Épisode 4

*Vice-roi Antonio Maria de Buscareli y Ursua (1770) :* Tu es mon filleul et je m'inquiète pour ton avenir. Ce qui me préoccupe, c'est que tu ne trouves pas une bonne femme à épouser. Tout le monde te craint dans la colonie.

Alors, j'ai pensé que tu devrais épouser une femme que j'ai déjà choisie, une fille qui ne te connaît pas, ou du moins, qui ne connaît pas ta réputation.

J'ai déjà l'autorisation du roi d'Espagne, et il est d'accord avec moi.

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*Julian Manuel Servando Rodriguez Comte de la Veracruzana :* Merci, mais non. Je vous assure que je peux trouver une femme par moi-même.

*Vice-roi :* Une prostituée ? Parce qu'il me semble que aucune fille décente de la noblesse n'accepterait d'être ta femme.

*Julian :* Eh bien, alors, à qui faites-vous référence ?

*Vice-roi :* En fait, il y a un comte dont les terres jouxtent les tiennes. Apparemment, ces dernières années, il est devenu un tyran. Il maltraite ses serviteurs et on dit qu'il est impliqué dans des affaires louches.

*Julian :* Êtes-vous en train de me dire que vous voulez que j'épouse ou êtes-vous en train de me dire que vous voulez que je détruise cette famille ?

*Vice-roi :* Je veux que tu épouses sa fille. Ce sera un moyen de le contrôler et, s'il s'y oppose, tu pourras t'emparer de ses terres.

*Julian :* Vous êtes fou. Je n'ai pas l'intention d'épouser cette femme. La connaissez-vous au moins ? C'est une femme hautaine et grossière. J'ai moi-même été témoin de la façon dont elle traite les gens. Elle est très superficielle. En plus, ce n'est pas mon genre.

*Vice-roi :* Je ne fais pas référence à Mademoiselle Manuela Salvatierra. Je ne te condamnerais jamais à une vie avec une femme aussi sotte.

*Julian :* Alors à qui faites-vous référence ?

*Vice-roi :* Tu ne le sais peut-être pas, mais Alejandro Salvatierra a une autre fille de son premier mariage.

La gâtée est sa deuxième fille. Donc, tant que nous pourrons assurer un bon avenir à sa précieuse, je suis sûr qu'il nous livrera sa première fille.

*Julian :* Et pourquoi ne la veut-il pas ? Peut-être a-t-il été forcé d'épouser sa mère. C'est pour ça qu'il ne l'aime pas, et s'il ne la veut pas, comment pouvez-vous être sûr que nous pourrons le contrôler en nous basant sur cette fille ?

*Vice-roi :* Un tiers du comté, les terres adjacentes aux tiennes, constituent la dot de cette demoiselle. Donc, en l'épousant, ces terres deviendraient tiennes.

*Julian :* Comment puis-je être sûr qu'ils les céderont ? Après tout, il déteste sa fille.

*Vice-roi :* J'ai le document de la dot. Sa mère me l'a fait parvenir avant de mourir. Il est scellé et porte la signature du comte. Je ne te l'ai pas dit ? La mère de cette fille est une cousine éloignée que j'aimais beaucoup.

*Julian :* Ah, donc ce que vous voulez, c'est la protéger, et vous voulez m'utiliser.

*Vice-roi :* Je ne le nierai pas. Je pense que tu serais un excellent mari. De plus, aucun père sain d'esprit ne confierait sa fille à quelqu'un comme toi de toute façon.

Ta réputation te précède. On te considère comme un homme sanguinaire, et je ne mentionnerai pas les autres noms qu'on t'a donnés. Mais dis-moi, acceptes-tu ?

De plus, de cette façon, non seulement je te trouve une femme, mais je tiens également une promesse que j'ai faite il y a de nombreuses années. En échange, tu pourras me demander n'importe quoi à l'avenir, ou maintenant.

*Julian :* Vous êtes si désireux de tenir votre promesse, promettant même une autre promesse.

Et si cette fille a déjà quelqu'un ? Et si elle ne m'aime jamais ou ne me veut jamais ? Ou si elle ne veut jamais s'approcher de moi ? Après tout, ils me craignent.

*Vice-roi :* Je sais que tu es un homme bien. Je sais que tu seras un bon mari. Tu as juste besoin d'avoir un héritier avec elle.

C'est tout ce que je demande. D'ailleurs, je suis sûr que tu ne trahirais jamais tes promesses et que tu la respecteras.

Je te connais bien. De plus, je pense qu'il est temps pour toi de te marier.

*Julian :* Très bien, j'accepte. Mais à la condition que, à l'avenir, quoi que vous me demandiez, vous me l'accordiez. Même si ma demande est de quitter mon poste. Même au risque de me perdre.

*Vice-roi :* J'espère que ce ne sera pas le cas, mais oui, je te l'accorderai quelle que soit ta demande.

*Julian :* Très bien. J'accepte, bien que je sois sûr que vous avez déjà envoyé la proclamation. Ce n'est pas le cas, n'est-ce pas ?

*Vice-roi :* Bien sûr. Ta promise t'attend. Il m'a déjà envoyé la réponse et a dit qu'il livrerait sa fille aînée. Après tout, il est normal que ce soit la première à se marier. C'est du moins ce que dit le comte Salvatierra.

Bien sûr, je m'y attendais. Il est tellement entiché de cette catin que si on lui disait qu'une de ses filles allait mourir, il n'hésiterait pas à envoyer sa fille aînée à la mort.

*Julian :* Vraiment ? Un père peut-il être aussi cruel que vous le dites ?

*Vice-roi :* Oui, mais ce qui est étrange, c'est qu'il n'était pas comme ça. C'était un homme bon et juste. Je n'arrive pas à imaginer ce qui a bien pu se passer pour qu'il devienne ainsi.

*Julian :* Votre cousine ne vous a rien dit avant de mourir ?

*Vice-roi :* Non. En fait, elle a fait livrer le document par des moyens détournés. Un ami proche nous l'a apporté en disant qu'il était important que je le conserve et que je respecte sa demande. Il semble que ma cousine savait qu'elle ne survivrait peut-être pas à l'accouchement, mais elle ne m'a rien dit d'autre car elle était incommunicado.

*Julian :* Eh bien, je vais partir réclamer ma promise. J'espère qu'elle est jolie pour qu'au moins, concevoir mon futur héritier ne soit pas un sacrifice.

Et c'est ainsi que le plus infâme des comtes noirs partit pour le comté de Salvatierra afin de réclamer sa promise inconnue.

Chacune de ces âmes a souffert, et la souffrance a été causée par des personnes qui leur étaient proches. Seront-ils capables d'ouvrir leurs cœurs blessés et de laisser l'amour s'enraciner en eux ?

L'amour est une arme à double tranchant. Pourquoi, me direz-vous ?

L'amour lui-même a blessé ces deux âmes, mais l'amour peut aussi être le médicament dont elles ont besoin pour guérir...

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