Chapitre 4

L'aube peignait Eldoria d'un rose tendre, puis d'un or doux. Les toits de mousse s'éveillaient sous la lumière naissante, les ombres se retiraient. Un murmure de vie s'élevait, les premiers chants d'oiseaux saluant le disque solaire qui grimpait lentement au-dessus des monts. La nouvelle journée s'annonçait, paisible et lumineuse. À l’horizon, on voyait trois silhouettes qui venaient en direction du village, leurs formes encore floues dans la brume matinale.

Le chef du village, un homme aux cheveux grisonnants et au regard sage, se tenait sur la place, observant attentivement les arrivants. Lorsqu'ils furent plus près, il les reconnut.

Chef du village (avec une surprise contenue) : Bienvenue ! Oh... mais ce sont les Mages de la Citadelle d'Argent ! C'est une joie de vous accueillir à Eldoria.

Parmi les trois mages, un vieillard aux longs cheveux blancs et à la barbe fournie, appuyé sur un bâton orné de runes lumineuses, s’avança vers le chef du village. Son regard perçant semblait scruter l'âme de l'endroit.

Mage de la Citadelle (un homme à la longue barbe blanche et aux yeux perçants) : Bien le bonjour, Chef d’Eldoria. Que le vent vous soit favorable. Il y a fort longtemps que nos chemins ne s'étaient croisés. Je dois dire que le temps a patiné votre sagesse avec une élégance certaine.

Chef du village (un sourire chaleureux ridant le coin de ses yeux) : Aaaaaaah, Maître Eldrin ! Je retourne votre constat avec la même sincérité. Je suppose que vous êtes la cérémonie de l’Éveil magique.

Eldrin : Effectivement ! Le Conseil des Mages nous a confié la responsabilité et l'hoNneur d'organiser et de superviser la Cérémonie de l'Éveil Magique qui aura lieu aujourd'hui. C'est un événement crucial, et nous souhaitons nous assurer que tout se déroule dans les meilleures conditions pour les jeunes aspirants de votre village et les voyageurs.

Chef du village (hochant la tête avec respect) : Nous vous en sommes très reconnaissants, Maître Eldrin. Votre présence est un gage de bon augure. Les villageois seront honorés. Y a-t-il quelque chose en particulier que nous devrions préparer ?

Eldrin : En effet. Quelques ajustements logistiques mineurs, rien d'alarmant. Nous aurons besoin d'un espace dégagé et sacré près de la Sylve Étoilée pour le bon déroulement de la cérémonie, ainsi que quelques bancs ou des arrangements pour accueillir les spectateurs. Mais rien qui ne puisse être aisément organisé par votre communauté toujours si serviable. Notre présence est principalement destinée à apporter notre expertise magique et à veiller au bon déroulement de l'éveil des dons chez les jeunes aspirants. Et pour ce qui est de la sécurité et de tout imprévu, soyez rassuré, nous sommEs accompagnés de plusieurs mages compétents.

Chef du village (soulagé) : C'est comme si c’était déjà fait, Maître Eldrin. Si vous voulez bien me suivre, nous avons gardé une maison confortable rien que pour vous et vos compagnons. Vous pourrez vous y reposer et vous préparer avant la cérémonie. Par ici, je vous prie.

Le chef du village se tourna, indiquant un chemin à travers les premières maisons du village, tandis que les mages de la Citadelle d'Argent le suivaient, leurs robes amples flottant légèrement dans la brise matinale. L'arrivée de ces puissants mages ajoutait une aura de solennité et de prestige à l'approche de l'événement tant attendu.

Les heures passèrent et le village s'anima, empli du brouhaha des voyageurs venus de contrées lointaines, de la présence rassurante des mages désignés pour la sécurité, et de l'installation colorée des stands commerciaux. Des bannières aux couleurs vives claquaient doucement au vent, tandis que les odeurs alléchantes de nourriture exotique se mêlaient aux parfums plus familiers des herbes locales. Les artisans étalaient leurs créations : bijoux scintillants, amulettes protectrices, et étoffes aux motifs enchanteurs. Les conteurs attroupaient de petits groupes avec leurs récits captivants, et les musiciens accordaient leurs instruments, prêts à emplir l'air de mélodies festives. L'excitation palpable de la Cérémonie de l'Éveil Magique imprégnait chaque conversation, chaque regard.

