...Imōto ...
- Rikkani-san, prenez ça!
*san: terme honorifique japonais.
- Mais mange aussi non, pourquoi tu me donnes pratiquement tout ton Bentō?
* Bentō: boîte de repas individuel.
- Parce que vous semblez aimer ma nourriture.
- Cest toi qui a tout préparer ?
- Et oui, j’ai tout fait moi-même.
- Ah c’est délicieux ! Tu as vraiment un talent que je n’ai pas.
- Merci, Rikkani-san.
- Mais pourquoi tu manges si peu alors.
- Ah... je trouve que je suis déjà assez ronde donc, j’essaie de réduire au maximum mon alimentation.
- Quoi?
C’était l’heure de la pause déjeuner chez Joalerie de Luxe Livaï. Pratiquement tout le monde était dans le réfectoire entrain de déguster un repas copieux. Toutefois, étant donné que Rikkani mangeait en compagnie de la petite Nanami, elle était obligée de manger son bento à sa place. Ce qui ne l’a déplaisait pas puisque la nourriture était excellente, un vrai cordon bleu cette fille.
- Ronde? Qui ça?
- Je parle de moi bien sûr. Je suis plutôt ronde par rapport aux icônes de beauté et... je, je trouve que je ne suis pas jolie mais pas du tout.
- Mais qu’est ce que tu racontes ?
- Mais... je dis la vérité! Rikkani la regarde en le défiant de continuer de parler de ça. En plus, Cordelia me dit tout le temps que je suis une laideronne.
-Comment! Haha, c’est le mendiant qui se fiche de l’aumône ça! As-tu déjà bien regardé Cordelia?
- Et bien... pas vraiment, j’évite tout le temps son... elle n’aime pas que je la regarde.
- C’est sûr qu’avec sa face elle aura toujours peur de savoir ce que les gens pensent en la voyant, mais trouves-tu que tu es plus moche qu’elle?
- ...
Nanami ne répond pas ne comprenant pas vraiment le sens de la question. En fait, cette fille était sujette d’intimation dès son plus jeune âge. Déjà au lycée, vu que c’était une surdouée avec un QI élevé, elle n’avait jamais eu d’ami et restait toujours dans son coin à part. Terminer ses études à 16ans et déjà aller à l’université grâce aux nombreuses lettres de recommendations de son ancien lycée, elle avait commencé à travailler très jeune et s’était habituée à être seule. Et lorsqu’elle vit qu’une de ses collègues, soit Cordelia lui avait adressé la parole, elle s’était attachée à elle mais rien n’avait vraiment changer puisqu’elle l’intimidait sur son physique.
Ayant eu un complexe d’infériorité très jeune, sauf pour son intelligence car elle savait qu’elle était un génie, et étant timide, introvertie et un peu poltronne, elle avait su rester à sa place et ne pas déranger les autres. Mais lorsqu’elle apprit a vraiment connaître qui était Cordelia ainsi que tous ses mauvais côté, parce qu’elle n’avait que ça, elle voulut se séparer d’elle mais avait peur des représailles comme tout le monde. Alors lorsqu’elle vit que la seule qui arrivait à lui tenir tête était cette femme appelée Rikkani Saotome, elle était devenue son idole. Elle l’admirait pour son franc parler et ses réponses prenantes. Elle l’admirait pour sa grande beauté et surtout son corps fin et élancé. Et elle l’admirait aussi d’être tout ce qu’elle ne pouvait pas être car effectivement, au fond elle voulait lui ressembler.
Et elle l’admirait aussi bien sûr parce que c’était la seule qui pouvait vraiment la protéger ici, d’où son rapprochement avec elle.
Après qu’elle ne su pas quoi répondre, elles continuèrent de discuter et sans vraiment s’en rendre compte, Rikkani avait terminé le repas. Elles reprirent leur poste non sans les regards des autres.
- Est ce que je peux rester avec toi à partir d’aujourd’hui ?
Nanami faisait cette demande sans s’attendre à une affirmation. En fait, c’était la premiere fois qu’elle osait vraiment demander quelque chose qu’elle voulait. Elle faisait ça principalement parce que d’après ce qu’elle a vu jusqu’à présent, Rikkani était quelqu’un de vrai et de direct.
- Hein? Tu veux rester avec... moi?
Difficile à croire. Après bientôt deux ans à travailler ici, elle était enfin sur le point de se faire une amie. Ça ne la dérangeait pas non plus. Nanami semblait être si naïve qu’elle se devait de la protéger et lui donner un peu de réconfort, parce que c’est dur de n’avoir personne sur qui compter. Et aussi, si ça pouvait lui permettre de manger un repas fait maison à chaque pause, pourquoi refuser?
- Et bien... je ne sais pas, si ça... ne te dérange pas je. Mais tu...
- Mais bien sur Nanami-chan, tu peux rester avec moi tant que tu veux.
