Chapitre 4 : Les liens du sang

Le silence de l’aube enveloppait les rues désertes alors que Lucian marchait vers la maison qu’il n’avait pas vue depuis cinq longues années. Le monde autour de lui semblait à la fois familier et étranger, comme un souvenir d’un passé lointain. Chaque pas résonnait comme une libération et une malédiction, car Lucian savait qu’il ne rentrerait pas chez lui en tant que fils prodigue, mais en tant qu’ombre revenue à la lumière.

Alors qu’il avançait, ses pensées vagabondaient, le ramenant inexorablement vers sa famille, ou du moins ce qu’il en restait. Le visage de sa mère s’imposait à son esprit, son sourire chaleureux et ses yeux pleins de tendresse qu’il avait si souvent cherchés dans ses moments de détresse. Elle avait toujours été là pour lui, un phare dans la tempête de sa vie, une source de réconfort inépuisable. Malgré tout ce qu’il avait traversé, il savait qu’elle l’attendait quelque part, ignorant peut-être même qu’il serait enfin libre aujourd’hui.

Mais chaque souvenir doux était accompagné d’un autre, plus sombre. Celui de son père. Cet homme qui avait tourné le dos à sa famille, les laissant seuls à affronter le monde. Lucian se souvenait encore du jour où son père les avait quittés, non pas avec des excuses ou des remords, mais avec des mots tranchants, impitoyables. « Tu n’es pas ce que j’attendais d’un fils. » Ces paroles résonnaient toujours en lui, des années après. Il s’était promis de ne jamais pardonner cet abandon, de ne jamais oublier la douleur qu’il avait ressentie en voyant la porte se fermer pour la dernière fois derrière son père.

Lucian serra les poings alors que ces souvenirs brûlaient en lui. Il n’avait pas besoin de ce fantôme dans sa vie. Sa mère avait été la seule à rester, à l’aimer sans condition, et c’était pour elle qu’il revenait aujourd’hui. Elle, qui avait toujours cru en lui, même lorsque tout semblait perdu.

Il s’arrêta un instant, levant les yeux vers le ciel, cherchant des réponses dans les étoiles qui s’effaçaient à l’aube. Comment pouvait-il revenir vers elle après tout ce temps, après être devenu ce qu’il était ? Comment pourrait-il la regarder dans les yeux sans voir le reflet de ce qu’il avait dû devenir pour survivre ?

Mais la maison se dessinait déjà devant lui, cette petite demeure modeste qui avait été le théâtre de tant de souvenirs. Ses pas le menaient inexorablement vers elle, son cœur battant plus fort à chaque mètre parcouru. La porte était devant lui maintenant, barrière fragile entre le passé et le présent.

Lucian prit une profonde inspiration avant de frapper doucement, presque timidement, comme s’il craignait de rompre le sortilège de ce moment. Il attendit, le silence s’étirant, pesant. Puis, il entendit des pas hésitants de l’autre côté. La porte s’ouvrit enfin, révélant sa mère, les yeux encore embués de sommeil, sa surprise évidente.

« Lucian ? » Sa voix était un souffle, incrédule, comme si elle voyait un fantôme.

Les mots lui manquèrent. Pour la première fois depuis cinq ans, Lucian se sentait redevenir cet enfant vulnérable qu’il avait caché si profondément en lui. Il la regarda, cette femme qui avait tout sacrifié pour lui, et tout ce qu’il avait enduré se brisa en un instant. Sans réfléchir, il se jeta dans ses bras, laissant les larmes couler librement, des larmes qu’il avait retenues pendant trop longtemps.

Sa mère l’enlaça avec une tendresse infinie, comme si elle voulait effacer d’un seul geste toutes les années de souffrance. Elle ne disait rien, se contentant de le serrer contre elle, de le bercer comme lorsqu’il était enfant. Lucian sentit son cœur se libérer de ce poids qu’il portait depuis si longtemps. Dans ce simple câlin, il retrouva une part de lui-même qu’il croyait perdue à jamais.

Ils restèrent ainsi, unis dans cette étreinte qui réparait des années de douleur et de séparation. Lucian savait que ce moment ne durerait pas éternellement, que la réalité le rattraperait tôt ou tard. Mais pour l’instant, tout ce qui comptait, c’était qu’il était enfin chez lui, dans les bras de celle qui l’avait toujours aimé, celle qui ne l’avait jamais abandonné.

Le jour se levait doucement, baignant la maison d’une lumière douce et réconfortante. Et pour la première fois depuis longtemps, Lucian se permit de croire qu’il pourrait, peut-être, trouver un peu de paix dans ce monde qui l’avait si souvent trahi.

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Comments

The_Dagger

The_Dagger

mec t'as assuré

2024-10-12

1

Robert

Robert

Très émouvant, j'en ai pleuré !

2024-08-04

0

Tous

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