe-t-il encore ? C'est à peine si je me remets de cette bousculade je suis de nouveau bousculé, il semblerait qu'on crée un passage pour laisser passer des personnes de la plus haute importance.

Quand je pense que tout ce remue-ménage s'est pour laisser cinq élèves, je me demande si ce n'est pas le monde à l'envers. Certes, les trois garçons et les deux filles qui défilent devant nous sont beaux, charismatiques et j'en passe, ce n'est pas une raison pour leur donner autant d'importance. Le pire c'est qu'ils sont regardés avec admiration comme s'ils étaient des superstars, n'importe quoi je baille presque ennuyée.

Mon regard s'accroche inévitablement sur la blonde qui défile parmi les cinq élèves, c'est bien elle qui m'a presque humiliée !! Elle a un badge bleu, ses amis de même. Après leur petit show, tout revenu à la normale et je profite pour retrouver ma salle de classe.

Après m'être perdu, je retrouve la salle de classe et mon regard s'attarde sur l'un des garçons du couloir et la fameuse blonde qui est assise sur ces cuisses entrain de l'embrasser......C'est permis de s'embrasser en salle de classe ?! Bizarrement, je ne peux m'empêcher de les fixer, écœurée. Elle se redresse ensuite souriante. Sentant sans doute qu'ils sont observés, le garçon se tourne dans ma direction.

Je n'avais pas prêté attention mais il n'est vraiment pas mal : des cheveux noirs ébouriffés, les yeux marron, il semble inébranlable. Comme ses autres amis, il dégage une très grande assurance. Il semble surpris et me dévisage sans retenue, sa copine se tourne pour voir ce qui attire autant son attention.

En remarquant qui je suis, son sourire disparait pour faire place à un regard assassin et accusateur. Elle semble me détester. Elle s'abaisse et lui chuchote quelque chose à l'oreille, sur moi certainement, et après il me regarde durement.

Je les ignore et les traverse simplement. Je choisis la place du fond près de la fenêtre. Il semblerait que nous soyons dans la même classe de philosophie et peut-être nous aurons d'autres cours en commun alors profil bas. Et d'ailleurs, le prof entre et se présente directement:

«Monsieur Mathieu prof de philo et prof principal »

Il doit avoir la trentaine. Il continue:

«Je suis nouveau et j'essaie d'appréhender votre système assez particulier, alors ménagez-moi s'il vous plait. Vous allez tout d'abord remplir ces fiches»

Il en donne à chacun et moi je m'applique à remplir le formulaire que je remets quelques minutes après. Il nous donne quelques directives, puis son cours débute. Certains élèves bavardent en classe et lui, il ne dit rien. J'ai presque l'impression qu'il est intimidé. Bizarre.

Malgré ces incohérences, le cours était intéressant. Il nous a, finalement évalués durant une heure. Dans le but de jauger notre niveau en philo et j'ai adoré le sujet. J'étais très inspirée et comme je lis beaucoup j'avais des exemples pour illustrer mes arguments.

À la fin du cours, pendant que les élèves sortent, moi j'ouvre mon agenda pour voir ce que réserve le reste de la journée. Il s'agit de la pause direction la cafétéria.

Arrivée à la cafétéria, je suis subjuguée par la grandeur de cet espace : de nombreuses tables grises et chaises sont joliment agencées ensemble, il y a un très grand écran plat incrusté au-dessus de l'endroit où les cuisinières servent le repas. Un élève au badge vert, proche de moi à qui j'ai voulu adresser la parole m'a évité comme la peste. Mais c'est quoi le problème dans cette école?

Soulée de tenter des approches, je suis le rang mon plateau à main, quel est mon choc lorsque je vois des élèves traverser le rang et le pire c'est qu'ils sont servis avant nous. C'est vraiment injuste et personne ne dit rien ?! Quelle est de nouveau ma surprise de voir certains élèves traverser le rang et pourtant être servi avant, quelle injustice !! Et personne ne se plaint ?!