Au milieu de cette effervescence, Zane et Jules se frayaient un chemin, observant avec une curiosité mêlée d'appréhension l'agitation ambiante.

Jules : Incroyable tout ce monde ! On dirait une fête avant la fête. Tu te sens prêt pour demain ?

Zane (un peu nerveux) : Prêt... oui et non. J'ai hâte de savoir quel pouvoir la Sylve va me donner... enfin, si elle me donne quelque chose. Et toi ? Tu as une idée de ce que tu aimerais ?

Jules : J'avoue que j'aimerais bien un don qui améliore mes talents de pisteur. Voir à travers les illusions, peut-être ? Ça serait utile dans la forêt interdite.

Ils s'arrêtèrent devant un stand où un vieil homme vendait de petites fioles remplies de liquides chatoyants.

Vieil Homme : Approchez, approchez ! Élixirs de chance, potions de clarté d'esprit ! Parfait pour aborder la Cérémonie de l'Éveil avec les meilleures dispositions !

Jules jeta un regard intéressé aux fioles.

Jules : Tu crois que ça marche vraiment ?

Zane (sceptique) : Probablement. Mais qui sait ?

Ils se dirigeaient vers le lac d’Eldoria, où l'événement devait avoir lieu.

On pouvait apercevoir les villageois mettre la main à la pâte : ils installaient les bancs pour le pUblic, nettoyaient les alentours du lac avec soin, et disposaient des guirlandes de fleurs lumineuses entre les arbres. Certains transportaient des lanternes colorées. L'atmosphère était à la fois laborieuse et joyeuse, chacun contribuant à la préparation de cette journée si spéciale.

Zane et Jules observaient depuis le haut d’un arbre les activités avec un mélange d'impatience et de respect. Leurs jambes ballottaient nonchalamment dans le vide, tandis que leurs regards parcouraient la scène animée au bord du lac.

Jules : Tu as vu, Zane ! Quand je pense que c'est dans quelques heures, on sera là, devant la Sylve... C'est dingue, non ? Toute notre vie, on a attendu ce moment. Tu te sens comment ? Nerveux ? Excité ? Un peu des deux ? Moi, j'ai l'impression d'avoir des papillons dans le ventre, mélangés à... je sais pas... une sorte d'impatience joyeuse.

Zane : Toi, tu ne tiens plus en place, hein... Depuis hier, tu es tout excité, on dirait qu’on avait versé sur toi une colonie entière de fourmis hyperactives. Tu gigotes plus qu'un bébé griffon qu'on chatouille.

Jules (incapable de rester immobile, se balançant légèrement sur sa branche) : C'est normal ! Tu ne peux pas comprendre cette joie qui m'anime depuis que j'ai réalisé que dans bientôt... Bientôt, on va enfin découvrir notre magie ! C'est un rêve qui se réalise, Zane ! Toute notre vie, on a attendu ça ! Comment peux-tu être aussi... stoïque ?

Zane (en pensant, les yeux rivés sur l'agitation en contrebas) : Ouais, je vois ça. Tellement "animé" qu'il risque de tomber de l'arbre avant même la cérémonie. Moi, je suis juste... serein. Ou peut-être un peu anxieux, mais je ne vais pas me trémousser comme un poisson hors de l'eau pour autant. Faut garder une certaine dignité, quand même.

À voix haute, il ajouta d'un ton plus neutre.

Zane : Je suis impatient aussi, Jules. Mais je préfère savourer le moment calmement. Demain sera bien assez mouvementé. Tu ne crois pas ?

Jules (redescendant de sa branche avec une agilité surprenante) : Peut-être. Mais l'attente... elle est presque plus excitante que l'événement lui-même, tu ne trouves pas ? Allez, viens ! Descends ! J'ai envie de me rapprocher du lac. On pourrait peut-être apercevoir un signe, une indication de ce qui nous attend.

Zane soupira légèrement, mais se laissa glisser de sa branche, suivant son ami avec une impatience plus contenue. L'excitation de Jules était contagieuse, même pour lui.

Ils trouvèrent devant le lac l’endroit précis où la Sylve Étoilée déploierait sa magie. L’eau était si claire qu’on pouvait distinguer les Créatures aquatiques se promener paisiblement sur le fond sablonneux. De petits poissons aux écailles argentées zigzaguaient entre les pierres lisses, tandis que des plantes aquatiques aux feuilles d'émeraude ondulaient doucement au gré du léger courant. La surface du lac, miroitante sous la lumière déclinante, reflétait les couleurs changeantes du ciel et les silhouettes imposantes des arbres environnants, créant un spectacle naturel d'une beauté sereine.

