chapitre 4

(Après la chute, après le baiser volé, Élina et Léo se relèvent, gênés mais riant doucement. La pluie continue de ruisseler contre les vitres. Le moment est suspendu, fragile, presque irréel.)

Élina (essayant de masquer son trouble) :

T’es trempé jusqu’aux os… Tu vas tremper tout le tapis aussi.

Léo (taquin) :

Trop tard pour ça, non ?

Élina (lui lançant un coussin) :

Va prendre une douche, idiot.

(Il hoche la tête, obéissant, mais attend encore un instant. Comme s’il voulait être sûr qu’elle ne regrette pas.)

Élina (plus doucement) :

La salle de bain est au fond, à gauche. Je vais te trouver des fringues sèches.

(Elle monte à l’étage, fouille dans un vieux tiroir : un jogging gris à elle, large, et un sweat qu’elle avait piqué à son cousin un jour. Ça fera l’affaire.)

(Quand elle redescend, la salle de bain est silencieuse. La vapeur s’échappe doucement par le bas de la porte. Elle dépose les vêtements sur une chaise, puis va s’asseoir sur le canapé.)

(Cinq minutes. Dix. Son cœur bat plus fort que d’habitude. Elle pense au baiser. À sa main contre sa nuque. À la chaleur. À ce qu’elle a failli faire si elle n’avait pas glissé.)

(La porte s’ouvre. Elle tourne la tête... et son souffle s’arrête.)

Léo est là. Juste une serviette autour de la taille. Torse nu. Cheveux mouillés, gouttes d’eau glissant sur ses clavicules, sur son ventre. Et ce regard qu’il pose sur elle, à moitié surpris, à moitié gêné.)

Léo (hésitant) :

Tu… t’as pas dit où t’avais mis les fringues. Je les ai pas vus.

(Élina reste figée une seconde. Puis détourne brutalement le regard.)

Élina (voix étranglée) :

Ils… sont sur la chaise. Là. À ta droite.

(Un silence. Elle sent son cœur s’emballer. Sa peau chauffer. Elle se déteste de rougir. Mais elle n’arrive pas à s’empêcher de le regarder du coin de l’œil. Il est beau. Trop. Et c’est réel maintenant.)

Élina (plus brusquement) :

Habille-toi. Vite.

Léo (un demi-sourire) :

Tu vas bien ?

Élina (sans le regarder) :

Oui. Non. J’sais pas. C’est gênant, là. Alors dépêche-toi.

(Il attrape les vêtements, s’éclipse dans la chambre à côté. La porte se referme. Elle pousse un soupir, plaque ses mains sur son visage brûlant.)

Élina (à voix basse pour elle-même) :

Putain… dans quoi je me suis embarquée ?

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(La pluie ne s’est pas calmée. Au contraire, elle cogne fort contre les vitres, rythmant la nuit d’une cadence orageuse. Élina a soupiré en voyant l’heure. Elle n’a pas eu le cœur de le renvoyer sous l’averse.)

Élina (timide, depuis le seuil de sa chambre) :

Tu peux rester dormir… sur le canapé. J’te ramène une couverture.

Léo (sourire léger) :

Tu m’offres l’hospitalité… mais pas trop près. C’est ça ?

Élina :

Exactement.

(La nuit est tombée. Tout est calme, sauf le martèlement de la pluie. Élina, en pyjama large, descend pour vérifier que Léo dort bien. Elle le voit, allongé sur le canapé, la couverture remontée à moitié. Son torse dépasse encore un peu. Il a l’air… paisible.)

(Par jeu, elle s’approche. Lentement. Tendrement. Sa main va jusqu’à sa joue. Elle ne sait pas pourquoi elle le fait. Juste… elle en a envie.)

Élina (chuchotant) :

Même quand tu dors, tu fais exprès d’être beau

(Mais au moment où ses doigts effleurent sa peau, Léo bouge soudainement, encore à moitié endormi — et il l’attrape doucement, machinalement, comme si son corps répondait à sa chaleur.)

(Elle bascule sans bruit, se retrouvant assise contre lui, coincée dans le creux de son bras. Il ne se réveille pas. Mais elle, si.)

(Et là… son corps touche le sien. Il est chaud. Fort. Et sans le vouloir, ses fesses se retrouvent contre quelque chose de dur. Elle se fige. Le rouge lui monte aux joues.)

Élina (pensée, paniquée) :

Non. Non non non… Il dort. Il dort ! Il sait même pas… !

(Elle essaie de se redresser, tout doucement. Mais chaque mouvement fait bouger son bassin contre lui. Elle se mord la lèvre. Elle ne sait plus si elle a chaud à cause de la gêne, ou… d’autre chose.)

(Finalement, elle abandonne. Elle reste là. Immobile. Le cœur tambourinant.)

Élina (tout bas) :

Tu vas me tuer, Léo. Et même pas en étant réveillé…

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