Après cet épisode plutôt surprenant, je choisis une chaise et dépose mon plateau garni sur la table pensant que je devrais vraiment lire ce règlement parce que apriori je suis la seule à ne rien comprendre. A peine ai-je retiré mon carnet du sac, une voix rauque me fait sursauter :

« Dégage »M'ordonne-t-elle

Ça c'est la meilleure ? On me dicte aussi où je dois m'assoir ? Je me retourne, sans me lever, prête à présenter ma fameuse repartie à celui qui a osé m'interrompre. Il s'agit du fameux copain de la blondinette accompagné de ses acolytes, il reste impassible et fixe un point imaginaire comme si je n'étais qu'un minable insecte. Quel narcissique, je décide de l'ignorer royalement et mord mon morceau de gâteau ce qui semble l'agacer, parce qu'il ajoute en essayant de masquer son impatience :

« Tu es sourde ou quoi ?

-J'étais là, la première. Articulé-je sans le regarder

-Regarde-moi quand je te parle. Hurle-t-il en frappant la table dans un bruit assourdissant qui interpelle le reste des élèves, en guise de réponse je lui lance un regard insolent, outré il réplique : sais-tu au moins à qui tu t'adresses de la sorte ?

-le pape?!» Je lance puis rigole seule à ma blague qui ne l'amuse pas du tout

Ces deux amis qui sont restés passifs dès le début, se rapprochent les bras croisés pour me fixer haineusement, on dirait des géants en face de moi. Ils ne peuvent pas m'intimider.

« D'un, je parle à qui je veux et comme je veux et de deux ton nom n'est pas inscrit sur cette table si je me trompe. Renchéris-je tout en essayant de me calmer

-Je ne me répèterais pas, dégage. Déclare-t-il plus sereinement

-Sinon quoi ? » Le défié-je

Je me lève pour lui faire face, il reste tout de même impassible et insolent. Et ça m'énerve au plus haut point. Je dois le remettre à sa place ce prétentieux, à peine je reviens à la charge qu'une fille qui sort de nulle part me tire en disant au brun :

« Excuse là »

Elle m'entraine sans se retourner, j'aurais pu me débattre mais sans comprendre pourquoi je la suis. Elle m'invite à m'installer et s'assoit en face de moi avant de s'exclamer mi-amusée mi-étonnée:

« Tu es carrément inconsciente de parler ainsi à un membre de l'élite des cinq »

L'élite des cinq ? Suis-je vraiment dans une école ? Ma j'aurais vraiment dû exiger plus d'informations j'ai l'impression d'être une véritable cruche, je dois certainement avoir la tête de l'idiote qui ne comprend rien à rien. Elle me sourit presque compatissante avant de dire :

« Tu dois certainement être nouvelle»

Vos impressions à propos de ce premier chapitre?

chap2

        

C'est si évident que je suis nouvelle ? Elle se frappe le visage se rappelant sans doute quelque chose d'important avant de reporter son attention sur moi et reprends la parole :

«Désolée, je ne me suis même pas présentée, Wendy Messer.

—Pilar Candel. » Rétorqué-je en répondant à sa poignée de main

Je prends enfin la peine de l'observer et je dois l'avouer elle est plutôt mignonne: de longs cheveux ébène, une peau mate, un visage rond, les yeux noirs, un nez retroussé et une bouche rose pulpeuse. Je la détaille sans gêne, son badge rouge attire mon attention. Une hypothèse me traverse, dès lors, l'esprit lorsque je lance un bref coup d'œil autour de moi, les personnes ayant le même badge ne parlent qu'entre eux.

« Il y a beaucoup de choses que tu dois savoir sur cette école » déclare-t-elle en plaçant ses coudes comme appui afin de déposer son visage sur ses paumes de mains

Je suis entièrement d'accord avec elle, elle semble disposer à répondre à toutes mes préoccupations malheureusement un élève l'appelle et elle est contrainte à s'éclipser pour quelques minutes. Dans l'attente de son retour, j'ouvre enfin la première page du fameux carnet.

La higschool prestige a été fondée dans le but de créer une école basée sur le principe de l'élitisme, ainsi trois classes ont été créées. La première classe est la styler. Elle est constituée des enfants de parents riches appelés « richkid », de l'élite des cinq et tous ceux respectant les conditions requises pour accéder à cette classe. Elle bénéficie de nombreux avantages. La deuxième est la zwischen. Elle signifie « entre », comme son nom l'indique c'est une classe intermédiaire. Les conditions d'accès, marquées à la page cinq, elle bénéficie, elle aussi, d'un certain nombre de privilèges. Enfin, la classe des loosers constitués d'élèves nouveaux et de ceux qui ne respectent pas les conditions d'admissibilité à la classe suivante.

