Chapitre 1 : Rencontre dans la rue

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La nuit était tombée sur la ville comme un rideau opaque, enveloppant les rues d’une obscurité lourde et poisseuse. La pluie fine martelait doucement les pavés, donnant à l’air une fraîcheur humide, presque glaciale. Les lampadaires diffusaient une lumière orangée tremblotante, comme s’ils hésitaient eux-mêmes à éclairer cette partie de la ville.

Luca rentrait tard de la bibliothèque universitaire. Son sac sur l’épaule, trempé jusqu’aux os, il pressait le pas. Il n’aimait pas passer par cette ruelle, mais c’était le chemin le plus court jusqu’à son studio. Habituellement, il évitait ce quartier à la réputation douteuse, mais ce soir-là, il était fatigué, et ses bloqueurs commençaient à faiblir.

Il le sentait.

Ce picotement au fond de la gorge. Cette chaleur dans le bas du ventre. Ce besoin vague, diffus, mais insistant. Ses chaleurs n’étaient pas censées revenir avant au moins deux semaines, mais son corps semblait prêt à trahir les régulations chimiques qu’il s’imposait.

Il pressa encore le pas.

C’est alors qu’un bruit sec résonna dans la ruelle. Un cri étouffé. Un grognement. Puis un coup sourd, suivi d’un corps qui s’écroule contre les briques humides d’un mur.

Luca se figea.

À quelques mètres devant lui, deux silhouettes se faisaient face. Une grande, imposante, et l’autre à genoux, recroquevillée, haletante. L’homme debout tourna légèrement la tête. Une mèche noire, humide de pluie et probablement de sueur, glissa sur son front.

Il avait du sang sur les mains.

— Putain… murmura-t-il entre ses dents, d’une voix grave, rauque.

Luca fit un pas en arrière, mais la flaque sous son pied éclaboussa. L’homme releva brusquement la tête.

Leurs regards se croisèrent.

Des yeux d’un gris perçant. Durs, froids, mais étrangement… fatigués. Luca sentit son cœur rater un battement. Il voulait fuir, mais il était incapable de détourner les yeux. Son loup intérieur, qu’il avait passé des années à faire taire, grogna faiblement au fond de lui.

L’homme tomba soudain à genoux, posant une main contre son flanc. Du sang ruisselait sous son manteau noir.

— Toi… murmura-t-il en le fixant. Tu… t’es pas d’ici.

Luca sentit son souffle se bloquer. Il n’aurait pas su dire pourquoi, mais il s’approcha. Prudemment, comme si ses pieds avançaient d’eux-mêmes.

— Vous êtes blessé, dit-il, la voix tremblante. Je peux appeler une ambulance…

— Non. Pas d’ambulance. Tu… tu ne veux pas faire ça.

Luca s’arrêta à un mètre de lui. Il vit alors la marque sur son cou : une cicatrice en forme de morsure, ancienne mais toujours visible. Et cette odeur. Cette odeur enivrante et brute d’alpha puissant, presque animale, malgré la pluie. Son corps réagit malgré lui. Son ventre se serra. Ses sens s’aiguisèrent.

Le sang d’un alpha. L’odeur de la violence. Et cette présence… insupportablement magnétique.

— T’es un… commença l’alpha, en le regardant avec une lueur de surprise dans les yeux. Un oméga.

Luca recula brusquement. Il porta une main à sa nuque, où il savait qu’il n’y avait aucune glande visible. Il prenait des bloqueurs depuis l’adolescence. Comment cet homme avait-il deviné ?

— Je me suis trompé. Je ne veux pas d’ennuis, dit-il précipitamment. Bonne soirée.

Il tourna les talons.

— Attends. Ton sac…

Luca s’arrêta. Son sac était tombé dans sa précipitation. L’alpha l’avait ramassé. Lentement, malgré la douleur. Il le lui tendit.

Luca s’approcha, méfiant, et attrapa la lanière du sac. Leurs doigts se frôlèrent. Une décharge le traversa.

— Comment tu t’appelles ? demanda l’homme, les yeux toujours rivés sur lui.

— Ça ne vous regarde pas, répondit Luca, le cœur battant.

— Je suis Dante, dit-il, un mince sourire au coin des lèvres. Dante Moretti.

Luca pâlit.

Le nom résonna en lui comme un coup de tonnerre. Ce nom, il l’avait entendu. Aux infos. Dans les murmures de certains élèves de la fac. Le chef du clan Moretti. Un des alphas les plus dangereux du pays. Trafic, meurtres, pouvoir. Un monstre pour certains. Un roi pour d’autres.

— Tu ferais mieux de rentrer. Et de te couvrir… tu frissonnes.

Luca ne répondit pas. Il attrapa son sac, s’écarta d’un pas et courut sans se retourner.

Il rentra chez lui, verrouilla la porte, tira les rideaux, et s’effondra au sol. Ses mains tremblaient. Son cœur battait encore comme un tambour.

Mais ce qui le troubla le plus, ce fut l’odeur de Dante, qui semblait l’avoir suivi jusque chez lui. Elle s’incrustait dans ses vêtements, dans ses pensées. Elle réveillait une part de lui qu’il croyait éteinte.

Luca était en danger.

Mais pas à cause d’un mafieux.

À cause de ce que cette rencontre venait d’éveiller en lui.

À suivre…..

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