Chapitre 4: pauvre grand-mère Astrid

_ Mais j'imagine que tout ce que nous venons d'évoquer n'a aucun rapport avec la petite lettre qu'y m'a été envoyé, n'est-ce pas ?

_ Non, aucun. On voulez discuté de la possibilité d'avancer nos fiançailles. Grand-mère Astrid est malade est la dernière chose qu'elle veut voir avant de mourir c'est le mariage de son petit-fils.

Je soupire en me redressant et vire tout le monde du sofa. C'est alors que je remarque que ma robe est lacéré de part et d'autre de mon corps, laissant apercevoir mon sous-vêtement en dentelle. J'attrape la couverture qui me recouvrait et m'entoure là-dedans.

_ Arrête de mentir. Ta grand-mère va très bien.

_ Tu ne peux pas le savoir.

_ Je lui ai parlé avant-hier. Et lorsqu'elle disait m'envoyer une surprise, je m'attendais à des chocolats.

_ Surprise !

Quel bonne surprise ! Merci grand-mère Astrid ! Vieille bique qui ne sait jamais quand s'arrêter. Surement l'habitude de tout obtenir lorsqu'elle le souhaite lui est-elle monter à la tête. Autant j'aimais bien cette vieille femme lorsqu'elle me souriait et critiquait toutes ces femmes qui tournaient autour de mon frère et son ami, autant je ne pensais pas avoir à faire un jour à son sourire diabolique.

_ Utiliser ta grand-mère pour accélérer nos fiançailles, c'est vraiment nul, Calum.

_ Je te rappelle que j'en ai parfaitement le droit. Le contrat que nos pères ont signés m'interdisait de revenir avant tes seize ans, hors tu en as dix-sept.

*Tu parles du dernier contrat en date qui annule le premier que tu m'as fais signer lorsque j'avais quatre ans ?!* Espèce de monstre ! M'avoir fait prendre un tel engagement en me manipulant et en profitant de mes problèmes sentimentaux ne lui a surement pas suffit, il veut en plus me rappeler que je suis désormais impuissante devant ma propre stupidité. J'observe du coin de l’œil Carlston et Calloway qui ne semble pas apprécié la conversation qui se déroule sous leurs regards. Je lance mon fameux regard noir au Lion d'Andorra et à son Soleil. Est-il possible d'avoir un minimum d'intimité dans ce palais ? Les deux hommes quittent la pièce mais pas une œillade suspicieuse à l'héritier de Monaco.

_ Ton père ne m'apprécie pas beaucoup lorsqu'il s'agit de toi.

_ On ne peut pas lui en vouloir. La dernière fois que nous nous sommes retrouvés seuls dans cette pièce, tu as profité de ma faiblesse émotionnelle et de mon innocence de petite fille pour obtenir une alliance entre nos deux royaumes. Et Carlston n'est pas mon père.

_ Il s'occupe de toi comme si tu l'étais. Et tu étais d'accord.

_ J'avais quatre ans, Calum !

Il prend une seconde de réflexion et finit par sourire en pensant à sa prochaine réplique. Que les cieux m'en garde ! Il va encore sortir un truc tout con.

_ Je devrais peut-être demander à ta mère. Elle, elle serait d'accord.

_ Ma mère est persuadée que tu m'aimes.

_ Aurait-elle tort ?

Aether s'était réveillée heureuse ce matin-là. Elle n'entretenait pas de grand lien avec sa famille adoptive même s'il lui restait tout de même sa mère. Elle préférait garder une certaine distance avec Calloway et Carlston n'était pas son père. Non. Son père était mort, il y a bien longtemps les laissant seules, elle et sa mère. Enfin, d'après sa psy, il était temps pour elle de passer à autre chose. Son pot de colle Royale alias Maëlie Morgan avait insisté pour organiser un goûter avec d'autres jeunes nobles d'Andorra. La jeune fille n'avait pas eue besoin de forcer la main de grand monde, sa mère en femme aimante avait méditée une semaine entière pour élaborer la fête parfaite. Aether, au-dessus de tout cela, se fichait éperdument de la fête. Le moment qu'elle attendait avec impatiente était la fin de cette comédie impériale lorsque son invité d'honneur arriverait enfin après huit heures de vol en avion.

