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Chapitre 5 : Ce que la nuit réclame

Le silence revint, mais il n’avait plus la même saveur.

Elle se tenait là, debout, les cheveux balayés par un vent qui n’existait pas, les yeux d’un gris spectral, le cœur battant d’une force inconnue.

Il s’approcha doucement, blessé, le souffle court.

« Tu… tu as puisé dans l’Obscur. »

Sa voix tremblait, pas de peur, mais de regret.

Elle le fixa.

« Tu m’as dit que je deviendrais comme toi. Mais ce que je suis maintenant… je ne crois pas que tu l’aies déjà été. »

Il recula d’un pas.

L’Obscur.

Un pouvoir ancien, interdit même parmi les siens. Un pouvoir qui prend autant qu’il donne.

Et elle… elle l’avait éveillé sans guide. Par pur instinct. Par amour.

Elle posa sa main sur sa poitrine. Il sentit la chaleur. Mais aussi une brûlure.

« Ton cœur… il change. Il se fige. »

Elle ferma les yeux.

« Je le sens. Je ne suis plus totalement moi. Quelque chose grandit en moi. Quelque chose… qui murmure. »

Une larme grise coula sur sa joue. Il la prit dans ses bras, malgré la douleur.

« Alors je resterai là, même si tu oublies qui tu es. Même si tu deviens autre. Tu m’as sauvé. À mon tour maintenant. »

Mais dans l’ombre d’un clocher brisé, une silhouette les observait.

Et dans un livre scellé depuis un siècle, une prophétie se réveillait :

"Lorsque l’amour rallumera l’Obscur, la fin commencera par elle."

Chapitre 6 : Celle que la prophétie nomme

Des jours passèrent. Ou des semaines. Le temps se tordait autour d’elle.

Elle ne dormait plus. Elle ne mangeait plus. Et pourtant, elle existait… plus intensément que jamais.

L’Obscur murmurait à chaque battement de son cœur devenu froid.

Des mots oubliés, des souvenirs qui n’étaient pas les siens.

Des noms. Des lieux. Un destin qui ne demandait qu’à s’accomplir.

Il restait à ses côtés, fidèle. Mais il la voyait changer.

Ses yeux ne reflétaient plus seulement l’amour. Ils reflétaient le vide… et une puissance qu’aucun mortel ne pouvait contenir.

Un soir, elle se leva sans un mot. Marcha vers les ruines d’un ancien sanctuaire, guidée par quelque chose de plus ancien que la mémoire.

Là, dans la pierre, gravé à la main :

“Elle viendra, celle qui a aimé l’ombre. Elle ouvrira le Veil. Elle sera fin et commencement.”

Il la retrouva agenouillée devant cette inscription, le regard lointain.

« C’est moi… » souffla-t-elle.

« Ce que j’ai fait cette nuit-là… ce n’était pas un choix. C’était l’appel. »

Il voulut la prendre dans ses bras. Elle recula.

« Je sens que je t’aime encore, mais ce n’est plus… humain. C’est plus profond. C’est presque cosmique. Et ça me consume. »

Il baissa les yeux.

« Tu peux encore résister. Tu n’es pas qu’une prophétie. »

Elle releva le menton.

« Peut-être. Ou peut-être que la prophétie, c’est ce que je dois devenir. »

Et dans son dos, deux ailes d’ombre et de lumière se déployèrent.

Ni ange. Ni démon. Quelque chose d’ancien, d’absolu.

Le ciel lui-même frissonna.

Chapitre 7 : Le Dernier Combat

Le ciel s’était fendu. Pas d’éclairs, pas de tonnerre. Juste… le silence. Un silence trop parfait. Trop calme. Celui qui annonce l’inévitable.

Elle se tenait au centre du cercle sacré, ses ailes d’ombre et de lumière déployées, le regard perdu dans un lointain que lui seul ne pouvait plus atteindre.

Autour d’eux, le monde se fissurait. Des créatures oubliées par le temps rampaient hors des failles, attirées par son pouvoir. Par elle.

Il se tenait en face, seul, armé non pas d’une lame… mais de ce qu’il lui restait : leur histoire. Leur amour. Ce qu’ils avaient été avant la prophétie.

« Je sais que tu m’entends, même sous tout ça, » cria-t-il, la voix tremblante.

« Tu n’es pas qu’une arme. Tu n’es pas qu’un destin. Tu es celle qui m’a tendu la main quand j’étais perdu. Tu es ma lumière, même couverte d’ombres. »

Ses mots firent frémir l’air.

Elle leva la tête. Un instant. Une lueur dans ses yeux. Un souvenir.

Mais l’Obscur s’agita. Un cri spectral sortit de sa gorge. Elle ne pouvait plus lutter seule.

Alors il s’élança, non pas pour frapper, mais pour l’enlacer.

Et au moment où elle aurait dû le repousser, elle tomba à genoux dans ses bras. Les ailes se replièrent. Le ciel, lui aussi, sembla retenir son souffle.

Mais l’Obscur, trahi par sa porteuse, hurla. Une déchirure s’ouvrit dans la réalité, menaçant de tout emporter.

« Il faut que je parte, » dit-elle à voix basse.

« Je dois m’enfermer avec lui. Il ne me lâchera pas. »

Il secoua la tête, les yeux pleins de larmes.

« Non. Pas encore. Pas toi. »

Elle posa sa main sur son cœur.

« Garde ça. Garde tout ce que je suis. Et si un jour… la lune noire revient… appelle-moi. Je reviendrai. »

Puis elle marcha dans la brèche, seule, entourée de lumière noire.

Et dans un souffle, elle disparut.

Épilogue :

Des années plus tard, dans une nuit sans lune, il se tient au même endroit.

Il ferme les yeux, murmure son nom.