Chapitre 14: Les non-dits

Alex rentra chez lui ce soir-là, l’estomac noué. Il savait que Nathan n’en resterait pas là, que cette confrontation était inévitable. En tournant la clé dans la serrure, il espérait secrètement ne pas trouver son meilleur ami là, mais au fond de lui, il savait que Nathan ne lâcherait pas l’affaire.

En poussant la porte de son appartement, il fut immédiatement accueilli par la silhouette imposante de Nathan, assis nonchalamment sur le canapé, les bras croisés. L’air dans la pièce était lourd, chargé de tension. Nathan tourna la tête vers lui, son regard sombre, mais empreint d’une certaine impatience.

- On va enfin parler ? lança Nathan, sa voix résonnant dans l’appartement silencieux. Ou tu vas encore trouver une excuse pour te défiler ?

Alex sentit son cœur battre de plus en plus vite, une sensation d’oppression le submergeant. La panique commençait à prendre le dessus, mais il ne pouvait pas reculer. Pas cette fois. Il devait trouver une explication, n’importe quoi pour éviter de révéler la vérité.

- Nathan, je suis désolé… vraiment, mais ce n’est pas ce que tu crois, balbutia Alex en posant son sac sur la table d’appoint, cherchant désespérément une sortie.

Nathan le fixa, attendant qu’il continue, les bras toujours croisés, son visage figé dans une expression sérieuse.

- C’est juste que… j’ai eu beaucoup de boulot, et avec Cameron, les choses sont devenues un peu... intenses, tu vois. J’ai dû jongler entre tout ça, et j’ai perdu le contrôle. Je ne voulais pas t’ignorer, c’est juste que… je ne savais pas comment te l’expliquer.

Le mensonge glissa de sa bouche, mais il ne sonna pas entièrement faux. Il y avait bien une part de vérité dans ce qu’il disait, mais pas la partie la plus importante. Nathan sembla hésiter, ses yeux scrutant Alex avec une intensité qui fit frémir ce dernier.

- C’est ça, ton excuse ? Que t’étais occupé avec Cameron ? demanda Nathan, un sourcil levé. T’aurais pu me le dire, bordel. On se dit tout, toi et moi. Ça fait des jours que tu te planques et t’as même pas pris une minute pour m’expliquer ?

Alex baissa les yeux, honteux. Il sentait la frustration de Nathan monter, mais il était trop terrifié par ce qui pourrait se passer s’il disait la vérité. Alors il s’accrocha à son histoire.

- Je sais, je m’en veux, répondit Alex, sa voix faiblissant. J’ai juste... perdu pied. Mais c’est fini maintenant, je te le promets.

Nathan resta silencieux un instant, les mâchoires serrées, avant de soupirer lourdement. Puis, il se leva du canapé, faisant quelques pas vers Alex, son expression s’adoucissant légèrement.

- Je déteste quand tu fais ça. Quand tu te renfermes sur toi-même et que tu me laisses à l’écart. On est censés être des meilleurs amis, Alex. Je ne veux pas te perdre.

Ses mots frappèrent Alex en plein cœur. Il savait à quel point leur amitié était importante pour Nathan, mais il n’arrivait pas à surmonter la barrière de ses sentiments. Nathan s'approcha encore, ses yeux brillant d'une sincérité troublante.

- J'ai besoin qu'on retrouve notre complicité, Alex. Tu te rappelles comment c’était avant ? demanda Nathan, un sourire presque nostalgique se dessinant sur ses lèvres.

Il tendit la main et posa doucement sa paume sur l'épaule d'Alex, dans un geste familier, comme s'il cherchait à ranimer la légèreté de leurs anciennes taquineries. Mais Alex, encore bouleversé par les événements récents, tressaillit instinctivement et fit un pas en arrière, évitant tout contact physique.

Le sourire de Nathan disparut aussitôt, remplacé par une expression de confusion et de frustration.

- Qu’est-ce qui t’arrive, Alex ? Je te touche et tu réagis comme si j’étais en train de te brûler. C’est quoi ton problème ? demanda-t-il, la colère perçant à travers ses mots.

Alex ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son ne sortit. Il ne savait pas quoi dire, ni comment justifier son comportement. Il ne voulait pas que Nathan sache combien ce simple contact faisait remonter à la surface des émotions qu’il n’arrivait plus à contrôler.

Nathan, de plus en plus frustré, fronça les sourcils.

- On se fait des câlins, des blagues, depuis qu’on se connaît, et maintenant, d’un coup, tu me repousses ? Qu'est-ce que tu me caches ? insista Nathan, visiblement agacé.

Alex secoua la tête, incapable de fournir une réponse satisfaisante. Chaque fibre de son être était tendue, chaque émotion refoulée menaçait de faire surface. Mais il ne pouvait pas tout révéler. Pas comme ça.

- Rien, Nathan. C’est juste... je suis fatigué, lâcha-t-il faiblement.

Nathan n’avait pas l’air convaincu, mais il choisit de ne pas pousser davantage, du moins pour l’instant. Il soupira de nouveau, visiblement déçu.

- D’accord. Mais sache que je suis là, moi, et je t’attends. Tu ferais mieux de régler ce qui te ronge, parce que je ne compte pas rester dans l’ombre éternellement, termina Nathan, avant de se diriger vers la porte.

Alex le regarda partir, le cœur lourd, sachant que cette situation ne pourrait pas durer. Il ne savait pas combien de temps il pourrait encore fuir avant que tout ne s’effondre.

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