Nouvelle page

Evana se leva tôt ce matin-là, comme chaque matin, mais aujourd’hui quelque chose était différent. Elle se sentait un peu plus légère, comme si le poids de son cœur s’était légèrement allégé, même si la douleur persistait encore dans son esprit.

Elle se dirigea vers la cuisine de son appartement à Stanford, où son colocataire, Mariana, préparait son café avec l’habitude d’une éternelle matinée d’études. La table était jonchée de papiers, de livres et d’articles scientifiques, mais il y avait aussi des mugs colorés, des biscuits faits maison, et une atmosphère accueillante.

— Tu as l’air d’aller mieux aujourd’hui, remarqua Mariana, levant à peine les yeux de son livre.

Evana haussait les épaules, tout en attrapant une tasse.

— Je suppose. Je commence à accepter les choses.

Mariana la scruta un instant, semblant peser ses mots avant de réagir. Puis elle soupira, un sourire en coin.

— Si tu acceptes tout, ça veut dire qu’on peut retourner au centre commercial ce week-end, hein ?

Evana rit légèrement, malgré elle.

— Tu n’es qu’une marchande de bonheur.

— Tu le sais bien.

La matinée se passa dans une routine familière. Evana assista à ses cours, se concentrant sur les matières, mais son esprit avait du mal à rester ancré. Ses pensées flânaient toujours vers Jinrai, même si elle s’efforçait de ne plus y penser.

Dans un de ses cours de psychologie, elle se perdit dans une réflexion sur les relations humaines et les blessures émotionnelles. Comment expliquer que, même à des milliers de kilomètres, une personne pouvait rester gravée dans sa mémoire ? Elle nota quelques idées sur son carnet, avant de secouer la tête, comme pour se sortir de cette spirale mentale.

Lors de la pause déjeuner, elle se retrouva face à Léo, son meilleur ami. Il remarqua immédiatement son air pensif et se laissa tomber à côté d’elle.

— Alors, comment ça va ? demanda-t-il, le regard sérieux, mais protecteur.

Evana haussait les épaules, un sourire esquissé sur ses lèvres.

— Ça va. Plus ou moins.

Léo la regarda avec insistance, ne se contentant pas de cette réponse.

— Je connais ce “plus ou moins”, Evana. C’est du joli verbiage, mais ça cache quelque chose.

Elle soupira, prenant une bouchée de son sandwich.

— Je vais bien, je te promets. Mais ses yeux s’assombrirent un instant. C’est juste… difficile.

— Parce que de quoi tu parles exactement ? insista Léo. De Jinrai ?

Elle le regarda dans les yeux, surprise par la question.

— Pourquoi ça te surprend ? Je te connais, Evana. Il est toujours là, même quand tu ne veux pas qu’il soit là.

Un silence pesant s’installa. Léo la regarda d’un air sincère.

— Tu veux en parler ?

Evana secoua la tête. Pas encore. Pas tout de suite. Elle n’était pas prête. Mais elle sentait que, peu à peu, l’envie de parler se faisait plus forte. Léo avait cette capacité étrange de l’amener à sortir ses sentiments sans même forcer.

— Non, mais merci. C’est juste que… il m’a laissée, Léo. Sans même un regard en arrière. Comme si je n’avais pas compté.

Léo prit un instant avant de répondre, cherchant les mots justes.

— C’est peut-être plus compliqué que ça, Evana. Mais je sais que tu es plus forte que ça. Tu trouveras un moyen de guérir, même si ça prend du temps.

Evana haussait une nouvelle fois les épaules.

— J’espère.

Le reste de la journée se déroula sans autre incident majeur. Evana s’était un peu isolée dans ses pensées, mais elle avait fait de son mieux pour suivre les cours, pour ne pas se laisser submerger par la vague d’émotions qui la traversait encore. Elle voulait avancer, mais elle savait que ce n’était pas aussi simple.

Quand la soirée arriva, elle s’assit sur son lit, en pyjama, et ouvrit son téléphone. Un message d’Anna.

Evana, je sais que ce n’est pas facile, mais tu dois avancer. Fais-le pour toi, pas pour Jinrai. Je suis là si tu veux parler.

Elle se mordilla la lèvre inférieure. Elle avait toujours trouvé du réconfort dans les mots d’Anna, mais aujourd’hui, elle ne savait pas trop quoi en penser. Devait-elle écouter sa sœur et continuer à avancer comme si de rien n’était ? Ou devait-elle affronter ce vide que Jinrai avait laissé derrière lui ?

Elle laissa tomber le téléphone sur le lit et ferma les yeux, respirant profondément. Demain serait un autre jour.

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