Lumière sur Evana

L’effervescence régnait dans les coulisses du théâtre de Stanford. Costumes étincelants, maquilleurs concentrés, mannequins qui couraient partout. Evana, en robe noire fendue, attendait son tour avec une assurance maîtrisée.

— Tu stresses pas du tout, toi ? lança une autre fille en ajustant ses talons.

— Si, mais j’suis douée pour le cacher, répondit Evana avec un petit clin d’œil.

La styliste lui fit signe. C’était à elle. Un dernier regard dans le miroir : lèvres rouges, regard affirmé. Elle sourit à son reflet.

— Allez, Evana. Brille.

Quand elle monta sur scène, les projecteurs la happèrent. Ses talons claquaient doucement sur le sol, sa démarche était fluide, presque féline. Des flashs jaillirent de la foule. Elle n’était pas mannequin, mais chaque année, elle acceptait de défiler pour l’événement caritatif de Stanford. Elle aimait cette ambiance, cette montée d’adrénaline. Et ce soir, elle savait que ses sœurs l’observaient.

En coulisses, une voix familière l’accueillit à son retour.

— Tu étais magnifique, ma chérie !

Evana tourna la tête et tomba dans les bras de Mariana, son aînée d’un an, tout en élégance avec ses cheveux attachés en chignon strict.

— Et moi alors ? J’ai crié comme une folle à la deuxième rangée, plaisanta Lumina, en jeans et veste en cuir, le style rock assumé.

Evana rit et se jeta dans ses bras.

— J’suis trop contente que vous soyez venues !

— Et Anna ? demanda Mariana avec un air soucieux.

Le sourire d’Evana s’effaça légèrement.

— Elle a dit qu’elle avait du travail. Comme toujours…

— Elle évite Jinrai, c’est ça ? murmura Lumina.

Evana haussa les épaules. — Peut-être. Peut-être qu’elle m’évite aussi. Depuis que je suis revenue ici, elle est… distante.

— Tu sais qu’elle t’aime, dit doucement Mariana. Elle a juste peur de ce que tu ressens pour lui.

Evana baissa les yeux. Elle avait arrêté de parler de Jinrai à sa famille depuis quelques temps. Trop de jugements, de regards lourds.

— Bref, coupa Lumina, pas de place pour les absents ce soir. On va boire un verre en ville pour fêter ça ?

— Laisse-moi juste enlever ces chaussures de torture et je suis à vous, répondit Evana en riant.

Alors qu’elle s’éclipsait vers la loge, son téléphone vibra. Un message de Jinrai.

“J’ai signé les papiers.”

Elle resta figée. Pas de “salut”, pas de “comment tu vas”. Juste cette phrase froide, tranchante. Elle respira profondément, rangea le téléphone et retourna voir ses sœurs, le cœur un peu plus serré.

Le bar choisi par Lumina était un petit établissement discret, loin de l’agitation habituelle de Stanford. Les lumières tamisées et la musique jazz en fond créaient une atmosphère intime. Evana, Mariana et Lumina s’installèrent dans un coin tranquille, leurs verres scintillant sous les lumières douces.

Lumina : “Alors, petite sœur, tu nous impressionnes toujours autant. Ce défilé était incroyable.”

Evana : “Merci, Luma. C’est toujours un plaisir de vous avoir là.”

Mariana : “Tu semblais tellement à l’aise sur scène. On aurait dit une professionnelle.”

Evana (souriant) : “Peut-être que je devrais envisager une carrière dans la mode, alors.”

Lumina : “Pourquoi pas ? Mais avec ton cerveau, ce serait du gâchis.”

Elles rirent ensemble, savourant ce moment de légèreté. Pourtant, une légère tension flottait dans l’air, un sujet évité par toutes les trois.

Mariana (après une pause) : “Tu as des nouvelles d’Anna ?”

Evana (baissant les yeux) : “Pas vraiment. Elle est toujours aussi occupée.”

Lumina : “Elle devrait prendre le temps de venir te voir. Après tout, tu es sa sœur.”

Evana : “Je suppose qu’elle a ses raisons.”

Un silence s’installa, chacune perdue dans ses pensées. Puis, Lumina changea de sujet, sentant que c’était nécessaire.

Lumina : “Et sinon, côté études, tout se passe bien ?”