L'ombre dans le reflet

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Chapitre 4 :

La pluie avait commencé à tomber sur Moscou. Fine, persistante, rythmée. Comme un murmure venu troubler le silence fragile de la nuit. Cassandra s’était enfermée dans son bureau, les volets tirés, la lumière tamisée. Elle fixait son écran sans vraiment lire, perdue dans une pensée plus profonde.

Celio était parti quelques heures plus tôt. Il lui avait laissé un mot griffonné sur un coin de nappe, avec une écriture nette, disciplinée. "Je reviendrai quand tu croiras que tu n’as plus besoin de moi."

Elle avait ri. Un rire bref, nerveux.

Puis elle s'était arrêtée.

Parce qu’il y avait quelque chose d’inquiétant, dans ce départ aussi fluide que son arrivée. Comme un souffle chaud dans sa nuque qu’elle ne parvenait pas à chasser.

Un message s’afficha sur son écran. Crypté, anonyme. Une adresse IP masquée, un langage codé utilisé par son service de cybersécurité interne.

> "Il n’est pas ce qu’il prétend être. Tu es observée. Reste prudente. – V."

Elle fronça les sourcils. Son système de surveillance n’avait été activé que pour des cas extrêmes. Qui avait réactivé ces protocoles sans son ordre ?

Elle pianota rapidement sur son clavier, appela deux de ses analystes.

— Qui m’a envoyé cet avertissement ? Qui est ce "V" ?

— Personne de chez nous, Madame, répondit l’un des techniciens. Le message est passé par votre ancien canal sécurisé du Conseil de Sécurité Industrielle. Il a été désactivé depuis deux ans.

Cassandra se redressa lentement. Cela n’avait aucun sens.

— Analysez tout. Je veux les flux, les métadonnées, l’origine. Et vous verrouillez tout. Absolument tout.

Elle coupa la communication, la gorge sèche. Il n’y avait qu’une poignée de personnes qui connaissaient l’existence de ce canal. Et toutes avaient disparu de son cercle après une trahison. Toutes sauf une.

Celio.

Mais il ne pouvait pas savoir. Pas de cette manière. Ou alors...

Un frisson glacé glissa le long de son dos. Elle avait baissé la garde. Trop tôt. Trop fort.

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Plus tard, dans un bar discret du quartier Arbat

Celio était assis dans l’ombre, dans une salle privée, éclairée par un néon rouge vacillant. Il n’avait pas retiré son manteau. Devant lui, un téléphone ancien modèle, à clapet, reposait sur la table. Il vibra. Il décrocha.

— Elle commence à douter, murmura une voix.

— C’est le but.

— Tu joues avec le feu, Celio. Elle n’est pas comme les autres. Elle pourrait te brûler.

— J’ai appris à aimer les brûlures.

— Et si elle découvre ?

— Elle découvrira. Un peu. Juste assez pour ne pas fuir. Trop pour me faire confiance.

Un silence s’installa.

— Ils ont bougé. Moscou n’est plus neutre. On a intercepté des hommes à toi.

Celio ferma les yeux. Un battement sourd cogna dans sa tempe.

— Desquels ?

— Pavel. Et Nikita. L’un a disparu. L’autre est blessé.

— C’était prévisible.

Il raccrocha. Puis regarda l’écran de son autre téléphone, celui qu’il n’avait pas encore osé montrer à Cassandra. Un message clignotait.

> « Volkov est la clé. Récupère ce qui nous revient ou on le prendra nous-mêmes. »

Ses mâchoires se crispèrent. L’ennemi avançait. Trop vite. Trop près.

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Retour chez Cassandra – Tard dans la nuit

Elle rentra chez elle plus tard que prévu. La pluie avait cessé, mais l’air restait chargé de tension. En franchissant le seuil de son appartement, elle sentit tout de suite que quelque chose n’allait pas.

Ses dossiers, ouverts.

Son ordinateur, déplacé.

Mais rien ne manquait.

Et pourtant, tout avait changé.

Elle referma la porte lentement, l’adrénaline montant.

Puis une voix, dans le noir :

— Je ne voulais pas entrer. Mais ta porte était mal fermée.

Cassandra alluma. Celio. Assis dans un coin, dans l’ombre, les bras croisés.

— Tu étais dans mon appartement ?

— J’ai senti que quelque chose clochait. Tu avais laissé une lumière allumée. C’est rare chez toi.

Elle le regarda longuement. Elle aurait dû être furieuse.

Mais elle était troublée. Par ce qu’elle lisait dans ses yeux : ce n’était pas de la culpabilité.