chapitre 4

Rayan s’avança d’un pas décidé, son regard fixé sur moi comme une épée prête à frapper.

"Ce soir, je suis de sortie. Laisse ton téléphone allumé," ordonna-t-il d'une voix froide.

Je le fixai, un brin intriguée par l’impératif dans son ton.

"Pourquoi dois-je laisser mon téléphone allumé ?"

Il haussait déjà les épaules, comme si la réponse ne méritait pas d’être donnée. "Ça ne te regarde pas. Contente-toi de suivre mes ordres."

Je ne pus m’empêcher de le regarder, de l’observer de haut en bas. Une colère sourde monta en moi. Mais pour qui se prend-il, à donner des ordres comme ça ?

Je n’étais rien pour lui, juste une servante invisible dans sa vie. Une adolescente qui se doit de se plier à ses règles, sans jamais poser de questions.

"Tu me maudis encore ?" Il me lança la question avec une pointe de défi dans la voix.

"Oui !" répondis-je sans hésiter. Il ne méritait pas d’autre réponse.

"Donc, tout à l'heure, tu me maudissais," continua-t-il, un sourire narquois effleurant ses lèvres.

"Ce n’est pas compliqué à deviner," répliquai-je, mon regard s’intensifiant. Il devait savoir, au fond, que chaque mot de ma bouche était sincère.

"Tes yeux ont l’air de vouloir me faire du mal," dit-il, d’un ton presque amusé.

Je baissai brièvement les yeux, me retenant de lui répondre. "Je suis désolée, Monsieur, c’est difficile de ne pas le vouloir," soufflai-je, mon cœur battant à tout rompre.

Il soupira, comme si cela l’amusait plus qu’autre chose. "Tu dois être une gamine frustrée à cause de moi. Tu rêves sûrement de me faire du mal."

Et ces mots... Ces mots m’atteignirent plus que je ne l’aurais voulu. "Et des fois, mes rêves paraissent tellement réels… donc ça me fait du bien, Monsieur," murmurais-je, la vérité perçant malgré moi.

Il parut un instant surpris, mais chassa rapidement l’expression. "C’est intéressant. Allez, termine nos devoirs. Et surtout, garde ton téléphone allumé. C’est important."

"D'accord, Monsieur." Je lui lançai un dernier regard, avant de m’éclipser dans la chambre voisine. Je terminais les devoirs, mes pensées enchaînant des images de ce qu’il venait de dire. J’avais l’impression que ces mots, si légers en apparence, s’étaient imprimés profondément dans ma mémoire.

Il était déjà minuit passé lorsque je terminais tout. Rayan n'était toujours pas rentré. Je m’étendis sur mon lit, tentant de fermer les yeux, mais mon esprit restait en alerte. Les heures défilaient, et à 4h00 du matin, toujours aucune nouvelle de lui. Il ne m’avait même pas appelée. J’étais prête à éteindre mon téléphone, mais un bruit de bip me fit sursauter.

Bip bip bip. Mon cœur s’emballa.

"Viens, je suis devant la porte des gouvernants," dit-il d’une voix rauque, que je ne lui connaissais pas.

Je m’empressai de répondre, les mains tremblantes. "J’arrive."

Quand je lui ouvris la porte, je le vis, blessé et portant une jeune femme dans ses bras, son visage pâle comme la neige. Je n'avais jamais vu Rayan dans un état pareil, et l’image de cette scène m’intimidait.

"Qu’est-ce qui vous est arrivé ?" demandai-je, inquiète.

Il me lança un regard fatigué, mais son air restait impénétrable. "Quelques soucis. Ramène des vêtements à toi et rejoins-moi dans ma chambre."

Je ne pris même pas le temps de poser d’autres questions. "D'accord."

La jeune femme dans ses bras, les yeux noyés de larmes, souffla :

"Rayan, je suis vraiment désolée… Je ne voulais pas te causer autant de problèmes."