Aether s'ennuyait ferme. Pour l'occasion, la jeune fille avait revêtu une de ses plus belles tenues. La robe était magnifique. Le haut partait dans des tons bleu nuit puis plus on descendait plus le bleu était claire. Un voile transparent incrusté d'éléments en or recouvrait le tissu.

Un messager entra dans la serre et s'approcha de la petite Sainte. Il chuchota discrètement dans son oreille et Aether se leva précipitamment, s'excusant devant ses invitées. Elle courut dans le couloir comme une forcenée et se rua vers ses jardins favoris. Le palais et les quartiers privés de la famille impériale étaient reliés par un chemin pavé de pierre et recouvert d'un toit. Entre ces deux bâtiments, de chaque côté de ce chemin, un jardin éclairée de lumière qui se reflétait sur l'eau claire d'une magnifique fontaine. Un de ses endroits favoris. Et Calum le savait, c'était forcément là-bas qu'il l'attendait. Lorsqu'elle arriva sur place, la scène qui eu lieu sous ses yeux était pour le moins surprenante. Pas que voir Calum et son père aussi proche soit rare mais Aether ne s'attendait pas à la venue de son beau-père. Pour ne pas gâcher ce moment père-fils, la jeune fille se dissimula derrière le mur en vieille pierre qui menait à ce passage découvert réservé aux employés.

_ Je suis fière de toi, mon fils.

_ Merci père.

_ Une telle alliance ne pourra que profitait à Monaco, Calum. Pense avant tout à ton rôle d'héritier, mon fils. Ton royaume doit être ta priorité. Tu ne peux pas laisser tes émotions prendre le dessus. Utiliser les sceaux impériaux pour faire signer à la petite Sainte le meilleur moyen de conclure une alliance était très malin.

_ Oui. Je le ferai.

Carlston et Calloway devaient écouter à travers la porte car à peine ai-je prononcer ses mots que les deux hommes rentrent dans la pièce. Le Lion d'Andorra croise ses bras sur son torse et, comme précédemment, s’appuie sur le bureau en bois de son paternel qui adopte la même pose et s'assoie sur l'accoudoir du fauteuil en face de moi.

_ Si vous voulez faire ça maintenant, il faut une grande occasion...

_ Pour que personne ne puisse contester la légitimité d'une telle alliance. Je sais. Dites-moi où et quand, je ferais en sorte d'être là.

_ Pourquoi pas durant le Colloque.

Je me tourne vers Calloway, les yeux plissés, mon expression cachant ma surprise.

_ Un Colloque ?! Quel Colloque ? Et tant qu'à faire on pourrait peut-être éviter d'en parler à ma mère, elle paniquerait pour rien.

_ Il a été porté à mon attention que certaines tensions étaient advenues entre les Royaumes en ce moment. Ta mère a eu l'idée d'un Colloque. Les familles impériales et leurs entourages mondains ont étés invités. C'était en partie la raison de ta convocation. Ils arrivent dans trois jours. Et je suis tout à fait d'accord pour ne rien dire à ta mère. Il est encore trop tôt pour cela.

_ Il faudrait envoyer nos plus fidèles chevaliers sur la piste de cet assassin. Et désormais, Lacklan t'accompagnera absolument partout.

_ J'ai voix au chapitre ?

D'après les regards noirs que je reçois, la réponse est un "non" définitif de la part des trois hommes. Bande de sauvages ! On est plus dans la même société patriarcale qu'il y a une dizaine de siècles. Rattrapons le coup.

_ De toute façon, je l'aurais proposé donc bon... Si je récapitule, des tonnes de gens vont envahir notre palais, je dois être polie, me promener parmi eux, devoir supporter Lacklan nuit et jour et avoir l'air surprise quand Calum va mettre un genoux à terre... Vous ne voulez tout de même pas que je souris et ai l'air heureuse non plus ?

_ En fait si.

_ Fantastique ! Vous savez que je suis mauvaise actrice pourtant...

_ Qui ne le sais pas, ma douce.

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