La première page terminée, je pense avoir déjà saisi, à peu près, le sens de tout ce qui se trame ici incroyable mais pourtant vrai. Je feuillette un peu le livre et je me rends compte que le règlement est très long, je soupire d'agacement. Le retour de Wendy m'incite à fermer ce maudit carnet, avec elle je verrai sans doute plus net parce que cette école m'intrigue de plus en plus. Elle s'installe et me demande :

«Tu ne termines pas la lecture

—En faite, je suis encore assez surprise par ce que je viens juste de lire. Pourquoi des différences si nous portons des uniformes? C'est plutôt contradictoire je trouve; L'école n'est-elle pas censée être l'incarnation de l'équité? M'exclamé-je presque scandalisée

—Je vais te réitérer ce que l'on m'avait dit: les cinq doigts de la main n'ont pas la même taille mais travaillent ensemble pour aboutir au même résultat, l'égalité dans la différence»

je la regarde silencieuse pas du tout convaincue, elle décide donc de changer d'approche:

«De prime abord, ça paraît bizarre mais l'adaptation n'est pas si difficile. En intégrant la highschool l'année dernière, moi aussi, j'ai été prise au dépourvu.

—D'accord. Rétorque-je à demi convaincue avant d'ajouter: j'ai voulu parler avec des personnes ayant des badges de couleurs différents au mien mais ils m'ont presque envoyé balader. Et cette histoire d'élite de cinq qu'est-ce-que sait?

—Bon je pense que tu avais déjà compris que le badge bleu est destiné à la styler, le vert à la zwischen et le rouge pour la looser.» Renchérit-elle

J'opine d'un signe de la tête en guise de réponse, l'écoutant avec assiduité. Elle continue:

« La looser étant la classe inférieure, elle n'a pas le droit d'adresser la parole à une classe supérieure, c'est plutôt l'inverse qui est possible»

Je ris doucement, là c'est là total!! Je suis tombée dans une école de malade. Wendy me regarde rire, perplexe, elle doit se demander si je me fous de sa gueule. Je me calme et lui demande de continuer.

« Les badges possèdent une mini-puce connectée au serveur central du lycée, tu ne dois jamais le retirer dans cette enceinte.

—Et si je ne viens pas avec ?

—Sanction plus retrait de points, tu sembles être une rebelle si tu me poses une telle question. Rigole-t-elle

—Retrait de points ? » Je demande sans faire attention à sa remarque

Elle acquiesce et me présente son poignet gauche sur lequel est attaché une montre et s'exprime en même temps :

« Les points gagnés ou perdus sont comptabilisés sur cette montre et.......... »

Elle est interrompue par une voix qui vibre dans toute la salle. Sans doute, elle est transmise par des haut-parleurs. Je lève ma tête vers l'origine du signal et je remarque immédiatement des caméras sur les murs. J'inspecte alors chaque recoin du plafond, j'en dénombre en tout quatre. S'il y a des gains et pertes de points, c'est tout à fait normal que ces caméras soient là pour surveiller nos moindres gestes, je dois donc faire très attention à ce que je dis et fais. Une véritable surveillance!!

« Pilar.» Braille-t-elle en agitant sa main

Je sursaute et reprends mes esprits avant de m'excuser, elle soupire se rendant compte que je n'ai rien compris de ce qui se passait.

« J'imagine que tu n'as rien suivi, il faut qu'on aille

—Où ça ? L'interrogé-je, étonnée, elle me sourit avant de dire amusée

—Au terrain de basket il y aura une cérémonie, suis-moi »

Elle se lève. Je range mes affaires après avoir guetté le carnet une dernière fois, je lirai tout ça chez moi. Puis, je la suis machinalement sans broncher, les mains dans les poches de ma jupe.

C'est incroyable, l'ordre de sortie des élèves suit aussi l'ordre décroissant des classes. À première vue, personne ne semble gêné par cet état de choses ou alors les moyens de répression sont très efficaces.

La salle de basket est impeccable : un parquet ciré, des rangées de gradin propres bref tout est bien. Je suis toujours au niveau du chambranle lorsque Wendy me tapote l'épaule, je me retourne pour lui faire face et elle me dit en pointant l'intérieur de la pièce :

« J'ai complètement oublié de te parler de l'élite des cinq, tu vois les cinq élèves assis à côté de l'administration ?

