Chapitre 2 : Le pouvoir interdit de Pivoine

Dans le calme doré de Solstice, la ville d’or éternelle, Pivoine grandissait dans une famille de classe moyenne aisée. Leur demeure se trouvait à la lisière d’un ancien bois, un lieu préservé du tumulte urbain. C’était une maison chaleureuse, entourée de jardins bien entretenus et décorée avec goût, mais sans excès. Ses parents, discrets mais cultivés, lui avaient transmis l’amour de la tranquillité et des choses oubliées.

Ce n’était pas dans cette maison, cependant, que Pivoine passait ses heures les plus précieuses. Un peu plus loin, dissimulé au cœur de la forêt, se trouvait un vieux bâtiment envahi par la mousse et les ronces : un ancien atelier appartenant à sa grand-mère maternelle, aujourd’hui décédée. Officiellement, cet endroit n’existait plus. Personne n’en parlait. Mais Pivoine, poussée par une intuition étrange, l’avait trouvé par hasard — ou peut-être était-ce le lieu qui l’avait appelée.

Dès qu’elle avait posé les pieds à l’intérieur, elle s’était sentie chez elle. Des étagères couvertes de rouages, de fioles vides, de fragments d’objets étranges. Des outils suspendus, une table de travail encore couverte de poussière… et, dissimulé sous une latte de bois légèrement déchaussée, un carnet relié de cuir craquelé. Il appartenait à sa grand-mère. Les pages, remplies de croquis, d’équations et de réflexions sur l’Essence et le Mécanisme, vibraient d’un savoir ancien. C’était un journal, un testament, un héritage silencieux.

Depuis cette découverte, Pivoine retournait chaque jour à l’atelier. Elle dessinait ses propres plans, inspirée par les notes qu’elle lisait en secret. Ses doigts bougeaient avec une précision presque instinctive, comme si sa mémoire portait en elle des gestes anciens. Elle créait de petits animaux articulés, des sphères qui lévitaient, des mécanismes impossibles qui prenaient vie sous ses yeux.

Mais ce n’était pas normal.

Son pouvoir, officiellement classé en catégorie C, devait être faible, presque insignifiant. Pourtant, quand elle se concentrait, une lueur dorée enveloppait ses paumes. Un soir, alors qu’elle réparait un oiseau mécanique, ses doigts s’illuminèrent d’eux-mêmes. Le métal se referma, les ailes se redressèrent, et l’oiseau prit son envol avec un sifflement cristallin.

Pivoine recula, le souffle court.

— C’est revenu… murmura-t-elle.

Elle se souvenait vaguement de cette sensation, toute petite. Avant le scellement. Avant que ses parents, effrayés, ne dissimulent son pouvoir et effacent toute trace de sa lignée maternelle.

Depuis plusieurs semaines, des manifestations étranges revenaient. Dans ses rêves, elle voyait des formes géométriques tourner lentement dans l’obscurité, comme des engrenages d’un monde oublié. Dans la réalité, les objets la suivaient du regard, les rouages se liaient d’eux-mêmes, des voix chuchotaient parfois… Elle comprenait sans apprendre. Elle ressentait sans expliquer.

Et surtout, elle créait sans effort.

Son pouvoir n’était pas un simple don. C’était le Mécanisme, un art ancien, rare, scellé depuis des générations. Une capacité de catégorie S, voire davantage. Interdite. Éteinte. Mais en elle, il battait encore, appelant à sortir de l’ombre.

Elle n’en parlait à personne. Pas même à ses parents. Elle savait qu’ils l’aimaient, mais aussi qu’ils avaient peur. Peur de la vérité. Peur de ce qu’elle pourrait devenir.

Et dans l’ombre, Mère Cléa, la vieille gouvernante, continuait d’observer. Silencieuse, loyale. Elle savait. Elle attendait le jour où la lumière cachée de Pivoine briserait enfin le sceau.

Car un pouvoir né pour créer ne peut être bâillonné éternellement.

Et le monde, bientôt, aurait besoin de la magie de Pivoine.

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