* Chan: Terme familier japonais.
Nanami était tellement heureuse d’avoir une réponse qu’elle voulait mais à laquelle elle ne s’attendait pas qu’elle ne pu s’empêcher de lui sauter au cou. Pas de bol. Elle se reprit bien assez tôt.
- Je suis désolée, je ne voulais pas mais vraiment je...
- Ce n’est rien, ne t’inquiète pas. Le sourire que lui adressait Rikkani était sincère et chaleureux, pas une seule once de méchanceté dans son regard. À partir d’aujourd’hui, tu es sous ma responsabilité et je te protégerai coûte que coûte.
Mon Dieu, c’était la première fois que quelqu’un parlait comme ça à Nanami.
- Considère que tu es mon Imotō maintenant!
*Imotō: petite sœur.
- Rikkani-san...
Elle se jeta à nouveau dans ses bras mais cette fois, ils étaient bien ouverts pour Nanami. Elle se sentait bien et c’était comme si c’était la première fois de sa vie qu’elle n’était pas toute seule. Après son diplôme, ses parents étaient retournés dans l’ancienne province Etchū située dans l’actuelle préfecture de Toyama. Elle s’était louée un appartement en ville avec l’argent qu’ils lui envoyaient régulièrement sans compter les frais universitaires et maintenant, c’est elle qui leur envoyait de l’argent mais ça ne l’empêchait pas de se sentir seule de temps en temps. Une vie réussie ne vaut rien sans quelqu’un qui nous attend!
Ce sentiment était tout nouveau. C’est comme si elle était enfin libre, libre d’être elle-même parce qu’elle se sentait acceptée comme telle. Ah Rikkani, si tu savais ce dont tu es capable!
Leur moment d’affection avait attiré beaucoup de regard parmi les employés présents mais elles décidèrent de ne pas y faire attention. Nanami s’installa alors à côté de Rikkani parce que de base, il devait y avoir deux personnes à la réception mais comme tout le monde la fuyait comme la peste, cette palce avait toujours été vide.
Rikkani savait qu’elle s’était approchée d’elle pour sortir des griffes de Cordelia et se protéger par la même occasion. Elle a toujours eu le don pour deviner ce que voulaient les gens qui s’approchaient d’elle. Ça ne l’a dérangeait même pas si elle ne l’appréciait pas vraiment et elle n’attendait pas grand chose non plus de cette complicité qui naissait. Mais elle aussi l’avait laissé l’approcher par intérêt. Avoir une nouvelle amie et ne plus être seule au travail, même si c’était pour de faux. Du moment qu’elle ne mangeait plus seule et qu’il y avait quelqu’un à ses côtés pour lui donner la force de rembarrer cette garce de Cordelia.
\~
L’heure de la fermeture approchait à grands pas et Nanami était de retour à son poste vu qu’elle était occupée avec un client précédemment.
- Je vais bientôt pouvoir rentrer chez moi!
- Tu as quelqu’un qui t’attend ?
Nanami posait cette question si innocemment que Rikkani ne pouvait même pas s’énerver contre elle.
- Haha, mais non. Moi je n’ai personne.
- QUOI? Tu n’as personne?... Tu veux dire que tu es...célibataire? Tu veux me faire avaler ça ?
- Hein? Avaler? Mais je ne mens pas.
- Impossible!
- Haha, et pourquoi ça? Comment suis-je à tes yeux Nanami?
- Et bien, pour moi tu es juste trop belle et sexy. N’importe quel homme pourrait tomber amoureux de toi. Je trouve que tu es extraordinaire et super forte!
Rikkani était étonnée de la réponse de son amie mais esquissa quand même un petit sourire reconnaissant.
- Alors il se trouve que n’importe quel homme n’existe plus parce que je n’ai personne. Nanami la regardait, très sceptique. Je t’assure! Je veux juste rentrer chez moi pour flemmarder.
- Ah si ce n’est que ça.
- Et toi? Tu n’as personne?
- Hein? Que? Quoi?
Elle s’était mise à rougir, prise au dépourvu face à la question de son aînée. Quelqu’un? Impossible.
- Ah non, je n’ai personne non plus.
- Pourquoi tu détournes le regard alors? Ce n’est plus un péché d’être en couple.
Était-ce un péché avant?
- Ce n’est pas ça, c’est juste que... haha, je ...
- Ne me dis pas que tu n’as jamais eu personne... Tu détournes encore le regard. Attends, tu n’as jamais eu personne alors?
Nanami secoue la tête comme pour dire non.
- Hein? Mais t’as quel âge?
- J’ai 21ans.
- Alors pourquoi t’as jamais eu de mec à 21ANS PUTAIN?
