Après la mort du roi, Fram fut injustement accusé et jeté dans les geôles du palais. Trahi par les circonstances et impuissant face à l’incompréhension de ses accusateurs, il se retrouvait seul dans l’obscurité, confronté à la dureté d’un monde dont il ne connaissait ni les codes ni les lois.
Dans les profondeurs humides de la prison, il s’assit dans un angle froid et pierreux, la tête entre les mains, laissant couler des larmes amères — mélange de colère, de frustration et de désespoir. Chaque goutte semblait graver sur ses joues la lourdeur de l’injustice, comme si le temps lui-même refusait de lui offrir répit.
Il leva les yeux vers la grille de fer, à travers laquelle filtraient quelques rayons de lune, blafards et glacés. Le silence pesant de la cellule résonnait, seulement troublé par le cliquetis lointain des chaînes et le pas régulier des gardes de ronde.
Fram (murmurant pour lui-même) — « Non… non, ce n’est pas possible… D’abord, je meurs dans un accident… ensuite, un vieillard agonisant me confie son trône… et maintenant, me voilà traité comme un meurtrier et enfermé dans ce trou ! »
Un frisson parcourut son corps, et il se recroquevilla davantage. Dans son cœur, la colère bouillonnait, mais une pensée amère le glaçait : il n’avait ni la force ni l’envie de porter le fardeau d’un roi. Comment pourrais-je accomplir une promesse aussi insensée ?, songea-t-il, l’esprit tourmenté. Je ne suis qu’un étranger perdu dans un monde qui n’est pas le mien…
Il ferma les yeux, laissant le silence l’envelopper. Mais bientôt, un grondement sourd s’éleva de son ventre, rompu par des plaintes répétitives. Le bruit résonna dans la cellule, grotesque et incontrôlable, semblable au hurlement lointain d’une bête affamée, tapie dans les ombres.
Fram esquissa un sourire amer, serrant les bras contre son abdomen comme pour étouffer ces protestations. Le vacarme, qui ne cessait de provenir de son estomac, le rappela brutalement à une réalité cruelle : il était prisonnier, affamé… et seul.
Pendant ce temps, dans la Salle du Trône — vaste nef où s’élevaient des colonnes monumentales et des tentures écarlates — le chevalier qui avait appréhendé Fram errait comme une âme en peine.
Le capitaine Aris, à la chevelure rousse, d’ordinaire ferme comme l’acier, paraissait brisé : ses traits, autrefois durs, se creusaient d’ombre, et ses yeux brûlaient d’une fièvre intérieure. Il venait de perdre plus qu’un souverain : il avait perdu son guide, son père d’armes, celui qui avait été la lumière de sa carrière et la raison même de son serment.
Il tournait en rond au pied du trône, les poings serrés, comme assiégé par mille pensées contraires. Son esprit le torturait d’images : le roi alité, la main glacée, l’étranger courbé sur son corps… Sa rage s’était déjà déversée sur Fram, mais un doute perfide commençait à s’insinuer dans son cœur.
Aris (pensée troublée) — « C’est impossible… Le roi est mort, et je n’arrive pas à y croire… Tout cela, c’est à cause de cet étranger ! »
Il frappa de toutes ses forces le poing contre l’un des piliers massifs, le choc résonnant comme un tonnerre dans le silence de la salle. Ses mâchoires crispées, son regard se perdit vers les hautes voûtes, avant de se poser sur l’objet qu’il serrait dans sa main : la montre du défunt roi.
Il la contempla longuement, songeur, le regard noyé de fièvre.
Aris (murmurant) — « Mais… qui est-il réellement ? Est-il l’assassin envoyé par nos ennemis ? Si c’est le cas… comment a-t-il franchi les gardes et atteint la chambre royale sans être vu ? »
Ses doigts se crispèrent davantage autour de la montre. Soudain, les lourdes portes de la salle s’ouvrirent dans un grincement solennel. Un homme entra : sa longue chevelure d’argent tombait en mèches soyeuses sur ses épaules. Il portait la robe immaculée des grands conseillers du royaume, ample et richement brodée de symboles anciens.
??? — « Eh bien… que se passe-t-il, mon cher Aris ? »
Le capitaine sursauta, ses traits encore assombris par la douleur.
Aris — « Que se passe-t-il ?! Comment pouvez-vous poser pareille question ?! Le roi nous a quittés, et déjà le royaume chancelle ! »
Le conseiller s’approcha lentement, ses pas mesurés résonnant sur le marbre, et son regard calme, presque impénétrable, se posa sur Aris.
Conseiller — « Ne vous emportez point, capitaine. Vous savez aussi bien que moi que Sa Majesté traînait depuis plus de cinq ans une maladie incurable. Ses jours étaient comptés… et désormais, il a rejoint ses glorieux ancêtres. »
Aris, hors de lui, le coupa brutalement, sa voix éclatant comme la foudre.
Aris — « Ne me parlez pas de fatalité ! J’étais présent, moi ! J’ai vu cet étranger près de son lit alors que Sa Majesté rendait son dernier souffle ! Il est apparu comme par magie dans la chambre royale, échappant à toutes nos sentinelles… Comment cela serait-il possible sans traîtrise ?! »
Ses poings tremblaient, ses yeux brûlaient d’une fièvre de vengeance. Le conseiller, lui, demeura imperturbable. Il caressa sa barbe argentée et reprit d’un ton presque mielleux.
Conseiller — « Cependant… n’est-il pas étrange qu’un inconnu surgisse au chevet du roi, au moment même où ce dernier rend l’âme ? Le hasard n’existe guère en ces temps troublés. Qu’il soit espion, assassin, ou instrument d’une puissance étrangère, cet homme représente une menace. Et tant qu’il demeure en vie… le royaume ne connaîtra ni paix ni certitude. »
Aris hocha la tête avec violence, consumé par la douleur. Ses doigts se crispèrent de nouveau sur la montre royale.
Aris (d’une voix brisée) — « Alors qu’il pourrisse dans nos geôles… et qu’il y demeure jusqu’à ce que la vérité éclate. S’il est coupable, je jure sur mon honneur qu’il payera de son sang ! »
Un silence pesant s’installa. Le conseiller s’approcha du trône vide, caressant d’une main pensive l’accoudoir sculpté aux armoiries du royaume. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire imperceptible.
Conseiller (à voix basse, presque pour lui-même) — « Oui… qu’il croupisse en prison. Le temps fera son œuvre… et la vérité que chacun croit voir n’est parfois que celle qu’on lui impose. »
Puis, son regard descendit vers la montre du défunt roi, toujours dans la main d’Aris. Ses yeux brillèrent d’une lueur énigmatique.
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