Il lui caressa doucement les cheveux, tout en lui répondant d’une voix calme. "Ce n’est rien, Anna. Maintenant, repose-toi avant tout."

Je ne pouvais m'empêcher de me demander ce qui avait pu se passer. Anna… Voilà une autre inconnue dans cette histoire. Un autre secret que Rayan semblait garder pour lui.

Je partis chercher rapidement des vêtements à peu près décents et remontai sans frapper, bien que le doute me fît hésiter. En entrant dans la chambre, je vis Anna allongée, les yeux rouges de larmes. Rayan, quant à lui, semblait déjà occupé à la rassurer.

"Il ne t’approchera plus, ou il aura affaire à la police," entendis-je, alors qu’il parlait d’une voix basse et autoritaire.

"Merci d’être là pour moi," murmura Anna.

Je déglutis. Cet homme… Ce n’était pas celui que je connaissais. Il semblait protecteur, presque humain.

"Monsieur, j’ai tout ramené comme vous l’aviez demandé."

"Merci, Annita. Tu peux t’en aller à présent," répondit-il avec un faible sourire. Mais il ne me laissait pas totalement partir. Il y avait une douleur dans ses yeux, une douleur que je ne pouvais ignorer.

Je baissai les yeux. "Monsieur, je vous ai ramené de quoi vous soigner."

Il secoua la tête, comme pour me signifier que ce n’était pas nécessaire, mais je n’allais pas le laisser dans cet état. "Ce n’était pas nécessaire," murmura-t-il, tout en s’installant dans le lit.

"Tout à l'heure, on vous posera des questions. Il faut bien répondre, mais surtout, ne mentionnez ni votre père ni votre mère," dis-je, sachant que la situation risquait de se compliquer.

Anna, en entendant mes mots, acquiesça. "Ta servante a raison, il faut l’écouter, Rayan. Je vais m’occuper de tes soins."

"Non, Anna," répondit-il, d’un ton ferme. "Va prendre un bain et repose-toi. Annita s'en chargera."

"Très bien," souffla-t-elle. "Ta salle de bain est là, c’est ça ?"

"Oui."

Je vis alors Rayan me regarder d’un air étrange. Ses yeux, habituellement froids et détachés, étaient chargés d'une émotion difficile à cerner. Le silence entre nous était lourd, presque palpable. Je m’avançais alors pour l’aider, mon cœur battant dans ma poitrine. Il commença à retirer sa chemise, mais je perçus un mouvement de douleur sur son visage. Il se mordit la lèvre, refusant de montrer la souffrance qu’il ressentait.

"Attendez, je vais vous aider. Ne touchez à rien," murmurai-je, me précipitant vers lui. Ses blessures étaient plus graves que je ne l’avais imaginé.

"D’accord," répondit-il faiblement.

Je pris doucement sa chemise, l’enlevant lentement, m’efforçant de ne pas aggraver ses douleurs. Mais même en faisant attention, je pouvais voir sur son visage que chaque geste semblait le torturer.

"Je suis désolée, Monsieur..." soufflai-je, honteuse.

"Ce n’est rien, continue..." me dit-il, la voix rauque.

Quand je réussis enfin à lui enlever la chemise, la vue de ses blessures me déstabilisa. Ses côtes et son abdomen étaient violemment marqués, et je me rendis compte que ses blessures étaient bien plus graves que ce qu’il avait laissé entendre.

"Vous avez peut-être une côte cassée… Il faudrait vraiment aller à l’hôpital," suggérai-je, mon ton préoccupé.

"Non, ça ira," répondit-il d’une voix lasse. "Faisons une petite pause avant que tu désinfectes."

"Très bien," dis-je, en posant doucement mes mains sur ses plaies, tout en essayant de rester calme. Mais l'angoisse montait en moi. Je n’avais jamais imaginé que ma soirée se finirait ainsi.

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