La Proie Du Loup
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Chapitre 1 :
Il neigeait sur Moscou. Une neige fine, silencieuse, presque tendre, qui transformait les rues grises en tableaux vivants. Le genre de paysage qui inspirait Cassandra lorsqu’elle dessinait de nouvelles collections. Ce matin-là, elle avait quitté ses bureaux plus tôt, lassée des réunions stériles et des visages fatigués de ses associés.
Elle poussa la porte de son café préféré, niché entre deux librairies anciennes, au cœur d’un quartier artistique qu’elle affectionnait particulièrement. Un carillon discret tinta, et aussitôt, une douce chaleur l’enveloppa. L’odeur du pain grillé, du lait chaud et des chats qui rôdaient tranquillement entre les tables formait un cocon apaisant.
Elle salua d’un sourire sincère la propriétaire du lieu, une vieille femme aux cheveux blancs et à la voix rauque, puis chercha sa place habituelle : une table dans le coin, près de la baie vitrée, là où elle pouvait observer les passants et rêver.
À côté, quelques enfants riaient en caressant les chats. Cassandra les observa longuement. Ses yeux brillaient de cette lueur douce qu’elle ne montrait que rarement : un désir discret, presque douloureux. Elle adorait les enfants. Elle rêvait d’en avoir. Mais entre les responsabilités, sa solitude, et les hommes qu’elle écrasait sans le vouloir, rien n’avait jamais tenu.
Elle tira doucement sa chaise et s’installa.
— Un chocolat chaud avec lait d’avoine et un croissant aux amandes ? proposa la serveuse avec un clin d’œil.
— Comme toujours, répondit Cassandra avec un sourire. Merci, Mila.
Elle ôta ses gants, puis son long manteau crème, révélant une robe noire élégante, simple, mais qui sculptait sa silhouette fine avec une précision volontaire. Elle sortit son carnet à croquis, griffonnant un pull enfant avec des motifs de chats. Un chaton vint se lover contre ses pieds. Elle se pencha, le caressa, et rit doucement. Un éclat de sincérité qui ne s’achetait pas.
Et c’est à ce moment-là qu’il entra.
Celio.
Un homme immense, presque irréel dans ce décor paisible. Sa silhouette noire tranchait avec l’ambiance chaleureuse du lieu. Son manteau long, en laine sombre, gouttait encore de la neige, et ses cheveux noirs étaient à peine humides. Il leva les yeux vers elle une fraction de seconde. Suffisante.
Il savait déjà qui elle était.
Cassandra.
Cassandra Volkov, PDG de l’empire Volkov Couture, une femme que le monde admirait, craignait, ou envi. Mais lui, il ne faisait ni l’un ni l’autre. Il la voulait. Il la voulait comme on désire une obsession, comme on respire une drogue. Depuis des mois, il la surveillait. Depuis que son empire hôtelier avait frôlé la faillite à cause d’un contrat qu’elle avait arraché sous son nez. Il aurait pu la haïr. Il aurait dû.
Mais il ne l’avait vue qu’une fois, à distance. Et depuis, elle vivait dans ses pensées.
Aujourd’hui, il n’était pas là par hasard.
Il fit mine de chercher une place libre, puis se dirigea vers la table voisine. Il s’assit, silencieux, sortit un livre. Une couverture banale, un auteur russe méconnu. Juste assez pour passer pour un employé discret en pause déjeuner.
Cassandra le remarqua immédiatement.
Difficile de ne pas remarquer un homme de près de deux mètres, à la carrure dense, au visage taillé dans la pierre et aux yeux sombres comme la nuit russe. Mais il ne la regardait pas. Pas vraiment. Et cela, elle l’apprécia.
Un homme qui ne se prosternait pas immédiatement. Un homme qui laissait exister le silence.
Elle tourna légèrement la tête vers lui.
— Vous aimez les chats ? demanda-t-elle.
Il leva les yeux. Et là, pour la première fois, leurs regards se croisèrent.
Une tension électrique.
— J’en ai toujours eu, murmura-t-il. Ils sont... imprévisibles. Sauvages, mais tendres quand ils choisissent de l’être. J’admire ça.
— Moi aussi. C’est pour ça que je viens ici. Et pour le chocolat chaud, avoua-t-elle avec un rire léger.
Celio esquissa un sourire. Un sourire parfaitement mesuré.
— Première fois que je viens ici. C’est... apaisant.
— Vous travaillez dans le coin ? demanda-t-elle, curieuse.
Il acquiesça.
— Employé dans une chaîne hôtelière. Rien de glorieux. Je m’offre une pause rare aujourd’hui.
Il mentait si bien que même elle n’y vit rien.
— Rien de glorieux ? Et pourtant, vous avez une attitude bien trop calme pour quelqu’un qui travaille dans ce secteur. Vous cachez quoi ? Une âme d’artiste ?
Il haussa les épaules, jouant la carte du mystère.
— Peut-être que je cache seulement mon ennui.
Elle éclata de rire. Ce genre de réplique lui plaisait.
Et dans son esprit, une idée germa. Elle allait s’amuser un peu.
— Cassandra, dit-elle en tendant la main.
Il la saisit avec une douceur calculée.
— Celio.
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(à suivre : la deuxième moitié du chapitre, avec montée en tension, premier jeu de domination psychologique de Cassandra, et l’obsession de Celio qui se dévoile peu à peu...)
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Comments
Mimi 😘😘😘😍😍
ahhhh lalala on verra qui dominera le jeu 😌😌😌
2025-06-04
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juglin
Ok ça commence très bien
2025-06-04
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