Le retour de Léo

Le bruit d’un message entrant la tira de ses pensées. Evana regarda son téléphone : c’était Léo, son meilleur ami de longue date, et il avait écrit seulement quelques mots : “J’arrive.”

Elle sourit, un sourire sincère, plein de soulagement. Cela faisait trop longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus. Léo, l’ami d’enfance, celui qui savait toujours comment la faire rire, même dans les moments les plus sombres.

Elle se leva et se précipita vers la porte de son appartement. À peine le temps de respirer qu’elle l’aperçut dans le hall, son grand sac en bandoulière, un sourire malicieux aux lèvres.

— Léo ! s’écria-t-elle en courant vers lui.

Il la souleva dans ses bras sans prévenir, une habitude qu’il n’avait jamais perdue.

— Alors, ma star de Stanford, comment ça va ? demanda-t-il en la posant délicatement au sol.

— On va dire que je tiens bon. répondit-elle avec une pointe de fatigue dans la voix, mais un éclat d’humour dans les yeux.

— Oh non, pas “je tiens bon”. Tu m’as manqué, toi. Il la regarda sérieusement, avant de lui lancer un regard espiègle. J’ai du mal à croire que tu me dises ça avec ton regard de… “je suis amoureuse d’un homme de plus de trente ans”.

Evana se figea un instant. Léo n’avait pas besoin de détails pour comprendre. Il avait toujours vu juste, même quand elle croyait pouvoir tout cacher.

— Tu sais que c’est plus compliqué que ça. souffla-t-elle en haussant les épaules, son sourire un peu plus amer. Je ne suis pas sûre de savoir où je vais avec tout ça.

Léo se lança sur le canapé, croisant les bras derrière sa tête, imitant une posture qu’il avait prise des centaines de fois quand ils étaient enfants.

— Tu veux qu’on parle de ça maintenant, ou tu veux qu’on attende que je t’emmène faire un tour en ville ? proposa-t-il en levant un sourcil.

Evana s’assit à côté de lui, réfléchissant un instant.

— Il est trop tard pour faire semblant que tout va bien. Il faut que je te parle de Jinrai.

Le nom de Jinrai sortit comme une épine du cœur, une épine qu’elle n’arrivait plus à retirer. Léo haussait les sourcils, un regard d’inquiétude traversant son visage.

— Tu veux que je fasse un résumé rapide ? répondit-il après un moment de silence. Un type plus vieux que toi, divorcé, et probablement brisé par une vie de merde. Et toi, la petite sœur trop enthousiaste qui ne le voit même pas venir, hein ?

Evana le dévisagea.

— Tu sais ce que j’aime chez toi ? Ta capacité à réduire mes dilemmes existentiels à quelques mots bien sentis. dit-elle d’un ton sarcastique.

— C’est mon talent. Mais sérieusement, ce mec te regarde vraiment ? Il la regarda attentivement. Tu sais à quel point tu es bien pour lui, tu n’as pas besoin d’un autre fantôme dans ta vie.

Evana détourna les yeux. Une vague de culpabilité monta en elle. Elle n’avait pas vraiment parlé à Léo de l’intensité de ce qu’elle ressentait pour Jinrai. Pas dans les détails. Pas dans toute la complexité du désir et de la frustration. Mais avec Léo, tout semblait évident, trop évident parfois.

— C’est plus… difficile que ça. murmura-t-elle. Il est brisé, Léo. Et j’ai l’impression qu’il faut que je le sauve. Mais je n’arrive même pas à savoir si c’est pour lui ou pour moi.

Léo secoua la tête avec un sourire triste.

— Laisse-moi deviner. C’est l’éternelle histoire de la fille qui pense qu’elle peut réparer le garçon. Il la fixa intensément. Tu n’as pas besoin de ça, Evana.

Evana se mordit la lèvre, le cœur serré. Elle savait que Léo avait raison, mais ce n’était pas aussi simple. Pas quand Jinrai occupait ses pensées à chaque instant.

— Je sais. Mais je ne peux pas m’empêcher de m’en vouloir. dit-elle, la voix tremblante. Il a perdu tout ce qu’il aimait, et il… il est juste là, à côté de moi, et j’ai l’impression qu’il se détourne de tout, même de moi.

Léo la prit par les épaules, la forçant à le regarder.

— Ce que tu ressens est réel. Mais tu mérites d’être avec quelqu’un qui voit aussi ce que tu vaux, pas quelqu’un qui te laisse dans l’ombre de ses propres démons.

Evana baissa les yeux. Un silence lourd s’installa entre eux, rempli de la compréhension qu’ils avaient l’un pour l’autre.

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