Chapitre 3 - La nuit me trahit

Le silence de la chambre était lourd. Un silence de chasse. D’attente.

De piège.

Kiran s’était couché sans vraiment s’endormir. Étendu sur les draps trop propres, entouré d’odeurs étrangères, le corps tendu comme un arc. Tout ici lui hurlait de fuir, mais il n’avait nulle part où aller.

Et il avait une mission à accomplir.

Mais cette nuit-là, quelque chose clochait.

Son cœur battait plus vite. Son souffle s’alourdissait. Sous sa peau, une chaleur rampante, imprévisible, montait lentement, comme un poison.

Il serra les dents.

Pas maintenant.

Il savait ce que c’était. Il l’avait déjà vécu. Ce pic de tension, cette sueur glacée, cette pression dans la nuque.

Un signe que son corps… réagissait.

À quoi ? À qui ? Il n’avait pas besoin de réponse.

Ryen.

Ce foutu mâle alpha. Cette odeur qui traînait partout, imprégnée dans les murs, dans les draps, dans sa tête. C’était comme une morsure mentale. Une présence constante.

Kiran se redressa, les mains tremblantes, passa sous la douche glacée. Longtemps. Très longtemps.

Mais l’eau ne lavait pas les instincts.

Pas les siens.

Quand il ressortit, torse nu, ruisselant, la fenêtre était entrouverte.

Il s’arrêta net.

Il était certain de l’avoir fermée.

Ses yeux se plissèrent, et son corps entier se tendit.

Il n’eut même pas le temps de se retourner. Une présence derrière lui. Immobile. Silencieuse. Il ne l’avait pas entendue.

Mais il la sentit. Comme un courant électrique dans l’air.

« Tu dors pas. »

La voix de Ryen. Grave. Calme. Mais il y avait quelque chose de rauque dedans. Quelque chose qui réveillait des choses interdites chez Kiran.

Il ne se retourna pas.

« Tu rentres souvent sans frapper ? »

Un silence.

Puis Ryen s’approcha. Lentement. Jusqu’à ce que son souffle caresse la nuque encore humide de Kiran.

« Tu trembles. »

Kiran ferma les yeux, un instant.

« Juste… la température. »

Ryen ne répondit pas. Il resta là. Assez proche pour que Kiran sente la chaleur de son torse. Et cette odeur. Cette foutue odeur d’alpha pur.

Le corps de Kiran réagit malgré lui. Un spasme. Léger. Mais suffisant.

Et Ryen le sentit. Bien sûr qu’il le sentit.

Il murmura, presque amusé :

« Ton corps ment moins que toi. »

Kiran se retourna brusquement, le regard brûlant. Mais Ryen était déjà reculé, comme un fantôme qui ne laisse que son parfum.

« Prépare-toi, » dit-il en s’éloignant dans le couloir. « Je t’emmène demain. Une mission. Une vraie. On verra ce que tu vaux. »

La porte se referma lentement derrière lui.

Kiran resta debout, seul, le souffle court.

Il savait que cette nuit n’avait été qu’un avertissement.

La prochaine fois, il ne tremblerait pas.

Ou il tomberait.

Le lendemain :

L’aube était pâle, et la forêt encore noyée de brume.

Un vent froid glissait entre les troncs. Tranchant. Sourd. Parfait pour couvrir une traque.

Ryen avançait devant, en silence, vêtu de noir. Ses hommes les suivaient à distance, mais cette mission n’était pas pour eux. Elle était pour lui. Pour Kiran.

« On entre en zone neutre, » déclara Ryen sans se retourner. « Pas de meute, pas de règles. Si tu te fais mordre, t’as intérêt à riposter. Fort. »

Kiran hocha la tête, concentré. Son corps était encore tendu de la nuit, mais l’adrénaline couvrait tout.

« Et si je meurs ? »

Ryen sourit, sans se retourner.

« Je récupère ton cadavre. On en fera un bel avertissement. »

Charmant.

Ils s’arrêtèrent devant un vieux bâtiment en ruine, rongé par le lierre, à moitié effondré. Une ancienne cache oméga, selon les rumeurs. Désaffectée. Inutile.

Mais aujourd’hui, elle abritait autre chose.

« Il y a un groupe de trafiquants là-dedans, » expliqua Ryen. « Des renégats. Ex-alphas. Ex-bêtas. Sans meute. Ils vendent des captifs omégas au plus offrant. »

Kiran sentit ses mâchoires se serrer.

« Et on fait quoi ? On négocie ? »

Ryen le regarda, froidement.

« On teste ta fidélité. Tu entres. Tu nettoies. Seul. »

Kiran releva les yeux vers lui, lentement.

« C’est pas une mission. C’est une exécution. »

Ryen s’approcha, posa une main sur sa nuque.

Juste là. Juste là où sa glande était dissimulée.

Mais il ne dit rien.

« Tu veux jouer dans ma meute ? Tu veux qu’on te respecte ? Alors prouve que tu mérites ta place. »

Kiran lui lança un regard noir.

« Et si je ne reviens pas ? »

Ryen pencha la tête, un sourire carnassier aux lèvres.

« Je dirai que t’étais pas un vrai alpha, finalement. »

Kiran entra.

L’intérieur du bâtiment empestait le moisi, la sueur, le sang.

Pas récent. Mais pas effacé non plus. Il descendit lentement, ses pas feutrés, ses sens en alerte.

Un cri bref. Une porte claqua. Il y avait du mouvement.

Ils étaient au moins quatre. Peut-être cinq.

Des loups, seuls, déséquilibrés, rendus fous par l’isolement. Rien à perdre. Rien à défendre.

Parfait pour tester les nerfs d’un soi-disant alpha.

Et Kiran… se laissa faire.

Il les attira. Lentement. Silencieusement. Il ne hurla pas. Il frappa vite. Sec. Un dans la gorge. L’autre dans les côtes. Un dernier, plus résistant, tenta de le mordre.

Erreur.

Il le plaqua contre le mur, les yeux luisants.

« Touche-moi encore et je t’arrache la langue. »

L’autre le fixa, hagard… puis recula, abandonné par ses instincts.

Kiran dominait. Sans flair. Sans cri.

Par la rage.

Par le vide.

Quand il ressortit, couvert de poussière, le souffle stable, Ryen l’attendait.

Un silence, d’abord.

Puis Ryen s’approcha, et posa une main sur son épaule.

« T’as ce qu’il faut pour survivre. »

Un compliment ? Non. Un avertissement.

Kiran le fixa. Et dans ses yeux, un éclat plus sombre :

« J’ai pas survécu pour qu’on me félicite. »

Et dans sa tête, une pensée unique :

C’était facile de les tuer.

Ce sera plus dur… de ne pas te désirer.

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