Nanami sursauta face à la réaction surdimensionnée -où peut-être pas- de son amie. Effectivement, elle n’avait jamais eu de petit copain. Non seulement elle ne trouvait pas le temps pour ces choses mais elle était beaucoup trop timide pour s’imaginer embrasser ou être enlacer avec quelqu’un. En plus, elle se trouvait beaucoup trop moche pour ça.
- C’est la première fois que je t’entends jurer.
- Ah c’est ce dont tu as peur! T’inquiète, c’est une habitude chez moi. Faut être vulgaire pour affronter cette chienne de vie.
- Haha d’accord.
- T’as pas du tout confiance en toi Nanami, je vais devoir te faire un relooking psychologique... Et aussi, depuis quand est-ce que t’es employé ici?
- Et ben, ça va faire bientôt un an.
- Et puis je t’avais jamais vu avant! Ah, ça doit être la laideur de Cordelia qui m’ait rendu aveugle...
Nanami rigolait doucement dans son coin après que Rikkani ait fini de dire ça. Ces deux là allaient vraiment aimer casser du sucre sur le dos de madame Bareare. Elle l’a trouvait particulièrement drôle, surtout ces expressions sortient tout droit d’un cartoon. À force de regarder des animes, elle s’était elle-même cru être un personnage de manga et faisait de leurs expressions les siennes. Surréaliste.
- Salut Saotome!
Ah lui...
- Qu’est-ce tu veux?
- Faut pas être comme ça, surtout avec moi. Pourquoi tu m’as toujours pas répondu?
- Je l’ai déjà fait. T’as juste rien compris.
Nanami était entrain de les observer silencieusement, ne comprenant rien à cette situation. Elle reconnaissait cet homme. C’était un employé de la Joalerie mais aussi celui considéré comme le plus beau d’ici. Franchement, à ses yeux il était juste pas terrible. Rien de particulier.
- Tu sais que tu me plais alors sors avec moi non, pourquoi tu fais la meuf indifférente!
Rikkani arrête tout d’un coup ce qu’elle était entrain de faire pour se concentrer entièrement sur son interlocuteur, Yuri Uraraka. Cela ne présageait rien de bon et même Nanami était craintive. Elle se retourna soudainement vers son amie, se souvenant de sa présence puis se rapprocha de Yuri pour qu’elle ne puisse pas entendre. Les enfants ne devraient pas écouter ce genre de chose.
- Laissez-moi te dire un truc Uraraka, lui chuchote-t-elle à l’oreille, moi jamais je ne sortirai avec toi. Je sais que tu veux juste me baiser pour aller dire à tout le monde que tu te l’ais fait mais ton truc ne m’intéresse pas le moins du monde. D’accord ?
Nanami ne pouvait rien entendre mais le visage blême de Yuri voulait justement dire que Rikkani l’avait achevé. Complètement.
Le sourire qu’elle arborait après avoir ridiculisé -pas entièrement- Uraraka voulait lui dire de répondre quelque chose s’il le pouvait, c’était clairement de la provocation.
- Sale chienne!
Il partit la queue entre les jambes et son sourire s’agrandit encore plus.
- Tu vois Nanami, c’est comme ça que tu dois traiter ces abrutis.
- Mais je n’ai pas entendu ce que tu lui as dit.
- Ah tu es trop jeune pour ça. Allez on remballe, c’est l’heure de rentrer chez soi yattta.
- Je dois d’abord ranger les caisses dans l’entrepôt.
- Ça ira si j’y vais tout de suite.
- Mais bien sûr, ne t’inquiète pas.
- D’accord alors. À demain Nanami, et n’oublies pas mon précieux bento.
Elles se font un signe de la main et en regardant Rikkani partir de sa démarche gracieuse, elle se dit quelle femme impressionnante! Et dire que depuis tout ce temps, elle gaspillait son énergie à écouter les âneries de Cordelia, perte de temps précieux.
Elle alla ranger les caisses puis rentra chez elle à son tour.
Au même moment, deux personnes s’affrontaient dans les toilettes du personnels.
- Merde, qu’est ce que tu fous là ? C’est les toilettes pour homme. Tu viens de te regarder dans le miroir et tu t’es rendu compte que ta tronche n’était pas feminine ?
Cordelia était dans la place.
- Hmm, ce que tu viens de dire n’a aucun effet sur moi. Tu as beau avoir un beau physique, tu n’as rien dans la cervelle YURI. Mais à part ça, j’ai cru comprendre que tu t’étais encore pris un râteau entre les mains de Saotome.
- En quoi ça te regarde? Mêles-toi de tes ognons!
Yuri s’apprêtait à partir après s’être lavé les mains.
- Je peux t’aider avec Saotome!
Il s’arrêta net.
- Et comment?
- Tu sais très bien qui je suis.
Elle était vraiment trop fière d’être la personne qu’elle est.
- On passe un marché alors?
- C’est quand tu veux Uraraka.
Les jours de repos n’allaient plus durer longtemps...
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