Le vrombissement léger de son portable la sortit de sa rêverie.
Evana était allongée sur son lit, enroulée dans un plaid, le regard perdu dans le plafond. Elle n’avait pas cours ce jour-là. Pas de rendez-vous, pas de motivation. Juste ce silence pesant dans sa chambre, et son esprit trop agité.
Elle tendit la main, paresseusement, et prit son téléphone.
Un message.
De Jinrai.
Je pars. Je te souhaite de continuer à briller, Evana. Ne change pas.
Elle resta figée un instant.
Puis elle se redressa d’un coup, les yeux écarquillés.
— Quoi ? murmura-t-elle.
Elle relut le message, une fois, deux fois. Il n’y avait rien d’ambigu. Il partait. Il l’avait décidé. Il ne demandait pas son avis. Il ne l’avertissait même pas vraiment. Il lui disait adieu.
Elle se leva brusquement, tournant en rond dans sa chambre.
— Il part… il part vraiment. dit-elle à voix haute, comme pour rendre ça réel.
Ses mains tremblaient. Elle sentait la colère monter, sourde, mêlée à une tristesse acide.
Elle tapa rapidement une réponse, puis l’effaça.
Puis une autre.
Tu fuis comme un lâche.
Effacée aussi.
Elle lança son téléphone sur le lit, soupira profondément et se laissa tomber sur sa chaise.
Elle avait envie de hurler.
Elle avait essayé de respecter sa distance. De ne pas forcer. De ne pas espérer. Mais cette fuite soudaine, ce message impersonnel, c’était pire qu’un rejet : c’était comme s’il ne la voyait plus du tout.
Elle resta un moment les yeux fermés, essayant de calmer son cœur.
Puis, sans prévenir, les larmes lui montèrent aux yeux. Pas des sanglots bruyants. Juste un trop-plein. Une tristesse silencieuse.
Mais elle les essuya d’un geste rageur.
— Non. Je ne vais pas pleurer pour lui. Pas comme ça.
Elle inspira profondément, se redressa et reprit son téléphone.
Cette fois, elle répondit simplement :
Bon voyage, Jinrai. Merci pour rien.
Et elle éteignit l’écran.
Il était parti. C’était un fait.
Alors elle allait devoir apprendre à vivre sans lui dans ses pensées. Sans ce lien étrange, tendu, silencieux… mais si fort.
Elle serra les poings.
— Très bien. Tu veux disparaître ? Tu ne me reverras pas non plus. souffla-t-elle.
Mais dans le fond, elle savait : ce genre d’absence laissait des marques.
Le café était presque vide à cette heure de l’après-midi. Un endroit discret, choisi par Anna. Evana, assise en face d’elle, gardait les bras croisés, le visage fermé.
— Tu m’as fait venir pour quoi, exactement ? Pour me dire que je dois tourner la page ? lança Evana sans détour.
Anna soupira.
— Je t’ai fait venir pour que tu comprennes.
— Comprendre quoi ? Qu’il est parti sans un mot, qu’il m’a ignorée, qu’il a fui comme un lâche ? Ça, je l’ai bien compris.
— Evana…
— Tu le savais, pas vrai ? coupa-t-elle, les yeux brillants.
— Tu savais qu’il allait partir, et tu ne m’as rien dit.
Anna baissa les yeux un instant, avant de répondre doucement.
— Oui. Je le savais.
Le silence tomba un instant, glacial. Evana serra les poings sur ses genoux.
— Tu m’as trahie.
— Je t’ai protégée. répondit Anna calmement. Tu aurais voulu faire quoi ? L’en empêcher ? Le supplier de rester ? Le détester encore plus pour ce qu’il ne peut pas te donner ?
Evana détourna le regard, mordant sa lèvre pour retenir une réplique.
— Tu ne comprends pas ce que je ressens. Tu ne l’as jamais compris.
— Je comprends mieux que tu ne crois. dit Anna, plus sèchement cette fois.
— Tu crois que je n’ai rien vu, quand vous étiez plus jeunes ? Comment tu le regardais. Comment il t’évitait. Il t’a toujours vue comme la petite sœur de son amie. C’est ce qu’il essaie de préserver.
Evana grimaça.
— Alors pourquoi il m’a écrit ? Pourquoi ce message, ce “Ne change pas” ridicule ?
Anna haussa les épaules.
— Parce qu’il tient à toi. Il ne sait juste pas comment.
Evana se tut. Elle fixait la table, perdue.
— Il est parti pour se retrouver. reprit Anna. Pas pour t’oublier. Ni pour te blesser. Il a besoin d’air. Il a porté beaucoup de choses en silence, et Ayumi n’a été que la dernière claque d’une longue série.
— Et moi, dans tout ça ? Je suis censée faire quoi ? L’attendre ? L’oublier ?
— Tu n’as à rien faire, Evana. Vis ta vie. Continue d’avancer. Brille pour toi. Pas pour lui.
Les mots résonnèrent fort.
Evana hocha doucement la tête, les yeux humides.
— Tu crois qu’il reviendra ?
Anna hésita.
— Je crois qu’il a besoin de partir pour savoir s’il veut revenir.
Un long silence. Puis Evana souffla :
— Ça fait mal.
Anna posa sa main sur la sienne.
— Je sais.
Et, pour une fois, Evana ne la repoussa pas.
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