PDV Ethan :
Je le savais. J'aurais dû dire non. Mais je ne suis pas responsable, je ne l'ai jamais été, à moi d'en payer le prix maintenant.
Je l'ai vue se garer, cette voiture noir, qui ne m'inspirait pas confiance. C'était la sienne. Il savait ce que j'avais essayé de faire, il savait pour cette fameuse nuit.
Je suis resté figé, incapable de bouger, même quand la portière s’est ouverte dans un silence calculé.
Et il en est sorti. L’homme en noir. Pas un mot, pas un regard autour. Juste cette assurance froide, cette façon de marcher qui disait qu’il ne craignait rien.
Et qu’on devait le craindre, lui.
Il s’est arrêté à quelques mètres de moi.
Je sentais son regard me passer au crible.
Pas un tueur. Pas tout à fait. Mais pas loin. Ce genre d’homme qu’on envoie quand on veut faire passer un message — ou enterrer un problème.
— Ethan Lowell, a-t-il dit d’une voix calme, presque polie.
Je n’ai rien répondu. Pas tout de suite. Mes poings se sont serrés. J’aurais pu courir. Me battre. Hurler.
Mais à quoi bon ?
— On a vu que tu posais des questions, a-t-il continué. Que tu fouillais là où il ne faut pas.
Il a fait un pas de plus, sans menace apparente. Pourtant, chaque mot pesait comme une pierre.
— On ne touche pas à ce qui appartient à monsieur Morello.
Je l’ai regardé droit dans les yeux. Parce qu’à ce moment-là, j’ai compris. Ce n’était plus une histoire de désir, de colère, ou même de regret.
C’était une guerre.
— Il ne t’appartient pas, j’ai soufflé.
Un silence. Puis un mince sourire sur ses lèvres.
— Peut-être pas. Mais il n’est pas à toi non plus.
Il m’a tendu une enveloppe. Simple. Blanche. Froissée sur un coin.
— C’est ce que tu voulais, non ? Des réponses.
Je l’ai prise sans comprendre. Il a reculé, lentement, puis s’est réinstallé dans sa voiture. Moteur allumé. Vitres teintées.
Et il a disparu.
Je suis resté là quelques secondes, seul au bord du trottoir, les doigts tremblants autour de cette enveloppe qui brûlait entre mes mains.
Dedans, il y avait une photo. Rayan. Assis sur un lit, torse nu, le regard vide. Une date, une adresse. Un message griffonné à la hâte.
"Tu veux le voir ? Viens. Mais viens seul."
Je n’avais plus le choix.
Je l’avais cherché.
Maintenant, il fallait que j’assume.
Et si je devais marcher droit dans la gueule du loup pour lui,
alors qu’il en soit ainsi.
PDV Rayan :
Je ne dors plus.
Ou du moins, plus vraiment. Je ferme les yeux, mais mon corps reste en alerte. Comme si chaque bruit, chaque mouvement derrière la porte pouvait être le dernier. Comme si tout allait basculer — encore.
Depuis cette nuit-là, quelque chose a changé. Je le sens dans les regards, dans les silences de l’appartement. Ils ne parlent pas. Mais ils savent. Et moi, je sens leurs soupçons me frôler comme des lames.
Gabriel n’a rien dit. Pas un mot. Il m’observe. Il me frôle. Il m’effleure parfois comme on teste un fil prêt à céder. Mais je ne sais pas s’il attend que je parle… ou que je tombe.
Et Ethan.
Putain, Ethan.
Je pense à lui plus que je ne devrais. Ce qu’on a fait. Ce qu’on n’a pas eu le temps de dire. J’ai cru pouvoir l’effacer. Mais il est là, partout. Dans mon corps, dans ma gorge. Il m’a laissé un manque, un vertige. Et depuis, tout me semble plus terne. Plus froid.
Je crois qu’il a essayé de me retrouver. Quelqu’un m’a suivi, l’autre jour. Trop propre pour un voleur, trop discret pour un passant. J’ai accéléré le pas, j’ai fait mine de rien. Mais je sais. J’ai grandi dans les ombres, je reconnais les chasseurs.
Et ce matin… il y avait une tension étrange dans l’air. Comme si quelque chose approchait. Comme si une décision avait été prise sans moi.
Je suis resté assis sur le lit, dos au mur, le regard fixé sur la porte.
Il va se passer quelque chose.
Je le sens.
Je ne sais pas quoi.
Mais ce n’est pas fini.
Je ne veux pas qu’il vienne.
Je ne veux pas qu’il me sauve.
Mais si je suis honnête… une partie de moi l’espère encore.
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