Chapitre 6 : L’engrenage caché

Lucian marchait silencieusement dans les ruelles sombres, le bruit de la pluie battante résonnant autour de lui. Il n’était plus le jeune homme rempli de rage incontrôlable qu’il avait été lors de son incarcération. Ses pensées étaient maintenant froides, méthodiques, et chaque élément de son passé lui revenait avec une clarté nouvelle. Une question le taraudait : comment le chef de la bande avait-il réussi à le faire interner dans un centre juvénile si facilement ?

Lucian connaissait bien cet homme. Leur passé ensemble, bien que marqué par la violence, n’aurait jamais dû mener à une sanction aussi extrême. Certes, il avait frappé fort, presque mortellement, mais les autres élèves qui s’étaient battus avaient toujours été renvoyés de l’école, tout au plus. Pourquoi lui avait-on infligé une peine aussi démesurée ?

Il continua à marcher, ses pensées tourbillonnant. Le chef de la bande n’aurait pas pu avoir cette influence à lui seul. Malgré sa brutalité, il restait un simple adolescent à l’époque, sans pouvoir réel au-delà de son cercle d’amis. Il n’avait pas le statut ni les relations nécessaires pour faire enfermer quelqu’un dans un centre juvénile. C’était bien trop. Il y avait forcément quelqu’un d’autre, quelqu’un de plus puissant.

Lucian s’arrêta, se réfugiant sous un porche pour éviter la pluie. Son esprit analysait froidement les événements. Le chef de la bande, aussi cruel soit-il, ne pouvait être que le visage visible d’un complot plus large. Quelqu’un d’autre avait dû orchestrer cette manœuvre.

Il repensa à cette bande de voyous, aux récits des autres détenus qu’il avait entendus dans le centre. Des rumeurs circulaient, parlant d’un gang plus grand que tous les délinquants cherchaient à pénétrer et dirigé par une figure caché dans l’ombre. Ce chef de gang utilisait des adolescents pour ses propres intérêts, et tout à coup, tout devint limpide pour Lucian. Le chef de la bande qu’il poursuivait n’était qu’un sous-fifre dans un réseau plus vaste. Ses ambitions de rejoindre le gang expliquaient pourquoi il avait fait pression sur Lucian avec tant d’acharnement.

Lucian prit une profonde inspiration, sentant son corps se détendre tandis que les pièces du puzzle s’imbriquaient enfin. Le chef de la bande n’avait été qu’un outil. Celui qui avait réellement manipulé les événements se trouvait plus haut dans la hiérarchie. Il se servait des jeunes pour accomplir ses objectifs, tirant les ficelles sans jamais apparaître. Lucian comprit qu’il ne se battrait pas seulement contre le chef de la bande, mais contre ce réseau plus grand, contre le véritable ennemi.

Lucian continuait à avancer, son esprit embrumé par la révélation. Il y avait une autre question qui tournait en boucle dans sa tête. Pourquoi lui ? Qu’avait-il bien pu faire pour que le chef de ce gang, un homme si puissant, s’intéresse à lui au point de manipuler les événements de sa vie ?

Il s’arrêta de nouveau, observant la ville qui s’étendait devant lui, les rues désertes sous la pluie battante. Qu’avait-il fait de si grave ? C’était une question qu’il n’avait jamais osé poser auparavant, peut-être par peur de la réponse. Mais maintenant, tout semblait différent. Il se devait de comprendre.

Il réfléchit aux événements qui avaient précédé son arrestation. Le combat, la rage qui l’avait envahi lorsqu’il s’était défendu contre les harceleurs. Le chef de la bande. C’était lui, à l’époque, qui avait lancé les provocations, cherchant à tester les limites de Lucian. Et Lucian s’était défendu, peut-être avec une violence excessive, mais jamais il n’aurait pu imaginer que cela le conduirait dans une cellule.

Et puis, comme un éclair traversant l’obscurité, la réponse lui vint. Quand tu touches aux sous-fifres d’un gang, le gang entier se venge. Les règles étaient simples, implacables. Les petits dans un gang étaient protégés, et quiconque osait les attaquer devait en payer le prix. Ils ne pouvaient pas se permettre de laisser Lucian s’en tirer, même s’il n’avait fait que se défendre.

Lucian serra les poings, son corps tremblant de colère. Voilà pourquoi ils l’avaient envoyé en centre juvénile. Ils ne pouvaient pas le battre ou lui infliger une punition physique comme ils l’auraient fait avec un adulte. Alors, ils avaient utilisé la seule arme à leur disposition : le système. Ils avaient manipulé la justice, s’assurant qu’il serait enfermé, loin des regards, en guise d’exemple.

Lucian ferma les yeux, submergé par une rage froide. Il n’avait été qu’une victime collatérale. Un simple pion sacrifié pour maintenir l’ordre dans leur organisation, pour que personne n’ose plus jamais s’en prendre à un membre de leur gang. Un exemple, rien de plus. Il n’y avait aucune justice là-dedans, aucune véritable raison. Son emprisonnement n’avait été qu’un message, un avertissement silencieux à quiconque voudrait suivre son exemple.

Cette réalisation le frappa de plein fouet. Tous ces efforts, toute cette souffrance… pour rien. Il n’était qu’un dommage collatéral dans un jeu qu’il n’avait jamais voulu jouer. Une colère profonde s’empara de lui, mais cette fois, elle était différente. C’était une colère lucide, méthodique.

Ils allaient payer.

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