Je porte mon attention où son doigt a été pointé et reconnais immédiatement ce garçon et tout son groupe; Je hoche la tête et elle rétorque:

«Ils sont les représentants de tous les élèves, les seuls ayant plus de deux mille points. La blonde, c'est Britny et celui avec qui tu as eu une altercation s'appelle Kyle. Les deux sont en première littéraire. Le reste, Jason le brun à la carrure imposante. Chris le beau roux et à côté de lui, Viviane. Ils sont tous les trois en terminale. »

Kyle et Britny sont les deux noms que j'ai réussi à retenir, je ne peux m'empêcher de les fixer haineuse alors qu'ils ont les regards rivés sur le podium. Wendy me pousse à entrer. Il ne reste plus que les élèves de la looser. Ils s'installent en haut des gradins, c'est-à-dire les places les moins avantageuses. Installée, j'écoute avec peu d'intérêt le discours de bienvenue du principal, il est suivi par un membre du corps enseignant et enfin par ce dénommé Kyle qui a pris la parole au nom de tous les élèves. Je dois l'avouer il est très éloquent. Wendy me chuchote à l'oreille, admirative :

« Tu as remarqué qu'ils sont trop beaux les membres de l'élite des cinq

—Oui c'est indéniable. » Avoué-je, assez frustrée

Après le discours de Kyle, une autre élève de la styler présente ce qu'elle a appelé les passations. D'après ses explications, il s'agit d'une présentation officielle des élèves admis dans des classes supérieures. 20 sont passés de la looser à la zwischen, et seulement cinq de la zwischen à la styler. Une seule, aussi incroyable que ça puisse paraitre, elle est passée directement de la looser à la styler, qu'a-t-elle bien pu faire pour réussir un tel exploit ?........Au final, les admis sont très peu.

Je sors immédiatement le carnet de mon sac, je le feuillette et je finis par retrouver la page qui m'intéresse : de la looser à la zwischen il faut cumuler cinq cents points, de la zwischen à la styler il faut mille points plus l'accord d'au moins trente élèves de la styler. Cela veut dire que le cumulus de points n'assure pas forcément le passage à la styler. Ils doivent être nombreux dans cette situation où personne ne signe ton passage à la styler.

Je peux en tirer une autre conclusion, il faut toujours être en bons termes avec les classes en dessus, presque docile sinon ils te bloquent. C'est tout à fait normal que, la styler et l'élite des cinq se prennent pour le centre du monde ici. Ils le sont réellement. C'est très frustrant de te retrouver dans un endroit où tu ne peux pas rester toi-même.

Je remets l'ouvrage à sa place initiale avant de reporter mon attention sur celle qui parle, elle a déjà terminé d'énumérer tous ceux qui ont intégré les classes supérieures. Ensuite, elle a demandé à tous les nouveaux de venir récupérer les montres qui ont déjà été initialisées, dans la salle F3 à la fin de ce rassemblement. Elle quitte enfin le podium et c'est le signal du départ de la salle. Par respect pour la hiérarchie, les élèves sortent après le départ du principal et de tout le corps administratif et enseignant. Ensuite l'élite des cinq, suivi par la styler, la zwischen puis ma classe. Wendy accepte aimablement de m'accompagner en F3. En chemin, elle me fait part d'une nouvelle information :

« Je pense que tu auras un retrait de points dû à l'accrochage avec Kyle

—Je m'en doutais déjà un peu. Dis-je après un long soupir et je lui demande un peu hésitante : si ce n'est pas trop indiscret, combien de points as-tu ?

—J'en ai déjà deux cent quatre-vingt-neuf.

—Wow pour une élève intégrée l'an passé c'est plutôt énorme. M'étonné-je

—Pour gagner plus vite des points, il faut participer aux activités extrascolaires. Elles permettent de forger notre personnalité tout en accomplissant des tâches qui cadrent avec les intérêts du lycée. Moi je suis au club journal et si tu es intéressée je t'y inscris

—Non non, ça ne m'intéresse vraiment pas. » Je refuse en faisant des signes de négation de la main

Elle sourit juste et nous continuons le reste du chemin en silence.

Ma montre récupérée, Wendy m'aide à l'activer et elle marque -30 points. Elle avait raison, se confronter à un élève de la styler est synonyme de grandes pertes de points. Le pire, je perds des points alors que je n'ai encore rien gagné.

