---
Chapitre 2 :
Le matin s’était levé sur Moscou, timide, pâle, comme s’il hésitait à briser le calme de la nuit. Cassandra sortit de sa chambre, encore en robe de chambre, les cheveux légèrement en bataille. Elle ne portait aucun maquillage, chose rare. Mais chez elle, elle se permettait d’être vulnérable.
Elle s’arrêta net.
Celio était déjà réveillé. Assis dans le salon, il avait préparé du thé, coupé quelques fruits, et une pile de magazines de mode trônait à côté de lui.
Il leva les yeux, comme s’il sentait sa présence bien avant qu’elle n’entre.
— Bonjour.
— … Tu es toujours debout ?
— Je n’ai pas beaucoup dormi.
Elle haussa un sourcil, méfiante malgré elle.
— Tu t’es levé à quelle heure pour préparer tout ça ?
— Je ne dormais pas. Alors j’ai fait quelque chose d’utile.
Il tendit une tasse.
— Thé vert au jasmin. Pas de sucre. Comme hier soir, quand tu as refusé le dessert.
Elle le dévisagea.
— Tu observes tout, hein ?
Il ne répondit pas tout de suite. Il l’observait, elle aussi, là, dans sa robe fluide, ses pieds nus sur le parquet froid. Elle était encore plus belle ainsi. Naturelle. Fragile, presque.
— Je retiens ce qui m’importe.
Cassandra prit la tasse, lentement.
— Tu parles peu, mais chaque mot est une énigme. Tu sais que c’est agaçant ?
Un demi-sourire étira les lèvres de Celio.
— Pourtant, tu continues de poser des questions.
Elle souffla, amusée malgré elle, et s’installa à la table.
— Qu’est-ce que tu cherches, Celio ? Tu m’as suivi jusqu’ici, tu joues le mec discret… mais tu n’as rien d’ordinaire. T’es pas juste un employé quelconque, n’est-ce pas ?
Il prit une gorgée de thé, calmement.
— Et si j’étais juste quelqu’un d’assez fou pour s’intéresser à toi, Cassandra ?
Elle s’étrangla presque.
— C’est pas une réponse.
— C’est la seule que je te donnerai, pour l’instant.
Elle posa sa tasse. Se leva.
— Tu sais quoi ? Prends une douche si tu veux. Je pars au bureau dans une heure. Si tu veux vraiment jouer les accompagnateurs, va falloir t’accrocher. Je ne suis pas tendre avec ceux qui travaillent autour de moi.
— Tu veux dire… je peux venir ?
Elle s’arrêta, un instant. Pourquoi avait-elle dit ça ?
— Tu veux vraiment voir à quoi ressemble ma journée ?
— J’ai vu ton monde d’en bas. J’aimerais voir ce que ça donne en haut.
Il n’avait rien demandé explicitement. Mais elle accepta. Comme fascinée.
— Tu n’as pas peur de moi, hein ? dit-elle en le fixant.
— C’est toi qui a besoin qu’on ait peur de toi ?
Elle ne répondit pas.
Mais cette fois… ce fut elle qui détourna les yeux.
---
Au siège de Volkov Couture
L’entrée de l’immeuble Volkov était aussi imposante que son nom. Tout était pensé pour impressionner : statues modernes, verre fumé, marbre au sol. Cassandra entra en première, suivie de Celio, sobre dans un costume qu’elle lui avait laissé.
Le personnel l’observait. Il n’était pas rare qu’elle vienne accompagnée d’un "homme temporaire", comme on murmurait dans les couloirs. Mais celui-là… avait quelque chose de différent.
Il ne souriait pas.
Il observait.
— Il est à moi pour aujourd’hui, lança Cassandra à sa secrétaire. Je ne veux aucun commentaire.
La femme acquiesça, trop bien entraînée pour faire un commentaire.
— Réunion dans vingt minutes avec le groupe français. Ensuite, l’atelier de création, puis déjeuner avec l’ambassadeuse.
Cassandra hocha la tête et se tourna vers Celio.
— Tu observes. Tu ne dis rien. Si quelqu’un te pose une question, tu es mon assistant personnel pour une collaboration italienne. Point.
Celio suivit sans discuter.
Mais en silence, il regardait tout. La façon dont elle marchait — rapide, précise, presque militaire. La manière dont les employés s’écartaient devant elle. Elle dégageait une autorité naturelle, un pouvoir presque physique.
Et pourtant, dans son dos, les couteaux s’aiguisaient.
— Tu fascines autant que tu déranges, murmura-t-il entre deux couloirs.
— Bienvenue dans mon monde, répondit-elle sans se retourner.
---
Dans l’atelier
Les créateurs s’agitaient autour d’elle. Des prototypes de robes étaient suspendus, des croquis recouvraient les murs. Cassandra discutait avec l’un des stylistes quand elle sentit une présence derrière elle.
Celio. Silencieux. Mais attentif. Ses yeux parcouraient les croquis.
— Tu as un avis ? demanda-t-elle.
Il se contenta de tendre un dessin.
— Celui-là. Il ne te ressemble pas. Trop froid. Trop... vide.
Le styliste blêmit.
Cassandra le fixa. Longuement.
— Tu crois me connaître ?
— Non. Mais je devine ce qui te trouble. Et ce croquis n’a rien de vivant.
Elle sourit. Un vrai sourire cette fois.
— Tu vas me coûter cher si tu te mets à briser des égos. Mais j’aime ça.
Le styliste balbutia quelque chose, mais Cassandra avait déjà tourné les talons.
Elle aimait le feu qu’il réveillait chez elle. Et il le savait.
---
Plus tard
Au déjeuner, elle l’observa. Il mangeait peu, mais avec élégance. Il parlait rarement, mais quand il ouvrait la bouche, on écoutait.
Il avait une prestance naturelle. Une autorité silencieuse.
Elle se força à détourner les yeux. Quelque chose clochait. Il en savait trop. Se comportait trop bien. Elle avait connu des hommes riches. Des hommes influents. Et lui… il n’était pas un simple employé.
Elle aurait dû fouiller. Poser des questions.
Mais elle ne voulait pas casser l’illusion. Pas encore.
---
Le soir
Ils revinrent chez elle.
Celio, sans même attendre, prépara deux verres de vin. Elle entra, les bras chargés de dossiers, fatiguée. Mais en le voyant là, calme, posé… elle sentit un apaisement.
— Tu veux rester encore une nuit ? demanda-t-elle.
Il ne répondit pas immédiatement.
— Et si je veux rester plus que ça ?
Elle le fixa, interdite.
— Tu es accro, Celio ?
— Disons que je suis attiré. Par quelque chose que je n’arrive pas à quitter.
Elle bu une gorgée. S’approcha.
— Tu n’as toujours pas répondu à ma première question.
— Laquelle ?
— Qui tu es vraiment.
Il s’approcha, lentement. À quelques centimètres.
— Tu découvriras quand tu seras prête.
Et à ce moment-là, Cassandra sentit quelque chose la traverser. Une intuition. Un frisson. Comme une alarme.
Mais elle n’écouta pas.
Parce qu’elle était déjà tombée. Trop profond.
---
***Téléchargez NovelToon pour profiter d'une meilleure expérience de lecture !***
Comments
Mimi 😘😘😘😍😍
c'est ton instinct qui te préviens que tu entres dans la tanière du loup ma belle 👁️👁️
2025-06-04
0
juglin
C'est de la pure psychologie Noire
2025-06-04
0