LA NUIT DES CENDRES

Le village d’Aldorn était plongé dans une obscurité paisible. Les étoiles scintillaient faiblement à travers les nuages lourds, et le vent frais de la nuit faisait frissonner les toits de chaume. Aiden s’était réfugié dans l’écurie, comme chaque nuit depuis la mort de ses parents. Son seul refuge.

Allongé sur une botte de foin, il fixait le plafond, ses pensées noyées par la faim et la fatigue. Sa vie se résumait désormais à survivre.

Soudain, un hurlement perça le silence. Un cri si glaçant qu’il lui fit dresser les cheveux sur la nuque. D’autres voix suivirent, hurlant à la terreur. Puis le crépitement. Le feu.

Aiden bondit sur ses pieds, sa poitrine battant à un rythme affolé. En jetant un œil par l’interstice de la porte de l’écurie, il aperçut l’horreur : des flammes dévorant les maisons, léchant le ciel noir de langues rougeoyantes.

— Non… murmura-t-il, paralysé par la peur.

Des silhouettes vêtues d’armures sombres patrouillaient dans le village, balayant les rues de leurs regards impitoyables. Ils cherchaient quelqu’un. Quelque chose.

— Par ici ! hurla l’un des soldats. Nous devons trouver la source avant qu’il ne nous échappe !

Aiden recula, ses yeux s’écarquillant de panique. La source ? Que cherchaient-ils ?

Ses doigts tremblaient tandis qu’il fouillait sa poche, à la recherche du seul objet qui lui rappelait sa famille : un pendentif en argent orné d’une pierre noire. Sa mère lui avait dit de ne jamais s’en séparer.

— Protégez-vous de l’ombre, lui avait-elle toujours répété.

Mais ce n’était pas l’ombre qui attaquait ce soir. C’était la lumière dévastatrice d’une force bien réelle.

Une porte éclata derrière lui. Avant qu’il ne puisse comprendre ce qui se passait, deux soldats l’attrapèrent par les bras et le traînèrent dehors.

— Laissez-moi ! cria Aiden en se débattant, mais leur force était surhumaine.

On le jeta brutalement à genoux devant un homme imposant vêtu d’une cape écarlate. Ses yeux étaient d’un bleu glacial, perçants comme une lame.

— C’est lui, déclara l’homme d’une voix dure. Le porteur de l’ombre.

— Je… Je ne sais pas de quoi vous parlez ! balbutia Aiden.

L’homme écarlate se pencha, un sourire cruel déformant ses lèvres.

— Ne mens pas, garçon. Le pouvoir des Ombres ne devrait pas exister. Et pourtant, tu portes son sceau.

Avant qu’Aiden ne puisse réagir, une douleur fulgurante déchira son poignet. Une brûlure glaciale qui se propagea dans tout son corps. Il hurla, son cri se mêlant aux bruits du village en feu.

Mais au lieu de sombrer dans l’inconscience, il sentit quelque chose s’éveiller en lui. Une énergie noire, sauvage, qui semblait répondre à la douleur.

— Non… pas maintenant… gémit-il, terrifié par cette force incontrôlable.

L’homme écarlate recula, ses yeux écarquillés par la surprise. Mais il était trop tard.

Une ombre liquide jaillit d’Aiden, formant un mur de ténèbres autour de lui. Les soldats crièrent, reculant devant cette puissance inconnue.

Aiden n’avait aucune idée de ce qui se passait. Il savait seulement qu’il devait fuir. Et vite.

Sans réfléchir, il se leva et courut dans la nuit, ses pas résonnant sur la terre froide, son cœur battant comme un tambour de guerre.

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