Zane et Jules observaient la beauté que reflétait le lac. Puis, ils s’apprêtaient à retourner au village pour se préparer pour la nuit et la cérémonie du lendemain, lorsque Jules s’arrêta net, un air pensif et léGèrement inquiet sur le visage.

Zane : Mais... Mais qu’est-ce qui t’arrive, mon pote ? Tu as oublié quelque chose au lac ?

Jules (le regard fixé sur le lac avec un léger sourire) : Non, ce n’est rien... c’est juste que...

Zane : Quoi ! Tu peux tout me dire. Tu sais bien que je ne me moquerai jamais.

Jules : T’es sûr ? C'est... un peu personnel.

Zane (affirmant sa confiance d'un geste de la main) : Absolument certain. Allez, crache le morceau. Il n'y a pas de secret entre nous, surtout avec la cérémonie qui approche.

Jules, devenant tout à coup timide et mal à l'aise, proposa à Zane de s’éloigner un peu, d'être seuls tous les deux, à l’abri des regards indiscrets des derniers villageois affairés. Alors, Zane, comprenant le besoin d'intimité de son ami, lui proposa de retourner sur l’arbre où ils étaient perchés plus tôt. C'était leur repaire secret, l'endroit parfait pour les confidences. Ils grimpèrent en silence, s'installant confortablement sur leur branche habituelle, le lac miroitant en contrebas sous les dernières lueurs du jour.

Zane (une fois installé) : Bon alors ? Qu'est-ce qui te tracasse ?

Jules : Eh ben...

Jules était de plus en plus timide, ses yeux fixant nerveusement tous les côtés sauf Zane. Il jouait avec ses cheveux en les enroulant avec l'index, le visage tout rouge, comme s'il était sur le point de révéler le plus grand des secrets. Zane l’observa, le sourcil levé. Il connaissait ce manège. Ça sentait le secret bien juteux.

Jules : En fait pour te dire... En fait je suis tombé amoureux d’une personne

Zane : Waouh... Et puis-je savoir qui savoir qui est cet personne

Jules (avec une voix timide) : tu me promets que tu ne vas pas te moquer de moi ?

Zane : Je jure sur ta tête que je me moquerai pas.

Jules : Voilà... Euh en faite je suis amoureux de Linnea !

Soudain,le silence surgit puis Zane rit si fort qu’une chouette, dérangée dans son sommeil, hulula de mécontentement.

Zane (explose de rire) : PFFFF ! QUOI ?! LINNEA ?! Waouh, elle est bien jouée ta blague, Jules, bravo ! Tu me l'as bien faite celle-là !

Jules (vexé, les joues encore plus rouges) : Man, est-ce que j'ai l'air de rigoler, là ? Regarde-moi bien !

Zane (se calmant un peu, mais un sourire toujours présent) : Bah oui, vu la tronche que tu fais, on dirait que tu t'es cogné le petit orteil ou que tu viens de découvrir la recette de Sœur Béatrice pour la soupe de chardons ! Tu es tout rouge et tes yeux sont ronds comme des billes !

Jules (croisant les bras, boudeur) : Je te jure que je suis sérieux, Zane. C'est vrai.

Zane (levant un sourcil, le rire s'éteignant peu à peu face à la mine de son ami, un mélange d'incrédulité et de dégoût amusé sur le visage) : Attends... Tu... tu es vraiment sérieux ? Tu es amoureux de Linnea ? La Linnea qui... qui organise ses crayons de couleur par ordre alphabétique avant de les tailler ? La Linnea qui lève la main pour poser des questions même quand la leçon est finie ?! La Linnea qui rend ses parchemins de révision plus beaux que des enluminures ?!

Zane se leva d'un bond de la branche, mimant la parfaite élève.

Zane (d'une voix nasillarde et forcée, imitant Linnea) : "Oh, Professeur, ne pensez-vous pas que la théorie de l'harmonisation astrale pourrait être mieux comprise si nous y ajoutions un diagramme en spirale inversée ?"

Il se laissa retomber sur la branche, affichant un air de pure souffrance.