« Tu veux déjà retourner en salle de classe? S'enquiert-elle

—Pas vraiment pourquoi ? Rétorqué-je intriguée

—Bon comme il y a des clans ici, je voudrais te présenter quelques-uns de mes amis pour que tu ne te sentes pas trop isolée, tu accrocheras peut-être avec quelqu'un.

—D'accord, mais je pense déjà être en affinité avec toi. Je souris

—Moi aussi je t'aime bien. Avant d'y aller, tu auras droit à une petite visite guidée. Ils ne m'en voudront pas si j'ai quelques minutes de retard n'est-ce pas ? » Renchérit-elle, un sourire béat scotché aux lèvres.

Je hoche la tête, amusée. On dirait moi en moins enjouée, je ne suis pas aussi vivace qu'elle. Elle est plutôt sympathique et gentille. Elle m'a tiré de cette situation ambiguë le matin et sans être forcée m'a donné des informations cruciales de cette école. De plus, elle a l'amabilité de me faire visiter l'établissement. Cela en dit long sur sa personnalité.

Après ce bref moment de découverte des lieux, elle m'entraine dans une salle qui semble être l'un des laboratoires du lycée mais je reste en retrait. A peine arrivée, elle se fait engueuler par sa bande qui devait l'attendre depuis un bon moment. Elle réussit enfin à s'exprimer et murmure des mots inaudibles où je suis. Ils se retournent tous dans ma direction. Je suppose que c'est le moment où je dois m'approcher. C'est donc ce que je fais, et ils me regardent comme une bête de foire c'est assez gênant. C'est Wendy qui brise cette atmosphère pesante en faisant les présentations.

Elle me présente de prime abord, les jumeaux Corenthin et Zach en classe de première littéraire. Ils se ressemblent comme de gouttes d'eau : grand de taille, la peau claire, le visage rond avec quelques taches de rousseur au niveau des pommettes, des cheveux roux, les yeux noirs, un nez un peu long et une bouche rouge ; mais elle m'assure que leur comportement est diamétralement différent et grâce à ça je pourrai facilement les reconnaitre.

Camille en classe de première scientifique. Un mètre soixante environ, elle a une peau laiteuse, les cheveux courts châtains, des yeux bleus tirant au gris. Très jolie je trouve.

Et enfin, celui dont je n'avais pas remarqué la présence à mon arrivée. Sans doute il est très réservé. Il s'appelle Lucien, en classe de première scientifique. D'après Wendy il est un surdoué en physique. Il a presque la même taille que moi, les cheveux marron, les yeux noirs, son côté mystérieux le rend presque attirant nonobstant qu'il n'ait pas la carrure d'une star hollywoodienne. Ses lunettes par contre, lui donnent un côté trop sérieux. Nous nous dévisageons, personne n'ose parler.

À ma grande surprise, le groupe m'a très vite adopté et nous conversons de tout et de rien comme des vieilles connaissances. Ils n'ont même pas cherché à savoir d'où je viens, ils m'acceptent juste. Juste des questions basiques rien de trop personnelles.

Le plus enjoué depuis que nous sommes arrivés, en dehors de Wendy, c'est Zach. Wendy avait raison, son caractère est assez différent de celui de son frère jumeau. Zach s'est un sacré blagueur il a toujours une anecdote drôle et adore lancer des piques alors que Corenthin, malgré son petit côté plaisantin il est beaucoup plus posé un peu comme Camille. Lucien est silencieux, il n'a rien dit et Zach ne manque pas de le noter:

« Hé Lucien tu n'as rien dit depuis que nous sommes ici, ne me dis pas que c'est la nouvelle qui te met dans cet état

—Arrête de raconter des conneries. Se vexe-t-il tout en lançant un regard meurtrier

—Tu sais que je rigole. » Le flatte-t-il en entourant ses épaules de ses bras

Je les regarde et souris. L'amitié est extraordinaire, des personnes ne se ressemblant pas réussissent à s'entendre.

Ils ont vraiment été cool, au moins j'ai pu oublier ce début de journée merdique. J'espère vraiment que nous allons nous entendre à long terme.

Sur le chemin de retour, le soir, je reçois un appel de ma mère qui veut s'enquérir de ma journée. Après une seconde d'hésitation j'ai préféré lui mentir, l'assurant que cette école, elle est merveilleuse. Elle s'inquiète beaucoup trop vite, pas besoin de lui ajouter un stress supplémentaire. Je vais lire tout le règlement intérieur et m'y en tenir ce n'est pas sorcier aussi. Enfin j'espère.

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