J'avance vers les portes closes, ma serviette sur une épaule et mon savon dans une main. Nous n'avons pas droit au shampoing, je ne me fie pas au regard des autres détenus et continue d'avancer la tête haute, comme je l'ai toujours fait jusqu'à présent. Le gardien devant la porte nous fait dépêcher d'entré dans la grande salle, avec plusieurs pommeaux accroché au mur et des séparateurs. Pudique, je me mets dans la dernière cabine, celle placée tout au fond.
Jamais dans la vie, je n'aurais crû un jour atterrir de l'autre côté de la loi. Mais me voilà, de surcroît pour le reste de ma vie, et je n'ai aucunement besoin de le dire, je suis déçu.
« Hé toi ! » m'interpelle un homme barbu et baraqué au crâne rasé orné d'un tatouage en forme de scorpion.
Je me retourne pour le regarder avancer dans ma direction, sa nudité exposée comme si c'était tout à fait normal ! . Les minutes qui suivirent furent les plus effrayantes de ma vie.
« T'es une tapette, c'est ça ? » Il dit d'une voix grasse
Je sens mon cœur s'arrêter de battre pendant une seconde, dans ma poitrine, avant de repartir de manière effrénée et désordonnée. Je déglutis bruyamment au même moment que l'homme se décide à faire un pas en ma direction, pour m'ôter ou devrais-je sans doute dire, me l'arracher violemment de la taille. Provoquant l'exclamation des autres détenus et des regards lubrique à mon égard.
Par automatisme, mes mains se retrouvent sur mes parties intimes, exposé à la vue de ses vautours.
Erreur fatale
En prison, l'une des règles primordiales : « La timidité et la pudeur sont à bannir. Ta survie en dépendra ». Mais je l'ai apprise bien trop tard.
Face à mon acte, pourtant naturel. Le détenu fronce les sourcils avant qu'un sourire malsain ne vienne se peindre sur son visage.
« Ça fait longtemps qu'on a pas eu de chair fraîche »
Je jette un coup d'œil désespéré à la porte, pensant au gardien devant celle-ci, mais perd bien vite espoir. L'homme barbu ayant vu l'action me fait désenchanter rapidement.
« Il n'y a personne devant la porte, il est parti »
Vais-je vraiment me faire abuser rien qu'à ma première semaine en prison ?. Le pire, c'est qu'une fois commencé, ça ne voudra plus jamais s'arrêter.
La porte s'ouvre soudainement, arrêtant l'homme dans sa prochaine lancé. Énervé, celui-ci prolifère des insultes à l'encontre du nouvel arrivant.
« P*tain, qui sait le co*nard qui vient me déranger ».
D'un coup le visage de celui-ci pâlit pendant qu'il balbutie des mots incompréhensible, jugé comme des excuses, dans une langue qui m'est inconnue.
Profitant du moment, je me retire dans la cabine choisie plus tôt. L'eau s'écoulant sur mon corps me fait frissonner légèrement, je me dépêche de savonner mon corps correctement et proprement pour m'éviter tout désagrément.
À ma sortie de la cabine, mes yeux tombent dans deux orbes gris ombrageux, me détaillant de la tête au pied. Je reconnais le détenu de plus tôt, encore plus troublé par son regard de plus tôt. J'eus envie de le remercier, mais me rétracte au dernier instant, de peur qu'une même scène que la précédente se reproduise.
Je m'empresse de le dépasser, pour me rendre rapidement dans ma cellule, cellule dans laquelle un certain détenu se trouve déjà.
Dans le couloir je rencontre le même homme qui m'a sauvé de par sa présence.
« Diablo »
Je sursaute. Je me rend compte de la présence de 113, qui s'était glissé à mes côtés depuis un bon moment, sans que j'ais à le remarquer.
« Quoi ? » ou plutôt qui ? je demande perplexe.
« Diablo le roi de la prison »
J'écarquille les yeux ne comprenant pas le rapport. Comment ça "roi de la prison", il existe ce genre de truc ?.
« Ok, je vois que t'as pas tout saisi. Ici l'état s'en fou complètement de nous » Je déglutis bruyamment, la gorge nouée par son aveu.
« Ici c'est la fauss, autrement dit le trou. Ça ne t'interpelle pas qu'il y ait que des gars qui ont pris perpet ? Il est impossible de sortir d'ici sous peine de se faire tout simplement abattre. »
Cette révélation me fait l'effet d'une douche froide. Je ne comptais pas m'évader, mais je ne m'étais jamais imaginé l'ampleur du monde dans lequel on m'avait propulsé. La perspective que j'avais de la prison était bien beau, comparé à la noirceur de celui-ci. Ici tout est permis. Combien de détenu sont morts de la main d'autres sans qu'on intervienne, sûrement beaucoup, et ce n'est sûrement pas la dernière fois que je me retrouverais dans la même situation.
« Et les gardiens ? »
Je demande, essayant de rester dans le déni.
« Ce ne sont pas des gardiens »
« Qu- quoi ? » je m'étrangle avec ma salive.
« Ce sont eux aussi des détenus, leur chiffre est tatoué sur la nuque, sauf que eux ont une puce placé dans le cou »
« Pourquoi nous on est pas ainsi ? »
« Tu veux peut-être être condamné à mort »
Je pâlis comme un linge, alors que lui ça semble l'amuser.
Je me pose sur un banc dans la cour, essayant d'assimiler ce que vient de dire le rouquin, sans avoir mal à la tête. Peine perdu, puisque la migraine ne m'attends pas, pour pointé le bout de son nez. Je m'arrête de penser lorsqu'un ballon de basket atterrit près de mon pied, me heurtant presque. Le propriétaire ne semble d'ailleurs pas s'en formaliser, puisque au lieu de s'excuser s'approche dangereusement de moi comme un prédateur.
« Toi t'es ici pourquoi » Il me crie presque. Dans une pluie diluvienne de postillon, puant le bouc.
Sa question jugé sans importance, je me dégage de sa poigne. Mauvaise idée.
« Je te parle la tapette »
Je lève un sourcil plus agacé qu' insolent, mais cela semble mettre mon interlocuteur hors de lui. Le premier coup de poing ne tarde pas à me couper la respiration, s'en suivant d'un deuxième. La troisième se fait bloquer par mon poing dans son nez qui émet un " crac " désagréable.
« P*tain les gars chauper moi cette p*te ! »
Il hurle à ses cafards.
Dans un vain espoir je m'enfuis à travers la cour .
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