Zane : Sérieusement, Jules ? La seule personne que Sœur Béatrice arrive à faire rougir... de fierté ? La fille qui sait toujours où est passé le marqueur effaçable du tableau ? C'est... c'est une blague, dis-moi que c'est une blague ! Tu as dû prendre un coup de soleil sur la tête ! Elle est tellement... tellement parfaite qu'elle en est agaçante ! On dirait qu'elle a été fabriquée par les esprits de la propreté et de la bonne conduite !

Jules (résigné, mais toujours amoureux) : Tu n'as pas compris, Zane. C'est ça qui est... intéressant.

Zane : Waouh, je comprends mieux pourquoi on dit "chacun à ses goûts".

Jules : on dit "chacun ses goûts " abruti et pour être franc, elle ne me remarque même pas. Peut-être à cause de ta mauvaise compagnie.

Zane (avec un sourcil levé, la voix montant d'un ton paniqué) : Tu insinues quoi par "mauvaise compagnie" ?! Attends, ne me dis pas qu'à cause d'elle, tu vas briser notre amitié ? Non, tu ne peux pas faire ça ! Après toutes nos aventures, les champignons géants, la soupe de Sœur Béatrice... On a un pacte, un serment de sang ! Tu ne vas pas me laisser tomber pour une fille qui aime ranger les choses par ordre alphabétique, si ?!

Jules : Mais tu racontes quoi là ?! Je voulais dire... que vu que tu passes la moitié de ton temps à te faire gronder ou à sécher les cours je ne pense pas que ce soit la meilleure image à côté de moi ! Elle doit penser que je suis comme toi, un... un garnement !

Zane (soupir) : Je vois. Et donc, tu veux que je t'aide ?

Jules : Absolument pas ! J'ai aucune envie que tu viennes fourrer ton nez dans mes affaires. Déjà, tu es un aimant à bêtises et à problèmes, et en plus, vous ne vous entendez même pas tous les deux. Ce serait le fiasco assuré !

Zane : D'accord, d'accord, puisque Monsieur veut se débrouiller seul... Comment comptes-tu faire pour te rapprocher de cette garce ?

Jules (en souriant, un sourire qui n'était plus timide, mais rempli d'une détermination nouvelle) : C’est simple. Je vais moi aussi devenir un mage, et un mage puissant, pour combattre à ses côtés. C'est cet objectif que je me suis fixé hier, lorsqu’elle a divulgué sa vision en classe. Je veux qu'elle me remarque. Je veux qu'elle sache que je suis là, prêt à affronter les Voracis avec elle.

Le sourire moqueur de Zane s'évanouit, remplacé par un regard étonné. La simplicité et la force de la déclaration de Jules le prirent au dépourvu.

Une détermination inattendue

Zane : Attends... Tu es sérieux, là ? Tu vas te lancer dans la chasse aux Voracis juste pour qu'elle te remarque ? Jules, on parle des Voracis ! Ces créatures qui détruit tout sur leurs passages

Jules (le regard déterminé, fixant l'horizon) : Justement. Elle n'a peur de rien, elle. Et si elle veut se battre contre eux, alors je me battrai aussi. Je veux qu'elle voie que je ne suis pas juste le type qui se perd en forêt ou qui se fait avoir par tes blagues. Je peux être à la hauteur de ses ambitions.

Zane (secouant la tête, incrédule) : Wow. Je crois que l'amour t'a rendu fou. Ou alors, c'est la "Symbiose Végétale Étoilée" de Sœur Béatrice qui a eu un effet secondaire inattendu sur toi ! Mais... si c'est ce qu'il faut pour te rendre heureux, je ne dirai rien. Juste... ne te fais pas dévorer avant d'avoir eu l'occasion de lui offrir des fleurs, d'accord ?

Jules (riant) : Promis. Mais d'abord, il faut que la Sylve me donne un pouvoir assez cool pour ça. Et toi, tu ne m’as toujours pas dit quel est ton rêve après avoir obtenu tes pouvoirs ?

Zane (un sourire en coin) : Je ne sais pas. Mais vu tes nouvelles ambitions, je crois que je devrais peut-être viser quelque chose qui me permettra de te sortir du pétrin quand tu te lanceras tête baissée contre une horde de Voracis, guidé par tes sentiments.

Leurs rires résonnèrent doucement dans la nuit qui s'installait, les étoiles commençant à scintiller au-dessus d'eux. La perspective de la Cérémonie de l'Éveil Magique n'était plus seulement celle de leurs propres dons, mais aussi celle des chemins inattendus que l'amour et la détermination pouvaient tracer.

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