Chapitre 4

Il était assis sur son sofa donnant vu sur la ville, il regardait à travers la baie vitré les lumières de la capitale qui scintillaient comme des lanternes aux loin. Les mots prononcés il y y quelques heures lui hantaient la tête.

« ─ Non, tu n'as pas ce droit de me suivre, tu n'es rien pour moi, alors arrête maintenant. »

« ─ C'est faux, tu ne sais rien de moi, Jude. Comme tous les autres, tu es juste le spectateur de ma vie. »

« ─ Rien de tout ça ne te regarde. Tu n'as pas à connaître la raison de ma venue ici ni la raison de mon départ. Je te l'ai déjà dit… Ma vie ne te regarde pas. »

Jude se souvenait du regard que ce dernier l'avait laissé, il semblait brisé, mais essayait de paraitre fort devant les yeux des autres. Au fond de lui, il savait qu'on avait besoin de lui, il savait qu'il avait besoin de son aide. Cependant, il savait également que ce dernier avait beaucoup trop d'égo pour s'adresser à lui pour demander son aide.

Ils avaient grandi ensemble, mais il avait toujours eu l'impression de faire partie du décor. Il fut une période durant laquelle Shane avait sombré dans la dépression, il était pâle et sans joie, son visage qui rayonnait, n'était plus qu'une vaste mer Morte d'amertume et de douleur. À cet instant, Jude s'en voulait de ne pas avoir été là pour son ami quand il en avait besoin. Pour cette raison, il avait décidé de faire un métier qui lui permettait d'aider et de soulager la souffrance des autres.

Plonger dans ses pensées, il n'entendait pas son téléphone sonné sur la table d'appoint qu'il avait près de lui. C'est au bout de la troisième sonnerie, il saisit ce dernier et décrocha.

─ Substitut du procureur Nash, j'écoute. Répondit-il en se raclant la voix.

─ Bonsoir substitut Nash. Désolé de vous déranger aussi tard, mais pourriez-vous passer maintenant au Parquet ?

─ Du nouveau sur le dossier Desmond ? Questionna Jude en se levant de son sofa.

─ Non, mais il s'agit d'une affaire à laquelle ils pourraient être liés.

─ Préparez les fiches, j'arrive. Raccroche.

Son regard se resserra à l'entente de cette nouvelle information, voilà présentement plus de trois ans qu'il était devenu le substitut du procureur au sein du Parquet administratif.

Et ça faisait bientôt deux ans et demi qu'il avait été placé sur l'affaire des Desmond.

Il récupéra son t-shirt qui traînait sur son canapé, les cheveux en bataille et muni d'un jogging en guise de pantalon.

Il sortit de son appartement, prenant avec lui les clés de sa voiture qui était garée dans le garage au sous-sol de l'immeuble.

Il n'avait eu droit qu'à un dîner froid et sans sujet de discussion. Damon ne savait pas comment réagir face à la nouvelle personnalité de son enfant. Il avait tellement changé qu'on aurait dit une autre personne, l'emprise qu'il avait sur lui avait complètement disparu, il n'hésitait même pas à soutenir son regard lorsque celui-ci parlait, ou encore le provoquait.

Et son regard, lui paraissait encore plus glaçant que le jour de son départ.

Cependant, il y avait quelque chose qui semblait troubler Damon encore plus que tout, c'étaient les mots que lui avait murmurés son fils juste avant de passer à table.

─ Tout ça n'annonce rien de bon, chuchota-t-il en se tripotant les mains, assit à son bureau.

Nanou qui transportait avec elle un plateau contenant une tisane chaud, fit irruption dans le bureau. Le regard toujours aussi bienveillant qu'il y a vingt-six ans au paravent, Damon l'accueilli d'un sourire et se leva pour aller l'aider à transporter le plateau.

─ Je t'ai déjà dit de ne plus faire ce genre de chose toi-même, tu aurais pu le demander à une autre domestique.

─ C'est ta tisane préférée, je voulais te l'apporter moi-même.

Il se contenta de la remercier en souriant, elle n'avait pas changé en son égard malgré tout ce qu'il avait pu faire de mauvais.

─ Euh, j'ai quelque chose à te dire.

─ Non Damon, l'interrompt-elle. Je sais ce que tu vas me révéler et ce n'est clairement pas le moment.

─ Je t'en prie Dina, écoute-moi. Demanda-t-il en prenant sa main.

Ils s'échangèrent des regards de tristesse, mais Nanou rompit le contact, et sortie de la pièce le cœur presque en larme.

Il prit fut d'un excès de colère, il balaya la tasse sur le sol, renversant le contenu de cette dernière, puis il fondit en larmes, laissant le regret s'emparer de lui.

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