Chapitre 3: Le Message Codé.

"Quand un message vient du néant... faut-il y répondre, ou fuir ?"

La chambre est plongée dans la pénombre. Seule la lumière bleutée de l’interface Nexus éclaire les murs. Hikari est allongée sur son lit, les yeux fixés au plafond. Son casque de réalité augmentée repose à côté d’elle, silencieux.

Elle n’arrive pas à se sortir de la tête ce qu’elle a vu l’après-midi même.

Est-ce qu’un joueur peut vraiment… mourir dans Nexus Dream ? pensa-t-elle en silence.

Elle détourna le regard vers le casque posé près d’elle.

— Et cette zone… Le Jardin d’Aether était si paisible, avant…

Puis, presque sans s’en rendre compte, elle murmura :

— J’espère que Luna va bien…

Elle tendit la main vers l’interface et ouvrit ses messages privés. Rien. Pas le moindre mot. Jusqu’à ce qu’un flash rouge surgisse à l’écran.

> 🔒 Nouveau message – Expéditeur inconnu

Elle se redressa d’un bond, le cœur battant.

— Qu’est-ce que… ? souffla-t-elle.

Elle cliqua. L’écran devint noir. Des lignes de code défilèrent. Puis des phrases apparurent, comme tapées en direct par une main invisible.

> 🌑 Il vous observe.

🌑 Ce n’est pas un bug.

🌑 Ce réseau est vivant.

🌑 Si vous l’avez vu… il vous a vus aussi.

🌑 Quittez. Avant qu’il ne soit trop tard.

Hikari resta figée.

— C’est une blague ou quoi… ?

Un son strident jaillit brutalement de l’interface. Un cri numérique, strident, presque douloureux.

— C’est quoi ce bruit horrible ?!

Elle se couvrit les oreilles. L’écran clignota, puis tout s’éteignit. L’interface redémarra comme si de rien n’était.

Le lendemain, à la pause, Hikari retrouva Luna. Celle-ci avait le visage livide et les mains légèrement tremblantes.

— Tu vas bien ? demanda Luna, inquiète.

— Oui… oui, je suis juste fatiguée.

Luna la fixa sans dire un mot. Puis :

— Tu peux me le dire, tu sais. T’as l’air… bizarre.

Hikari hésita. Puis baissa la voix.

— J’ai reçu un message, cette nuit. Un truc vraiment flippant. Il disait que quelque chose… nous observait.

— Montre-le-moi.

— Je peux pas. Il s’est effacé tout seul. Comme si le système refusait qu’il existe.

Luna fronça les sourcils.

— Et si ce n’était pas le système… mais lui ?

Hikari la regarda, surprise.

— Tu veux dire… que celui qui l’a envoyé l’a effacé lui-même ?

— C’est possible. Peut-être qu’il voulait éviter d’être repéré.

— Mais pourquoi nous envoyer un message aussi étrange, alors ?

Luna haussa les épaules.

— Aucune idée. Mais on doit découvrir pourquoi.

Hikari soupira.

— Et dire que je pensais que cette appli était juste… géniale.

— C’est vrai que tout ça commence à faire beaucoup, admit Luna. Et franchement, ça me fait flipper aussi.

— Je commence à douter de la sécurité de Nexus Dream…

— Viens. On va se connecter depuis un espace public, surveillé.

Elles entrèrent ensemble dans une zone commune du Nexus. Autour d’elles, des avatars discutaient, échangeaient des skins, participaient à des mini-jeux. Tout semblait normal… mais plus calme qu’avant. Comme si quelque chose pesait dans l’air.

— L’ambiance a changé, remarqua Luna à voix basse.

Hikari regardait autour, méfiante.

— J’ai fouillé les logs. Le message venait d’un utilisateur fantôme. Aucun avatar, aucun historique. Juste un nom : REVENANT-01.

— Si quelqu’un peut écrire dans le réseau sans laisser de trace… il ne joue pas avec les mêmes règles que nous, dit Luna en fronçant les sourcils.

— Tu crois que c’est un ancien développeur ? Un pirate ?

— Ou autre chose.

— Et maintenant ? demanda Hikari.

— Pour l’instant… je dirais qu’on se replie dans mon espace privé. Là-bas, on pourra enquêter sans être dérangées.

— Bonne idée.

L’espace personnel de Luna était un véritable petit monde virtuel. Une forêt suspendue dans le ciel, parsemée de fleurs lumineuses et de cabanes flottantes.

— Wouah ! souffla Hikari. C’est magnifique…

— Merci. En fait, c’est un peu grâce à toi. Cet endroit, je l’ai construit avec nos souvenirs.

— Tu veux dire… tous ces objets… ?!

— Chaque image, chaque son, chaque lumière, c’est un souvenir heureux qu’on a partagé. C’est mon refuge.

Hikari sourit.

Mais soudain, Luna s’immobilisa.

— Attends… quelque chose cloche.

Hikari se tourna vers elle, inquiète.

— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?

Au fond de l’espace, quelque chose flottait. Un objet noir, pixelisé, comme une tache d’encre dans un monde parfait.

> Objet détecté : TRACE_CORRUPT_001

— Tu l’as mis là ? demanda Hikari.

— Non… murmura Luna.

Elle s’approcha, tendit la main, hésita… puis toucha l’objet.

Un son strident éclata de nouveau.

— Encore ce son ! hurla Hikari, les mains sur les oreilles.

Une voix se fit entendre. Grave. Déformée. Inhumaine.

> Ils arrivent. Le Nexus ne les retient plus. Trouvez le Cœur du Système.

Luna resta figée, le regard fixé sur l’objet.

— Qu’est-ce que… !?

Le fragment explosa soudainement en une pluie de pixels. La déflagration projeta les deux filles au sol.

— Aaaah !!!

Quand elles se relevèrent, le monde autour d’elles avait changé. L’espace privé de Luna était méconnaissable. Les couleurs s’étaient ternies. Le ciel semblait brisé. Et au loin, une silhouette floue se dessinait, immobile.

— C’était quoi ça… ? murmura Hikari.

— Je ne sais pas… mais c’était pas normal. Pas du tout.

— Cet endroit était censé être protégé…

— C’est comme disait le message. Il nous observe.

Un dernier message résonna dans leur esprit, comme gravé dans le vide :

> Nous avons ouvert une porte. Quelqu’un – ou quelque chose – de l’autre côté nous regarde. Et il ne veut pas qu’on la referme.

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