Une soirée, deux masques

Chapitre 11 : Une soirée, deux masques

Les lumières cristallines du grand hôtel Takahashi brillaient comme mille étoiles sur le plafond de verre. Le sol en marbre réfléchissait les silhouettes élégantes des invités, tous vêtus de leurs plus beaux atours. L’événement caritatif organisé par la famille de Renji battait son plein, et les flashs des journalistes crépitaient dès l’entrée.

Yuna ajusta la fine bretelle de sa robe rouge vif, cousue de ses propres mains. Elle avait voulu que cette robe soit une déclaration : élégante, audacieuse, mais surtout indépendante. Ce n’était pas une robe choisie par les Takahashi, mais par elle.

Renji, à ses côtés, portait un costume noir parfaitement ajusté, avec une cravate bordeaux rappelant la couleur de la robe de Yuna. Leur coordination vestimentaire n’était pas le fruit du hasard, mais une stratégie pour affirmer leur image publique : le couple parfait, uni et puissant.

— On sourit, madame Takahashi, murmura Renji à son oreille alors qu’ils posaient devant les caméras.

Yuna força un sourire. Il était faux, mais convaincant. Leur vie entière était devenue une mascarade. Derrière ce sourire se cachait une tension qu’elle n’arrivait plus à ignorer.

— Tu pourrais faire semblant de me parler avec un peu de tendresse, tu sais, répondit-elle à voix basse.

— Et toi, tu pourrais arrêter de rouler des yeux chaque fois que je m’approche de toi, répliqua-t-il calmement.

Ils entrèrent enfin dans la grande salle de réception, décorée de chandeliers suspendus, de compositions florales raffinées et d’une fontaine de champagne au centre. La haute société les observait. Chaque regard scrutait, analysait, comparait. Renji et Yuna, le couple du moment. Une fusion stratégique, un mariage d’apparence.

Parmi la foule, une silhouette attira leur attention. Soo-jin, toujours aussi superbe dans une robe argentée, s’approcha avec un sourire venimeux.

— Yuna… Renji. Vous êtes arrivés ensemble. Quelle surprise.

Yuna serra les dents, mais conserva un ton aimable.

— Ce n’est pas si surprenant, Soo-jin. C’est ce que font les couples mariés, non ?

Soo-jin inclina la tête, faussement impressionnée.

— Bien sûr… Vous avez l’air… crédibles.

Mais c’est à cet instant qu’un silence glacé s’installa.

Renji venait de voir Hana.

Elle venait d’entrer dans la salle, habillée sobrement, mais avec cette douceur naturelle qui contrastait avec la fausseté de la soirée. Elle ne les regarda pas. Mais Renji, lui, ne put détourner les yeux.

Yuna sentit son cœur se serrer. Ce regard… Elle ne l’avait jamais vu poser sur elle. Il était plein de tendresse, d’un passé non résolu. Elle détourna les yeux, piquée malgré elle.

Plus tard, elle s’éclipsa discrètement sur le balcon, respirant l’air frais de la nuit. Loin des rires et des mensonges.

Renji la rejoignit.

— Tu t’en sors bien, dit-il après un moment de silence.

— Je fais ce qu’on attend de moi.

— Tu l’as vue.

— Tu l’as regardée comme si elle était tout ton monde. J’aurais pu disparaître, tu ne l’aurais même pas remarqué.

Renji soupira, les mains dans les poches. Il s’approcha d’elle, mais garda une distance.

— Je ne vais pas te mentir, Yuna. Hana a compté pour moi. Elle compte encore. Mais…

Il se tourna vers elle.

— Toi, tu es là. Et tu tiens le coup, malgré tout. Tu fais plus que jouer ton rôle.

Yuna leva les yeux vers lui, déstabilisée.

— Tu dis ça pour me rassurer ? Ou pour toi-même ?