Le Guerrier Masqué

Titre : Prisonnière du Jeu

Épisode 2 : Le Guerrier Masqué

Le rugissement du loup résonnait encore dans la clairière. Lina, paralysée par la peur, fixait la bête foncer droit sur elle, les crocs prêts à déchirer sa gorge. Elle ferma les yeux, convaincue que c’était la fin.

Mais le coup mortel ne vint jamais.

Un éclair rouge traversa l’air, accompagné d’un sifflement tranchant. Le loup poussa un cri de douleur et recula brusquement. Quelque chose venait de le toucher.

Lina ouvrit les yeux, tremblante. Devant elle, une silhouette venait de surgir, brandissant une grande lame couverte de flammes rouges. C’était un homme — ou du moins, il en avait l’apparence — vêtu d’une longue cape noire et d’un masque argenté qui couvrait son visage. Ses yeux brillaient d’une lueur dorée intense.

Sans un mot, il se jeta à nouveau sur le loup, enchaînant des attaques avec une précision surhumaine. Lina ne pouvait que regarder, fascinée. Chaque mouvement semblait calculé, élégant, fatal.

Après quelques échanges violents, le loup s’effondra dans un nuage de particules noires. Un écran s’afficha :

Ennemi éliminé. +200 XP (pour le groupe).

Lina : Niveau 1 → 2

L’homme masqué rangea son épée et se tourna lentement vers elle. Lina recula instinctivement, le cœur battant toujours la chamade.

— Tu n’as rien ? demanda-t-il d’une voix grave, légèrement déformée par un modulateur.

Elle secoua la tête, incapable de parler au début. Puis, d’une voix brisée :

— Qui es-tu ?… Où suis-je ? C’est… c’est quoi cet endroit ?!

L’homme croisa les bras.

— Tu es dans Portail des Mondes. Et si tu ne veux pas mourir, tu ferais mieux de t’adapter rapidement.

— Mais… Je ne comprends pas. Ce n’est qu’un jeu, non ? On devrait pouvoir se déconnecter, sauvegarder… revenir à la réalité !

Un silence pesant. Il détourna les yeux.

— Il n’y a pas de retour. Pas pour nous. Ce monde est réel… maintenant.

Lina sentit un nœud se former dans sa gorge.

— Tu veux dire… qu’on est prisonniers ici ?

Il hocha lentement la tête.

— Combien… combien de joueurs sont là ? demanda-t-elle.

— On ne sait pas. Peut-être des milliers. Peut-être des dizaines. Beaucoup ont perdu la raison. Certains croient encore que c’est un rêve. Les plus chanceux… meurent vite.

Ces mots glacèrent Lina. Elle s’assit lourdement par terre, son esprit tourbillonnant.

— Comment tu t’appelles ? demanda-t-elle faiblement.

Il hésita un instant.

— Les noms n’ont pas d’importance ici. Mais on m’appelle Kael.

— Moi, c’est Lina.

Il l’observa un instant, puis tendit la main.

— Tu vas devoir apprendre à survivre. Suis-moi, je connais un endroit sûr pour la nuit.

Lina hésita, puis attrapa sa main. Sa paume était chaude, solide. Elle se leva difficilement.

— Tu n’as aucune compétence ? Ni classe ? demanda-t-il en consultant son interface.

— Non… rien. C’est ma première minute ici. J’ai juste… cliqué sur « jouer »…

Kael soupira.

— Alors tu es une Arrivée brute. T’as eu de la chance de ne pas te faire tuer à l’atterrissage.

Ils marchèrent ensemble à travers la forêt. Kael ouvrait la voie, son épée prête. Lina suivait, les yeux perdus dans le décor irréel. Des lucioles bleues flottaient autour d’eux. Un petit animal ailé s’envola à leur passage.

Après quelques minutes, ils arrivèrent à une grotte cachée derrière une chute d’eau. À l’intérieur, une lumière douce éclairait un campement rudimentaire : un feu, deux sacs, quelques potions.

— C’est… chez toi ? demanda Lina, étonnée.

— On peut dire ça. Je change souvent d’endroit. Trop de joueurs deviennent fous et attaquent les autres. Ici, au moins, on aura quelques heures de paix.

Elle s’assit près du feu. Le silence tomba entre eux, seulement interrompu par le crépitement des flammes.

— Kael ? demanda-t-elle après un moment.

— Hmm ?

— Il y a un moyen… de sortir d’ici ?

Il ne répondit pas tout de suite. Puis :

— Il y a une rumeur. Une Tour au centre du monde. On dit que ceux qui atteignent son sommet peuvent retourner dans le monde réel.

— Et personne ne l’a fait ?

— Pas encore.

Lina serra les poings. Pour la première fois depuis son arrivée, quelque chose s’alluma dans ses yeux : une étincelle de volonté.

— Alors je vais y aller. Je trouverai cette tour. Et je rentrerai chez moi.

Kael tourna la tête vers elle, surpris. Puis il sourit doucement, presque imperceptiblement.

— Bonne chance, petite joueuse. Tu vas en avoir besoin.