Je suffoque

La nuit est tombée sur le foyer Saint-Michel.

Tout est calme. Trop calme.

Les bruits des autres résidents se sont estompés.

Les portes fermées. Les lumières éteintes.

Mais dans ma tête, c’est l’inverse.

Tout hurle.

Je suis allongée sur mon lit, les yeux ouverts.

Je n’arrive pas à dormir. Comme d’habitude.

Mon cœur bat trop vite.

J’ai chaud. J’ai froid.

Ma gorge se serre.

Et soudain, sans prévenir, ça commence.

Ma poitrine se comprime. Mes mains tremblent. Mes jambes se figent.

Je cherche mon souffle, mais il ne vient pas.

Mon corps panique. Mon esprit hurle.

Je suis en train de faire une crise.

Je me redresse d’un coup. Je me lève, titube jusqu’au mur. J’essaie de respirer.

Inspire. Expire. Inspire…

Mais rien.

Tout se brouille.

Je tombe à genoux.

Et là… il se réveille.

— Thaïs ?

La voix de Noah. Un murmure inquiet dans l’obscurité.

Je ne peux pas répondre. Ma bouche ne bouge plus. Mes mains sont glacées. Mes larmes coulent sans bruit. J’ai honte. J’ai peur qu’il me voie comme ça.

Mais il se lève. Il vient vers moi.

— Respire, murmure-t-il. Calme-toi, je suis là.

Il s’accroupit, me regarde droit dans les yeux.

— Tu m’entends ? Respire avec moi, ok ?

Je secoue la tête. Je veux parler, mais aucun son ne sort.

J’ai l’impression de me noyer.

Alors Noah fait quelque chose que personne n’a jamais fait.

Il tend la main. Doucement. Sans brusquer.

Il la pose contre ma poitrine. Pas pour m’arrêter. Pas pour m’effrayer.

Juste pour me montrer :

Il est là. Il reste.

— Écoute mon souffle. Inspire quand j’inspire. Expire quand j’expire. T’es pas seule, Thaïs.

Il parle lentement. Sa voix est grave, posée, presque rassurante.

Je me concentre sur lui.

Ses yeux. Sa respiration.

Je m’accroche à lui comme à une bouée au milieu d’un océan.

Petit à petit, mon souffle revient.

Pas parfaitement. Pas facilement.

Mais il revient.

Ma poitrine se soulève enfin.

Mon cœur bat encore vite, mais je ne suis plus en train de mourir.

Je m’écroule contre lui. Sans réfléchir.

Je suis fatiguée.

Vidée.

Brisée.

Mais vivante.

Et il me tient.

Sans dire un mot.

Pas comme un garçon amoureux.

Pas comme un héros.

Juste comme un être humain qui comprend.

Quand mes larmes cessent, je m’écarte un peu, gênée.

Je ne peux pas le regarder. J’ai honte.

Mais il murmure :

— Tu n’as rien à cacher. Pas à moi.

Je ferme les yeux.

Et pour la première fois, je me rends compte que ce n’est pas l’amour qui me manque.

C’est juste quelqu’un… qui reste quand je m’effondre.

Et ce soir, ce quelqu’un… c’est lui.

Je suis encore blottie contre lui. Ma tête posée sur son épaule.

Je sens son cœur battre sous son pull. Il bat plus lentement que le mien. Régulier. Stable.

Et bizarrement, ça m’apaise.

Il ne me repousse pas.

Il ne me demande rien.

Il ne dit même pas que ça va aller.

Il se contente d’être là.

Et c’est ça, le plus doux.

Il me laisse respirer à mon rythme. Il n’essaie pas de m’effacer, ni de m’arranger.

Il me laisse cassée. Il me laisse tremblante.

Mais il reste.

— T’as souvent des crises ?

Sa voix est basse, posée, comme s’il avait peur de me faire exploser avec un mot de trop.

— Oui, je murmure. Depuis que je suis petite.

— Y a quelqu’un qui t’aide, d’habitude ?

— Non.

Je sens sa mâchoire se crisper légèrement. Comme s’il détestait ma réponse.

Je lève un peu les yeux vers lui. Nos visages sont proches. Trop.

Mais je ne recule pas.

— Pourquoi tu fais ça ? je demande.

— Quoi ?

— Être gentil avec moi.

Il réfléchit. Puis répond :

— Parce que je sais ce que ça fait… de s’effondrer tout seul.

Et parce que… j’aurais aimé qu’on reste pour moi, un jour.

Je baisse les yeux. Ce garçon me comprend trop bien.

Ça me fait peur. Mais ça me fait du bien aussi.

— Je suis désolée, dis-je. D’être comme ça. Faible.

Il secoue doucement la tête.

— Tu veux savoir ce que je vois, moi ? Une fille de quinze ans qui survit à quelque chose qu’elle n’aurait jamais dû affronter. Et elle est toujours là.

Il marque une pause.

— Pour moi, ça… c’est pas de la faiblesse. C’est de la force.

Je retiens un sanglot. Je ne veux pas pleurer encore. Pas devant lui.

Mais ses mots me frappent. Me fissurent.

Alors je chuchote, dans un souffle :

— Merci… Noah.

Il me regarde longtemps. Puis répond simplement :

— Tu n’as pas à me remercier. Je suis juste là. C’est tout.

Et c’est peut-être ça que je cherchais depuis toutes ces années.

Pas un sauveur.

Pas un ange.

Juste quelqu’un qui reste q

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Comments

愛

Moi aussi j’ai peur d’exprimer ma tristesse ou mon angoisse devant les autres même mes amis et certains membres de ma famille, je préfère ne pas déranger.

2025-06-24

2

愛

J’apprécie vraiment ton histoire, on ressent les émotions et la douleur des persos, une douleur qui a été vécue (ou qu’il l’est toujours, mais j’espère que ça va mieux maintenant)

2025-06-24

1

Pretty flower girl

Pretty flower girl

J'aime trop l'histoire/Drool//Drool/ c'est intéressant, captivant, c'est de l'art/CoolGuy/

2025-06-25

0

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